jeudi 2 octobre 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-NOVEMBRE 2014




Belles Lettres
Le roman épistolaire

"BILLIE H." de Louis Atangana (Editions du Rouergue)



"Billie H."
Louis Atangana
(Editions du Rouergue)

Dès 13 ans


Louis Atangana est né en 1965 à Paris. Il est professeur de Lettres dans le Lot-et-Garonne.

L'histoire :
Billie Holiday (1915 - 1959)
La vie est dure à Baltimore, en 1924, quand on est une petite fille Noire, seule avec une mère abandonnée par son mari. A l'école, Eleanora Fagan est une enfant insolente, querelleuse, bagarreuse, autoritaire. Un jour, en exercice d'expression orale, la maîtresse demande à ses élèves de présenter leur père en quelques mots devant toute la classe. Pour Eleanora, c'est une nouvelle humiliation. Elle envoie paître l'institutrice et court rejoindre sa mère à son travail. Elle sait que c'est interdit mais elle a trop de questions importantes à lui poser au sujet de son père. Malheureusement, la patronne Blanche de sa mère ne voulait pas de bonnes avec des enfants. Pour son mensonge, Sadie est renvoyée sur-le-champ...

Mon avis :
Un langage volontairement populaire et gouailleur nous plonge immédiatement dans ce qui aurait pu être un très beau drame romanesque. Hélas, l'histoire est vraie. Le destin tragique de l'envoûtante Billie Holiday nous est ici conté de son enfance jusqu'à l'enregistrement de son premier disque. Elle n'avait que 18 ans. Et pourtant elle avait déjà vécu l'alcoolisme de sa mère, la misère, le vol, le viol, la maison de correction, la prostitution, la prison... Elle avait une voix unique et extraordinaire qui aurait pu lui offrir tous les bonheurs. Mais elle était une femme et elle était Noire, dans l'Amérique de la première partie du XXème siècle. Il lui manquait aussi un père. Clarence Holiday, ce musicien de jazz qu'elle vénérait, Billie n'a eu de cesse de le chercher, de conquérir son coeur, sa tendresse, son amour. En vain.

Une très jolie façon de découvrir cette déesse du jazz !!!

"Je ne savais faire que deux choses : l'amour et chanter. Je ne voulais plus être payée pour la première car j'y perdais mon âme, je n'étais plus personne. Gagner de l'argent en chantant, ça, au contraire, c'était prouver que j'étais quelqu'un."

Billie Holiday dit de sa rencontre avec le musicien Lester Young : "L'accord était parfait. Nous étions comme deux comètes suivant la même trajectoire." Jusqu'en 1944, celle qu'on appelle désormais "Lady Day" connaît une période de grâce absolue, ponctuée d'enregistrements historiques : "I cried for you", "I'll get by", "Some other spring", "Strange fruit", "Ain't nobody's", "Billie's blues", "My man"...
Sous l'empire d'une (bi)sexualité boulimique, elle rêve ses amants musiciens, aventuriers et dandy's, et ne décroche que des escrocs violents et des souteneurs. Aux prises avec un show-business impitoyable, ses tournées conjuguent succès et cadences infernales. "La première virée a duré trois mois. Ni Lester ni moi n'avons gagné un centime. On a même souffert de la faim." Dans une Amérique ségrégationniste, sa célébrité enfle mais son statut de nègre ne varie pas d'un pouce. "On a beau se couvrir de satin blanc jusqu'aux nichons, se mettre des fleurs de gardénia dans les cheveux, ne pas voir de canne à sucre à perte de vue, c'est comme si on travaillait toujours dans une plantation." Incarnant les splendeurs et misères de la nature humaine, la Lady chante les ruptures, les trahisons, les mauvais traitements et la solitude avec tant de chair qu'elle bouleverse encore. Ses chansons résonnent, comme chaque mauvais coup qu'elle a subi.
Habituée à boire beaucoup pour se détendre, la chanteuse se laisse tenter par l'opium, la cocaïne, l'héroïne - dont on ne connaît pas encore les effets désastreux. Elle accumule les arrestations et, en 1947, à 32 ans, elle est incarcérée un an et un jour, en pleine gloire. On lui interdit de se produire dans les clubs où l'on sert de l'alcool - seuls lieux où les musiciens de jazz peuvent espérer jouer régulièrement. La presse se montre avide des scandales qu'elle provoque. Dépression, boulimie, anorexie, addictions... Sa voix meurtrie par les excès devient grave et rauque, et marquera la seconde partie de sa carrière. A 44 ans, le 17 juillet 1959, harcelée par la police, Lady Day s'éteint à l'hôpital. A trop côtoyer l'enfer, elle a malgré tout réussi à gagner son coin de paradis.
Magazine Muze - Octobre 2005

Extrait de "Strange Fruit" 
Chanson écrite par Abel Meeropol, enregistrée par Billie Holiday en 1939

Les arbres du Sud portent d'étranges fruits
Du sang sur les feuilles et du sang aux racines
Des corps noirs se balançant dans la brise du Sud
D'étranges fruits pendus aux branches des peupliers
Scène champêtre du Sud valeureux
Les yeux exorbités et la bouche figée en un rictus
Le parfum des magnolias doux et frais
Et l'odeur inattendue de la chair brûlée
Voici un fruit à déchiqueter pour les corbeaux
Mûrie par la pluie, rongé par le vent
Pourri par le soleil jusqu'à tomber de l'arbre
Voilà une étrange et amère récolte

AMELIE NOTHOMB


Née le 13 août 1967 à Kobé au Japon de parents bruxellois, fille de diplomate, Amélie Nothomb passe sa petite enfance entre le Japon, Pékin, New York, puis le Laos et le Bangladesh. En 1984, à l'âge de dix-sept ans, elle retourne dans son pays d'origine, la Belgique, et s'installe à Bruxelles pour suivre des études de philologie romane à l'Université Libre. 
En 1990, à la fin de ses études universitaires, elle repart au Japon où elle travaille comme interprète pour une grande entreprise et découvre un univers cruel et insupportable. C'est en 1992 qu'elle fait son entrée en Littérature avec son premier roman "Hygiène de l'assassin", un livre de dialogue entre un Prix Nobel incompris et des journalistes. Le livre connaît un succès immédiat et reçoit le Prix René Fallet et le Prix Alain Fournier, alors que certains critiques restent sceptiques sur la capacité d'une femme aussi jeune d'écrire un livre d'une "effrayante maturité". Depuis, Amélie Nothomb, qui se définie comme "graphomane", publie un livre par an. Son roman "Le sabotage amoureux", en 1993, raconte une partie de son enfance passée en Chine et reçoit le Prix Littéraire de la Vocation. En 1999, "Stupeur et Tremblements" est récompensé par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Inspiré de son expérience dans le monde de l'entreprise au Japon, il met en évidence les différences entre la civilisation japonaise et les civilisations occidentales.
L'expérience personnelle d'Amélie Nothomb a toujours influencé son écriture, comme dans "La biographie de la faim" où elle parle de son anorexie ou dans "Le fait du prince" qui traite de l'identité. Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française Robert. En 2009, elle renoue avec ses thèmes favoris, notamment l'autodérision avec "Le voyage d'hiver". En 2011, elle publie son vingtième roman, "Tuer le père". En 2012, elle retourne au Japon pour la première fois depuis le séisme et l'accident nucléaire de Fukushima.

