"L'Etrangleur d'Edimbourg"
Ian Rankin
(Le Livre de Poche)
(Pour adultes et ados curieux de découvrir Edimbourg et l'une des parties les plus difficiles du boulot de flic...)
L'auteur :
Ian Rankin est né en 1960 en Ecosse, dans le Comté de Fife à Cardenden, petite cité minière. Il a étudié la littérature anglaise à l'Université d'Edimbourg et a exercé nombreux métiers pittoresques (d'ouvrier dans un élevage de poulets à chanteur dans un groupe punk) avant d'écrire et de vivre de sa plume. Qualifié par James Ellroy de "roi du tartan noir", il a obtenu un nombre impressionnant de récompenses prestigieuses. Après avoir passé six années en France dans le Périgord, Ian Rankin vit aujourd'hui avec sa famille à Edimbourg. "L'Etrangleur d'Edimbourg" est la toute première enquête de l'inspecteur-adjoint Rebus que Rankin a écrit au lieu de rédiger sa thèse.
L'histoire :
En ce 28 avril pluvieux, John Rebus quitte le cimetière. Ce quinzième anniversaire de la mort de son père éveille en lui de très mauvais souvenirs mais il tente quand même de rendre visite à son frère Michael. Il n'attend rien de ces retrouvailles. John et Michael ont si peu en commun. De plus, l'ascension sociale de Michael est si fulgurante qu'elle pourrait en paraître suspecte. Sauf que John, le flic, s'en moque totalement. Le lendemain, John Rebus se voit confier l'enquête sur l'enlèvement et le meurtre de deux petites filles. Enquête qui va le plonger dans la douleur et les méandres de sa mémoire...
Mon avis :
Bien que n'ayant subi aucune violence sexuelle, le meurtre de ces petites filles est considéré pénalement comme "meurtre à caractère sexuel". Ce qui va obliger les enquêteurs, et ce sera un calvaire pour eux, à éplucher les dossiers les plus sordides à la recherche du moindre indice, de la moindre similitude.
Les meurtres d'enfants, à caractère sexuel ou non, sont les plus difficiles à supporter pour les policiers et ils retentissent de façon brutale et violente sur leur façon de travailler et sur leur impartialité. Les affinités comme les jalousies ou les rancoeurs personnelles et professionnelles s'en trouvent exacerbées. Ian Rankin décrit toutes ces émotions contradictoires avec beaucoup de pudeur et d'humanité.
Et puis, il y a Edimbourg, son histoire, sa géographie, sa culture, son contexte socio-énonomique, son architecture, son climat... où s'entrechoquent la vraie vie de la ville et ses côtés obscurs, et le flot de touristes qui ne voient que le passé. Un passé illustre puisqu'Edimbourg toute entière est dédiée à Walter Scott et à Stevenson, Jekyll et Hyde... Mais aussi à Deacon Brodie, criminel, notable de la ville exécuté en 1788. A Burke et Hare, duo d'assassins de la première moitié du XIXème siècle dont les crimes visaient à procurer des cadavres à l'anatomiste Robert Knox. Et dédiée aussi à Bobby, sky-terrier qui veilla sur la tombe de son défunt maître durant quatorze ans. Ce qui lui valut d'avoir sa statue érigée dans le cimetière... "Des manteaux de fourrure sans petite culotte" disait-on à Glasgow d'Edimbourg à une certaine époque...
Ian Rankin, avec John Rebus, son personnage un peu barré et attachant, nous guide d'un pas rapide et assuré, sans aucun temps mort, au coeur de cette jungle hétéroclite et schizophrène.
"L'Etrangleur d'Edimbourg" n'était pas censé avoir de suite. Mais les lecteurs de Rankin, impatients de savoir ce que devenait John Rebus, poussèrent l'auteur à reprendre sa plume. C'est ainsi que Rebus devint héros récurrent pour notre plus grand plaisir.
"Rebus est comme Edimbourg. Il ne se dévoile jamais complètement.
Il garde ses émotions cachées."
Il garde ses émotions cachées."
Ian Rankin