jeudi 13 novembre 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-DECEMBRE 2014




Joyeux Noël !
Un livre à offrir...

"LE FUSIL DE CHASSE" de Yasushi Inoué (Le Livre de Poche)


"Le fusil de chasse"
Yasushi Inoué
(Le Livre de Poche)


Yasushi Inoué :
Sur fond de Japon traumatisé par la Seconde Guerre Mondiale et par Hiroshima, Inoué (1907-1991) met souvent en scène des amours qui se sabordent, des ambitions qui capotent, des êtres qui semblent éternellement exilés d'eux-mêmes. Avec, toujours, un signe en direction du ciel, comme dans le magnifique "Faussaire" où un artificier s'escrime à lancer vers les lointains des aquarelles de feu qui seront autant d'illuminations, au sens rimbaldien. Mêlant embardées métaphysiques et épures romanesques, l'oeuvre d'Inoué est une gigantesque sarabande au bord des volcans : du "Fusil de chasse" à "Combat de taureaux", d'"Une voix dans la nuit" aux "Chemins du désert", on y devine les tremblements d'une main inquiète, qui trace à l'encre noire les chemins provisoires d'une rédemption toujours incertaine. La beauté, dans la littérature japonaise, cache toujours une part maudite. Cela, Inoué le savait : plus le lotus éblouit sur l'étang, plus la vase, au fond, est sombre et épaisse...
Magazine Lire - Mars 2012

L'histoire :
Un homme confie un jour un de ses poèmes au "Compagnon du Chasseur", une revue destinée aux chasseurs japonais. Ce poème a pour titre "Le fusil de chasse". L'homme n'a aucune affection pour la chasse mais il se trouve que le directeur de la revue est un ancien camarade de classe. Le poème, pourtant peu partisan de ce sport, est publié. Mais au lieu d'être assailli de courriers de protestations et d'insultes auxquels il s'attendait, le poète reçoit quelques mois plus tard une curieuse missive d'un certain Josuke Misugi, historien, qui pense s'être reconnu dans le texte et y voit une forme d'hommage. Misugi juge nécessaire de partager avec l'auteur du poème trois lettres lui appartenant, chacune écrite par une femme différente...

Mon avis :
Trois femmes livrent dans une lettre leurs secrets les plus intimes : Shoko, jeune fille qui découvre le journal de sa mère récemment décédée ; Midori, l'épouse trompée ; Saïlko, la défunte. Trois textes à la fois pudiques et crus, passionnés et vengeurs, douloureux et libérateurs. Tracés à la plume d'une délicatesse infinie, des mots emplis de mystères, de symboles et d'une poésie éblouissante, où se love l'impossibilité au bonheur. Sournoisement, la souffrance attend son heure, pour surgir soudain tel un démon et terrasser celles et ceux qui, naïvement, ont cru aimer et être aimés. Car l'amour enflamme les coeurs, pour mieux les consumer ensuite avec toute la violence et la férocité de l'enfer.

Extraordinairement émouvant !

"JE VOUS ECRIRAI" de Paule du Bouchet (Gallimard Scripto)



"Je vous écrirai"
Paule du Bouchet
(Gallimard Scripto)


Paule du Bouchet est née en 1951. Pianiste, passionnée de musique, elle a enseigné la philosophie puis s'est orientée vers l'édition et la littérature jeunesse.

L'histoire :
En septembre 1955, Malia a 18 ans. Elle s'installe à Paris, au Quartier latin, dans un petit appartement qu'elle partage avec son amie d'enfance, Gisèle. Gisèle rêve de théâtre et de cinéma. Malia va commencer des études de philosophie à La Sorbonne, après avoir tenu tête à des parents très protecteurs, provinciaux, peu éduqués, convaincus que l'avenir des filles est dans le mariage, la couture, la cuisine, et éventuellement dans la dactylographie ; mais certainement pas dans des études inutiles. Le prix à payer pour sa liberté et sa nouvelle vie dans la capitale est d'écrire régulièrement à sa mère...

Mon avis :
Une correspondance vivante et émouvante. Une description de l'époque, des lieux, des événements, par petites touches sensibles et nostalgiques comme sorties d'un album de photographies anciennes et précieuses. D'un côté, une traversée dans le Paris des années 1950-1960 où l'on s'attend à chaque instant à croiser l'objectif de Doisneau ou la pétillance de Sagan. De l'autre, la province, la vie simple et dure dans la France profonde et rurale. Une histoire familiale passionnément romanesque où l'on découvre, avec la jeune héroïne, le fossé qui se creuse entre elle et ses parents, leur éloignement géographique et intellectuel, son entrée dans un nouveau milieu culturel et social auquel elle aspirait depuis son enfance, ses idéaux, son engagement politique puis ses désillusions, les mouvements du monde, l'émigration (russe notamment), les prémices de la guerre d'Algérie, Paris et ses richesses artistiques, la force de l'amitié, et le poids destructeur et douloureux des secrets. On ne manque pas, bien entendu, de déceler, dans ce récit, une référence et une forme d'hommage à Annie Ernaux.

A la fois divertissant, captivant et poignant ! Excellent !

"LES LETTRES CHINOISES" de Ying Chen (Babel)



"Les lettres chinoises"
Ying Chen
(Babel)


Ying Chen, écrivaine sino-canadienne, a étudié les lettres françaises à Shanghai où elle est née en 1961. En 1989, elle s'installe dans un premier temps au Québec où elle poursuit ses études. Cette admiratrice de Proust, qui parle le dialecte de sa région, le mandarin ainsi que le russe, l'italien et l'anglais, a choisi d'écrire en français et vit aujourd'hui à Vancouver. Elle est l'auteure d'une dizaine de romans dont "Les lettres chinoises" (Actes Sud), "L'ingratitude" (Actes Sud), qui fut en lice pour le prix Femina, "Espèces" (Boréal), et "Un enfant à ma porte" (Seuil).