"LA NOSTALGIE HEUREUSE" d'Amélie Nothomb (Albin Michel)



"La nostalgie heureuse"
Amélie Nothomb
(Albin Michel)


"natsukashii ou la nostalgie heureuse, l'instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l'emplit de douceur."

L'histoire :
A l'approche d'un voyage au Japon suivi par une équipe de télévision*, Amélie Nothomb reprend contact avec le fiancé tokyoïte qu'elle a quitté de manière brutale vingt-trois ans auparavant...

* A voir : Documentaire "Une vie entre deux eaux" - France 5

Mon avis :
Amélie Nothomb est bouleversante dans ce récit de son retour au Japon, sur les lieux de sa petite enfance. Elle se livre comme dans aucun autre de ses ouvrages. Nous sommes très loin du personnage gothique romantique des plateaux de télévision. Entre bonheur et tristesse, qu'elle le veuille ou non, ses émotions la dominent et guident ses pas dans un pays où elle redécouvre des sensations vives et pures appartenant au passé, mais un pays qui aujourd'hui lui échappe. Un voyage qui semble clore un cycle littéraire chez Amélie Nothomb avec ce constat tristement nostalgique sur deux cultures, orientale et occidentale, qui peinent à se comprendre.

Peut-être le livre le plus intime et le plus émouvant d'Amélie Nothomb !!!

"PETRONILLE" d'Amélie Nothomb (Albin Michel)




"Pétronille"
Amélie Nothomb
(Albin Michel)


L'histoire :
"Pourquoi du champagne ? Parce que son ivresse ne ressemble à nulle autre. Chaque alcool possède une force de frappe particulière ; le champagne est l'un des seuls à ne pas susciter de métaphore grossière. Il élève l'âme vers ce que dut être la condition de gentilhomme à l'époque où ce bon mot avait du sens." Mais se délecter de champagne, fusse-t-il le meilleur, seule, ne procure qu'un bien pâle plaisir. Dans cette entreprise, il va de soi qu'il faut une compagne ou un compagnon d'ivresse. Trouver le bon est ce à quoi s'attelle Amélie Nothomb avec le plus grand sérieux...

Mon avis :
Champagne... Paris... Londres... Shakespeare... Amitié... Dans n'importe quel ordre... Que de bulles de bonheur !!!

"BIENVENUE A SKIOS" de Michael Frayn (Gallimard)



"Bienvenue à Skios"
Michael Frayn
(Gallimard)


Michael Frayn est né en 1933 à Mill Hill, en Angleterre. Journaliste au Guardian et à l'Observer, réalisateur de télévision, romancier, dramaturge, traducteur de Léon Tolstoï, d'Anton Tchekhov et de Jean Alouilh, membre de la Royal Society of Literature à Londres (l'équivalent de l'Académie française). En 1995, sa pièce "Le bonheur des autres" a été mise en scène par Jean-Luc Moreau au Théâtre Fontaine.

L'histoire :
Nikki Hook, discrète secrétaire britannique de la richissime américaine Madame Toppler, veille dans les moindres détails au bon déroulement de la partie de campagne annuelle de la fondation Fred Toppler. Ses responsabilités sont énormes et son stress à la mesure de l'événement, c'est-à-dire gigantesque. En effet, la petite île grecque de Skios accueille tout ce que le monde anglophone compte de personnalités les plus influentes, tous domaines confondus. Agapes et séminaires en tous genres se concluront par la probable très ennuyeuse conférence du célèbre Docteur Norman Wilfred, expert dans le domaine du management des sciences : "Innovation et gouvernance : les promesses de la scientométrie". Dans l'avion qui l'amène en Grèce, le Docteur Wilfred jette un oeil rapide sur son intervention bien rodée et répétée dans toutes les capitales de la planète. Une fois encore, il adoptera une posture suffisante face à un auditoire sensible à sa notoriété plus qu'au contenu de sa présentation. Il est très loin de s'en douter, mais aujourd'hui, rien ne va se passer comme prévu. A l'aéroport, l'éminent conférencier et un jeune comédien très séduisant, venu rejoindre sa nouvelle maîtresse pour un week-end paradisiaque, vont se croiser et échanger bien involontairement leurs valises...

Mon avis :
Un petit bijou d'humour, de malice et d'ironie ! Un vaudeville croustillant et savoureux d'intelligence !

Absolument délicieux !!!

A lire également : 
"Les espions" (Folio) : Un parfum estival longtemps oublié ramène un vieil homme sur les lieux de son enfance...

"LES ENFANTS DE DYNMOUTH" de William Trevor (Phébus)




"Les enfants de Dynmouth"
William Trevor
(Phébus)


William Trevor est né en 1928 dans le comté de Cork, en Irlande. Après des études d'Histoire, il se consacre à la sculpture. En 1954, il quitte l'Irlande pour Londres et publie son premier livre. Romancier, nouvelliste, dramaturge et scénariste, lauréat de nombreux prix littéraires aussi bien en Irlande qu'en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, membre de l'Académie Irlandaise, anobli par la Reine Elisabeth II, Sir William Trevor connait une consécration relativement tardive dans les pays francophones.
  • "Le voyage de Felicia" (Phébus, 1996)
  • "Les splendeurs de l'Alexandra" (Joëlle Losfeld, 1999)
  • "En lisant Tourgueniev" (Libretto, 2001) - Booker Prize 1991
  • "Cet été-là" (Phébus, 2012)
  • "Les enfants de Dynmouth" (Phébus, 2014) (paru en Angleterre en 1976, traduit et publié en France en 2014)

L'histoire :
Au milieu des années 1960, dans le Dorset, sud-ouest de l'Angleterre, Dynmouth est une petite station balnéaire tranquille et sans histoires. Sa seule particularité est que la moitié de sa population est composée d'enfants. Parmi eux, Timothy Gedge, un garçon d'une quinzaine d'années, charmant, volubile, généreux, prompt à proposer ses services aux familles et aux retraités en échange de quelques pièces. Mais les éloges laissent vite place à l'inquiétude. Au fil du temps, Timothy a pris de l'assurance et de l'emprise sur les habitants. Sa solitude étonne. Quelque chose d'étrange, de dérangeant et d'angoissant naît en lui. Il se mêle de la vie de ses voisins, parle beaucoup trop, colporte des rumeurs. Naïveté et maladresse d'un adolescent en souffrance ? Ou cruauté et perversité diaboliques ? Entre vérités et mensonges, la petite ville paisible a peur...

