Richard Burton Matheson, né en 1926 à Allendale, dans le New Jersey, et mort en 2013 à Calabasas, en Californie, est un écrivain et scénariste américain. Ses genres de prédilection sont la science-fiction et l'épouvante.
Diplômé de journalisme de l'Université du Missouri en 1949, sa carrière débute en 1950, avec la publication dans un magazine de SF de sa nouvelle "Le Journal d'un monstre", l'histoire d'un enfant qui hait ses parents. Considéré aujourd'hui comme un classique, ce récit a aussitôt établi sa renommée. Fait rare au vu de la sa longueur exceptionnelle, sa carrière n'a jamais connu d'éclipse.
Les fifties ont consacré le jeune auteur. C'est la décennie qui voit paraître ses deux romans les plus populaires à ce jour : "Je suis une légende" (1954) et "L'homme qui rétrécit" (1956). Deux individus confrontés, l'un à la perte de la civilisation, l'autre à sa propre décroissance. Ces livres connurent un gros succès au cinéma. On ne compte pas moins de trois adaptations de "Je suis une légende".
Parallèlement, Richard Matheson a fait partie des scénaristes de l'âge d'or de la télévision. Dans les années 1960 et 1970, il collabore aux grandes séries télévisées : "La Quatrième dimension" (1959-1964), "Star Trek", "Night Gallery" et, plus tard, à des épisodes de "Alfred Hitchcock présente" et "Chroniques martiennes". Ce sont les seize épisodes qu'il a signés pour "La Quatrième dimension", souvent repris au cinéma, qui achèvent de faire de lui une icône culturelle, formule qui désigne ces créateurs qui ont façonné l'imaginaire de plusieurs générations, en l'espèce aussi bien spectateurs que lecteurs.
Inspiré d'un accident de voiture qu'il a eu le jour de l'assassinat du président Kennedy (son véhicule a été violemment percuté par le hayon d'un camion), il écrit pour le cinéma le scénario de "Duel", récit paranoïaque tourné en 1971 par un jeune inconnu... Steven Spielberg. "Il m'a donné ma première chance", a confié le cinéaste dans un communiqué publié à l'annonce de la mort de Matheson, dont il admirait l'imagination féconde et la verve ironique. "Pour moi, il appartient à la même catégorie que Ray Bradbury et Isaac Asimov", a-t-il ajouté.
Quarante ans après "Duel", en 2011, Richard Matheson travaillera de nouveau avec Steven Spielberg, producteur de "Real Steel", adapté d'une de ses nouvelles. Plusieurs autres titres de Richard Matheson ont été portés à l'écran, comme "Quelques part dans le temps" (1980) et "Au-delà de nos rêves" (1998).
Paru en France en 2013 aux Edition J'ai lu, son ultime livre, intitulé "D'autres royaumes", est l'histoire fantastique et teintée d'autodérision d'un vieil écrivain spécialisé dans les romans d'horreur qui entreprend de conter à ses lecteurs les événements à l'origine de sa vocation littéraire. Le narrateur n'hésite pas à se moquer de lui-même et à suggérer une piètre qualité de sa plume ("vingt-sept romans, vingt-sept saletés"). Un facétieux jeu de miroir.
Nommé Grand Maître de l'horreur, distingué par le Prix Bram Stoker pour l'ensemble de sa carrière, Matheson devait recevoir, le 27 juin 2013, le Prix Visionnaire décerné aux Etats-Unis par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur (Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films). Il lui sera remis à titre posthume lors de la 39e cérémonie.
"La Maison des Damnés",
adaptation du roman de Richard Matheson,
film britannique réalisé par John Hough (1973),
avec Pamela Franklin, Roddy McDowall et Clive Revill,
scénario de Richard Matheson,
en compétition au Festival International du film fantastique d'Avoriaz en 1974
L'histoire :
Rolf Deutsch, riche propriétaire d'une chaîne de journaux et de magazines, a acheté dans le Maine la Maison Belasco, dite "la Maison des Damnés", supposée hantée. A quatre-vingt-sept ans, Deutsch veut connaître la vérité sur une possible vie après la mort. Il profite de sa fortune pour convaincre trois experts de passer une semaine sur les lieux, de réaliser toutes les analyses et expériences nécessaires, et de lui rapporter leurs conclusions.
La bâtisse de sinistre réputation a été construite en 1919 par un certain Emeric Belasco, un homme redoutable qui aurait organisé, entre ces murs glauques, des nuits orgiaques abominables au cours desquelles toutes sexualités, drogues, perversions et cruautés étaient permises. La maison de l'horreur ferma ses portes en 1929 lorsque furent découverts vingt-sept cadavres. Mais pas celui de Belasco. Sa disparition mystérieuse est à l'origine de ces histoires de revenants et de mauvais esprits dans la région.
Depuis, l'édifice fait régulièrement l'objet d'études sur d'éventuelles activités paranormales. En vain. Lors de la dernière, en 1940, sur les huit membres de l'expédition, un seul a survécu, Benjamin Franklin Fischer, jeune médium alors âgé de seize ans.
Trente ans plus tard, à l'initiative de Rolf Deutsch, quatre personnes sont en route en direction du Maine : le Docteur Lionel Barrett, chef de la mission, physicien rationnel, accompagné de son épouse et assistante, l'ingénue Edith ; Florence Tanner, spirite et révérende du Temple de la paix spirituelle ; et Benjamin Fischer, rescapé de la désastreuse enquête de 1940, devenu brillant médium. Au terme d'un voyage au cours duquel ils ont fait un peu connaissance, l'équipe nouvellement constituée arrive à la Maison des Damnées, ténébreuse, isolée de tout, noyée dans un épais brouillard à l'odeur repoussante...
Mon avis :
Roman publié en 1971, aux multiples références littéraires (Sade, Bram Stoker, Poe, les soeurs Brontë, Shirley Jackson...) et inspirations cinématographiques (Tod Browning, Alfred Hitchcock, Roger Corman, les films gothiques de la Hammer...), il s'ouvre sur une scène devenue désormais un classique du genre : une maison soi-disant hantée devient sujet d'observation de la part d'un groupe de spécialistes des ectoplasmes composé d'un scientifique, d'une spirite, d'un médium et d'une candide. Malgré quelques petites étrangetés (l'inutilité des domestiques, par exemple), le scénario est efficace, oppressant et terrifiant à souhait. Si l'histoire est diabolique, ce que découvrent les personnages sur eux-mêmes ne l'est pas moins. Frissons d'horreur garantis !!!
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"La maison hantée" de Shirley Jackson
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