jeudi 31 mars 2016

Prochaines présentations : début mai 2016





"Francophonie à travers le monde"



"Ascenseur pour l'échafaud" de Noël Calef (Livre de Poche) (1956)





Nissim Calef est né en 1907 en Bulgarie. Il s'installe en France dans les années 1930 où il prend le nom de Noël Calef et débute dans une compagnie cinématographique. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il sera interné à Drancy en 1941 avant d'être déporté en Italie. A la fin de la guerre, il rentre en France. Ecrivain de langue française, il publie une vingtaine de romans et de nouvelles, dont six romans policiers. Il devient célèbre grâce au film "Ascenseur pour l'échafaud". Il collabore également à de nombreux films en tant que scénariste ou dialoguiste. Il meurt en France en 1968.

Le livre :
Ce samedi après-midi, Julien Courtois, directeur d'une société d'import-export parisienne, annonce un peu tardivement à sa secrétaire, Denise, qu'il a un rendez-vous important à 18h30 et lui demande de rester jusque 18h20 car il aura certainement des dossiers à lui remettre pour lundi matin. A 17h40, Courtois met son plan diabolique à exécution. En premier lieu, il s'assure que, comme il le prévoyait, Denise est en grande conversation téléphonique avec une amie. Puis il referme la porte de son bureau, ouvre la fenêtre, enjambe le rebord, parcourt les quelques mètres de corniche qui le séparent d'une autre fenêtre, pénètre dans une pièce en travaux de rénovation, franchit un couloir après avoir vérifié que personne ne le surprendrait, et entre sans frapper dans le cabinet de Bordgris, prêteur sur gages à qui Courtois doit beaucoup d'argent. Courtois occupe le temps, baratine sur un hypothétique projet, jusqu'à la débauche de 18h. Quand les bureaux du building se vident bruyamment, Courtois profite du brouhaha pour abattre Bordgris d'une balle dans la tête. Il ne lui reste plus qu'à maquiller son homicide en suicide, effacer ses empreintes et rejoindre tout aussi discrètement son bureau avant 18h20. Hélas, il n'avait pas prévu l'horreur d'une blessure par arme à feu ni son évanouissement à la vue du sang. Revenu à lui juste à temps, il s'arrange pour être vu par le gardien et quitte l'immeuble pour rejoindre sa femme à qui il vient de promettre un nouveau bonheur. Il démarre sa voiture, il est prêt à partir quand il s'aperçoit que, dans la précipitation, il a oublié de prendre avec lui des documents compromettants. Laissant là sa Fregate, dont le moteur tourne encore, et dedans son imperméable et son portefeuille, il se rue dans l'ascenseur. Il n'en a que pour quelques minutes. Malheureusement, Albert, le gardien, persuadé qu'il n'y a plus personne dans les locaux, coupe l'électricité et part en week-end. L'ascenseur s'arrête brutalement. Julien Courtois se retrouve piégé...

Mon avis :
Un homme, acculé à ses mensonges et à ses malversations, va commettre un crime parfait. Mais à la vue du sang, il s'évanouit. Et soudain, le scénario impeccablement élaboré s'effondre. Evénements, coups de théâtre et tragédies se succèdent jusqu'à la scène finale, saisissante, qui tombe comme un couperet. De nombreux personnages se relaient dans ce drame inéluctable. Témoins d'une époque phallocrate et misogyne - les années 1950 - , à leurs conflits personnels et à leurs émotions se greffent des conflits générationnels, sociaux, économiques, culturels, les femmes qui ont encore tout à conquérir. Courtois est dominé par sa peur de tout perdre : l'argent, sa position sociale, sa femme. Denise, la secrétaire, est éprise de liberté. Geneviève, l'épouse, souffre de sa jalousie. La colère et la haine étouffent Georges, le beau-frère. Le jeune Fred cache la douleur de ses relations difficiles avec son père derrière une attitude désabusée et un machisme insupportable. La jolie Thérèse, sans travail, sans argent, n'est qu'amour et admiration pour son Fred, accepte toutes les humiliations, mais c'est à elle seule que reviendra la responsabilité de l'enfant qu'elle porte si Fred l'abandonne. Le policier, l'inspecteur Givral, aux allures d'un lieutenant Colombo à la française, s'avère beaucoup plus perspicace qu'il n'y paraît... Julien Courtois a commencé la partie, mais très vite il n'est plus qu'un pion sur l'échiquier. Chaque épisode de l'histoire amène implacablement à lui. Il est en prison dès les premiers instants. 
Un texte court, net, efficace. Une intrigue remarquable.
Un roman étonnant, totalement captivant !!!