Mon avis :
Un regard juste et sensible sur l'enfance et l'adolescence, au-delà des époques. Au coeur de cette petite ville délicieusement anglaise et pleine de charme, c'est autant le portrait d'un être différent, un enfant victime d'un désastre affectif, que le portrait d'une société dans son ensemble face à cette différence.

Un thriller psychologique haletant, intelligent, et bouleversant !

"J'AVOUE QUE J'AI VECU" de Pablo Neruda (Folio)


 "J'avoue que j'ai vécu"
Pablo Neruda
(Folio)

Et aussi :
"La solitude lumineuse"
(Extrait de "J'avoue que j'ai vécu" - Folio)


Ricardo Neftali Reyes Basoalto (Pablo Neruda) est né à Parral, au Chili, en 1904. Prix Nobel de Littérature (1971), il est l'auteur de poèmes d'amour ou d'inspiration sociale et révolutionnaire. Voyager, écrire, militer, sont les fils conducteurs de sa vie. Il est décédé en 1973 à Santiago, au Chili. "J'avoue que j'ai vécu", livre de mémoires, a été publié un an après sa mort.
(Le Chant général, 1950 ; La Centaine d'amour, 1959)




A voir :
Le sublime film "Le facteur" de Michael Radford (1994)
avec Massimo Troisi et Philippe Noiret




"De tout ce que j'ai laissé écrit dans ces pages se détacheront toujours - comme des forêts à l'automne et comme à l'époque des vendanges - les feuilles jaunes qui vont mourir et le raisin qui revivra dans le vin sacré. Ma vie est une vie faite de toutes les vies : les vies du poète."

Par-delà la douceur, la tendresse, la nostalgie, l'humilité, l'humour, l'amour, les rencontres, les passions... il y a la poésie, pure, belle, enivrante... Les mots de Neruda coulent au fond de notre âme comme un nectar rare et précieux... On effleure le bonheur du bout des doigts... On n'ose le toucher de crainte d'en briser la magie...
C'est intense, envoûtant, merveilleux !


"Un tronc pourri : ô quel trésor !... Des champignons noirs et bleus lui ont donné des oreilles, de rouges plantes parasites l'ont couvert de rubis, d'autres plantes paresseuses lui ont prêté leurs barbes et, rapide, un serpent jaillit de ses entrailles putréfiées, telle une émanation, comme si s'échappait l'âme de ce tronc mort... [...] C'est de ces terres, de cette boue, de ce silence que je suis parti cheminer et chanter à travers le monde."
(La forêt chilienne)

mercredi 10 septembre 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT OCTOBRE 2014




Le Bonheur
Humour, tendresse, émotion,
mélancolie, plaisir...

"BLUE JAY WAY" de Fabrice Colin (Sonatine)



"Blue Jay Way"
Fabrice Colin
(Sonatine)


Fabrice Colin est né en 1972 à Paris. Romans, nouvelles, BD, pièces radiophoniques pour Radio France... Imaginaire, Fantasy, Science-fiction... Jeunesse, jeunes adultes, adultes... La production impressionnante de cet écrivain doué flirte avec la boulimie et le perfectionnisme. Exigeant et d'une sensibilité à fleur de peau, Fabrice Colin nous offre une oeuvre souvent sombre, toujours profonde et intelligente, couronnée de très nombreuses récompenses, notamment à quatre reprises du Grand Prix de l'Imaginaire pour :
  • "Naufrage mode d'emploi" (Fleuve Noir) - Catégorie Nouvelle française en 2000
  • "Dreamamericana" (J'ai lu) - Catégorie Roman français en 2004
  • "CyberPan" (Mango Jeunesse) - Catégorie Roman Jeunesse en 2004
  • "La Brigade Chimérique" (L'Atlante) - Catégorie Bande Dessinée en 2010
En 2012, il fait une entrée très réussie dans l'univers du polar avec "Blue Jay Way", thriller qui sera suivi en 2013 par "Ta mort sera la mienne", tous deux publiés chez Sonatine.

"Le mal, écrira-t-il à l'âge de 11 ans, est sécrété par un pouvoir qui nous dépasse. Aucune doctrine philosophique, aucune discussion, aucun rapport compassionnel ne nous éclairera jamais sur sa nature. On ne circonscrit pas la vérité."

L'histoire :
New York, 2006. Julien reçoit un SMS étrange d'un assassin abattu d'une balle en pleine tête trois mois plus tôt. Enfin, c'est ce que le jeune homme croyait. Ce message macabre ravive en lui de douloureux souvenirs...
En janvier 2002, Julien, Franco-Américain de 26 ans, rencontre l'écrivain Carolyn Gerritsen lors d'une lecture à la librairie Barnes & Noble d'Union Square à New York. Admirateur de l'auteur, il lui propose son projet d'un livre qu'il souhaite lui consacrer. Carolyn Gerritsen accepte. Naît alors une amitié pudique, contenue, entre la romancière à succès et le jeune homme traumatisé par la mort de son père dans les attentats du 11-septembre 2001. Quatre années se sont écoulées lorsque Carolyn, inquiète du comportement de son fils, demande à Julien de se rapprocher de lui. Ryan a 22 ans. Il vit avec son père, Larry Gordon, producteur, dans une luxueuse villa baptisée "Blue Jay Way" à Los Angeles. Dans cette demeure somptueuse évolue une curieuse faune de déjantés, dont la seconde épouse de Larry, la jeune et très attirante Ashley. Le paradis va vite se transformer en enfer pour Julien...

Mon avis :
Un thriller psychologique diabolique construit autour du mal et de la folie, de la plus douce à la plus cruelle et destructrice. Trois destins, trois histoires parallèles. Quel est le lien entre ces personnages ? Le suspense est savamment distillé au coeur d'une intrigue retorse à la perfection. Un regard acéré sur Los Angeles, sur la jet-set, sur une jeunesse dorée désenchantée, désabusée, overdosée de luxe, d'alcool, de drogue, de sexe, et qui n'est pas sans rappeler l'univers de Bret Easton Ellis. Mais ici, le héros principal, Français, étranger à ce monde, tient le rôle d'observateur, de témoin, il est la bulle d'oxygène qui nous permet de reprendre notre souffle dans ce paysage nauséabond. Bien entendu, il n'est pas de romans de Fabrice Colin sans réflexion profonde. Si nous sommes tous capables, en principe, de faire la différence entre le bien et le mal, qu'en est-il de la morale ? Qui la définit ? Qui décide ? Quelles en sont les limites ? Quelles en sont nos propres limites ?

