vendredi 21 décembre 2012

"LES ROMANS DURS" - Georges Simenon (Omnibus)


"Les Romans durs"
12 volumes
Georges Simenon
(Omnibus)

Ados / Adultes


"Cher Père Noël,


Je sais que tu es gentil et généreux, mais que tu n'es pas riche. Toutefois, si un jour tu gagnais beaucoup d'argent, voici un cadeau que je rêve de recevoir.

Bon courage pour la toute proche nuit de Noël !

Je t'embrasse,
Moka"


Georges Simenon est né à Liège (Belgique) en 1903 et mort à Lausanne (Suisse) en 1989. L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les "Maigret") éclipsent en partie le reste d'une oeuvre beaucoup plus riche. D'abord journaliste, auteur sous différents pseudonymes de romans populaires, il créa en 1931 le personnage de Maigret qui le rendit universellement célèbre. Il publia sous son nom plus de 200 romans, 155 nouvelles et 25 textes autobiographiques.




SIMENON ECHAPPE A MAIGRET
DANS SES "ROMANS DURS"
Eric Lobiot (L'Express) - Extraits du billet publié le 9 août 2012

Dans ses "romans durs", l'écrivain s'affranchit du fameux commissaire et des codes du polar. Pour mieux renouer avec sa grande obsession : la peinture de l'homme nu et seul au monde.
Le label "roman dur", apposé sur certains livres de Georges Simenon, indique ceux où le commissaire n'apparaît pas et dans lesquels l'auteur élargit son champ dramatique et littéraire pour attaquer le drame au plus profond et s'affranchir des codes d'une enquête policière par trop contraignants. Avec Maigret, Simenon se sentait parfois en vacances et faisait le métier en professionnel de la plume ; ici, il prend la littérature à bras-le-corps, invente des modèles stylistiques, dépeint des héros au coeur noir, plonge dans les ombres de l'âme humaine et, plus que jamais, affiche sa devise d'écrivain : "Comprendre mais pas juger". Il brise le cliché de l'écrivain de ligne droite : 117 "romans durs" parus entre 1931 et 1972, date à laquelle Simenon mit fin à sa carrière romanesque. Des histoires situées aux quatre coins du monde - Etats-Unis, Venise, La Rochelle, Gabon... -, écrites ici ou là au gré des pérégrinations de l'auteur, qui n'a jamais totalement abandonné sa casquette de reporter, et, comme d'habitude, menées à leur fin en quelques semaines.


Mon avis :
J'aime Simenon parce que Jules Maigret, Hercule Poirot, Jane Marple et Sherlock Holmes me divertissent et me font du bien, et je ne me refuse pas ces instants-là.
J'aime Simenon parce que, dans ses "romans durs", il tombe le masque et se révèle. Il révèle le brillant écrivain, bien sûr. Un auteur dont l'écriture et les histoires vous happent et vous prennent aux tripes est évidemment un grand écrivain. Son regard est d'une lucidité impitoyable sur ses congénères, femmes ou hommes, sur lui-même, sur nous-mêmes. Nous avons tous notre part d'ombre, d'égoïsme et de perversité. Simenon observe avec pessimisme et gravité le monde dans lequel nous vivons. Un monde sombre. Cruel.
Sans doute parce que je ne me sens pas vraiment à ma place dans ce présent, ses descriptions réalistes, et sans concession, d'une époque révolue, d'une France qui n'existe plus, provoque en moi l'étrange nostalgie d'un temps qui m'est inconnu.
Une littérature qui me donne la chair de poule et qui me fait vibrer de toutes les émotions. C'est cette littérature que j'aime !


"Simenon, c'est Balzac moins les longueurs" - Marcel Aymé

"J'adore lire Simenon, il me fait penser à Tchekhov." - William Faulkner

"Je ne trouvais plus rien d'aussi bon à lire pour meubler les heures creuses de la journée ou de la nuit jusqu'à la parution des premiers bons livres de Simenon." - Ernest Hemingway


"Maître des profondeurs, Simenon avait un style d'une grande simplicité. C'était un écrivain aussi à l'aise avec la réalité qu'avec la fiction, avec la passion qu'avec la raison. Par-dessus tout, il inspirait cette confiance que les lecteurs réservent aux romanciers qu'ils vénèrent." - John Le Carré



"Je ne pensais pas qu'il était possible d'être à la fois aussi populaire et aussi bon."
Henry Miller
                                                 

"LES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES" - Texte et énigmes : Tim Dedopulos (Hachette)


"Les énigmes de Sherlock Holmes"
Texte et énigmes : Tim Dedopulos
Conception graphique : James Pople
(Hachette)

Pour tous


Cent cinquante énigmes proposées par un "Sherlock Holmes" malin, joueur et retors à souhait. Touchant tous les domaines et tous les âges, ces énigmes sont réparties en quatre difficultés : Classique - Simple - Perfide - Diabolique. A chacun son talent !
Joliment présenté comme un livre ancien aux illustrations "XIXème siècle" ravissantes, ce recueil nous invite à développer, de manière très ludique, de nombreuses qualités : réflexion, observation, déduction, perspicacité, logique, sens de l'analyse, connaissances générales, résolution de problèmes...

Une façon très intelligente de divertir toute la famille en attendant le Père Noël !


"LE CHAPEAU DE M. BRIGGS" - Kate Colquhoun (Christian Bourgois)


"Le chapeau de M. Briggs"
Kate Colquhoun
(Christian Bourgois)

Ados / Adultes





Kate Colquhoun, historienne de formation, vit à Londres avec son mari et ses deux enfants.

L'histoire :
9 juillet 1864, à Londres. Le train de 21h45 a du retard. En gare de Hackney, à mi-parcours, le chef de train, impatient de siffler le départ, entend des cris provenant d'une voiture de Première Classe. Deux passagers viennent de découvrir avec horreur, dans leur compartiment, de nombreuses taches de sang encore frais. La lanterne du chef de train révèle également un sac de cuir noir, une canne surmontée d'un pommeau d'ivoire, et un chapeau noir. Plus tard dans la nuit, le corps de la victime sera retrouvé, gisant entre les voies. Un certain Thomas Briggs...

