Laura El Makki est une écrivaine, journaliste et productrice française. Diplômée de littérature française, en 2008 elle rejoint la rédaction de Le Magazine littéraire, avant d'animer l'émission "On n'a pas fini d'en lire" sur France Inter. Entre 2009 et 2016, elle collabore avec Guillaume Gallienne dans l'émission "Ca peut pas faire de mal". Toujours sur France Inter, elle écrit et produit des fictions radiophoniques et programmes estivaux dont la série "Un été avec Proust" en 2013, "Les beaux esprits se rencontrent" en 2014 ou "1001 mondes" en 2016. Biographe, Laura El Makki est notamment l'auteure de "Henry David Thoreau" (Gallimard, 2014), "H.G. Wells" (Gallimard, 2016), et "Un été avec Victor Hugo" (Editions des Equateurs, 2016). "Les Soeurs Brontë - La force d'exister" est paru chez Tallandier en 2017.
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Lorsqu'à l'adolescence, le hasard met entre ses mains "Les Hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë, le coup de foudre littéraire est immédiat pour Laura El Makki. Quelques années plus tard, sa passion pour les trois soeurs Brontë la conduit à Haworth, où tout commença.
En plein hiver, la journaliste part en Angleterre, vers le Yorkshire, à la rencontre de Charlotte, Emily et Anne Brontë, avec en tête des images funèbres de noirceur et de fantômes. De fait, à son arrivée, un épais brouillard gris recouvre la petite ville de Haworth, les landes, le presbytère, l'église où le pasteur Brontë célébrait les offices, le cimetière et la maison familiale.
Nés dans la pauvreté et élevés dans l'austérité morale et religieuse, les enfants Brontë reçoivent beaucoup d'amour de leurs parents, le pasteur Patrick Brontë et son épouse adorée Maria Branwell Brontë. Mais le destin s'acharne sur la famille et ne lui épargne aucun drame. La tuberculose emporte la mère à trente-huit ans, puis les soeurs aînées, Maria et Elizabeth, âgées seulement de onze et dix ans.
Dans cette maison qu'ils quittent rarement, glaciale et dépouillée de tout ornement, Charlotte, Emily, Anne et leur frère Patrick Branwell doivent se construire par eux-mêmes, sous la bienveillance de Tabby, leur fidèle servante. Leur père, bien qu'inquiet pour eux, se consacre tout entier à sa Foi et à ses ouailles. Leurs uniques liens avec le monde extérieur sont les journaux, qu'ils lisent avidement, et les enseignements de leur père.
Pour autant, leur bulle ne manque pas de couleurs. Enfants précoces et créatifs, ensemble, ils imaginent des univers fantastiques (Angria et Grondal), inventent des aventures, les soldats de bois de Branwell deviennent des personnages épiques, et l'écriture leur est à chacun indispensable.
Le temps passe. Les enfants grandissent. Chacun affronte ses propres expériences, heureuses ou douloureuses. Si Branwell brûle la chandelle par les deux bouts, en cette époque victorienne où la condition des femmes est plus que précaire et dépend de la volonté des hommes, malgré la rigueur de leur quotidien et leur attachement viscéral à Haworth, les soeurs Brontë ne manquent ni de force, ni de volontarisme, ni de courage pour faire valoir leur indépendance.
Laura El Makki se méfie du romantisme exacerbé. Elle s'efforce de comprendre les raisons de cet engouement et l'origine de ces légendes sombres et tenaces autour de cette famille si singulière. Elle porte un regard nouveau et personnel sur la vie et l'oeuvre de cette sororité fusionnelle, complexe, et rivale à bien des égards. Leurs écrits sont preuve que les trois filles ne se berçaient d'aucune illusion sur la nature humaine.
Balayée par les vents, la brume et les orages, la tragédie continue de frapper Haworth. Les soeurs Brontë profitent peu de leur notoriété. Branwell et Emily décèdent la même année, en 1848, à trente-et-un et trente ans. Anne s'éteint en 1849, à vingt-neuf ans. Charlotte succombe à la tuberculose en 1855, à trente-neuf ans, huit mois après son mariage et enceinte de son premier enfant. Le pasteur Brontë, qui enterra sa femme et leurs six enfants, quitte cette vie de deuils en 1861, à l'âge de quatre-vingt-quatre ans.
Il ressort de cette biographie fluide et captivante une profonde sincérité et, au terme de sa lecture, une véritable envie de (re)découvrir autrement les textes de Charlotte, Emily et Anne Brontë.
(Haworth, 1861) |
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Quelques titres :
- "Jane Eyre" de Charlotte Brontë (Folio classique - Préface de Dominique Barbéris)
- "Shirley" de Charlotte Brontë (Archipoche)
- "Le professeur" de Charlotte Brontë (Archipoche)
- "Villette" de Charlotte Brontë (Archipoche)
- "Les Hauts de Hurlevent" d'Emily Brontë (Folio classique - Préface de Patti Smith)
- "Poèmes" d'Emily Brontë (nrf - Poésie/Gallimard)
- "La recluse de Wildfell Hall" d'Anne Brontë (Libretto)
- "Agnes Grey" d'Anne Brontë (Archipoche)
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