Terrifiant de bout en bout ! L'épilogue glace d'effroi ! Délectable !!!

"Le mal n'est pas une fatalité métaphysique : le mal n'est pas le miroir tendu au bien. Le mal est la forme qui nous comprend."

"TA MORT SERA LA MIENNE" de Fabrice Colin (Sonatine)



"Ta mort sera la mienne"
Fabrice Colin
(Sonatine)


Fabrice Colin est né en 1972 à Paris. Romans, nouvelles, BD, pièces radiophoniques pour Radio France... Imaginaire, Fantasy, Science-fiction... Jeunesse, jeunes adultes, adultes... La production impressionnante de cet écrivain doué flirte avec la boulimie et le perfectionnisme. Exigeant et d'une sensibilité à fleur de peau, Fabrice Colin nous offre une oeuvre souvent sombre, toujours profonde et intelligente, couronnée de très nombreuses récompenses, notamment à quatre reprises du Grand Prix de l'Imaginaire pour :
  • "Naufrage mode d'emploi" (Fleuve Noir) - Catégorie Nouvelle française en 2000
  • "Dreamamericana" (J'ai lu) - Catégorie Roman français en 2004
  • "CyberPan" (Mango Jeunesse) - Catégorie Roman Jeunesse en 2004
  • "La Brigade Chimérique" (L'Atlante) - Catégorie Bande Dessinée en 2010
En 2012, il fait une entrée très réussie dans l'univers du polar avec "Blue Jay Way", thriller qui sera suivi en 2013 par "Ta mort sera la mienne", tous deux publiés chez Sonatine.

"Il existe deux sortes de livres, déclarait Elaine. Ceux qui entendent vous rassurer, et ceux qui creusent votre peur en vous montrant la vie telle qu'elle est. Nous voulons faire de nos existences des histoires parce qu'une histoire est plus aisée à appréhender que le hasard. Mais méfiez-vous des livres qui vous veulent du bien. Gardez-vous des livres qui vous offrent un début et une fin. Ils ont l'essence précise du mensonge."

L'histoire :
Un groupe d'étudiants de l'université d'Etat de San Francisco s'installe au "Red Cliffs Lodge" dans l'Utah. Un décor idyllique et paisible pour un séjour littéraire qui s'annonce sous les meilleurs auspices. L'ambiance est joyeuse et insouciante. Et puis, à l'heure du dîner, arrive un motard, combinaison intégrale en cuir noir, bottes noires, casque noir, et armé d'un fusil à pompe. Il tire. Les lieux ne sont plus alors qu'un chaos de mort et de sang...

Mon avis :
Un roman magnifique, grave, sombre. Douloureux, aussi. Au-delà de la folie meurtrière d'un homme, de sa violence crue, horrible, dans cette tuerie, le tireur est-il le seul coupable ? Nous le savons tous, l'enfance fait l'adulte que nous sommes. Ce texte d'une grande intensité nous le rappelle et nous interroge sur notre responsabilité collective et individuelle envers les plus jeunes et les plus fragiles. Ce massacre d'une barbarie indicible aurait-il pu être évité ? L'amour, quelle que soit sa forme, est-il réponse au mal ? Que sommes-nous capables de pardonner ?

Remarquable !

Quelques clins d'oeil à "Blue Jay Way". A vous de les trouver !

jeudi 7 août 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT SEPTEMBRE 2014





Pour accompagner la rentrée...




"PSYCHO KILLER" de Anonyme (Sonatine)



"Psycho Killer"
Anonyme
(Sonatine)

Ados / Adultes


L'auteur ?
Comme son nom l'indique, il est anonyme. Tout ce dont on est sûr, c'est que la plume mystérieuse est masculine et britannique. Totalement jouissif !!! Qui se cache derrière le masque ? Plusieurs personnalités ont été pressenties pour le rôle : Tony Blair, David Bowie, Quentin Tarantino (!?! Britannique on a dit !!!), et même le prince Charles. Comme beaucoup de lecteurs depuis l'énorme succès de la tétralogie mettant en scène un tueur en série, le Bourbon Kid ("Le Livre sans nom", "L'Oeil du diable", "Le Cimetière du diable" et "Le Livre de la mort" publiés chez Sonatine), j'ai bien ma petite idée... mais je ne veux certainement pas me ridiculiser !

L'histoire :
Un mystérieux tueur en série, dissimulé derrière un affreux masque jaune et coiffé d'une crête rouge, sème la terreur à B. Movie Hell. Ses crimes sont d'une sauvagerie extrême. Deux agents du FBI, Jack Munson et Milena Fonseca, sont envoyés sur les lieux pour aider la police locale. Mais ils ne sont pas les bienvenus. La petite ville en apparence tranquille cache peut-être des secrets plus effrayants que l'Iroquois...

Mon avis :
Pimenté d'une bonne dose d'humour et de parodie, voilà un thriller haletant, cinématographique, déjanté, irrésistible, inqualifiable, génial !!! Encore un excellent cru de l'énigmatique auteur qui s'éclate. Et c'est communicatif !

Jubilatoire !!!


"UN CIEL ROUGE, LE MATIN" de Paul Lynch (Albin Michel)



"Un ciel rouge, le matin"
Paul Lynch
(Albin Michel)

Ados / Adultes


Paul Lynch est né en 1977 à Limerick et a grandi dans le Donegal. Il a été critique de cinéma pour le Sunday Times, l'Irish Daily Mail et l'Irish Times avant de signer son premier roman "Un ciel rouge, le matin", salué par la presse anglo-saxonne. Il vient de publier son second roman "The Black Snow" (pas encore dans nos librairies françaises).

L'histoire :
Un ciel rouge, le matin... dans la campagne rude du Donegal de la fin du XIXème siècle, au nord de l'Irlande, comme son père avant lui s'est usé la chair et les os au travail de la terre des Hamilton, impitoyables propriétaires anglais, Coll Coyle est brutalement expulsé, et avec lui sa mère, sa femme enceinte et leur petite fille. Coyle attend du fils Hamilton des explications à cette décision injustifiée. Mais la discussion tourne mal. Dans sa colère, Hamilton chute de son cheval et se tue. Paniqué, Coyle commet l'erreur de cacher le corps et de s'enfuir, laissant derrière lui sa famille. Pour le contremaître, le cruel psychopathe John Faller, le meurtre de son patron est signé. Coyle vient de lui fournir l'excuse de la vengeance pour assouvir son besoin de terreur et de violence. Une chasse à l'homme effroyable est en route...

