jeudi 3 octobre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-NOVEMBRE 2013






"Les Faits Divers dans la Littérature"






"7 FEMMES" de Lydie Salvayre (Perrin)


"7 femmes"
Lydie Salvayre
(Perrin)

Ados / Adultes

Sélectionné pour le Prix Renaudot - Catégorie Essais 2013


Lydie Salvayre est née en 1948 à Autainville. Fille d'exilés espagnols qui ont fuit le franquisme, après une licence de lettres modernes, elle entame des études de médecine et devient médecin-résident dans un hôpital psychiatrique près d'Aix-en-Provence vers la fin des années 1970. En 1983, elle s'installe à Paris et travaille comme psycho-pédiatre dans un dispensaire à Argenteuil. En 1990, son roman "La Déclaration" (Julliard) est salué par la presse. Elle reçoit le Prix Novembre en 1997 pour "La Compagnie des spectres" (Seuil) et ses romans "La puissance des mouches" (Seuil) et "Les belles âmes" (Seuil) sont adaptés pour le théâtre. En 2009, à la demande de France Culture pour le Festival d'Avignon, elle écrit un texte "Matricule des Anges" et elle est accompagnée par le groupe Noir Désir.


Qui sont ces "7 femmes" selon Lydie Salvayre ?
Des femmes pour qui vivre ne suffit pas, pour qui écrire est toute la vie, dont l'oeuvre est l'existence.
Contre toute sagesse et contre toute raison, des femmes qui disent non à la meute de loups régents, qu'ils soient politiques, littéraires, ou les deux, et qui l'écrivent à leur façon.
Des femmes qui se jettent dans la passion sans attendre que le contexte leur soit favorable.
Des femmes qui endurent les blâmes, les réprobations, les excommunications, ou pire, l'ignorance d'une société encore dominée par les hommes.
Des femmes pour qui douleur et création sont liées, pour qui écrire et vivre est une seule et même chose, pour qui vivre sans écrire revient à mourir.
Des femmes, comblées de tous les dons du ciel, qui vécurent presque toutes un destin malheureux, vécurent là où il ne fallait pas, quand il ne fallait pas, et souffrirent d'une douleur "d'être".

"Suivre aveuglément un appel. Mais de qui, mais de quoi ?"
s'interroge Virginia Woolf.


Emily Brontë (1818 - 1848)
Romancière et poète britannique. "Son livre horrifie. Sa brutalité horrifie." écrit Lydie Salvayre. Pour Emily Brontë, la souffrance et la violence, c'est exister. Elle meurt de tuberculose à tout juste 30 ans.

"Les Hauts de Hurlevent" (Le Livre de Poche/Classiques)

"Regardant vers un monde divisé en un gigantesque désordre, Emily Brontë sentit en elle le pouvoir de l'unir en un livre."  -  Virginia Woolf



Djuna Barnes (1892 - 1982)
Journaliste et écrivain américaine. Femme de tempérament, décomplexée, orgueilleuse, violente, insupportable, cruelle avec son entourage, elle passe une majeure partie de sa vie à Paris, à Montparnasse, au milieu des intellectuels français et américains. De retour aux Etats-Unis, son caractère fort et intolérant l'isole de toute vie culturelle et sociale. Elle meurt seule à 90 ans.

"Journal d'une enfant dangereuse" - Nouvelles - (L'Arche)
"Pièces en dix minutes" (L'Arche)


Sylvia Plath (1932 - 1963)
Poète américaine, épouse et secrétaire du poète britannique Ted Hughes. Si ce dernier se fait un nom dans le monde des lettres, elle, passe de désillusions en désespoir mortifère. Blessée par tant d'indifférence, trompée par son mari, seule avec ses deux enfants dans une détresse totale, elle met fin à ses jours. Elle n'a que 31 ans. Ce n'est qu'à titre posthume qu'elle recevra succès et récompenses, notamment le Prix Pulitzer pour l'ensemble de son oeuvre.

