samedi 14 novembre 2015

Paris 13 novembre 2015...



La France pleure une fois encore... Aimons-la !

jeudi 5 novembre 2015

Prochaines présentations : mi-décembre 2015








Joyeux Noël !
Mots du monde à offrir...





"Le Flambeau" d'Agatha Christie (Editions du Masque) - Nouvelles


Agatha Christie (1890-1976), l'une des gloires du roman policier britannique, est née d'un père américain et d'une mère anglaise. Elle signe ses livres du nom de son premier mari, même après son divorce et son remariage avec un archéologue dont elle partagera les travaux. Elle a inventé, dit-on, son premier "mystère" en 1920, pour éprouver la perspicacité de sa soeur, grande lectrice de romans policiers. 

Mon avis :
Ici point de Miss Marple ni de Hercule Poirot. Les petites cellules grises se manifestent autrement dans ce genre que l'on ne connaissait pas (ou peu) chez Agatha Christie, c'est-à-dire le fantastique, ces choses que l'on peut imaginer surnaturelles ou au contraire que l'on peut justifier de manière tout à fait rationnelle. Ces douze nouvelles ont été publiées dans un recueil sous le titre original "The Hound of Death and other stories" en 1933, à une époque où la "médecine de l'âme" est en plein essor. La Première Guerre mondiale a hélas laissé son lot de névroses traumatiques et autres pathologies qui ont imposé au monde médical une avancée importante dans la recherche et le traitement des maladies mentales. Ces nouvelles connaissances se sont répandues au-delà du domaine strictement scientifique et la psychanalyse est devenue très populaire. En ce début du XXème siècle où le poids de l'éducation, de la culture et de la morale est très lourd, les gens cherchent des explications aux actes, aux actes manqués, aux pensées, aux rêves... On  parle de conscient, d'inconscient, d'interprétation, d'hypnose... La psychiatrie attire autant qu'elle effraie. Au travers de ses histoires étranges, Agatha Christie pose d'excellentes questions. Que doit-on penser des prémonitions lorsque l'on a la foi ? Quel regard portent un homme de Loi, un homme d'Eglise, un médecin et un homme de la rue sur ces phénomènes ? Comment faire la différence entre prémonition et intuition ou coïncidence ? La voyance, si elle existe, est-elle un don ou un fardeau ? Comment prémunir les crédules contre la manipulation psychologique ? Quel est le pouvoir de l'art, la musique en particulier pour Agatha Christie (elle rêvait d'être cantatrice), dans notre élévation spirituelle et intellectuelle ?

Léger et intelligent
Drôle et inquiétant
Un inégalable talent

"Le papier peint jaune" de Charlotte Perkins Gilman (Editions Des femmes - Antoinette Fouque)



Charlotte Perkins Gilman (1860-1935) est une sociologue et écrivaine américaine. Abandonnée très jeune par son père, elle se retrouve seule avec son petit frère Thomas et une mère peu aimante, incapable de subvenir à leurs besoins, qui sera aidée par des femmes de la famille, et non des moindres : Isabella Beecher Hooker (suffragette), Harriet Beecher Stowe (auteur du roman "La case de l'oncle Tom") et Catharine Beecher (connue pour ses ouvrages sur l'éducation des femmes). Devenue peintre, en 1884, Charlotte épouse Charles Walter Stetson. De cette union naît la petite Katharine Beecher Stetson. Naissance à la suite de laquelle Charlotte souffre d'une grave dépression post-partum, mais elle n'est pas prise au sérieux, les femmes étant considérées à l'époque comme "sujettes à l'hystérie". Elle consulte toutefois un "spécialiste des nerfs" renommé, le docteur S. Weir Mitchell, qui lui ordonne "de ne plus toucher à une plume, un pinceau ou un crayon de sa vie". Elle raconte dans sa biographie qu'elle avait alors presque perdu l'esprit, comme la jeune femme du "papier peint jaune". En 1894, le couple Stetson divorce. Charlotte confie la garde de Katharine à son père et part en Californie. Elle s'engage alors dans de nombreuses organisations féministes et réformatrices. Très active, elle publie essais, poèmes, pièces de théâtre, romans, nouvelles, écrit dans les journaux, enseigne, donne des conférences, voyage et ne cesse de militer, à travers les Etats-Unis et l'Europe, pour le socialisme et les droits des femmes. Elle se remarie en 1900 avec son cousin Houghton Gilman. Un cancer du sein incurable lui est diagnostiqué en 1932. Elle se suicide en 1935, laissant une lettre dans laquelle elle écrit avoir choisi le chloroforme plutôt que le cancer.

