Henry James, l'ami de la famille du Maurier
"Il avait conscience que la tendresse des vies en fleur est constamment à la merci de la tyrannie individuelle et il détestait toute tyrannie d'un être sur un autre [...]. Son Utopie était une anarchie où personne ne serait responsable de quiconque, sauf de son propre caractère civilisé."
Theodora Bosanquet
Secrétaire de Henry James
"Henry James à l'ouvrage" (Seuil)
Henry James (New York 1843 - Londres 1916). D'origine américaine, naturalisé britannique à la fin de sa vie, cet écrivain est considéré comme l'une des figures majeures du réalisme littéraire du XIXème siècle. On le connaît surtout pour une série de romans importants, d'une grande acuité psychologique, notamment "Washington Square" (1880), "Les Bostoniennes" (1885 - 1886), "Portrait de femme" (1880 - 1881), dans lesquels il décrit, entre autres, la rencontre de l'Amérique avec l'Europe. Le style de ses oeuvres tardives l'a fait comparer à un peintre impressionniste. "Le tour d'écrou", nouvelle parue en 1898, est un texte majeur de la littérature fantastique.
L'histoire :
Réunis pour les fêtes de Noël dans une vieille maison isolée, des amis s'amusent à se raconter des histoires macabres. C'est ainsi que, pour la première fois, Douglas va lire à son auditoire captivé, le récit terrifiant que lui a confié une amie il y a de cela fort longtemps. Le manuscrit, émouvant avec sa couverture rouge fané, relate les premiers pas de la vieille dame en qualité de gouvernante. Elle n'avait alors que vingt ans. Elle avait été engagée par un élégant gentleman au charme redoutable. Il lui confiait la responsabilité de deux jeunes enfants dont il venait d'être le tuteur bien malgré lui et qu'il avait installés dans la demeure familiale à la campagne...
Mon avis :
Au-delà d'un récit fantastique terrifiant, Henry James utilise sa plume irréprochable pour dénoncer les violences faites aux enfants et leur poids irréversible, maléfique et destructeur sur leur développement psychologique. James construit une machination diabolique qui mêle beauté, innocence, douceur, mais aussi laideur, perversité, horreur. Entre la lâcheté, l'ignorance ou l'indifférence de nombre d'adultes face à cette souffrance, ou au contraire aux erreurs fatales que d'autres peuvent commettre dans leur désir de bien faire, il y a la lente progression inexorable vers la folie chez certains de ces enfants qui auraient trouvé refuge dans un monde bien réel à leurs yeux fait de spectres d'ennemis devenus des amis redoutables.
Ou bien tout ceci n'est-il qu'un conte effrayant pour soirées hivernales entre amis au coin du feu...
Cent cinquante pages d'une force et d'une profondeur telles que l'on ne peut que frissonner d'épouvante. Un texte qui marque l'esprit longtemps encore après sa lecture.
Un chef d'oeuvre !