Mon avis :
A l'origine de ce roman singulier, un fait divers des années 1830. Cinquante-sept ouvriers du rail irlandais ont été exhumés d'une tranchée près de Philadelphie, aux Etats-Unis. Tous venaient du même village du Comté de Donegal. Epidémie de choléra de 1932 ? Assassinat ? Nul ne saura sans doute jamais. Aussi, en hommage à ces fantômes sans sépultures, et pour que ses compatriotes irlandais ne retombent pas dans l'oubli, Lynch a-t-il choisi d'imaginer le destin de l'un d'entre eux sous les traits de Coyle. Un destin brisé, sauvage, douloureux. Une existence qui n'est qu'une succession de fuites : fuite sur le sol irlandais, longue traversée cauchemardesque de l'Atlantique, fuite sur les terres du Nouveau Monde qui se révèle être un enfer, fuite de lui-même. Un roman lyrique et féroce, dominé par une nature toute-puissante entre terre indomptable, océan écumant de colère, et ciel gorgé de tourments. Les paysages, peints de noir, de gris, de pourpre et de rouge sang, tour à tour illuminent la vie des hommes, ou au contraire la vitriolent. Une écriture musicale, jazz électro, obsessionnelle, rythme ce roman d'une poésie redoutablement magnifique.

Très belle découverte !


"LES MAINS DU MIRACLE" de Joseph Kessel (Folio)


"Les mains du miracle"
Joseph Kessel
(Folio)

Ados / Adultes


Joseph Kessel :

Grand officier de la Légion d'honneur ; Commandeur des Arts et des Lettres ; Croix de guerre 1914-1918 ; Croix de guerre 1939-1945 ; Elu à l'Académie française en 1962 ; Scénariste, journaliste et romancier

Né à Clara, en Argentine, le 10 février 1898, fils de Samuel Kessel, médecin juif d'origine lithuanienne qui vint passer son doctorat à Montpellier puis partit exercer en Amérique du Sud, Joseph Kessel vécut en Argentine ses toutes premières années, pour être emmené ensuite de l'autre côté de la planète, à Orenbourg, sur l'Oural, où ses parents résidèrent de 1905 à 1908, avant de revenir s'installer en France.
Il fit ses études secondaires au lycée Masséna, à Nice, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris. Infirmier brancardier durant quelques mois en 1914, il obtint en 1915 sa licence de lettres et se trouva engagé, à dix-sept ans, au "Journal des Débats", dans le service de politique étrangère.
Tenté un temps par le théâtre, reçu en 1916 avec son jeune frère au Conservatoire, il fit quelques apparitions comme acteur sur la scène de l'Odéon. Mais à la fin de cette même année, Joseph Kesset choisit de prendre part aux combats, et s'enrôla comme engagé volontaire, d'abord dans l'artillerie, puis dans l'aviation, où il va servir au sein de l'escadrille S. 39. De cet épisode, il tirera plus tard le sujet de son premier grand succès, "L'équipage". Il termina la guerre par une mission en Sibérie. Ainsi, quand le conflit s'acheva et que Kessel, dès qu'il eut atteint sa majorité, demanda la nationalité française, il portait la croix de guerre, la médaille militaire, et il avait déjà fait deux fois le tour du monde.
Il reprit alors sa collaboration au "Journal des Débats", écrivant également à "La Liberté", au "Figaro", au "Mercure"... Mais, poussé par son besoin d'aventures et sa recherche des individus hors du commun, où qu'ils soient et quels qu'ils soient, il entama une double carrière de grand reporter et de romancier. Il suivit le drame de la révolution irlandaise et d'Israël au début de son indépendance ; il explora les bas-fonds de Berlin ; au Sahara, il vola sur les premières lignes de l'Aéropostale, et navigua avec les négriers de la Mer Rouge.
Son premier ouvrage, "La steppe rouge", est un recueil de nouvelles sur la révolution bolchevique. Après "L'équipage" (1923), qui fit entrer l'aviation dans la littérature, il publia "Mary de Cork", "Les Captifs" (grand prix du roman de l'Académie française en 1926), "Nuits de princes", "Les coeurs purs", "Belle de jour", "Le coup de grâce", "Fortune carrée" (qui était la version romanesque de son reportage "Marché d'esclaves"), "Les enfants de la chance", "La passante du Sans-souci", ainsi qu'une très belle biographie de Mermoz, l'aviateur héroïque qui avait été son ami. Tous ces titres connurent, en leur temps, la célébrité.
Kessel appartenait à la grande équipe qu'avait réunie Pierre Lazareff à "Paris-Soir", et qui fit l'âge d'or des grands reporters. Correspondant de guerre en 1939-40, il rejoignit, après la défaite, la Résistance (réseau Carte), avec son neveu Maurice Druon. C'est également avec celui-ci qu'il franchit clandestinement les Pyrénées pour gagner Londres et s'engager dans les Forces Françaises Libres du général de Gaulle. En mai 1943, les deux hommes composèrent les paroles du "Chant des Partisans", voué à devenir le chant de ralliement de la Résistance, et Kessel publia, en hommage à ces combattants, "L'armée des ombres". Il finira la guerre capitaine d'aviation, dans une escadrille qui, la nuit, survolait la France pour maintenir les liaisons avec la Résistance et lui donner des consignes.
A la Libération, il reprit son activité de grand reporter, voyagea en Palestine, en Afrique, en Birmanie, en Afghanistan. C'est ce dernier pays qui lui inspira son chef-d'oeuvre romanesque, "Les cavaliers" (1967). Entre-temps, il publia un long roman en trois volumes, "Le tour du malheur", ainsi que "Les amants du Tage", "La vallée des rubis", "Le lion", "Tous n'étaient pas des anges", et il faisait revivre, sous le titre "Témoin parmi les hommes", les heures marquantes de son existence de journaliste. Consécration ultime pour ce fils d'émigrés juifs, l'Académie française lui ouvrit ses portes le 22 novembre 1962. Il mourut le 23 juillet 1979).

(académie-française.fr)

L'histoire :

"Ce gros bonhomme, ce médecin débonnaire dont l'aspect tenait d'un bourgmestre des Flandres et d'un Bouddha d'Occident, avait dominé Himmler au point de sauver des centaines de milliers de vies humaines ! Mais pourquoi ? Mais comment ? Par quel incroyable prodige ? Une curiosité sans bornes avait remplacé mon peu de foi."

En 1959, Joseph Kessel apprend d'un ami l'existence d'un certain Docteur Félix Kersten. L'histoire de ce médecin, méconnue en France, bien que remarquable, laisse Kessel dubitatif quant à sa véracité. Pourtant, il va rencontrer Kersten et il tiendra les preuves entre ses mains.