"Oeuvres : poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux" (Gallimard/Quarto)



Colette (1873 - 1954)
"Plus que sur toute autre manifestation vitale, je me suis penchée toute mon existence sur les éclosions... Le monde m'est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d'éclore que pour cesser de vivre."
Colette, femme de tous les paradoxes : mondaine et sauvage, sévère et tendre. Mais surtout audacieuse, impertinente, insolente, gourmande, amoureuse, vivante.




Marina Tsvetaeva (1892 - 1941)
"Tout, l'écriture exceptée, n'est rien."
Elle est l'un des plus grands écrivains russes du XXème siècle, dit-on d'elle depuis sa mort. Mais avant, son destin n'est qu'une succession dévastatrice de désespoir et d'horreur. Orpheline de mère à 14 ans, passionnée de littérature française, publiée à 18 ans, femme de convictions et d'aucune concession, elle épouse Sergueï Efron en 1912. Le couple a deux filles, Ariadna (1912) et Irina (1917). Sergueï s'engage dans l'armée blanche. Les conditions de vie sont terribles et Irina meurt de faim. Elle n'a que 3 ans. Les temps sont durs pour les poètes à Moscou. Apprenant que son mari est vivant à Prague, Marina décide de le rejoindre. Elle vit douloureusement son exil, de 1922 à 1939, entre Berlin, Prague et Paris. Elle se confie dans de magnifiques lettres à Rainer Maria Rilke, mais surtout à son grand ami Boris Pasternak. Pourtant, elle continue de publier ses poèmes. Bisexuelle, amoureuse passionnée, un enfant naît en 1925 à la paternité biologique incertaine. Gueorgui. Mour pour sa mère. Gagnée aux idées bolcheviques, Ariadna retourne en URSS en 1937. Sergueï également. Seule avec Mour à Paris, Marina les rejoint en 1939. La même année, Ariadna est arrêtée, torturée, obligée de dénoncer son père, perd le bébé qu'elle attend, et est envoyée au goulag pendant seize ans. Sergueï est arrêté, torturé, mais il refuse de dénoncer sa femme. Atterrée par ce qu'est devenu son pays, Marina se pend en 1941, en laissant une lettre à son fils adolescent. Elle avait 49 ans. Son corps est enterré dans la fosse commune. Sergueï est fusillé quelques mois plus tard.

"Il ne s'agit pas du tout de : vivre et écrire, mais vivre-écrire, et écrire, c'est vivre."

"Oeuvres : Tome 1 - Prose autobiographique" (Seuil)
"Oeuvres : Tome 2 - Récits et essais" (Seuil)
"Marina Tsvetaeva, ma mère" d'Ariadna Efron (Editions des Syrtes)


Virginia Woolf (1882 - 1941)
Ecrivain britannique, faite de contradictions et de violents accès de mélancolie, rongée par les doutes sur sa vie, sur son oeuvre, sur ce que les autres pensent d'elle, solitaire, elle travaille, lit et écrit sans relâche. Elle épouse l'écrivain Leonard Woolf qu'elle estime et respecte infiniment. Ensemble ils fondent une maison d'édition, la Hogart Press. Mais c'est de l'écrivain Vita Sackville-West que Virginia Woolf est amoureuse. Malgré un très honnête succès et une reconnaissance de son oeuvre de son vivant, le monde bascule dans l'horreur et la peur épouvantable de sombrer dans la folie auront raison de ses forces. A 59 ans, elle se suicide dans les eaux de la rivière Ouse, les poches remplies de pierres.

"Une chambre à soi" (10/18)
"Mrs Dalloway" (Folio Classique)
"Correspondance 1923 - 1941" de Vita Sackville-West et Virginia Woolf (Le Livre de Poche/biblio)


Ingeborg Bachmann (1926 - 1973)
Poète, nouvelliste et romancière autrichienne. Son père, membre du Parti National-socialiste, a fait partie du noyau dur des nazis de Carinthie. Bien qu'étant enfant en cette période noire, Ingeborg Bachmann portera toute sa vie sur ses épaules le poids de la Shoah et des monstruosités auxquelles a participé son père. Elle déteste l'Autriche qu'elle fuit constamment : Paris, Londres, Berlin, Francfort, Zurich, Naples et Rome. Belle, réservée, timide, tous les regards se posent sur elle et il se dégage d'elle un charisme unique. Habitée par son grand amour, le poète juif Paul Celan (qui se suicide en 1970), elle attend beaucoup du monde à venir. Elle meurt brûlée vive dans une chambre d'hôtel à Rome. Assommée de somnifères, elle se serait endormie en oubliant d'éteindre sa cigarette.