Le film :

"Ascenseur pour l'échafaud" (1957), film français de Louis Malle avec Jeanne Moreau, Maurice Ronet et Lino Ventura. Musique de Miles Davis. Prix Louis-Delluc en 1957 et Grand Prix du disque de l'Académie Charles-Cros décerné au disque de la bande originale.

Quelques notes de musique :
https://www.youtube.com/watch?v=7Op1WDZk850

Louis Malle est né en 1932 à Thumeries, dans le Nord de la France. Assistant de Jacques-Yves Cousteau pour le "Monde du silence", c'est à l'âge de vingt-cinq ans qu'il réalise son premier long métrage "Ascenseur pour l'échafaud" en 1957. Il meurt en 1995 à Los Angeles.
"Les Amants", "Zazie dans le métro", "Vie privée", "Le feu follet", "La petite", "Calcutta", "Alamo Bay", "Au revoir, les enfants", "Milou en mai", "Fatale", "Vanya 42e Rue".

Jeanne Moreau et Miles Davis
Miles Davis (Alton, Illinois, 1926 - Santa Monica, 1991), compositeur et trompettiste de jazz américain. Il fut l'un des plus grands solistes et improvisateurs à la trompette, et l'un des pionniers du jazz cool et du jazz-rock.
"Walkin'" (1954), "Bye Bye Blackbird" (1956)

Mon avis :
Un scénario librement inspiré du roman et un propos différent. Là où le livre est une photographie du paysage social et culturel de la France des années 1950, le film, lui, est un hymne à Paris très esthétique, la nuit, en noir et blanc, porté par la musique envoûtante de Miles Davis, et dans lequel Jeanne Moreau, sublime, crève l'écran.

"Dans la brume électrique avec les morts confédérés" de James Lee Burke (Rivages/Noir) (1995)




James Lee Burke est un écrivain américain, auteur de romans policiers, particulièrement connu pour sa série mettant en scène Dave Robicheaux. Il naît en 1936 à Houston, au Texas, et passe son enfance sur la côte entre le Texas et la Louisiane. Il suit ses études à la Southwestern Louisiana Institute ainsi qu'à l'Université du Missouri d'où il sort diplômé en arts. Quittant l'université, Burke a d'abord pratiqué plusieurs métiers : ouvrier du pétrole, routier, journaliste, assistant social, garde-forestier, topographe, professeur d'anglais. Dans les années 1980, il enseigne l'écriture créative à l'Université d'Etat de Wichita (Kansas). 
En 1960, il épouse Pearl, une étudiante chinoise qui a fui le communisme. Actuellement Burke et sa femme partagent leur temps entre l'Etat du Montana et la Louisiane. Leur fille, Alafair Burke, est également auteur de romans policiers.

Quelques mots sur Dave Robicheaux :
Ancien inspecteur de la police criminelle de la Nouvelle-Orléans. Shérif-adjoint à New-Iberia en Louisiane. Ancien alcoolique (traumatismes de la guerre du Viêt Nam). Son père a été ouvrier dans une raffinerie de pétrole (comme le père de J. L. Burke). Sa première femme, Anna Ballard, a été assassinée. Il a épousé en secondes noces Bootsie, son amour de jeunesse, veuve d'un mafieux. Il a adopté une orpheline salvadorienne, Alafair (le prénom de la fille de J. L. Burke).