Mon avis :
Cet ouvrage n'est pas un roman mais le récit complet, fouillé, très documenté, du premier meurtre commis à bord d'un train anglais. C'est une autopsie extrêmement méticuleuse et méthodique d'un homicide et de ses incidences sur la société victorienne, et au-delà des frontières britanniques. Malheureusement, ce foisonnement de détails, d'informations, d'énumérations de noms (de personnages et de lieux), d'explications rigoureuses, bien que passionnant et instructif, alourdit le texte et la compréhension du sujet. Une approche plus légère et romanesque de ce fait divers sensationnel aurait ouvert la lecture à un plus large public sans pour autant nuire au souci d'exactitude et au travail remarquable de l'auteur.

A découvrir néanmoins avec beaucoup de curiosité,
comme un document de très grande qualité !


"VELVET" - Mary Hooper (Les Grandes Personnes)


"Velvet"
Mary Hooper
(Les Grandes Personnes)

Dès 12 ans


Mary Hooper, qui vit en Angleterre, écrit depuis plus de vingt ans des romans dont la toile de fond est souvent historique. Elle est, entre autres, auteur de "Waterloo Necropolis" (Sélection Prix Sorcières 2012 et Sélection Prix des Incorruptibles 2013/2013) et de "La messagère de l'au-delà".

Retrouvez "Waterloo Necropolis" dans ce blog à "Octobre 2011"

L'histoire :
Velvet est une jeune orpheline de seize ans. Son père, un être égoïste et cruel, s'est noyé un soir de beuverie il y a un an et Velvet, qui n'a rien tenté pour le sauver, se sent, depuis, terriblement coupable. Pour un salaire de misère, elle travaille très dur à la blanchisserie Ruffold, réputée pour son sérieux. Epuisée, après plusieurs évanouissements, Velvet risque d'être renvoyée. Mais la sévère Mrs Sloane a néanmoins pitié d'elle et lui confie le linge de clients fortunés. Une catastrophe sur un chemisier appartenant à Madame Natasha Savoya, la plus célèbre voyante de Londres, va changer le cours de sa vie...

Mon avis :
Comme pour chacun de ses romans, Mary Hooper se base sur des faits historiques. Elle situe celui-ci dans une période qu'elle affectionne tout particulièrement : celle de l'Angleterre victorienne et édouardienne. Ce récit, romanesque et haletant, décrit à merveille l'engouement de tout un pays, à cette époque, pour les médiums et les séances de spiritisme, y compris au sein de la famille royale et parmi les membres les plus éminents de la société britannique (comme l'écrivain Arthur Conan Doyle, par exemple). De nombreux escrocs ont profité de cet âge d'or. Mary Hooper dévoile de manière passionnante les ficelles de ces mystificateurs. Elle revient également sur un sujet qui lui tient beaucoup à coeur : à l'heure de l'idéal victorien et de la sanctification de la famille, la situation des mères célibataires, et surtout de leurs enfants qu'elles doivent confier à des nourrices sans scrupules, est atroce, et les "fermières de bébés" ont, hélas, réellement existé.

Un roman totalement envoûtant !


"CADEAU MORTEL - CINQ NOUVELLES POLICIERES" - Collectif d'auteurs (Rageot)




"Cadeau mortel - Cinq nouvelles policières"
Collectif d'auteurs
(Rageot)

Dès 12 ans



"Réveillon chez Magali" de Lorris Murail
Entre les huîtres et la bûche, une famille se déchire pour un héritage mystérieux...
Nostalgie. Tendresse. Magie de Noël. Poésie. Très beau !

"Du sang sur la neige" d'Evelyne Brisou-Pellen
Quatre amis, coincés dans un chalet de montagne en pleine tempête de neige, vont vivre leur pire Noël...
Captivant et effrayant. Juste parfait !

"L'habit rouge" de Sarah K.
Une curieuse rencontre le soir de Noël, et les souvenirs ressurgissent...
Terrifiant !

"Comment j'ai tué mon grand-père" de Catherine Missonnier
Dîner de Noël éprouvant chez un richissime et tyrannique grand-père...
Machiavélique et efficace !

"Lettres au Père Noël" de Stéphane Daniel
Qui se cache donc sous ce costume de Père Noël devant la vitrine d'un grand magasin ? Qui s'en soucie d'ailleurs ?
Un joli conte très émouvant !


vendredi 16 novembre 2012

"LE MARIN AMERICAIN" - Karsten Lund (Babel) - Danemark


"Le marin américain"
Karsten Lund
(Babel)
Danemark

Ados / Adultes


Karsten Lund est né en 1954. Parallèlement à son travail d'écrivain, il est journaliste pour la chaîne de télévision danoise TV2. "Le marin américain" paru chez Gaïa en 2009 a reçu le Prix Gens de mer - Etonnants voyageurs 2009.

L'histoire :
Un homme, Esben, hanté par son histoire familiale qui se chuchote de génération en génération, veut des réponses aux différents points d'interrogation. Pour cela, il entreprend un voyage qui le ramène à Skagen, un village de pêcheurs, la source, l'embryon d'une épopée familiale, là où son grand-père Anthon vit le jour en 1903.
Ane et Jens Peter Christensen étaient mariés depuis plusieurs années et très amoureux. Malheureusement, à leur bonheur manquait un enfant. Le médecin du village et quelques femmes avisées comprirent que le problème venait de Jens Peter. Mais on ne parlait pas de ces choses-là à un homme à cette époque. Alors, que faisaient les épouses dans cette situation ? Elles trouvaient une solution dans la plus grande discrétion et la plus grande prudence. Discrétion et prudence qu'oublia Ane.
Un soir, après un violent naufrage, un seul survivant fut retrouvé. Le lieu le plus proche pour installer le blessé était la maison d'Ane. Jens Peter était en mer, mais Ane accepta toutefois d'accueillir chez elle, pour la nuit, ce très bel Américain aux cheveux et aux yeux noirs,et à la peau mâte. Tout le contraire, est-il nécessaire de le préciser, du type norvégien de Jens Peter.
Le lendemain matin, le marin avait disparu. Et neuf mois plus tard, le couple Christensen eut un fils, Anthon, un bébé aux cheveux et aux yeux noirs. Dans cette petite communauté régie par un protestantisme luthérien rigoureux, personne ne fut dupe. On ne s'expliquait toujours pas la disparition soudaine du marin américain à peine remis de ses blessures, mais petit à petit, on l'oublia. Anthon le remplaçait. Derrière son dos, on l'appelait "l'Américain"...