"Malina" (Seuil)
"Oeuvres" (Thesaurus/Actes Sud)
"Journal de guerre" (Actes Sud)


Mon avis :
Une liberté d'écriture et de ton qui donne un ensemble assez inégal, mais la sincérité de l'amour et de la passion de l'auteur pour ces sept artistes est une évidence. Son admiration pour leur oeuvre et pour leur destin est communicative. Elle donne envie de lire, et c'est bien là l'essentiel !

Un ouvrage très intéressant à découvrir et à partager !


COLETTE

La grande dame brune de la littérature
On se l'imagine toujours entourée de chats, la plume à la main, rêveusement appuyée sur son poing, la mine à la fois mélancolique et insolente, sous la tignasse brune. Grande dame de la littérature, Colette mit longtemps à être reconnue comme telle. Pourtant son écriture n'a pas pris une ride. Emerveillée par la nature, comme elle l'était par la vie, mue par un élan incroyable. Passionnée par tout ce qu'elle put entreprendre, Colette était d'abord une écrivaine appliquée, passant des heures à la table de travail pour sculpter d'un ton limpide des histoires au charme lumineux, autant de bribes du puzzle d'une vie enflammée.

Parfums de scandales
1873 - Sidonie Gabrielle Colette naît à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). La maison natale conservera une place idyllique dans l'imaginaire de Colette. Son enfance est marquée par le ravissement de la nature et une découverte émerveillée de la littérature.
1893 - A vingt ans, Colette, qui a pris pour prénom le nom de son père, épouse Henri Gauthier-Villars, dit Willy, homme de lettres et Don Juan invétéré. Ils s'installent à Paris et fréquentent les salons que Colette ravit avec ses souvenirs d'enfance. Willy la pousse à rédiger ces récits et publie, sous son propre nom, la série des "Claudine". Il lui en restituera la maternité en 1909. Les romans porteront alors les deux noms.



1906 - Colette et Willy se séparent. Elle fait scandale au Moulin-Rouge en se dénudant dans "Rêve d'Egypte" avec la marquise de Belbeuf, surnommée Missy, avec laquelle elle entretient une liaison.




1912 - Mort de sa mère, Sido. Enceinte, Colette épouse Henry de Jouvenel. Leur fille, Colette, surnommée Bel-Gazou, naît en 1913.
1923 - Parution du "Blé en herbe". Colette entretient alors une relation avec son beau-fils, Bertrand de Jouvenel. Se dessine-t-elle à travers la Dame en blanc qui séduit le jeune Philippe ? Le couple divorce en 1925.

1936 - Colette publie "Mes apprentissages", son autobiographie. L'année suivante, elle s'installe avec Maurice Goudeket dans l'appartement du Palais-Royal, à Paris, où elle finira ses jours.
1943 - Parution de "Gigi", qui sera adapté à Broadway avec Audrey Hepburn. En 1945, Colette est élue à l'Académie Goncourt.
1954 - Paralysée depuis plusieurs années par une sévère arthrose, elle meurt le 3 avril. L'Eglise lui refuse un enterrement religieux mais l'Etat lui organise des funérailles nationales dans la cour du Palais-Royal.


Sido
Sidonie, la mère de Colette, est un personnage central de l'oeuvre et de la vie de l'écrivaine. Femme généreuse et lumineuse, elle a appris à sa fille à s'émerveiller de la nature et lui a surtout transmis le goût de la liberté. Colette lui rend hommage dans "Sido" mais aussi dans "Naissance du jour".