La guerre de Sécession (ou guerre civile américaine) (1861-1865) impliqua les Etats-Unis d'Amérique ("L'Union"), dirigés par Abraham Lincoln, et les Etats confédérés d'Amérique ("Les Confédérés"), dirigés par Jefferson Davis et rassemblant onze états du Sud.
Les Etats confédérés se créèrent en réaction politique à une volonté de réforme de l'esclavage par le gouvernement fédéral. Abraham Lincoln a été élu président des Etats-Unis d'Amérique en 1860 sur la base d'un programme opposé à l'extension de l'esclavage.
L'Armée des Etats confédérés est formée en février 1861 afin de défendre les Etats confédérés d'Amérique lorsque les sept premiers Etats du Sud font sécession des Etats-Unis. Les sept Etats sont la Caroline du Sud, le Mississippi, la Floride, l'Alabama, la Géorgie, la Louisiane, le Texas. Suivront la Virginie, l'Arkansas, le Tennessee et la Caroline du Nord. Cette armée disparaît après sa défaite lors de la guerre de Sécession.

Le livre :
La ville de New-Iberia, de l'Etat de Louisiane, chef-lieu de la paroisse de l'Ibérie, est le théâtre d'événements successifs dont certains sont dramatiques, et leur simultanéité étonne l'adjoint Dave Robicheaux. Le plus terrible est cette jeune fille retrouvée au fond d'un bois, assassinée et mutilée. Mais il y a aussi ce film sur la guerre de Sécession en cours de tournage et dont le producteur n'est autre que Julie Balboni, ancien camarade d'école de Robicheaux, mafieux soi-disant retiré des affaires. Et puis aussi l''acteur principal du film, le très populaire Elrod Sykes, qui, à la suite de son arrestation pour conduite en état d'ivresse, affirme avoir découvert par hasard, dans le marais, un squelette enroulé d'une grosse chaîne rouillée. Conduit sur les lieux, le shérif-adjoint ne peut que constater la véracité des déclarations de la star. Ces ossements le replongent dans le passé. Pendant l'été 1957, à la fin de sa première année d'université, après l'ouragan Audrey, Robicheaux travaillait au large du marais, sur une plateforme sismographique, lorsqu'il fut témoin d'un meurtre : un Noir, les bras et le torse entravés par une lourde chaîne, abattu par deux Blancs et abandonné sur les lieux. Bien entendu, l'étudiant prévint le shérif de l'époque mais les recherches restèrent vaines. Jusqu'à aujourd'hui. Robicheaux compte mener l'enquête lui-même. Croisera-t-il, lui aussi, comme Sykes, le chemin des fantômes de soldats confédérés disparus dans le bayou il y a plus d'un siècle ?

Mon avis :
Un énorme coup de coeur pour ce roman policier de facture classique (victime, meurtrier, enquêteur) mais dont la singularité tient à la richesse de ses personnages et à la beauté exotique et troublante de la Louisiane. Chaque personnage porte en lui sa part d'obscurité et sa part d'humanité. Parmi eux, il y a Robicheaux, "grand mec" ingérable, imprévisible, à l'âme chevaleresque ; Rosie, jeune agent du FBI, qui ne s'en laisse pas compter ; une longue liste de suspects qui portent tous sur leurs épaules des relents d'Histoire d'esclavage et de racisme de cette partie des Etats-Unis. Il y a la petite Alifair, l'innocence et la spontanéité perdues des adultes qui l'entourent. Et puis il y a la Louisiane, entre les temps sombres d'hier et ceux d'aujourd'hui guère plus lumineux. La Louisiane, le bayou, les nuées de moustiques, sa chaleur écrasante, son humidité étouffante, ses violents orages et ses ouragans, mais aussi la douceur des soirées, sur un air zydeco, à boire des Dr Pepper glacés et à déguster des écrevisses  grillées sauce cajun et du poulet frit. L'humeur des habitants bat au rythme de l'état du ciel. La vie se confond étrangement au décor. Les dialogues sont truculents, surtout quand s'invitent aux intrigues des soldats tout droit sortis d'épisodes datant de la guerre de Sécession. Rêves ? Hallucinations ? Subconscient ? Magie ? A vous de le découvrir !

