jeudi 17 avril 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-MAI 2014




La Nouvelle
Histoire d'un récit bref




AMELIE NOTHOMB




Amélie Nothomb :
Née le 13 août 1967 à Kobé au Japon de parents bruxellois, fille de diplomate, Amélie Nothomb passe sa petite enfance entre le Japon, Pékin, New York puis le Laos et le Bangladesh. En 1984, à l'âge de dix-sept ans, elle retourne dans son pays d'origine, la Belgique, et s'installe à Bruxelles pour suivre des études de Philologie romane à l'Université Libre. En 1990, à la fin de ses études universitaires, elle repart au Japon où elle travaille comme interprète pour une grande entreprise et découvre un univers cruel et insupportable. C'est en 1992 qu'elle fait son entrée en Littérature avec son premier roman "Hygiène de l'assassin", un livre de dialogue entre un Prix Nobel incompris et des journalistes. Le livre connaît un succès immédiat et reçoit le Prix René Fallet et le Prix Alain Fournier, alors que certains critiques restent sceptiques sur la capacité d'une femme aussi jeune d'écrire un livre d'une "effrayante maturité". 
Depuis, Amélie Nothomb, qui se définie comme "graphomane", publie un livre par an. Son roman "Le sabotage amoureux", en 1993, raconte une partie de son enfance passée en Chine et reçoit le Prix Littéraire de la Vocation. En 1999, "Stupeur et tremblements" est récompensé par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Inspiré de son expérience dans le monde de l'entreprise au Japon, il met en évidences les différences entre la civilisation japonaise et les civilisations occidentales.
L'expérience personnelle d'Amélie Nothomb a toujours influencé son écriture, comme dans "La biographie de la faim" où elle parle de son anorexie ou dans "Le fait du prince" qui traite de l'identité. Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française Robert. En 2009, elle renoue avec ses thèmes favoris, notamment l'autodérision avec "Le voyage d'hiver". En 2011, elle publie son vingtième roman, "Tuer le père". En 2012, elle retourne au Japon pour la première fois depuis le séisme et l'accident nucléaire de Fukushima. "La nostalgie heureuse", en 2013, évoque ce séjour émouvant dans son pays natal.


Mes coups de coeur!

"Hygiène de l'assassin" : Entretien musclé entre un écrivain de renom, vieux, obèse et mauvais, et une jeune journaliste qui ne s'en laisse pas conter...

"Les combustibles" : Un monde dévasté. Faire face à la faim, et surtout au froid. Quand tout a déjà été brûlé pour se réchauffer, il ne reste plus que les livres. Lesquels jeter dans l'âtre ?

"Les catilinaires" : Deux jeunes retraités de l'Enseignement, par besoin vital de silence, de solitude et de paix, emménagent dans une petite maison, sorte de datcha au coeur de la forêt, dans l'espoir de ne croiser personne. Mais c'était sans compter sur leur très étrange voisin. Par gentillesse, ils ne le rejettent pas dès le départ. Très vite, ils sont étouffés par cette unique relation humaine...

"Stupeur et tremblements" : Souvent étudié au collège, ce roman décrit avec beaucoup de drôlerie le monde impitoyable du travail au Japon...

"Antéchrista" : Une amitié vampirisante et destructrice entre deux adolescentes. Au nom de l'amitié, que sommes-nous prêts à donner (ou à sacrifier) ? 

"Une forme de vie" : Roman épistolaire entre l'écrivain Amélie Nothomb et Melvin Mapple, soldat de l'armée américaine stationné à Bagdad en Irak...

"Barbe Bleue" : Le conte classique de notre enfance revisité à la sauce Nothomb...


Clin d'oeil de l'auteur ! A votre tour de chercher le mot "pneu" qu'Amélie Nothomb cache malicieusement dans chacun de ses contes !




