La grande dame brune de la littérature
On se l'imagine toujours entourée de chats, la plume à la main, rêveusement appuyée sur son poing, la mine à la fois mélancolique et insolente, sous la tignasse brune. Grande dame de la littérature, Colette mit longtemps à être reconnue comme telle. Pourtant son écriture n'a pas pris une ride. Emerveillée par la nature, comme elle l'était par la vie, mue par un élan incroyable. Passionnée par tout ce qu'elle put entreprendre, Colette était d'abord une écrivaine appliquée, passant des heures à la table de travail pour sculpter d'un ton limpide des histoires au charme lumineux, autant de bribes du puzzle d'une vie enflammée.
Parfums de scandales
1873 - Sidonie Gabrielle Colette naît à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne). La maison natale conservera une place idyllique dans l'imaginaire de Colette. Son enfance est marquée par le ravissement de la nature et une découverte émerveillée de la littérature.
1893 - A vingt ans, Colette, qui a pris pour prénom le nom de son père, épouse Henri Gauthier-Villars, dit Willy, homme de lettres et Don Juan invétéré. Ils s'installent à Paris et fréquentent les salons que Colette ravit avec ses souvenirs d'enfance. Willy la pousse à rédiger ces récits et publie, sous son propre nom, la série des "Claudine". Il lui en restituera la maternité en 1909. Les romans porteront alors les deux noms.
1906 - Colette et Willy se séparent. Elle fait scandale au Moulin-Rouge en se dénudant dans "Rêve d'Egypte" avec la marquise de Belbeuf, surnommée Missy, avec laquelle elle entretient une liaison.
1912 - Mort de sa mère, Sido. Enceinte, Colette épouse Henry de Jouvenel. Leur fille, Colette, surnommée Bel-Gazou, naît en 1913.
1923 - Parution du "Blé en herbe". Colette entretient alors une relation avec son beau-fils, Bertrand de Jouvenel. Se dessine-t-elle à travers la Dame en blanc qui séduit le jeune Philippe ? Le couple divorce en 1925.
1936 - Colette publie "Mes apprentissages", son autobiographie. L'année suivante, elle s'installe avec Maurice Goudeket dans l'appartement du Palais-Royal, à Paris, où elle finira ses jours.
1943 - Parution de "Gigi", qui sera adapté à Broadway avec Audrey Hepburn. En 1945, Colette est élue à l'Académie Goncourt.
1954 - Paralysée depuis plusieurs années par une sévère arthrose, elle meurt le 3 avril. L'Eglise lui refuse un enterrement religieux mais l'Etat lui organise des funérailles nationales dans la cour du Palais-Royal.
Sido
Sidonie, la mère de Colette, est un personnage central de l'oeuvre et de la vie de l'écrivaine. Femme généreuse et lumineuse, elle a appris à sa fille à s'émerveiller de la nature et lui a surtout transmis le goût de la liberté. Colette lui rend hommage dans "Sido" mais aussi dans "Naissance du jour".
Figures de femmes
Qui mieux que Colette a su dépeindre les aspirations et les sentiments des femmes de son temps, en quête de liberté, de reconnaissance, mais aussi d'amour et de sensualité ? On connaît Claudine, l'adolescente naïve et intrépide ; mais aussi Gigi, éduquée pour faire son entrée dans le monde ; Renée, qui vit la bohème, de théâtres en cabarets dans "La vagabonde" ; et Vinca, qui, dans "Le blé en herbe", voit l'enfance et ses innocentes amours s'éloigner.
Gourmande touche-à-tout
Ecrivaine, comédienne, Colette fut aussi une journaliste prolifique. En 1932, elle ouvre également un magasin de produits de beauté rue Saint-Honoré, à Paris ! Elle mène tout avec une insatiable curiosité et un appétit d'expériences, une intense soif de vivre, hérités de sa mère.
Marie-Valentine Chaudon
Magazine Muze - Juillet 2008