Mon avis :
Une saga familiale construite comme une enquête journalistique qui nous offre un océan d'émotions. Un voyage passionnant dans le passé. Un formidable témoignage de la vie quotidienne des pêcheurs et de leurs familles. Les premiers pas dans le XXème siècle où tout évolue, tout change. Un livre à la fois haletant et très émouvant qui se dévore d'une traite.

Délicieux !


"LA TRILOGIE DES NESHOV" - Anne B. Ragde (10/18) - Norvège


"La Trilogie des Neshov"
Anne B. Ragde
(10/18)
Norvège

Ados / Adultes


Anne B. Ragde :
Dans son pays, Anne B. Ragde est une star. Sa "Trilogie des Neshov" s'y est vendue à plus d'un million d'exemplaires. L'histoire repose sur des ressorts universels, la famille et les secrets.
Née en 1957 en Norvège, elle a commencé sa carrière littéraire en publiant des romans pour enfants. Elle a ensuite connu un succès d'estime avec une très belle biographie de sa compatriote Sigrid Undset ("La femme fidèle", "Le buisson ardent"), l'une des romancières nordiques les plus célèbres et Prix Nobel de Littérature en 1928. Mais c'est sa trilogie sur les Neshov qui lui apporte la gloire. Des millions d'exemplaires sont vendus dans le monde et le feuilleton télévisé qui en est tiré enchante les téléspectateurs norvégiens. Elle est également lauréate du Prix Riksmal (équivalent du Goncourt français).


"La terre des mensonges"

L'histoire :
A quelques jours de Noël, les membres de la famille Neshov, devenus des étrangers les uns pour les autres depuis des années, sont contraints de se faire à nouveau face au chevet d'Anna, leur mère mourante.
Le père, Tormod, n'a jamais été qu'une ombre dans ces lieux austères, dirigés par la mère, véritable despote.
Tor, le frère aîné, 55 ans, taciturne et rustre, s'épuise à s'occuper seul de la ferme et de ses parents.
Margido, 52 ans, froid et volontairement solitaire, dirige une entreprise de pompes funèbres et n'a pas remis les pieds à la ferme depuis sept ans.
Erlend, 40 ans, beaucoup plus jeune que ses frères, a quitté la Norvège pour le Danemark où il est décorateur de vitrines. Au-delà de ses caprices et de ses extravagances, c'est un homme généreux et sensible. Il partage son amour de la vie depuis douze ans avec Carl, journaliste et rédacteur en chef d'un journal de Copenhague. Son homosexualité est en partie la raison de son départ de la ferme il y a vingt ans.
Torunn Breiseth, 37 ans, assistante vétérinaire à Oslo, est la fille de Tor Neshov. Père et fille ne se côtoient par téléphone que depuis deux ans, et Torunn n'était jamais venue à la ferme jusqu'à ce jour...

Mon avis :
Alors que les gens préparent Noël, alors qu'ils se pressent sous la neige, les bras chargés de paquets chatoyants, dans les boutiques illuminées, pour leurs derniers achats, alors que les maisons se parfument d'épices et que les feux crépitent dans les cheminées, les Neshov souffrent, chacun à leur manière, et pour des raisons différentes que nous découvrons au fil des pages.
Une histoire intense, très bien écrite, se déroule sous nos yeux. Derrière les paillettes scintillantes de Noël et la beauté virginale de la nature norvégienne, il y a la noirceur des Hommes, les démons du passé, le choc des révélations. Mais aussi une infinie tendresse, une grande sensibilité, et de délicieux moments d'humour et d'émotions.


"La ferme des Neshov"

L'histoire :
Après la mort de la tyrannique Anna Neshov et les bouleversantes révélations, la vie doit reprendre son cours. Une nouvelle année commence. Mais plus rien n'est comme avant pour  les frères Neshov. Ils vont devoir confronter leurs douleurs intimes, dont on pressent bien qu'elles viennent de l'enfance, l'histoire familiale passée, et l'arrivée de Torunn...

Mon avis :
Le personnage d'Erlend, particulièrement attachant et drôle, apporte de la fraîcheur à cette extraordinaire aventure romanesque qui mêle passions et coups de théâtre, et qui monte en puissance et en intensité. Alors qu'un événement merveilleux s'annonce, le point final de ce second volume est terrifiant. Le suspense est à son comble. Vite ! Au troisième tome sans plus attendre !


"L'héritage impossible"

L'histoire :
Un épisode cruel et douloureux va totalement désorienter les membres de la famille Neshov, incapables de prendre une décision quant à l'héritage bien trop lourd émotionnellement pour eux. L'univers de chacun est proche de basculer. Aussi, les masques vont-ils tomber un à un. Les frères révèlent leur indifférence, leur égoïsme, leur cynisme. Quant à Torunn, elle s'enfonce de plus en plus dans le sentiment de culpabilité, se laisse dévorer par les responsabilités croissantes, et refuse les rares mains tendues...

Mon avis :
L'auteur souligne bien les difficultés d'hériter d'une exploitation agricole. Il ne s'agit pas là d'hériter d'une somme d'argent, ou d'un bien mobilier ou immobilier, mais d'hériter d'un métier, d'une terre, d'animaux, d'une vie entièrement consacrée au travail. Soit on accepte et on renonce à tout le reste. Soit on refuse. Mais quelque soit le choix, aux questions financières et matérielles s'ajoutent des questions morales et intimes. Un dernier volume sombre, redoutable et désespéré qui nous épargne la mièvrerie des "happy end" mais qui nous secoue par son réalisme. Sublime !


Lecture d'hiver par excellence (et d'excellence !), on se délecte de bout en bout de cette trilogie féroce, authentique et magnifique !


"REVOLVER" - Marcus Sedgwick (Thierry Magnier) - Grand Nord / Suède



"Revolver"
Marcus Sedgwick
(Thierry Magnier)
Grand Nord / Suède

dès 11 ans


Marcus Sedgwick (1968) est né et a grandi en Angleterre. Il est l'auteur de romans pour grands ados. Ses livres sont très fréquemment sélectionnés pour des prix littéraires et il a reçu plus de trente récompenses. Après une carrière dans l'édition, il se consacre désormais uniquement à l'écriture. Il travaille aussi régulièrement avec son frère cinéaste, Julian.