Né en 1898 en Estonie, d'origine allemande, l'enfance de Félix Kersten est heureuse, des parents aimants, une mère à la voix divine, des vacances au bord de la mer en Finlande, des gâteaux et des sucreries à volonté.
Il est ingénieur agronome lorsqu'il choisit, en 1917, d'entrer dans l'armée finlandaise. Après la Première Guerre Mondiale, il reste dans l'armée, devient citoyen de Finlande, et étudie la chirurgie à l'hôpital militaire. Face aux nombreux soldats blessés, sa technique de massage, originale et efficace, soulage de grandes souffrances tant physiques que psychologiques. Un diplôme de massage scientifique en poche, il quitte la Finlande pour Berlin et approfondit ses connaissances en médecine. Remarqué par un chirurgien mondialement connu, il est présenté au Docteur Kô, lama-médecin tibétain formé aux sciences de guérison dans les plus pures traditions chinoises et tibétaines. Kersten devient alors le disciple du Docteur Kô qui va lui enseigner tout ce qu'il sait. Nous sommes en 1922. Deux noms commencent à apparaître dans les journaux : celui d'Adolf Hitler, et celui d'un instituteur, Heinrich Himmler.
Kersten et Himmler
La notoriété de Kersten dépasse les frontières allemandes. En 1928, il soigne le prince Henri de la famille royale de Hollande et emménage à La Haye. Il exerce auprès de patients fortunés à La Haye, à Berlin et à Rome. Jusqu'à ce jour de mars 1939 où il est appelé au chevet de Heinrich Himmler, chef des S.S., chef de la Gestapo, paralysé par de violentes douleurs à l'estomac, Kersten ne peut refuser. Très vite il profite de la maladie de Himmler. Pendant six ans, il échange ses soins contre l'annulation de déportations, et la libération de dizaines de milliers de prisonniers des camps de la mort.
Lorsqu'en 1945, Hitler ordonne de faire sauter les camps de concentration à l'approche des armées ennemies, Kersten convainc Himmler de signer le "Contrat au nom de l'humanité" qui empêche de dynamiter les camps de concentration et sauve ainsi, encore une fois, des milliers de vies. Himmler accepte également de rencontrer le suédois Norbert Masur, membre du Congrès juif mondial. La réunion se tient en mars 1945 chez Kersten. Elle aboutit à ce que plus aucun Juif ne devra être exécuté et à la libération de milliers d'entre eux. Deux mois plus tard, Himmler se suicide.
Après la guerre, Kersten est proposé à plusieurs reprises pour le Prix Nobel de la paix, mais il ne l'obtiendra jamais. En 1953, la Suède le naturalise. Il meurt en 1960 après avoir enfin été reconnu Juste des nations.

Mon avis :
Comme Kessel, on ne peut qu'admirer le courage sans égal et la force de cet homme tranquille, mais on ressent aussi un certain malaise. Où se situe la répugnance de Kersten ? Où se situe sa fascination pour Himmler ? On s'interroge sur la façon dont il a pu manipuler, pendant six ans, en apparence si aisément, un personnage comme Himmler d'une cruauté innommable. Pourtant, les faits sont là, indiscutables. Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées. C'est un témoignage rare au plus près de la Shoah, au plus près de l'horreur insoutenable. On est épouvanté face à cette folie atroce d'une poignée de mégalomanes, fanatiques et sadiques qui ont mis ainsi le monde à feu et à sang.
Ce récit étonnant, sous la plume élégante de Kessel, aborde l'Histoire sous un angle différent et très intéressant. A découvrir !


"LES PARAGES DU VIDE" - Aubert chante Houellebecq



"Les parages du vide"
Aubert chante Houellebecq
(La Loupe)


Jean-Louis Aubert, né en 1955 à Nantua, auteur-compositeur-interprète, c'est "Téléphone" de 1976 à 1986... C'est "La bombe humaine"... C'est l'adolescence de la "génération rose", merveilleuses années 1980... C'est une superbe carrière solo, des millions d'albums vendus... C'est aussi "Les Enfoirés", "Les Francofolies de La Rochelle"...

Michel Houellebecq, né en 1956 à La Réunion, poète, romancier, essayiste, réalisateur, scénariste, c'est :
  • "Extension du domaine de la lutte" (Maurice Nadeau)
  • "Les particules élémentaires" (Flammarion) - Prix Novembre 1998
  • "Plateforme" (Flammarion)
  • "La possibilité d'une île" (Fayard) - Prix Interallié 2005
  • "La Carte et le Territoire" (Flammarion) - Prix Goncourt 2010
C'est aussi un personnage médiatique controversé, détesté ou adoré...


"Serait-il possible que le chanteur chante le poète (une ancienne tradition) ?
Pourrais-je donner des ailes à vos mots ?
Pourrions-nous nous rencontrer sans trop vous déranger, que je vous fasse entendre...
Avec mon affection et mon admiration."

Jean-Louis Aubert à Michel Houellebecq


De très beaux textes...
Une rencontre émouvante...
Musique tout en douceur...
Ambiance mélancolique...
Laissez-vous porter...
Laissez-vous bercer...
Pour nos lentes soirées d'été...
En attendant l'automne...


#1 - POLARAMA



Nouveau venu à découvrir :

"Polarama"

Excellent magazine
entièrement consacré au polar !





vendredi 27 juin 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT AOÛT 2014




Coquillages et Crustacés
Quelques livres pour l'été




"LES FANTÔMES DE BELFAST" de Stuart Neville (Rivages/Noir)



"Les fantômes de Belfast"
Stuart Neville
(Rivages/Noir)

Ados / Adultes


Stuart Neville est un écrivain britannique (Irlande du Nord) né à Armag en 1972. Fan de Led Zeppelin, AC/DC et Van Halen, il étudie la musique à l'université. Pendant quelques années, il sera professeur de guitare, vendeur d'instruments de musique et webdesigner avant de devenir écrivain.

"Les fantômes de Belfast"
"Collusion"
"Les âmes volées"
"Ratlines" (à venir)

"Les fantômes de Belfast" a reçu le Los Angeles Times Book Prize en 2009 et le Prix Mystère de la Critique en 2012.

Rappel historique :

L'accord du Vendredi Saint, ou accord de Belfast, officiellement accord de paix pour l'Irlande du Nord, fut signé le 10 avril 1998. Le gouvernement anglais, les républicains catholiques (déterminés à unifier leur province avec la République d'Irlande), et les unionistes protestants (résolus à rester dans le Royaume Uni) ont accepté une solution politique pour mettre fin à trente années d'un conflit sanglant (aussi appelé "Les Troubles"), de 1969 à 1998, et responsable de 3500 morts. L'Irlande est traditionnellement divisée en quatre provinces (Leinster, Munster, Connacht, Ulster). Sur les neuf comtés d'Ulster, six forment l'Irlande du Nord, qui est considérée comme une province par le Royaume Uni, ce qui prête à confusion.