Figures de femmes

Qui mieux que Colette a su dépeindre les aspirations et les sentiments des femmes de son temps, en quête de liberté, de reconnaissance, mais aussi d'amour et de sensualité ? On connaît Claudine, l'adolescente naïve et intrépide ; mais aussi Gigi, éduquée pour faire son entrée dans le monde ; Renée, qui vit la bohème, de théâtres en cabarets dans "La vagabonde" ; et Vinca, qui, dans "Le blé en herbe", voit l'enfance et ses innocentes amours s'éloigner.


Gourmande touche-à-tout
Ecrivaine, comédienne, Colette fut aussi une journaliste prolifique. En 1932, elle ouvre également un magasin de produits de beauté rue Saint-Honoré, à Paris ! Elle mène tout avec une insatiable curiosité et un appétit d'expériences, une intense soif de vivre, hérités de sa mère.

Marie-Valentine Chaudon
Magazine Muze - Juillet 2008





"LE BLE EN HERBE" de Colette (Librio)


"Le blé en herbe"
Colette
(Librio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Phil et Vinca se retrouvent, comme chaque été depuis leur enfance, en Bretagne, au bord de la mer. Mais cette année, quelque chose a changé. Leurs jeux ne sont plus aussi joyeux ni spontanés. Les deux jeunes gens ont seize et quinze ans. Ils sont gênés, rougissants, silencieux. A côté de Phil, déstabilisé par une vague de sensualité qu'il ne contrôle pas, Vinca semble étrangement sage et raisonnable, un peu trop adulte, ayant déjà tiré un trait sur sa jeunesse. Phil cherche à comprendre, lorsqu'il croise le chemin d'une mystérieuse Dame en blanc...

Mon avis :
Les mots de Colette éveillent tous nos sens. Ses descriptions "innocentes" et poétiques de la nature, en parallèle avec les émois amoureux et les tressaillements de deux adolescents, sont d'une sensualité bouleversante : la moiteur de l'été, la rosée sur les jeunes feuilles vertes, les boutons qui s'offrent au jour, le blé mur prêt à couper... Juste délicieux !
Mais avec la découverte de la passion et de l'initiation à l'amour, Colette n'écarte pas la nostalgie de voir l'enfance s'éloigner, de perdre déjà un pan de sa vie, ni la douleur d'un sentiment non partagé.

Magnifique !!!


"LE FANAL BLEU" de Colette (Fayard)



"Le fanal bleu"
Colette
(Fayard)

Ados / Adultes


Colette nous affirme, ou tente de se persuader elle-même, que l'âge n'a aucune prise sur les sens. "Rien ne dépérit, c'est moi qui m'éloigne", dit-elle. Pourtant... c'est bien avec nostalgie, amertume et tristesse parfois, qu'elle confie, sous la douce complicité tamisée de son fanal recouvert de papier bleu, quelques pages de sa vie : son pupitre-table bricolé qui l'accompagne partout depuis un quart de siècle ; ses proches qui l'ont quittée pour toujours ; les gourmandises de Genève ; les douceurs de Bruxelles ; son ancienne maison et les délices ensoleillés de Provence ; ses chats, ses chiens, et tous ses "visiteurs du soir", animaux de passage au Palais-Royal ; le jardin d'enfants ; la nature, présente dans toute son oeuvre ; se pâmer pour un bon vin ; la joie d'aller au théâtre ; la douleur physique qui la cloue à son fauteuil ; ses voisins attentionnés, Jean Marais et Jean Cocteau ; l'anniversaire de ses soixante-quinze ans ; les lettres et les cadeaux étonnants qu'elle reçoit chaque jour ; ses mots merveilleux qui nous mettent les larmes aux yeux sur son amie de toujours, Marguerite Moreno, son âme-soeur, cinquante années de bonheur et de fidélité que la mort a brisées ; les bijoux en or, seul luxe auquel elle avoue succomber ; le feu dans la cheminée qui rythme ses jours et ses nuits ; ses insomnies ; le clap de fin lorsque l'on pose l'outil d'écriture...

Dernier ouvrage de Colette. Un texte intime et bouleversant d'une amoureuse de la vie jusqu'au dernier mot. Très émouvant !