DELPHINE DE VIGAN





Delphine de Vigan est née en 1966 à Boulogne-Billancourt. Ancienne directrice d'études, mère de deux enfants, elle vit de sa plume depuis 2007.



"Un soir de décembre"
(Points)

Prix Saint-Valentin 2006

Ados / Adultes


L'histoire :
Matthieu a quarante-cinq ans. Il est marié à Elise. Le couple a deux garçons, Paul et Louis. Matthieu travaille dans une société de vente par correspondance de prêt-à-porter féminin. Une vie heureuse et ordinaire. Rien ne le lie à la littérature. Or, un soir il sort d'un tiroir un cahier et il écrit. Quelques semaines plus tard, il envoie son manuscrit à différentes maisons d'édition. Son roman est publié. C'est un succès. Il est invité partout. Il reçoit de nombreux courriers de lecteurs. Parmi eux, une lettre, d'une femme, le trouble...

Mon avis :
Un triangle amoureux classique : le mari, l'épouse, la maîtresse. Une vie bobo. Banale. Presque ennuyeuse. Pourtant, malgré nous, nous nous laissons entraîner dans les méandres de ce quotidien sans rebondissements. Petit à petit, nous découvrons "l'effet papillon" des actes et des erreurs passés de Matthieu. La vie devient soudain roman. Mais qui en est le personnage ? Qui en est l'auteur ? Et nous, sommes-nous personnage ou auteur de notre roman ?

Un livre malin et surprenant !


"Rien ne s'oppose à la nuit"
(Le Livre de Poche)

Prix Renaudot des lycéens 2011
Prix Roman France Télévisions 2011
Grand prix des lectrices de Elle 2012

Ados / Adultes


L'histoire :
Un matin de janvier, la narratrice découvre le corps de sa mère morte dans son appartement depuis déjà plusieurs jours. Deux ans plus tard, aux prises à de nombreuses questions sans réponses, elle décide de se plonger dans l'histoire de sa famille et de raconter "sa" Lucile, sa mère...

Mon avis :
Un hommage émouvant et sincère de Delphine de Vigan à sa mère. Une immersion au coeur d'une famille étonnante, détonante, où la joie et le rire côtoient les drames et les secrets. L'auteur nous implique dans le cheminement de son enquête, de ses recherches, et dans ses questionnements. La dernière partie du récit détaille, jour après jour, l'agonie psychologique, psychiatrique, physique de Lucile jusqu'à son suicide inéluctable. C'est cru, insoutenable, mais c'est aussi une façon pour l'auteur d'exprimer son sentiment de culpabilité et d'impuissance, ses interrogations face à cette spirale de malheurs et de désastres qui s'est abattue sur sa famille, et sur son rôle de mère à son tour.

JEANNE BENAMEUR



Jeanne Benameur :
Née en 1952 à Ain M'Lila en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, elle a cinq ans et demi quand elle arrive à La Rochelle où elle vit toujours. Professeur de Lettres à Mauzé sur le Mignon (Deux-Sèvres) puis en région parisienne, elle vit de son écriture depuis 2001. Elle a été directrice de collection chez Actes Sud Junior et chez Thierry Magnier jusqu'en 2013. Le thème central de son oeuvre est la relation à l'autre et le rôle du livre dans l'ouverture au monde.




 "Les Demeurées"
(Folio)

Prix Unicef

Ados / Adultes


L'histoire :
Ce livre, d'une poésie pure, conte la relation unique qui unit une mère surnommée "l'abrutie" ou "la demeurée" ou, mystérieusement, "la Varienne", et sa fille Luce de laquelle certains disent : Telle mère, telle fille ! Comme pour dire : Elle n'a aucune chance ! La Varienne et sa fille vivent seules, en totale exclusion et dans la peur du monde extérieur. Mais un jour, la petite doit aller à l'école. C'est obligatoire ! L'institutrice, Mademoiselle Solange, semble être la seule au village à croire en Luce...