L'histoire :
Yuan quitte sa Chine natale et sa bien-aimée Sassa pour découvrir l'Amérique du Nord, Montréal. Pourquoi est-il parti ? Que cherche-t-il ? Qu'attend-il de ce déracinement ? Idéalise-t-il, comme le pense Sassa, la liberté et la démocratie des pays occidentaux ? Comment va-t-il vivre l'arrivée à Montréal de Da Li, leur amie commune ?

Mon avis :
On peine à croire que ces trois enfants de Chine aient pu être un jour les meilleurs amis du monde. On peine à les aimer. Néanmoins, même si elles auraient mérité une approche beaucoup plus vibrante et émouvante, le roman pose des questions intéressantes, notamment sur le déracinement, l'intégration, mais surtout sur les relations parfois douloureuses entre la personne qui a choisi de partir et les êtres aimés restés au pays et qui ne comprennent pas toujours. L'auteur n'apporte aucune réponse. Il appartient au lecteur de réfléchir et de se faire sa propre opinion. Et c'est bien.

"LETTRE A MON RAVISSEUR" de Lucy Christopher (Gallimard Scripto)



"Lettre à mon ravisseur"
Lucy Christopher
(Gallimard Scripto)


Lucy Christopher est née au Pays de Galles mais a grandi en Australie, à Melbourne, de l'âge de neuf ans jusqu'à la fin de ses études universitaires. Enfant, elle adorait camper dans le bush et a toujours été fascinée par cette terre sauvage. De retour au Royaume Uni où elle vit aujourd'hui, elle passe un Master de création littéraire à l'université de Bath Spa. "Lettre à mon ravisseur" est son deuxième roman.

L'histoire :
En ce jour d'août, Gemma, jeune londonienne de seize ans, accompagne ses parents en voyage d'affaires au Vietnam. A l'aéroport de Bangkok où ils font escale, ils se disputent. Une fois de plus. Un mur d'incompréhension s'est élevé entre eux depuis déjà bien longtemps. En colère, Gemma va prendre un café à la cafétéria. Comble de malchance, la caisse n'accepte que de la monnaie locale. Voyant l'embarras de l'adolescente, un jeune homme diablement beau, aux yeux bleus renversants, lui offre son café et l'invite à la table voisine. La discussion est agréable. Le bellâtre s'appelle Ty. Il est Australien. Soudain, tout bascule. Gemma est prise de nausées et de vertiges, et est incapable de lutter quand Ty l'emmène loin, très loin. Quelques jours plus tard, elle se réveille dans une maison de bois perdue au coeur du désert australien...

Mon avis :
C'est ici la lettre qu'une victime adresse à son ravisseur quelques semaines après sa libération. Elle lui raconte son histoire à elle depuis son enlèvement à l'aéroport de Bangkok. Son ressenti des événements. Son choc. La violence d'être arrachée ainsi à sa famille, à ses amis, à Londres, à sa vie. Elle lui raconte ses peurs. Son incompréhension. Sa curiosité aussi. Courageuse, volontaire, Gemma sait se défendre. Pourtant, elle va découvrir petit à petit qui est Ty, ses idéaux un peu fous, sa fascination et son admiration pour les Aborigènes et pour les légendes, son passé jonché de souffrances et de secrets douloureux. Elle va découvrir un homme patient, attentionné, sensible, maladroit avec les sentiments, qui va lui apprendre à survivre dans le bush, à regarder autrement la nature, à respecter la puissance et les richesses de la terre.
Une aventure humaine complexe, ambigüe, qui nous fait à la fois détester et aimer le ravisseur. On condamne son geste extrême avec à la fois l'envie déraisonnable de lui pardonner. Un roman fort, impossible à lâcher, sur fond de bush australien particulièrement éprouvant. 

Un dépaysement très réussi !

"AU BONHEUR DES LETTRES - Recueil de courriers historiques, inattendus et farfelus" - Shaun Usher (Ed. du Sous-Sol)




"Au bonheur des lettres
Recueil de courriers historiques,
inattendus et farfelus"
Shaun Usher
(Ed. du Sous-Sol)


Shaun Usher, auteur britannique né en 1978, a rassemblé les lettres les plus atypiques de Iggy Pop, Fidel Castro, Léonard de Vinci, Jack Kerouac, John F. Kennedy, Fiodor Dostoïevski, Louis Armstrong, Charles Darwin, Albert Einstein, Roald Dahl, Elvis Presley, Nick Cave, Virginia Woolf, Groucho Marx, Katharine Hepburn, Mick Jagger, Charles Bukowski, et beaucoup d'autres...

"Drôle, tragique, incisive, historique, lyrique, romantique et désobligeante, cette prodigieuse anthologie de lettres d'hier et d'aujourd'hui est mon livre de l'année, vous ne vous en lasserez jamais."
Stephen Fry
Auteur, humoriste, acteur et réalisateur


Merci à l'écrivain Fabrice Colin pour cette découverte !
Je vous invite à lire sa présentation :

http://fabrice-colin.over-blog.com/2014/11/en-reponse-a-votre-honoree-du-tant.html


(Les éditions du Sous-Sol ont été créées par Adrien Bosc, Grand prix du roman de l'Académie française 2014 pour "Constellation" chez Stock)