L'histoire :
Nous sommes en 2007. Républicain catholique, prisonnier politique pendant douze ans, depuis sa libération anticipée pour troubles psychologiques il y a sept ans, Gerald "Gerry" Fegan n'a toujours pas trouvé sa place dans un Belfast qu'il ne reconnaît plus. Solitaire, il n'a repris aucun contact avec ses anciens compagnons d'armes. Il boit trop. Pas un jour, pas une nuit, ses fantômes ne le laissent en paix. Cinq soldats, un policier, deux Loyalistes et quatre civils. Douze personnes qu'il a froidement assassinées. Douze spectres qui l'obsèdent...

Mon avis :
Stuart Neville a choisi de nous montrer l'envers du décor de l'Irlande verdoyante touristique. Il a choisi de nous ouvrir les yeux sur les blessures toujours à vif de l'Irlande du Nord après des décennies de guerre civile, et notamment dans la ville de Belfast. L'aide à la réinsertion, à leur sortie de prison, de ceux que l'on appelle pudiquement des "anciens combattants", est plus qu'insuffisante, voire inexistante. Beaucoup souffrent de stress post-traumatique ou de dégâts psychologiques lourds. Un taux de chômage élevé n'arrange rien. Certains cèdent au crime organisé (braquages, contrebande, trafic de drogue, prostitution...). Si l'on ajoute à ce tableau déjà sombre quelques politiciens obsédés par le pouvoir et corrompus, et des petits groupes anarchiques restés fidèles à la cause, la paix reste très fragile et la violence latente. Dans ce paysage d'après-guerre tendu, un personnage rongé par la culpabilité de ses crimes passés signe une sorte de pacte avec chacun de ses douze fantômes. Entre mysticisme, folie et souffrance, on suit Gerry pas à pas dans sa quête de rédemption sur un chemin semé de pièges, de cruauté, mais aussi de belles rencontres, avec un final magnifique et plein d'espoir.

Poignant !

"NOIRS TATOUAGES" de Val McDermid (Editions du Masque)


"Noirs tatouages"
Val McDermid
(Editions du Masque)

Ados / Adultes


Val McDermid est née en Ecosse en 1955. A dix-sept ans elle est la première élève issue d'une école publique à fréquenter la célèbre université d'Oxford. Elle travaille comme journaliste pendant quinze ans, notamment à Glasgow et à Manchester, avant de vivre de sa plume. Elle est désormais critique de littérature policière pour la presse et participe à des programmes sur BBC Radio 4 et BBC Radio Scotland. Par la voix de ses trois héroïnes dans des séries distinctes (Lindsay Gordon, journaliste lesbienne ; Kate Brannigan, détective privée ; et l'inspectrice Carol Jordan qui évolue dans des milieux particulièrement glauques et violents), Val Mc Dermid développe dans son oeuvre ses thèses féministes et son engagement dans les mouvements de gauche et de contestation pendant l'ère Thatcher. Ses romans sont d'ailleurs associés au Tartan Noir, une conjonction stylistique entre le roman noir et la culture écossaise.

Le Lake District (ou The Lakes ou Lakeland) est une région située dans le Nord-Ouest de l'Angleterre. Elle est renommée en raison de ses lacs et montagnes, et de ses liens avec la poésie du début du XIXème siècle et les écrits de William Wordsworth et des Lakistes.

Le mot Lakiste, formé à partir de l'anglais "lake" qui veut dire lac, désigne les poètes de la fin du XVIIIème siècle. Leur surnom vient du fait qu'ils ont décrit le Lake District où ils avaient décidé de vivre.

 

William Wordsworth (1770-1850) inaugure, avec Samuel Taylor Coleridge, la période romantique de la littérature anglaise lors de la publication de "Lyrical Ballads". Son oeuvre maitresse est "Le Prélude", poème autobiographique consacré aux expériences fondatrices de sa jeunesse.

La Bounty, vaisseau britannique commandé par un ancien officier de Cook, le lieutenant William Bligh, était venue chercher à Tahiti en 1789 des plants d'arbre à pain pour les colonies anglaises des Antilles. Le 29 avril, une mutinerie éclata à bord. Les causes en ont été discutées : il est possible que l'autorité de Bligh, exercée sévèrement, ait été contestée par certains de ses officiers. L'un deux, Fletcher Christian, suivi de quelques autres , se débarrassa de Bligh et de dix-huit de ses hommes en les abandonnant en pleine mer à bord d'une chaloupe. Après une traversée de plus de 5 000 kilomètres, la chaloupe réussit à gagner l'île de Timor le 12 juin, tandis que Fletcher Christian ramenait la Bounty à Tahiti, espérant s'y établir avec les mutins. Le projet échoua en partie puisque seulement seize mutins restèrent à Tahiti ; les autres, au nombre de vingt-sept Européens et dix-huit Tahitiens et Tahitiennes, Fletcher en tête, durent repartir pour atteindre une île , inconnue des cartes maritimes à l'époque, celle de Pitcairn, dans laquelle ils établirent une colonie. En 1791, Bligh ayant survécu, la frégate Pandora commandée par le capitaine Edward est envoyée dans les mers du Sud à la recherche des mutins. Ceux qui étaient restés à Tahiti, vivant dans l'entourage du roi Pomaré 1er, sont livrés par celui-ci. Le retour en Angleterre est mouvementé et la Pandora fait naufrage près de l'Australie. Parmi les survivants, arrivés en Angleterre et traduits en justice, cinq seront acquittés, deux bénéficieront des circonstances atténuantes, et les trois derniers seront pendus. Quant à Fletcher Christian et à ses compagnons, ils s'entretuèrent et il ne resta qu'un survivant mâle, Alexander Smith, sur l'île de Pitcairn. La colonie demeura dans l'île jusqu'en 1831, date à laquelle elle fut ramenée à Tahiti. Un des officiers de la Bounty a écrit un journal qui, le premier, a fourni une documentation précieuse sur la société et l'histoire de l'île de Tahiti (Société des océaniste, Paris, 1966). Mark Twain a repris le thème de cette mutinerie dans l'une de ses nouvelles. 

L'histoire de "Noirs tatouages" :
En ce mois de septembre 2005, des pluies torrentielles se déversent sur l'Angleterre. Un déluge qui pourrait bien faire remonter à la surface de lourds secrets. A Londres, Jane Gresham arrive au "Viking Bar & Gril" où elle est serveuse, un petit boulot qui lui permet, dans le même temps, d'écrire un essai sur le poète William Wordsworth. Harry, son collègue, lui apprend qu'un corps datant sans doute de plusieurs centaines d'années a été découvert à Fellheard, dans le Lake District, où vit toute la famille de Jane. Ce cadavre aux tatouages noirs va alimenter tous les fantasmes et toutes les thèses les plus folles...

Mon avis :
Un brillant polar littéraire très riche construit comme un roman d'aventure autour des légendes, des passions (des plus basses aux plus nobles) et de la poésie !