Mon avis :
Non situé dans l'espace ni dans le temps, l'auteur laisse une totale liberté à notre imaginaire. C'est un univers noir, entre l'absurde et le réalisme, qui siérait parfaitement à celui de l'actrice et réalisatrice belge Yolande Moreau. La trame de ce texte court est la tolérance (ou l'intolérance), la place que nous sommes capables de donner à la "différence", et l'aberration, au regard de Jeanne Benameur, d'un enseignement unique pour tous, qui heureusement fonctionne bien pour la majorité des enfants, mais que deviennent les autres ?

Une histoire originale, poétique, d'une extrême sensibilité, qui touche en plein coeur...
Magnifique conte universel !


 
"Une heure, une vie"
(Editions Thierry Magnier)

Dès 12 ans


L'histoire :
Les parents d'Amélie lui annoncent qu'ils vont se séparer. "Rien ne changera pour toi, ma chérie, tu sais." Mais ils savent tous les trois que ce n'est pas vrai...

Mon avis :
Des parents divorcent, n'expliquent pas, deviennent inaccessibles, vivent sur deux planètes opposées. Une enfant se retrouve au centre de ce puzzle auquel il manque des pièces, assommée de discours sans véritables sens et de promesses non tenues. Son seul désir : connaître les véritables raisons de cette séparation, trouver sa place. Alors, pourquoi ne pas inventer ?
Jeanne Benameur nous propose un regard nouveau sur le divorce : celui de l'enfant exclusivement. Elle met l'accent sur tous les non-dits qui sont en réalité autant de mensonges, et sur notre tendance, nous, adultes, à toujours sous-estimer la capacité des enfants à comprendre les choses, même les plus graves.

Intelligent, pudique et sensible, comme toujours chez Jeanne Benameur !




"Pas assez pour faire une femme"
(Editions Thierry Magnier)

Rentrée littéraire Ados Automne 2013

Dès 13 ans


L'histoire :
Au début des années 1970, juste après Mai 68, une toute jeune étudiante de dix-sept ans passe sa première nuit d'amour avec Alain, étudiant plus âgé qu'elle et militant pour "la lutte"...

Mon avis :
Roman d'initiation : à l'amour, à l'engagement politique, à la philosophie, à la rupture avec une famille réactionnaire, à l'indépendance, à la liberté, à la vie tout simplement. Et puis les livres, les livres, et encore les livres comme fondations inébranlables.

Tendre, grave, et magnifique !

ANNIE ERNAUX



Annie Ernaux :
Ecrivain majeur de la Littérature Française, pionnière d'un nouveau style, "l'écriture de soi", son oeuvre suit, presque en temps réel, l'accès des femmes à l'autonomie sociale et sexuelle. 
Annie Ernaux naît en 1940 à Lillebonne, en Normandie. Ses parents tiennent un café-épicerie. Puis, après la guerre, ils déménagent, s'installent à Yvetot, ville martyrisée par les bombes, et ouvrent à nouveau un café-mercerie-épicerie dans un quartier très modeste. Après son baccalauréat, Annie Ernaux commence des études de Lettres à Rouen, ville symbole d'une certaine liberté pour la jeune étudiante qu'elle est, loin de sa famille. C'est bien avant 1968 et l'accès à la contraception. Elle prend alors de plein fouet sa condition de femme, un avortement clandestin, puis une nouvelle grossesse acceptée, un mariage obligé et des examens à passer dans des circonstances difficiles. Professeur de Lettres, publiée, Annie Ernaux raconte, dans l'ensemble de son oeuvre, son enfance, sa vie de femme, sa vie de femme cultivée, ses relations compliquées et douloureuses avec ses parents, entre amour et haine, la difficulté de se comprendre lorsque parents et enfants vivent dans deux milieux sociaux-culturels différents. Le travail littéraire et sociologique d'Annie Ernaux est unique, personnel, empreint d'intelligence et d'une grande sensibilité. Ses mots sont simples, précis, choisis. Ils parlent à chacun d'entre nous et nous invitent, nous aussi, à tenter de retrouver une mémoire collective dans notre mémoire individuelle. Elle est une référence pour de nombreux nouveaux auteurs.