Le film :

"Dans la brume électrique" (2009), film franco-américain de Bertrand Tavernier avec Tommy Lee Jones, John Goodman et Peter Sarsgaard. Musique de Marco Beltrami. Grand Prix du Festival international du film policier de Beaune en 2009.

Quelques notes de musique...

Tavernier (centre) et T.L. Jones (droite)
sur le tournage de "Dans la brume électrique"
Bertrand Tavernier (Lyon, 1941), cinéaste français. Alternant sujets contemporains et historiques, cet ancien critique met sa connaissance du cinéma américain au service de l'éclairage intime sur les Français.
"L'horloger de Saint-Paul" (1974), "Le juge et l'assassin" (1976), "Coup de torchon" (1981), "Un dimanche à la campagne" (1984), "La Vie et rien d'autre" (1989), "L. 627" (1992), "L'Appât" (1995), "Capitaine Conan" (1996), "Holy Lola" (2004), "La Princesse de Montpensier" (2011), "Quai d'Orsay" (2013)

Marco Edward Beltrami, né en 1966 à Long Island, New York, est un compositeur américain d'origine italienne et grecque. Il a été l'élève du compositeur Jerry Goldsmith ("Papillon", "Chinatown", "Alien"). Beltrami a composé les musiques de "Scream", "Terminator : le soulèvement des machines", "Hellboy", "I. Robot", "Trois enterrements", "Die Hard 4", "La Dame en noir", "Les Quatre Fantastiques".

Mon avis :
Une adaptation rigoureusement fidèle au roman dans les faits et dans les dialogues repris quasiment mot pour mot. Malheureusement, le film est très décevant. Les personnages sont lisses, les acteurs peu convaincants. Tommy Lee Jones ne dégage pas la force ni la hargne que l'on attend de ce flic en colère. Le rythme est lent et l'épilogue un peu bâclé. L'âme du texte, la Louisiane, ne se retrouve pas dans le film bien qu'elle en soit le décor. En conclusion, on est très loin des frissons que nous offre le livre...

"L'homme de l'ombre" de Robert Harris (Pocket) (2007)




Robert Dennis Harris est né en 1957 à Nottingham, en Grande-Bretagne. Après des études à l'université de Cambridge, il entre en 1978 à la BBC comme reporter et réalisateur pour des émissions prestigieuses comme "Panorama". Il quitte la télévision en 1987 pour devenir éditorialiste politique à "The Observer", puis au "Sunday Times" ; il est élu "éditorialiste de l'année" en 1992.
Depuis 1984, il a publié trois essais, parmi lesquels "Selling Hitler" (1986), portant sur les carnets intimes de Hitler, ainsi que deux biographies de personnalités politiques britanniques. Il se tourne ensuite vers la fiction avec "Fatherland" (1992) et "Enigma" (1995), qui sont rapidement reconnus comme des modèles du thriller historique. Ils ont été traduits dans une trentaine de langues et se sont vendus à plus de dix millions d'exemplaires dans le mode.
Il poursuit son oeuvre romanesque avec "Archange" (1999), "Pompéi" (2005), "Imperium" (2006). "L'homme de l'ombre" (2007), adapté au cinéma par Roman Polanski sous le titre de "The Ghost Writer", "Conspira" (2009), "L'indice de la peur" (2012) et "D." (2014), qui revient sur l'affaire Dreyfus. Tous ont paru chez Plon.