L'histoire :
En 1899, la famille Andersson arrive à Nome, en Alaska, avec le rêve naïf de découvrir de l'or et de faire fortune.
Aujourd'hui, en 1910, ils sont installés à Giron (Kiruna de nos jours), dans la Laponie suédoise. Le père, Einar, et le fils, Sigfried, sont employés dans une mine de fer. La mère, Maria, est décédée depuis plusieurs années. Le père s'est remarié avec Nadya, à peine plus âgée que sa fille, Anna.
Tous les quatre vivent au coeur de l'immense désert glacé du Grand Nord, entre le lac et les forêts, et les montagnes au loin, dans une cabane qui appartient à la Compagnie, Les Mines Bergman. Contrairement à leurs espoirs d'antan, ils n'ont pas la moindre richesse.
C'est l'hiver (sept mois par an). Le père est sorti depuis maintenant trop longtemps. Inquiet, Sigfried, seize ans, part à sa rencontre. Mais c'est un corps sans vie qu'il retrouve. Un accident qu'avec son expérience son père aurait pu éviter. Et le seul trésor dont la famille hérite, c'est le revolver Colt de leur père...

Mon avis :
Un roman d'aventure formidable, sorte de western transposé dans le Grand Nord au temps de la ruée vers l'or, et construit de manière originale autour d'un revolver. Au-delà d'une histoire familiale haletante, sans pour autant ouvrir un débat qui n'aurait pas de fin, l'auteur nous invite à réfléchir, à titre individuel, sur le pouvoir et la fascination qu'exercent les armes à feu sur nombre d'entre nous et le danger de leur facilité d'utilisation. Lorsque l'on possède une arme chez soi, il y a inévitablement des choix à faire, bons ou mauvais.


Ce livre captivant et intelligent est à découvrir par toute la famille !


"GRAND-PERE ET LES LOUPS" - Per Olov Enquist (La Joie de Lire) - Suède



"Grand-père et les loups"
Per Olov Enquist
(La Joie de Lire)
Suède

dès 9 ans


Per Olov Enquist est né en 1934. Son père meurt lorsqu'il est encore enfant. Il est élevé par sa mère au sein d'une famille où la religion luthérienne dicte des principes d'éducation très strictes. Il entame des études de philosophie, tout en devenant champion de saut en hauteur. De 1955 à 1964, il étudie à l'Université d'Uppsala et consacre sa thèse aux romans policiers de Thornsten Johnsson. Il publie son premier roman, "L'oeil de cristal" en 1961. Très vite, le roman documentaire devient sa forme de prédilection. Il allie expériences vécues, souvenirs et témoignages. Il écrit aussi bien sur l'enfermement, le rapport père-fils ou le sport. En 1968, il publie "L'extradition des Baltes" qui raconte la déportation d'un groupe de soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il utilise alors des articles de presse, des interviews, des lettres et va jusqu'à expérimenter une grève de la faim pour mieux comprendre les conditions de vie de ses personnages. A partir de 1975, Per Olov Enquist explore d'autres formes littéraires. Il publie sa première pièce de théâtre consacrée à August Strindberg, "La nuit des Tribades", et "Chez nous" en 1977 pour le Royal Dramatic Theater de Stockholm. Il s'engage dans le journalisme politique et s'oppose notamment, en 1989, à l'Union Européenne, pensant que l'entrée de la Suède dans l'Europe entraverait son indépendance dans la mesure où sa voix serait minoritaire.
Per Olov Enquist compte parmi les plus grands auteurs de la littérature scandinave contemporaine. Ses pièces ont été jouées sur les plus grandes scènes internationales, dont Broadway. Son oeuvre est traduite dans le monde entier. Il est membre de l'Académie des arts de Berlin et a reçu le Grand Prix de littérature du Conseil nordique et le Prix de l'Etat autrichien pour la littérature européenne en 2010.

L'histoire :
Mina, jolie petite fille de 6 ans, a une imagination si débordante qu'elle se convainc elle-même que ses histoires sont bien réelles. Sa famille, exacerbée, ne l'écoute plus. Pourtant, cette nuit, elle a vraiment été mordue aux fesses par un crocodile vert, comme celui du polo de papa. Une seule personne la prend au sérieux : son grand-père.
Deux jours plus tard, Grand-père, Gunilla (sa femme), les quatre enfants (Mina et sa petite soeur de 4 ans, Moa ; et les cousins Ia, 9 ans, et Marcus, 5 ans), Mischa (la vieille et intelligente chienne de Grand-père), et Elsa (jeune chiot, cadeau de Grand-père à Mina) partent en expédition. Ils vont gravir la "Montagne aux trois grottes" où aventures et surprises les attendent...

Mon avis :
Un voyage initiatique pour les enfants où, avec l'aide des animaux, ils vont affronter leurs peurs, découvrir la puissance de la Nature et le respect qu'il faut lui montrer. Ils ont dû faire preuve de courage et prendre des initiatives. Tous, y compris Grand-père, reviendront transformés et heureux de partager ensemble le même secret.


Un conte profond, drôle et chaleureux. Et un grand-père fabuleux ! Il est temps de gravir, à notre tour, la "Montagne aux trois grottes" !


lundi 15 octobre 2012

"HISTOIRES DE FANTÔMES" ("GHOST STORIES") - Pocket/Bilingue/Langues pour tous



"Histoires de fantômes"
"Ghost Stories"

(Pocket / Bilingue / Langues pour tous)

dès 9 ans





1. "The Tapestried Chamber" - "La chambre aux tapisseries"
Walter Scott (1771 - 1832)
Walter Scott était un écrivain écossais aux talents multiples : il a traduit des oeuvres de l'allemand, écrit des histiographies et des poèmes, mais il est, avant tout, considéré, dans l'histoire de la littérature, comme le père du roman historique. ("Ivanhoe" en 1819)

Deux frères d'armes se retrouvent après la guerre dans la magnifique propriété de l'un deux...

Une écriture riche et savoureuse.
Une ambiance gothique remarquablement rendue.
Histoire totalement captivante et haletante !


2. "The Legend of Sleepy Hollow" - "La légende du Val Dormant"
Washington Irving (1783 - 1859)
Washington Irving est considéré comme l'un des "pères fondateurs" de la littérature américaine. Il est le premier écrivain américain qui ait pu vivre de sa plume et le premier également qui ait été connu et reconnu en Europe.

Un maître d'école face aux légendes locales...

Un texte un peu bavard mais angoissant !





A voir :
"Sleepy Hollow : La légende du cavalier sans tête"
Film de Tim Burton avec Johnny Deep, Christina Ricci, Christopher Walken...