Sa nouvelle "The Yellow Wallpaper" ("La Séquestrée" ou "Le papier peint jaune") a été publiée en 1892 et reste son texte le plus connu. Sous-estimée, aux Etats-Unis comme ailleurs, pendant plusieurs décennies, et notamment après l'obtention du droit de vote des femmes américaines en 1920, Charlotte Perkins Gilman est remise à l'honneur dans les années 1960.

L'histoire :
Ce n'est ni un manoir lugubre ni une maison hantée. C'est une ravissante bâtisse nichée dans la campagne verdoyante et fleurie. Mais ce qui devait être un havre de paix pendant trois mois, un lieu de vacances calme et tranquille, va se transformer en geôle. Un médecin, peu au fait de cette pathologie, prescrit à son épouse, jeune maman souffrant de psychose post-partum, une cure de repos très stricte, dans la plus grande solitude, avec interdiction absolue d'écrire. Ce qui, pour la jeune femme, est un calvaire. Bien qu'elle puisse aller et venir en toute liberté dans la délicieuse résidence, elle s'ennuie atrocement. Elle hait cette chambre, imposée par son époux, dont le vieux papier peint jaune sale lui donne la nausée. Pourtant elle passe des heures à le regarder, à le détailler. Puis, au fil des aubes et des crépuscules, les formes et objets devinés au coeur de chaque lai vont prendre vie, couleur, odeur. Petit à petit, la jeune mère va faire corps avec les murs qui l'entourent...

Mon avis :
Un texte court, lapidaire, qui nous lacère en plein coeur. Les temps de respiration entre chaque bref paragraphe ne sont pas là par coquetterie. Ils sont fondamentalement nécessaires pour nous laisser le temps d'encaisser les coups, de nous imprégner de la souffrance de cette femme, de l'entendre hurler son désespoir, mais aussi de maîtriser nos propres sentiments. La plume est à la fois poétique et cruelle, d'une beauté et d'une puissance déchirantes. Admirable !!!




"The Yellow Wallpaper" est évoqué dans la saison 1 de l'excellente série "American Horror Story" qui dénonce, de manière horrifique et jubilatoire, les tabous et les contradictions de la société américaine.



"Le Treizième Conte" de Diane Setterfield (Plon)



Diane Setterfield, romancière britannique, est née en 1964. "Le Treizième Conte" est son premier roman. Le second, "L'homme au manteau noir", vient de paraître. Son écriture est souvent comparée à celle de Charlotte Brontë. Passionnée de littérature française des XIXème et XXème siècles, elle a consacré sa thèse aux travaux d'André Gide et a enseigné le français jusqu'en 1990, date à laquelle elle a cessé toute vie professionnelle pour se consacrer entièrement à l'écriture.

"Le Treizième Conte" a été adapté pour la télévision britannique en 2013 avec les deux excellentes actrices : Vanessa Redgrave et Olivia Colman ("Broadchurch").

L'histoire :
Près de Cambridge, Margaret Lea seconde son père dans la librairie familiale spécialisée dans les ouvrages anciens. Depuis sa plus tendre enfance, la jeune femme a vécu entourée de livres. C'est dans la boutique qu'elle apprit l'alphabet (Austen, Brontë, Charles Dickens...), qu'elle lut des rapports de hauts faits militaires, des histoires de fantômes, des récits de voyages, des biographies, des journaux intimes..., qu'elle découvrit des langues étrangères, le français en particulier. Son père lui a transmis sa passion, son amour des livres, sa joie de lire. Elle-même auteur de quelques essais, dont l'un consacré aux frères Goncourt, c'est par ce biais qu'elle est remarquée par Vida Winter, écrivain très populaire en Angleterre. Un matin de novembre, Margaret reçoit une longue lettre de la célèbre romancière. Près de soixante ans de carrière, cinquante-six best-sellers, Miss Winter est autant réputée pour sa plume brillante que pour sa beauté froide et ses vies inventées à chaque interview. Mais pour son ultime entretien, elle a choisi de dire enfin la vérité sur son existence. A Margaret. Et à elle seule...

Mon avis :
"On devrait toujours prêter attention aux fantômes, Miss Lea, vous ne croyez pas ?"... Magnifique ode à la lecture et à l'écriture, ce conte gothique mêle habilement réel et imaginaire, et nous entraîne dans un véritable labyrinthe oppressant et cruel. Campagne anglaise au calme inquiétant. Brumes anxiogènes. Bâtisse lugubre. Jardins tourmentés. Silhouettes sépulcrales. Ruines macabres. Personnages tour à tour effrayants et émouvants. Sujet grave que l'enfance et la quête d'identité traité avec une grande sensibilité. Seuls les livres, manuscrits, lettres, journaux intimes..., dans leur lecture ou dans leur rédaction, mènent à la vérité. Un premier roman diablement parfait !!!