"Ghost" signifie en anglais "fantôme" mais ce mot désigne également un "écrivain professionnel", c'est-à-dire un nègre littéraire.

Le livre :
Michael McAra tombe d'un ferry faisant la liaison entre l'île de Martha's Vineyard et Cape Cod, dans le Massachusetts, aux Etats-Unis. Son corps est découvert le lendemain sur une plage. La thèse de l'accident est privilégiée. Installé à Martha's Vineyard, face à l'océan, dans une magnifique maison prêtée par un riche industriel, Mc Ara rédigeait les mémoires d'Adam Lang, ancien Premier Ministre britannique très controversé. Suite à ce décès, un écrivain professionnel londonien, recruté pour terminer le projet, arrive, sous une pluie hivernale, sur la petite île pour rencontrer Adam Lang. Il est accueilli par sa très belle assistante, Amelia Bly, et par Ruth, sa déconcertante épouse. Dès ses premiers instants sur les lieux, le nouveau nègre littéraire s'interroge sur les véritables raisons de sa présence...

Mon avis :
Un thriller sous haute tension sur fond de scandale politique et humanitaire international. Le décor, aussi magnifique qu'angoissant, une île, au milieu de l'océan, inhabitée en période hivernale, tient un rôle fondamental dans notre peur croissante. L'ambiance, proche d'un huis clos, est exquisement sinistre. On se laisse totalement prendre au jeu... Soudain, au dernier quart du roman, tout s'effondre. L'auteur nous livre d'un bloc, en une dizaine de pages, des informations capitales par le biais de documents que le héros trouve tout bêtement... sur internet ! La recette est un peu lourde à digérer. La captivation et l'excitation retombent comme des soufflés. Toutefois, malgré la déception, on rattrape le fil de l'histoire, celle qui à présent nous importe le plus : connaître la vérité sur le destin tragique de Michael McAra. La fin se lit sans déplaisir. A souligner également l'esquisse très intéressante du métier d'écrivain professionnel, de nègre littéraire, dont la complexité autant que l'abnégation de la personne qui exerce cette activité sont très bien rendues.

Le film :

"The Ghost Writer" (2010), film français, britannique et allemand de Roman Polanski avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan et Kim Cattrall. Musique d'Alexandre Desplat. 

De très nombreuses récompenses, dont :
  • Festival de Berlin 2010 : Ours d'argent du meilleur réalisateur
  • Prix du cinéma européen 2010 : Film de l'année + Réalisateur de l'année + Acteur de l'année (pour Ewan McGregor) + Scénariste de l'année (pour Robert Harris) + Compositeur de l'année (pour Alexandre Desplat) + Décorateur de l'année
  • Césars 2011 : Meilleur réalisateur + Meilleure adaptation + Meilleur montage + Meilleure musique
Quelques notes de musique...

Polanski (en vert) sur le tournage de
"The Ghost Writer"
Roman Polanski est né à Paris en 1933. Cinéaste polonais naturalisé français, il développe un univers à la fois ironique et inquiétant : "Répulsion" (1965), "Le bal des vampires" (1967), "Rosemary's Baby" (1968), "Chinatown" (1974), "Tess" (1979), "La Jeune Fille et la mort" (1995). En 2002, il réalise "Le Pianiste", adapté du livre-témoignage de Wladyslaw Szpilman sur le ghetto de Varsovie, qui lui vaut la Palme d'Or à Cannes. Trois ans plus tard, il réalise "Oliver Twist", adaptation du classique de Charles Dickens. Après une longue parenthèse, Polanski revient en 2010 avec "The Ghost Writer", emmené par Ewan McGregor et Pierce Brosnan. Suivra "Carnage", adaptation de la pièce de Yasmina Reza "Le Dieu du carnage" avec Kate Winslet, Jodie Foster, Christoph Waltz et John C. Reilly. Puis il réécrit le manuscrit de David Ives, "La Vénus à la fourrure", en langage cinématographique, film porté en 2013 par sa femme Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric. 