3. "The Judge's House - "La maison du juge"
Bram Stoker (1847 - 1912)
Grâce à "Dracula", l'un des personnages littéraires que l'on retrouve le plus fréquemment dans les histoires et dans les films, l'écrivain irlandais Bram Stoker est définitivement passé à la postérité.

Révisions apocalyptiques pour un jeune étudiant en Mathématiques...

Un rythme soutenu.
Une écriture remarquable.
Diablement cauchemardesque !


Un véritable bonheur littéraire !



"L'AUTO-STOPPEUR'" de Anthony Horowitz (Le Livre de Poche Jeunesse)



"L'auto-stoppeur"
9 nouvelles noires
pour nuits blanches
Anthony Horowitz
(Le Livre de Poche Jeunesse)

dès 9 ans




1. L'auto-stoppeur
Ou la peur de l'autre...
Chair de poule assurée !

2. L'ascenseur
Un garçon disparaît dans un ascenseur pourtant bondé de monde...
Effroyablement efficace !

3. Le son du meurtre
Qui est donc cet étrange professeur Spencer qui effraie tant la jeune collégienne Kate ?
Terrorisant !

4. Brûlé
Mais qu'arrive-t-il donc à l'oncle Nigel ?
Ecran total d'horreur !

5. Vol 715
Cauchemar ou prémonition ?
Angoissant !

6. Le paradis d'Howard
Où est l'Enfer ? Où est le Paradis ?
Humour noir !

7. Abonné absent
Qu'y a-t-il derrière la sonnerie de Bach de cet antique téléphone portable ?
Macabre !

8. Twist Cottage
Rumeur ou réalité ?
Terrifiant !

9. La plus courte histoire d'horreur jamais écrite
Jeu diabolique !

Une petite merveille, comme d'habitude chez Horowitz !


Retrouvez Anthony Horowitz sur ce blog à :
Mai 2011 pour "La photo qui tue - Neuf histoire à vous glacer le sang"
Juin 2011 pour "Le Diable et son valet"
Décembre 2011 pour "La maison de soie"



dimanche 7 octobre 2012

"LA SOLITUDE LUMINEUSE" de Pablo Neruda (Folio) - Chili

"La solitude lumineuse"
Pablo Neruda (Folio)
Chili

(Ados / Adultes)


Pablo Neruda :
Né à Parral en 1904 et décédé en 1973 à Santiago, au Chili.
Poète chilien, il est l'auteur de poèmes d'amour ou d'inspiration sociale et révolutionnaire. Voyager, écrire, militer, sont les fils conducteurs de sa vie. 
(Le Chant général, 1950 ; La Centaine d'amour, 1959)

Prix Nobel de Littérature en 1971

"La solitude lumineuse" est tiré de "J'avoue que j'ai vécu" (Folio), les mémoires de Pablo Neruda parues en 1974, un an après sa mort.


Mon avis :

"La solitude lumineuse" est un cadeau que nous fait Pablo Neruda. L'écrivain se souvient de l'année 1929 et nous offre pêle-mêle des images, des photographies, des instants, des parfums... Il se remémore la fête en l'honneur de Kali à Bombay, le zoo de Singapour, le temple du Serpent de Penang, les statues de Bouddha au coeur de la forêt, les souffrances et les luttes des peuples, son ami Gandhi, sa rencontre avec Leonard Woolf (époux de Virginia Woolf), l'opium, ses amours, sa mangouste apprivoisée...
Neruda nous explique qu'à chacun de ses postes, il refusait de s'installer parmi les colonisateurs, car il était là "pour vivre avec les héritiers du monde ancien". De ce fait, il s'isolait. Mais le poète décrit une "solitude" douce, légère, apaisante, "lumineuse", qui invite à la réflexion et à la remise en question. Les mots sont délicieux. Sous sa plume, tout n'est que poésie. La nostalgie, la tendresse, la magie de l'Inde, sa passion pour l'Extrême-Orient, opèrent incontestablement sur Neruda, et opèreront sur l'ensemble de son oeuvre.

On tourne à grand regret la dernière page de ce texte chargé de tant d'humanité !


SANTIAGO GAMBOA, Colombie / SANTIAGO RONCAGLIOLO, Pérou


"Perdre est une question de méthode"
Santiago Gamboa (Points)
Colombie

(Ados / Adultes)

Né en 1966, journaliste à Radio France Internationale, attaché culturel de la Colombie à l'Unesco.
"Perdre est une question de méthode" est une illustration de la corruption à tous les étages de la société, menée par des politiciens véreux. Le texte fait aussi référence à nombreux illustres auteurs tels que Vicki Baum, Cioran, Goethe, Malcolm Lowry ("Au dessous du volcan"), Luis Sepulveda, Virginia Woolf, Graham Greene...
Le roman a été adapté au cinéma en 2004 par Sergio Cabrera.



"Avril rouge"
Santiago Roncagliolo (Points)
Pérou

(Ados / Adultes)

Né en 1975, scénariste pour la télévision et le cinéma, traducteur et critique littéraire.
"Avril rouge", son premier roman, a reçu en 2006 le Prix Alfaguara, maison d'éditions très présente en Amérique latine.
Ce roman évoque le conflit qui a traumatisé le Pérou : la lutte entre l'armée et la guérilla maoïste du Sentier lumineux, de 1980 à 2000.


Points communs entre ces deux romans :

Intelligence. Références culturelles et littéraires. Travail de documentation. Qualités d'écriture. Humour noir. Chaleur. Sueur. Tabac. Alcool. Filles faciles. Verbe cru. Corps à nu. Impudeur. Corruption. Violence. Survie. Croyances. Exubérance. Excès. Délires.

Lectures idéales pour les amateurs d'Almodovar et des ambiances latines sensuelles et tactiles.


samedi 6 octobre 2012

"L'ATELIER DE LA FOLIE" d'Yves Heurté (Seuil) - Quelque part en Amérique du Sud


"L'Atelier de la folie"
Yves Heurté
(Seuil)
Quelque part en Amérique du Sud

(dès 13 ans)


L'auteur :
Né en 1926, Yves Heurté a exercé la médecine en montagne jusqu'en 1988, dont auprès de "boat-people" et de jeunes toxicomanes. Pour prendre un peu l'air, curieux de tout et de tous, il a parcouru, à pied, l'Himalaya, le Grand Nord et l'extrême sud de l'Amérique. Il était aussi musicien, poète... et cultivait une vertu rare : la modestie. Il ne voulait surtout pas que l'on parle de ses activités de très jeune résistant pendant l'Occupation. Il est décédé en 2006.