"Le Trône de Fer - L'Intégrale 1" de George R.R. Martin (Pygmalion / J'ai lu)





"Laisse les sots voir que les mots te blessent, et leurs quolibets ne te lâcheront pas. S'il leur plaît de te donner un sobriquet, prends-le, approprie-le-toi. Dès lors, ils seront désarmés."
George R.R. Martin
(citation de Tyrion Lannister)





1 - Mes sources

A lire : Magazine "Lire" - Hors-série "Le Trône de Fer"

A écouter :
France Inter - "La Marche de l'Histoire" - "Game of Thrones"

A visiter sur la toile : lagardedenuit.com


2 - George R.R. Martin


1948 :
Naissance à Bayonne, New Jersey, de George Raymond Martin
(il ajoutera le prénom de Richard lors de sa confirmation à 13 ans)

1963 :
Parution dans le magazine "Les Quatre Fantastiques" de sa première lettre de lecteur

1971 :
Master en journalisme à l'université de Northwestern, dans l'Illinois
Première nouvelle, "The Hero", vendue au magazine Galaxy

1972-1974 :
Service social dans les AmeriCorps
à la suite de son objection de conscience à la guerre du Vietnam

1975 :
Premier recueil de nouvelles, "A Son for Lya", qui rafle le Prix Hugo

1977 :
Parution de son premier roman, "L"Agonie de la lumière"

1979 :
Fin de sa carrière de professeur de lettres et déménagement à Santa Fe, Nouveau-Mexique

1984-1990 :
Scénariste pour la télévision,
notamment pour les séries "La Cinquième Dimension" et "La Belle et la Bête"

1996 :
Parution du premier tome du "Trône de Fer", récompensé du Prix Locus

2011 :
Lancement de "Game of Thrones" sur la chaîne câblée HBO


"Quand vous créez un monde, il vous faut, dans la mesure du possible, en maîtriser tous les aspects. Il faut faire de votre mieux, car, parmi vos lecteurs, vous allez trouver des experts dans tous les domaines."
George R.R. Martin


3 - Principaux personnages du "Trône de Fer - L'Intégrale 1"



Peyredragon
          Capitale de l'ancienne famille royale de Westeros, dynastie Targaryen, remise à Stannis Baratheon
                    Maison Targaryen
                    Devise : "Feu et Sang"
                    Emblème : le dragon
  • Le prince Viserys, prétendant "légitime" au Trône de Fer, en exil à Essos depuis le renversement et la mort de son père, Aerys II "le dément", et de son frère Rhaegar
  • La princesse Daenerys, sa soeur, épouse du Dothraki Khal Drogo

Port-Royal
          Capitale du Royaume des Sept Couronnes
                    Maison Baratheon
                    Devise : "Nôtre est la fureur"
                    Emblème : le cerf couronné
  • Le roi Robert, dit "l'Usurpateur" ; Lord Stannis, seigneur de Peyredragon, et Lord Renly, seigneur d'Accalmie, ses frères
  • La reine Cersei, née Lannister, sa femme
  • Le prince héritier, Joffrey, la princesse Myrcella et le prince Tommen, ses enfants

Winterfell
          Capitale du Nord
                    Maison Stark
                    Devise : "L'hiver vient..."
                    Emblème : le loup-garou
  • Lord Eddard (Ned), seigneur de Winterfell et Main du Roi
  • Benjen (Ben), chef des patrouilles de la Garde de Nuit, son frère, porté disparu au-delà du Mur
  • Lady Catelyn (Cat), née Tully de Vivesaigues, sa femme
  • Robb, Sansa, Arya, Brandan (Bran), Rickard (Rickon), leurs enfants
  • Jon le Bâtard (Jon Snow), fils illégitime officiel de Lord Stark et d'une inconnue

Castral Roc
          Capitale de l'Ouest
                    Maison Lannister
                    Devise : "Je rugis"
                    Emblème : le lion
  • Lord Tywin, seigneur de Castral Roc
  • Kevan, son frère
  • Jaime, dit "le Régicide", frère jumeau de la reine Cersei, et Tyrion le nain, dit "le Lutin", ses enfants

Vivesaigues
          Capitale du Conflans
                    Maison Tully
                    Devise : "Famille, Devoir, Honneur"
                    Emblème : la truite d'argent
  • Lord Hoster, seigneur de Vivesaigues
  • Brynden, dit "le Silure", son frère
  • Edmure, Catelyne (Stark) et Lysa (veuve de Jon Arryn), ses enfants

4 - L'histoire

(Extrait de "Aux origines du Trône de Fer" par Estelle Lenartowicz dans le "Lire - Hors-série n°20 - Le Trône de Fer")