Alexandre Desplat est un compositeur français de musiques de films, né en 1961 à Paris. Il reçoit de très nombreuses récompenses, dont l'Oscar de la Meilleure musique de film en 2015 pour "The Grand Budapest Hotel" de Wes Anderson.
"De battre mon coeur s'est arrêté", "The Queen", "Twilight", "Hary Potter", "Le Discours d'un roi", "Imitation Game", "Argo", "Philomena", "Monuments Men", "Les Suffragettes", "The Danish Girl"...


Mon avis :
Un film brillant et oppressant qui a su donner à la nébuleuse histoire, à la fois criminelle et politique, toute l'intensité qui manquait par endroit dans le roman. Acteurs excellents, décors, images, adaptation, réalisation, musique... tout est parfait !

"Le Parrain" de Mario Puzo (Robert Laffont) (1968)






Mario Puzo naît en 1920 à New York dans une famille pauvre d'immigrants napolitains. Cet héritage se retrouve dans plusieurs des romans et nouvelles qu'il publiera dès les années 1960. Son oeuvre la plus célèbre, "Le Parrain", publiée en 1968, est fondée sur des anecdotes amassées lorsqu'il était journaliste à sensation. Il est décédé en 1999.


L'histoire :
Etats-Unis, 1945.
New York. La fille d'Amerigo Bonasera, entrepreneur de pompes funèbres, a été rouée de coups. Ses deux agresseurs n'écopent que d'une peine de prison avec sursis et ressortent libres du procès alors que la jeune femme est toujours hospitalisée et restera défigurée. Fou de colère, le père décide d'en parler à Don Corleone.
Los Angeles. Il y a quelques années, Johnny Fontane était le plus grand chanteur de charme des Etats-Unis d'Amérique. Divorcé de sa première femme, il a abandonné ses deux filles, et s'étonne aujourd'hui qu'elles refusent de le voir. Il a épousé une très belle star d'Hollywood réputée pour son infidélité. Violent avec elle, Johnny n'est pas un modèle du genre non plus. L'alcool, le jeu, les femmes. De plus, il a perdu sa voix. Ses disques ne se vendent plus. Son contrat n'a pas été renouvelé. Et le rôle dont il rêvait pour un prochain film lui a été refusé. Désespéré, il prend le premier avion pour New York. Seul son parrain, Vito Corleone, peut le sauver.
New York. Enzo, jeune mitron, demande à son patron, le boulanger Nazorine, la main de sa fille Catherine. Le boulanger ne s'y oppose pas mais Enzo est un prisonnier de guerre italien à demi-libéré sur parole pour participer à l'effort économique aux Etats-Unis et risque à tout moment d'être renvoyé en Sicile. A moins de devenir citoyen américain. Une seule personne peut l'aider : Don Corleone.
Tout ce petit monde et plusieurs centaines d'autres invités se retrouvent au mariage de Constanzia Corleone, fille de Don Vito Corleone. C'est l'occasion pour chacun d'offrir un cadeau de choix, de présenter ses hommages au père de la mariée et de solliciter la bienveillance du Parrain sur des requêtes personnelles. Don Corleone, force tranquille, écoute avec patience, accorde aux uns et aux autres attention, aide ou protection. Sa puissance est grande, personne ne l'ignore, et il est autant respecté que craint. Mais le Parrain est de la vieille école. Officiellement importateur d'huile d'olive et entrepreneur en bâtiment, ses affaires annexes concernent les maisons de jeux et les syndicats. Vito Corleone n'a jamais aimé le commerce des femmes et se refuse à participer au marché de la drogue. C'est là, peut-être, une erreur fatale dans ce milieu où les rivalités sont grandes, où le but est de s'enrichir toujours plus, où la jeune génération s'impatiente de prendre les rênes, où tout le monde n'a pas le même sens de l'honneur que le Don...