Cette histoire est tirée d'un fait réel...

L'histoire :
La ville de Ciudad Alegre pourrait être la capitale de n'importe quel pays d'Amérique du Sud. Elle est un condensé de l'histoire de chacun d'entre eux à leurs périodes les plus sombres.
Libertad est une prison politique comme il en a tant existé, et qu'il en existe malheureusement encore, où les opposants (ou supposés l'être) au régime en place sont incarcérés et torturés physiquement, psychologiquement ou chimiquement.
La plupart des prisonniers sont des étudiants. Parmi ces jeunes, il a Maricruz, jeune fille de bonne famille, riche héritière, arrêtée par erreur le jour d'une manifestation étudiante interdite par les autorités et réprimée par la force.
Maricruz se retrouve dans cet endroit innommable. Elle partage la même cellule que Morena, jeune résistante dite "révolutionnaire", et découvre avec horreur les sévices qui lui sont infligés. La vie protégée de Maricruz, qui se résumait jusqu'alors à faire du shopping dans les boutiques de luxe avec sa meilleure amie, bascule. Elle ouvre brutalement les yeux sur la réalité de son pays et prend conscience de l'ampleur de l'injustice. Elle va tout mettre eu oeuvre pour tenter de sauver Morena.
Cette prisonnière indésirable, Maricruz, dont la famille fortunée est particulièrement influente, devient vite le problème majeur pour le chef Jesus Yacinto. Car la jeune fille en sait maintenant trop sur ce qu'il se passe à l'intérieur de ces murs. Si le colonel dictateur Malsuerte apprend cette bavure monumentale, la vie de Yacinto ne tient plus qu'à un fil. Cette échéance inévitable l'amène à faire le bilan assez affligeant de sa vie, de  son parcours. Et peut-être à quelques semblants de remords ?

Mon avis :

Au travers d'une galerie de différents personnages, au travers de leur fragilité, leur noirceur ou au contraire leur luminosité, l'auteur nous démontre la force de la prise de conscience et la puissance de l'esprit de liberté contre un régime totalitaire quel qu'il soit.

Nous suivons l'histoire et l'évolution idéologique de :

Jo-on : Indien de soixante ans, secrétaire de Jesus Yacinto à la prison Libertad, fervent membre d'une secte indienne "Les Porteurs de Golgotha", malgré sa solitude, son silence et sa transparence, il résiste à sa manière.

Jesus Yacinto : Chef de la prison Libertad, psychologue, son travail consiste à faire signer leurs aveux aux prisonniers. Son bureau miteux et sale est surnommé "L'Atelier".

Maricruz : Riche héritière, bourgeoise, protégée par son milieu et sa fortune, elle sera arrêtée par erreur le jour d'une manifestation étudiante et incarcérée à Libertad.

Morena : Jeune étudiante résistante, dite "révolutionnaire" par les autorités, elle est incarcérée et torturée à Libertad.

Pablo Tenorio : Prestigieux professeur de neuropsychiatrie à l'université, il est un homme assez détestable, rangé, médiocre, un lâche ordinaire, bienveillant envers le régime.

Anabela Marcos : Epouse frivole du professeur Tenorio, ancienne militante catholique, elle est elle-même professeur de français, la langue de ce pays suspect qui abrite des révolutionnaires. Pour cette raison, elle est surveillée par les autorités.

Le Colonel Malsuerte : Cet ancien psychiatre aux comportements douteux est au pouvoir depuis deux ans, après un putsch, et fait régner la terreur sur le pays.

Entre la peur, la haine, la violence, la résistance, le renoncement, l'espoir... dans ce tourbillon d'émotions contradictoires, la folie n'est jamais loin.
Cet ouvrage très fort résume parfaitement l'histoire contemporaine de toute l'Amérique du Sud et exprime extraordinairement la souffrance et la force des peuples sud-américains.

Une bouleversante leçon d'humanité !


"HISTOIRE D'UNE MOUETTE ET DU CHAT QUI LUI APPRIT A VOLER" de Luis Sepulveda (Métailié) - Chili



"Histoire d'une mouette et du chat
qui lui apprit à voler"
Luis Sepulveda (Métailié)
(dès 9 ans)
Chili

Prix Sorcières 1997 - Catégorie Romans


Luis Sepulveda
Né en 1949 à Ovalle, au Chili, écrivain baroudeur, son oeuvre est très marquée par son engagement politique - il sera arrêté, torturé et emprisonné durant deux ans et demi sous la dictature Pinochet, et libéré grâce à Amnesty International - mais aussi par son militantisme écologique. Il vit actuellement en Espagne. Il est l'auteur, entre autres, du "Vieux qui lisait des romans d'amour", des "Roses d'Atacama" et de "L'ombre de ce que nous avons été". Ses livres sont traduits dans cinquante pays.

L'histoire :
En route pour assister à la Grande Convention des mouettes des mers Baltique, du Nord et de l'Atlantique, un groupe de mouettes argentées fait une pause déjeuner en se jetant sur un banc de harengs près du port de Hambourg. Tout à sa pêche fructueuse, la mouette Kengah n'entend pas le signal de danger et de départ immédiat. Elle se retrouve soudain piégée par une vague noire de mazout. Les ailes collées, Kengah parvient à se sortir de l'eau et à voler sur quelques mètres. Mais elle s'écroule, épuisée, sur un rebord de fenêtre juste à côté de Zorbas, un gros chat noir. Emu par la situation désespérée de Kengah, avant qu'elle ne rende son dernier soupir, Zorbas lui fait trois promesses :

  • Ne pas manger l'oeuf qu'elle s'apprête à pondre avant de mourir
  • S'en occuper jusqu'à la naissance du poussin
  • Apprendre à voler au petit
Aidé de ses fidèles amis, les chats Secretario, Colonello, Jesaitout et Vent-debout, Zorbas va tenir parole...

Mon avis :
Un merveilleux conte écologique.
Un hymne à l'amitié et à la loyauté.
Un texte d'une poésie pure.
Une bouffée d'humour et d'émotions.
Un régal absolu !


AMERIQUE DU SUD - Quelques auteurs phares...