A voir ou à revoir : "Les mots comme des pierres", documentaire consacré à Annie Ernaux diffusé en 2013 sur France 3.

A retrouver, sur le blog "Le Journal des Libériades"
  • "Les années" (Gallimard) - en juin 2010
  • "La place" (Gallimard) - en février 2011
  • "L'autre fille" (Nil - collection Les Affranchis) - en mars 2011



"Les armoires vides"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
1973 - Denise, jeune étudiante boursière en Lettres, sort, seule, de chez la "faiseuse d'anges". Dans sa petite chambre de la Cité Universitaire, elle attend. Tandis que l'humiliation lui tord sans pitié l'intérieur du ventre, elle pense à ses parents. Elle, fille unique de modestes patrons d'un miteux café-épicerie, décortique tout ce qui la différencie et l'éloigne de sa famille depuis le collège, depuis qu'elle a découvert la Littérature, depuis que la culture lui a ouvert les portes d'autres mondes qu'elle croyait inaccessibles...

Mon avis :
Premier roman d'Annie Ernaux et une écriture qui se démarque totalement de la Littérature traditionnelle. "L'écriture de soi" est née. Plus que des phrases, ce sont des mots, des émotions, qui sont ici jetés, criés, gueulés, dégueulés sur le papier, comme une urgence à dire les choses, sans aucun instant de répit pour reprendre son souffle. Une langue brutale et crue pour exprimer une colère douloureuse mêlée de haine et de culpabilité. Sans doute le livre le plus dur d'Annie Ernaux. Les fondations de son oeuvre sont posées.

Courageux !



"La vie extérieure"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Des anecdotes personnelles, des instants surpris dans le RER ou au centre commercial, le regard de l'auteur sur la vie politique et sociale, ses engagements, ses réflexions sur certains faits divers... Des épisodes marquants, drôles, intellectuels, existentiels, qui se sont inscrits dans l'histoire d'Annie Ernaux entre 1993 et 1999...

Mon avis :
Il est très intéressant de découvrir Annie Ernaux dans un registre très différent de celui de ses romans. Les thèmes majeurs de son oeuvre ne sont pas là, mais elle nous ouvre d'autres portes de son "moi".

Une lecture vraiment très agréable !



"L'événement"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Une scène de vie banale : 1999, dans la salle d'attente d'un grand hôpital parisien, au milieu d'un panel hétéroclite de la population française, la narratrice se prépare avec angoisse à connaître le résultat de son test VIH. Il est négatif. Bien que soulagée, cette expérience n'est pas sans lui rappeler ce terrible jour d'octobre 1963 où, alors étudiante en Lettres à Rouen, elle apprend qu'elle est enceinte, et où elle se retrouve soudain totalement seule face à une décision à prendre, face à l'événement...

Mon avis :
Un témoignage remarquablement écrit, saisissant, bouleversant, tout en puissance et en sensibilité, qui évoque sans tabou chacune des étapes matérielles, psychologiques, physiologiques, médicales, intellectuelles, sociales, d'un avortement (à l'époque clandestin car illégal) et, dans la grande majorité des cas, la solitude des femmes dans cette situation. 

Absolument nécessaire !



"Retour à Yvetot"
(Mauconduit)

Ados / Adultes


L'histoire :
Ce livre est la transcription d'une conférence donnée le 13 octobre 2012 par Annie Ernaux à Yvetot, lieu de son enfance et de son adolescence, où elle retournait pour la première fois en tant qu'écrivain...

Mon avis :
Un texte émouvant et sincère sur les souvenirs, propres à chacun, et sur l'acte d'écrire, par ailleurs illustré de magnifiques photos.