Mon avis :
Un ouvrage fascinant sur l'histoire d'une famille aux pleins pouvoirs et qui donne à découvrir tous les rouages d'une entreprise mafieuse prospère et impitoyable. De son enfance au fin fond de la campagne sicilienne à sa jeunesse à New York, comment Vito Corleone a-t-il construit, avec une poignée de petits voyous, un empire considérable, tout-puissant, redouté, mais aussi très convoité, et comment en est-il devenu son chef charismatique. Les ramifications de cette organisation se retrouvent dans toutes les strates de la société, grangrènent, corrompent, menacent... Un roman féroce et passionnant devenu culte. On comprend pourquoi ! Et on dévore avidement !

Le film :


"Le Parrain" (1972), film américain de Francis Ford Coppola avec Marlon Brando, Al Pacino, James Caan, Robert Duvall, Diane Keaton. Musique de Nino Rota (avec la participation de l'auteur-compositeur Carmine Coppola, le père du réalisateur). 

De très nombreuses récompenses, dont :
  • Oscars 1973 : Meilleur film + Meilleur acteur (pour Marlon Brando qui le refuse pour protester contre l'image négative des Indiens d'Amérique dans l'industrie cinématographique et à la télévision, et envoie à sa place une jeune indienne chargée de lire un discours pour les droits de son peuple) + Meilleur scénario adapté (pour Mario Puzo et Francis Ford Coppola)
  • Golden Globe Award 1973 : Meilleur film dramatique + Meilleur réalisateur + Meilleur acteur (Marlon Brando) + Meilleur scénario
  • Grammy Award 1973 : Meilleure bande originale pour un film (pour Nino Rota)
Quelques notes de musique...

Marlon Brando (gauche), James Caan
(1er plan centre),Coppola (droite)
sur le tournage du "Parrain"
Francis Ford Coppola est né à Détroit en 1939. Ses oeuvres spectaculaires, ses recherches techniques ont fait de lui l'incarnation de la nouvelle génération hollywoodienne des années 1970. "Le Parrain" (1972), "Apocalypse Now" (1979), "Rusty James" (1983), "Cotton Club" (1984), "Jardins de pierre" (1987), "Tucker" (1988), "Dracula" (1992), "L'idéaliste" (1997). Depuis, il se consacre à la production, entre autres, de "Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête" de Tim Burton, du film "Dr Kinsey" de Bill Condon, ainsi que les films de sa fille Sofia Coppola : "The Virgin Suicides", "Lost in translation" et "Marie-Antoinette".


Giovanni "Nino" Rota (Milan, 1911 - Rome, 1979). Compositeur et chef d'orchestre italien, il est particulièrement réputé pour ses compositions pour le cinéma (musique originale pour environ 170 films), notamment pour les films de Fellini. Il est le lauréat, en 1973, d'un Golden Globe et d'un Grammy Award pour "Le Parrain", puis en 1974 d'un Oscar de la Meilleure musique de film pour "Le Parrain II". Il est également le compositeur de quatre symphonies, onze opéras, neuf concertos, ainsi que d'une musique de chambre abondante. 
"Barrage contre le Pacifique", "La Dolce Vita", Plein soleil", "Rocco et ses frères", "Les séquestrés d'Altona", "Le Guépard", "Mort sur le Nil"...

Mon avis :
Bien entendu, il est impossible de retrouver tous les éléments qui font la richesse du roman de près de neuf cents pages. Néanmoins, le scénario est fidèle et remarquable. Quel film ! Marlon Brando est extraordinaire ! Il est Don Corleone. C'est un bonheur également de revoir toute cette brochette de brillants acteurs, jeunes à l'époque, devenus incontournables aujourd'hui, Al Pacino en tête.