Mistral (Lucila Godoy Alcayaga, dite Gabriela) - Chili

Née en 1889 à Vicuna, au Chili, et décédée en 1957 à Hempstead, près de New York. 
Poètesse chilienne, elle est l'auteur de recueils d'inspiration amoureuse, chrétienne et populaire.
(Sonnets de la mort, Désolation)

Prix Nobel de Littérature en 1945




Neruda (Neftali Ricardo Reyes, dit Pablo) - Chili

Né à Parral en 1904 et décédé en 1973 à Santiago, au Chili. 
Poète chilien, il est l'auteur de poèmes d'amour ou d'inspiration sociale et révolutionnaire. 
Voyager, écrire, militer, sont les fils conducteurs de sa vie.
(Le Chant général, 1950 ; La Centaine d'amour, 1959)

Prix Nobel de Littérature en 1971






A voir sur Pablo Neruda :

Le sublime film "Le Facteur" de Michael Radford (1994)
avec Massimo Troisi et Philippe Noiret.








Garcia Marquez (Gabriel) - Colombie

Né à Aracataca en 1928, écrivain colombien, son oeuvre romanesque compose, dans une prose luxuriante, une chronique à la fois réaliste, fantastique et baroque de l'Amérique latine.
(Cent ans de solitude, 1967)

Prix Nobel de Littérature en 1982



Vargas Llosa (Mario) - Pérou

Né à Arequipa en 1936, écrivain péruvien (d'origine) et espagnol depuis 1993, ses romans, qui forment une peinture ironique et satirique de la société péruvienne, acquièrent une dimension universelle. Candidat à l'élection présidentielle de 1990 au Pérou, il est battu et vit, depuis, entre Lima, Madrid, Londres et Paris.
(La Ville et les Chiens ; Eloge de la marâtre ; Le rêve du Celte, Gallimard, 2011)

Prix Nobel de Littérature en 2010



Borges (Jorge Luis) - Argentine

Né en 1899 à Buenos Aires, en Argentine, et décédé en 1986 à Genève, en Suisse.
Ecrivain argentin, dans ses poèmes (Cahiers de San Martin, 1929), ses nouvelles fantastiques (Fictions, 1944 ; Le Livre de sable, 1975), et ses essais (Histoire de l'infamie, 1935 ; Histoire de l'éternité, 1936), il parcourt, en les récrivant, mythologies, cauchemars et labyrinthes d'une bibliothèque réelle et imaginaire. En 1955, déjà aveugle, on le nomme directeur de la Bibliothèque nationale de Buenos Aires.




Cortazar (Julio) - Argentine

Né en 1914 à Bruxelles de parents argentins et décédé en 1984 à Paris.
Ecrivain argentin naturalisé français, ses nouvelles (Bestiaire, 1951) et ses romans (Marelle, 1963) mêlent le réalisme social et politique à l'inspiration fantastique.






Sepulveda (Luis) - Chili

Né en 1949 à Ovalle, au Chili, écrivain baroudeur, son oeuvre est très marquée par son engagement politique - il sera arrêté, torturé et emprisonné durant deux ans et demi sous la dictature Pinochet, et libéré grâce à Amnesty International - mais aussi par son militantisme écologique.

vendredi 3 août 2012

"LE SEL DE LA VIE" de Françoise Héritier (Odile Jacob)

"Le sel de la vie"
Françoise Héritier
(Odile Jacob)

(Ados / Adultes)


Françoise Héritier, née en 1933, est une anthropologue et ethnologue française. Elle a succédé, jusqu'en 2000, à Claude Lévi-Strauss au Collège de France, inaugurant la chaire d'étude comparée des sociétés africaines. Elle approfondit la Théorie de l'Echange et celle de la Prohibition de l'inceste, établies communément sur la notion de circulation des femmes. Françoise Héritier avance le concept de l'Identique et de sa frustration répulsive, reprenant dès lors les approches de Lévi-Strauss et celle de l'anglais Alfred Radcliffe-Brown. Elle s'appuiera avant tout sur les notions de "nature" et "d'environnement" dans les conceptions des sociétés étudiées. Elle est membre du comité de parrainage de la Coordination française pour la décennie de la culture de paix et de non-violence. Elle soutient, depuis sa création en 2001, le fonds associatif "Non-Violence XXI". Elle est l'une des personnalités à l'origine de la création de la chaîne de télévision "Arte". Cette anthropologue féministe garde un oeil affûté sur les questions posées par les nouvelles formes de procréation. Elle éclaire, sans juger, des débats dont on commence à peine à mesurer les enjeux.

"C'est sans doute le livre que j'ai le plus offert depuis sa parution au début du printemps. Sous son apparence un brin désinvolte, ce petit livre est un baume, un manifeste hédoniste, une invitation à ne rien lâcher et à se tenir droit. Dressez, vous aussi, la liste de vos envies, de ces moments qui font le sel de la vie. Ne cédez pas à l'intellectualisme, restez sensuel, convoquez les souvenirs ! Qu'est-ce qui fait le sel de la vie ? S'être baigné au pied des Faraglioni devant la Casa Malaparte à Capri ; découvrir l'aube, à cheval, sur les contreforts des Black Hills, là où paissaient les bisons ; faire la sieste à l'ombre du grand cerisier, un livre ouvert à côté de soi... (à vous d'écrire la suite...)."

François Busnel
Magazine Lire - Eté 2012

L'histoire :
Un jour, Françoise Héritier reçoit une carte postale d'Ecosse de la part d'un illustre ami, professeur de médecine à l'hôpital de La Pitié, et qui commence ainsi : une semaine "volée" de vacances en Ecosse.
Pourquoi "volée" ? Parce qu'ils ont la chance tous deux d'exercer une profession éprouvante et épuisante mais riche de passion et de plaisirs rares, ils n'auraient pas légitimité à s'évader quelque temps ? Qui vole quoi ? Tout travail mérite répit. Aucune existence ne doit être possédée, dévorée par le travail. Il faut chaque jour penser à ressourcer l'être humain que nous sommes tous. Alors, à chacun de trouver ses petits plus, ses propres petits plaisirs minuscules.
En réponse à son ami, Françoise Héritier lui écrit ce livre. Elle lui dresse la liste de ces choses qui font le sel de sa vie...

Mon avis :
Ce livre étrange est une liste de "petits riens" pleine d'humour et d'autodérision, émouvante, faussement légère, tendre, parfois nostalgique. Il interroge et met notre propre regard sur la vie sur la balance. Honnête, Françoise Héritier reconnaît qu'elle est privilégiée et qu'elle a la chance de pratiquer un métier qui lui apporte plaisir et enrichissement intellectuel. Mais jamais son propos n'est prétentieux. Au contraire, l'auteure touche par sa sincérité et sa générosité. Elle nous offre, comme elle le dit elle-même, une "fantaisie" en hommage à la vie.