          C'est l'enlèvement par le prince Rhaegar (fils aîné du roi Aerys II Targaryen) de Lyanna Stark - alors qu'elle avait été promise à Robert Baratheon - qui, en révélant l'étendue de la folie du dernier roi Targaryen, provoqua la chute de sa dynastie. Accusés de conspiration, Rickard Stark et son fils Brandon sont condamnés à d'atroces tortures par Aerys, qui ordonne ensuite qu'on lui apporte la tête de Robert Baratheon et d'Eddard Stark (Ned), deuxième fils de Rickard, déclenchant ainsi la rébellion.
          Indigné par les caprices meurtriers d'Aerys et par son incapacité à mener une justice libre, Robert Baratheon, dit "l'Usurpateur", tente de s'emparer de la Couronne et met en place une coalition avec les chefs des Sept Royaumes.
          De rudes combats opposent les loyalistes aux rebelles, qui remportent au Trident une bataille décisive. Elle conduira bientôt à l'assassinat du Roi Fou par Jaime Lannister, et au massacre de la plupart de ses descendants.
          Débute alors la dynastie des Baratheon, Robert montant sur le Trône de Fer en 283. Après quinze années d'un règne déclinant, marqué par son désengagement progressif des affaires du royaume et le meurtre de Jon Arryn, sa fidèle Main du Roi, il propose à Ned Stark, seigneur de Winterfell, de reprendre le poste.
          A ce moment précis, qui ouvre le premier tome de la saga du "Trône de Fer",  l'histoire que va raconter George R.R. Martin ne fait que commencer...







5 - Mon avis

          Même si l'on est un bon lecteur, difficile de ne pas frémir d'inquiétude en voyant devant soi l'étendue des cinq "Intégrales" du "Trône de Fer" ! Un kilo, ou presque, d'aventures par pavé ! Mille pages, ou presque, de périples par volume ! Et l'odyssée n'est pas terminée !

          Et bien oui, c'est possible ! On se fond avec aisance et bonheur dans cette longue et puissante épopée tout simplement parce que George R.R. Martin est un génie !

          George R.R. Martin a bâti, chapitre après chapitre, un monde extraordinaire, complexe, sombre, où se jouent les coups les plus nobles comme les plus pervers et retors. "Le Trône de Fer" est une saga brillante. Les intrigues sont machiavéliques et excitantes. Les personnages ne sont qu'ambiguïté. Il n'y a pas de bien. Il n'y a pas de mal. Chacun évolue entre honneur et trahison, conquête et défaite, amitié et haine. 

          Les influences littéraires de George R.R. Martin n'étonneront pas : Homère, Shakespeare, Walter Scott, Tolkien, Lovecraft, "Les Rois Maudits" de Maurice Druon, "Le Nom de la Rose" d'Umberto Eco, mais aussi Stan Lee et les Comics.

          La passion de George R.R. Martin pour l'Histoire est également une évidence. Le Moyen Age tient une place prépondérante dans son univers. Mais on reconnaîtra aussi quelques références à l'Antiquité, à la Renaissance, à certains aspects de l'ère victorienne, et bien sûr à notre histoire contemporaine. Ce n'est pas sans raison que nombre d'historiens s'intéressent à "Game of Thrones".

          Il ne faut pas oublier non plus que George R.R. Martin a commencé son travail de titan il y a vingt-ans. Etonnant visionnaire, ses thèmes ont aujourd'hui une résonance toute particulière : la menace climatique, la place des femmes, la religion, le pouvoir et la difficulté de gouverner, les "gens différents" et les marginaux, le sexe, la violence et la vérité sur la guerre, l'exil, l'enfance. Et force est pour nous, lecteurs, de méditer sur tous ces questionnements.

          Grâce à l'intensité et la construction rigoureuse, méthodique de sa trame, grâce à son sens du détail et du réalisme, grâce au soin qu'il porte au dessin psychologique de chacun de ses personnages, grâce à une narration originale et fluide, grâce à un peu de magie distillée avec parcimonie, George R.R. Martin a su réunir dans un même plaisir et dans une même fièvre des lecteurs de tous horizons culturels. Grâce à son talent de fou, il nous emporte dans ses bagages pour un long voyage riche, intelligent et divertissant !


6 - A voir (évidemment !)

"Game of Thrones" - La série TV multi-récompensée...


7 - Vient de paraître...


Conseillé par Guillaume Bourain de la Librairie "Les Saisons" à La Rochelle, un essai, "Les leçons politiques de Game of Thrones", sous la direction de Pablo Iglesias (leader de Podemos en Espagne) chez Post-éditions.


"Je crois que l'humanité suit une sorte d'évolution morale, et que celle-ci n'est pas achevée. Le problème, c'est que cette évolution est en compétition avec notre côté tribal et meurtrier."
George R.R. Martin