Un ouvrage plein de grâce et de poésie qui invite à la méditation.
A feuilleter souvent !

"ON A DE LA CHANCE DE VIVRE AUJOURD'HUI" de Kate Atkinson (Le Livre de Poche)

"On a de la chance de vivre aujourd'hui"
Kate Atkinson
(Le Livre de Poche)

(Ados / Adultes)


Kate Atkinson, née en 1951, est un écrivain britannique. Elle a suivi ses études de Littérature à l'Université de Dundee et vit depuis de nombreuses années à Edimbourg.

Retrouvez Kate Atkinson dans le blog "Le Journal des Libériades" pour :
- "A quand les bonnes nouvelles ?" à mai 2010
- "Parti tôt, pris mon chien" à mai 2011


"Affaires de coeur" :
Quand Franklin rencontre Connie... Thriller efficace !

"Genèse" :
Ou la Création du Monde revisitée... Humour caustique jubilatoire !

"On a de la chance de vivre aujourd'hui" :
Regard impitoyable sur l'avenir de l'Humanité... Sombre !

"La Lumière du Monde" :
Cauchemar ou magie d'une grossesse inattendue... Espoir !

"Le jour de Lucy" :
Ou la nouvelle Nativité... Amer !

"La Guerre contre les femmes" :
Charia en Ecosse... Glaçant !

"Je ne suis pas une Joan" :
L'histoire d'un fiasco sentimental ordinaire... Poignant !

"L'Amour à mort" :
Quand l'amour se joue tragédie... Edifiant !


Mon avis :
Des nouvelles caustiques en fragile équilibre entre fiction et réalité. Questions et réflexions spirituelles, existentielles inquiètes et pessimistes sur l'univers et l'Humanité, sur fond de références bibliques et religieuses.
Mais toujours, toujours, chez Kate Atkinson, des femmes en résistance, et la littérature et le théâtre en messagers de liberté et d'humanisme.

Entre sérieux et ironie, un bonheur littéraire !

"LE TAPIS DU SALON" d'Annie Saumont (Julliard)

"Le tapis du salon"
Annie Saumont
(Julliard)

(Ados / Adultes)


Annie Saumont, née en 1927 à Cherbourg (Manche), passe son enfance et son adolescence près de Rouen. Après ses études d'Anglais, elle part travailler à Paris où elle devient traductrice, notamment de J.D. Salinger ("L'attrape-coeurs", Pocket), de Nadine Gordimer (Prix Nobel de Littérature 1991), et de Sir Vidiathar Surajprasad Naipaul ou V.S. Naipaul (Prix Nobel de Littérature 2001). Annie Saumont écrit des nouvelles, et exclusivement des nouvelles. Elle est l'auteur de "Quelquefois dans les cérémonies", Goncourt de la nouvelle ; "Je ne suis pas un camion", Grand prix de la nouvelle de la Société des Gens de Lettres ; "Les voilà quel bonheur", Prix Renaissance de la nouvelle ; "Un soir, à la maison", Prix de l'Académie Française. Son oeuvre, unanimement saluée par la critique, est étudiée dans les universités américaines et traduite dans le monde entier.

Des histoires si brèves que les résumer juste en deux mots dévoilerait encore trop de mystère. Un fil conducteur néanmoins entre chacune de ces nouvelles : les taches du passé qui, comme une tache d'encre sur un tapis, ne s'effacent pas.

Mon avis : D'une écriture encore plus personnelle, encore plus épurée, encore plus brute, encore plus économe en ponctuations, tel un sculpteur sur son bloc de pierre, Annie Saumont nous livre des histoires sombres et terrifiantes dans un quotidien ordinaire, presque banal, où le mot "fin" s'abat, inattendu, implacable.

Un régal !


Retrouvez Annie Saumont pour "Les croissants du dimanche" (Julliard) dans le blog "Le Journal des Libériades" à mars 2011.

"DES OMBRES DANS LA RUE" de Susan Hill (Robert Laffont)

"Des ombres dans la rue"
Susan Hill
(Robert Laffont)

(Ados / Adultes)


Susan Hill est née en Angleterre en 1942. Romancière populaire, écrivain pour enfants, auteur dramatique, journaliste, elle s'est imposée en quelques années comme l'une des grandes dames du thriller à l'anglaise, à côté de P.D. James, Elizabeth George, Minette Walters...

A lire aussi aux Editions Robert Laffont :
- "Meurtres à Lafferton"
- "Où rodent les hommes"
- "Au risque des ténèbres"
- "La mort a ses habitudes"


L'histoire :
Alors que l'automne s'installe tranquillement en Angleterre, le Commissaire Divisionnaire Simon Serrailler passe de très apaisantes vacances sur une petite île à la pointe nord-ouest de l'Ecosse.
D'abord contraint par la Directrice Territoriale de la Police de s'accorder quelques semaines de repos après plusieurs enquêtes éprouvantes successives, Serrailler prend finalement goût au silence, au calme, aux vents iodés, à la beauté brute de ce décor sauvage. Et aussi au charme naturel et à l'indépendance de la jolie Kirsty McLeod.
Pourtant, il n'est pas mécontent quand un message le rappelle en urgence à Lafferton. Deux prostituées ont été assassinées. Une autre a disparu. La population est très inquiète. Et la police piétine...


Mon avis :
Très loin des intrigues policières classiques, Susan Hill préfère étudier à la loupe la vie d'une famille, d'une communauté, que l'on retrouve ici avec un plaisir infini, sous les yeux d'un jeune commissaire qui peine à trouver sa place. Les personnages se promènent, se croisent, comme dans un labyrinthe. Le lecteur s'attache à chacun d'eux, et baisse sa garde...
De son écriture irréprochable et sensible, l'auteur décortique la psychologie de chacun, pénètre avec délicatesse et pudeur dans leur intimité, découvre leur quotidien, des petits bonheurs et tracas aux drames les plus douloureux, dans lesquels le lecteur peut parfaitement s'identifier et se reconnaître.
Susan Hill distille méthodiquement un suspense et une tension psychologique intenses.
Elle nous interroge aussi sur notre propre regard, jugement, attitude, envers la marginalité et la différence.

Comme toujours, on quitte à regrets la petite ville de Lafferton !
Indispensable !!!