"LE SANG DE LA TRAHISON" de Hervé Jourdain (Fayard)



"Le sang de la trahison"
Hervé Jourdain
(Fayard)

Prix du Quai des Orfèvres 2014

Ados / Adultes


Hervé Jourdain, auteur maintenant confirmé, est capitaine de police au sein de la Brigade Criminelle de Paris. Féru d'histoire de la justice et de la police, il a déjà été récompensé par le Grand Prix des lecteurs VSD du polar. Avant son déménagement de l'Ile de la Cité vers le quartier des Batignolles, Hervé Jourdain exprime ce regret : "C'est un hommage rendu au 36 et au Palais de Justice, à l'odeur et l'atmosphère des lieux. Les escaliers de bois, les couloirs étroits, les tapisseries abîmées, les peintures camouflées sous les posters, les vieux articles du Petit Journal du début du siècle, vont laisser place à un univers lisse et aseptisé".

L'histoire :
Bonnot, chef de groupe, et son adjoint, le capitaine Guillaume Desgranges, sont en planque devant un immeuble miteux d'un quartier difficile de Saint-Denis, en banlieue parisienne. Bonnot et Desgranges ne s'aiment pas. Le premier, solide, besogneux, avec famille et pavillon, ne lâche aucune affaire. Le second, acariâtre, fatigué, sanguin, élève seul son fils et ne fait aucune heure sup. Dans les locaux du "36", il y a aussi le lieutenant Jean-Noël Turnier, étudiant attardé et coincé. L'opération de ce petit matin se solde par un Desgranges tirant, tabassant et blessant un homme désarmé. Cette même matinée, le brigadier Zoé Dechaume, des Stups', témoigne au tribunal sur la mort par overdose d'une jeune femme dans laquelle le dealer Sadjo Fofana, dont c'est le procès aujourd'hui, est peut-être impliqué. A sa sortie du Palais de Justice, Zoé file au Quai des Orfèvres où, angoissée mais fière, elle va intégrer la Crim' et l'équipe bancale et sans cohésion de Bonnot...

Mon avis :
Un regard sans concession sur la profession et sur le quotidien souvent difficile de chacun des intervenants. L'auteur, lui-même capitaine de Police au sein de la Brigade Criminelle de Paris, révèle ici toute sa passion pour son métier et le respect qu'il porte à tous ces femmes et ces hommes qui sacrifient souvent leur vie privée au profit des affaires en cours. Un mariage savoureux, et nostalgique aussi, entre le "36" d'aujourd'hui totalement anachronique dans les locaux vieux, poussiéreux, inadaptés du "36" d'hier mais mythique et hanté par les fantômes de commissaires fictifs inoubliables et une poignée de criminels devenus légendaires. Une enquête complexe menée au rythme des battements forts et réguliers d'une ville, Paris, à la fois sublime et effrayante, ville de toutes les folies et de tous les possibles, ville d'Histoire, d'Art et de Poésie.

Différent des romans policiers classiques,
celui-ci est un réel hommage à l'ensemble du monde judiciaire.

Tim Willocks - Biographie


Tim Willocks est né en 1957 à Stalybridge, Cheshire (Royaume Uni). Un parcours impressionnant : grand maître d'arts martiaux, chirurgien, psychiatre, producteur, scénariste, et écrivain. En 1991, il publie son premier livre, "Bad City Blues" (qui sera adapté au cinéma en 1999 par Michael Stevens avec Dennis Hopper), suivi de "Green River" (édité d'abord sous le titre "L'odeur de la haine") et "Les rois écarlates", trois romans noirs qui se déroulent aux Etats-Unis. Puis il publie les deux premiers volumes de sa trilogie historique : "La Religion" et "Les Douze Enfants de Paris" (Sonatine). Parallèlement, il écrit des romans pour la jeunesse comme le formidable "Doglands" (Syros). Il vit aujourd'hui en Irlande.

Une fois pris dans la toile de Tim Willocks, il n'y a plus d'échappatoire !
Extraordinaire écrivain, brillant, érudit, passionné, et d'une humanité rare !

Tim Willocks - "La cavale de Billy Micklehurst" - "Billy Micklehurst's run" (Allia - Bilingue)



"La cavale de Billy Micklehurst"
"Billy Micklehurst's run"
Tim Willocks
(Allia - Bilingue)

Ados / Adultes


L'histoire :
Costume gris croisé à fines rayures constellé de tâches d'origines obscures, des chaussures sans lacets, une chemise élimée et crasseuse, une écharpe de soie écarlate avec une frange de glands dorés, d'un âge incertain situé entre quarante et soixante ans, des cheveux noirs gras et sales, des dents cassées, voilà le portrait de Billy Micklehurst. Billy, un sans-abri, et ses fantômes vivaient dans le Cimetière du Sud de Manchester...

Mon avis :
Un récit fantastique, ténébreux et bouleversant dans lequel Tim Willocks parvient à mettre des mots et de la poésie sur la souffrance de ce personnage abîmé et sur sa folie. 

Délectable, tant en français qu'en anglais !

Tim Willocks - "Doglands" (Syros)


"Doglands"
Tim Willocks
(Syros)

Dès 12 ans


Les Doglands sont partout et nulle part
Parce que les chiens sont partout et nulle part

Ils vivent dans un monde qu'ils ne dirigent pas
Mais parfois
Suivant le souffle des vents
Un chien se met à courir...

                                                     Tim Willocks


L'auteur :
Il n'est pas une seule biographie de Tim Willocks qui ne détaille le pedigree impressionnant de cet auteur britannique hors du commun. Mais n'aurait-il pas été aussi alchimiste dans une autre vie ? Imaginons un pupitre jonché de fioles remplies d'encres et de sang de toutes tonalités (une par sentiment) dans lesquelles l'écrivain trempe sa plume d'acier méticuleusement aiguisée comme une lame. A chaque arabesque tracée, la magie opère. Les mots prennent vie. Ils dévoilent une peinture très noire de notre société peuplée de monstres ultra-violents mais parsemée de touches d'optimisme, de beauté, de poésie et d'amour auxquelles Tim Willocks veut croire.

L'histoire :
Furgul, "Le Brave" dans la langue des chiens, est né à la Fosse de Dedbone, un lieu sordide et effroyable où des hommes élèvent, avec une cruauté insoutenable, des lévriers de pure race. Les faibles et les bâtards n'ont pas leur place dans cet endroit maudit et "disparaissent". Keeva, la mère de Furgul, championne des champs de courses, confie à son enfant un terrible secret qui risque de le condamner à mort : il est le fils d'Argal, un chien légendaire, fort, libre, mais mi-lévrier, mi-chien-loup. Furgul est donc un bâtard et il doit à tout prix s'enfuir, suivre le souffle des vents, survivre au milieu des humains qui ne comprennent rien, et découvrir les Doglands, contrée que les chiens voient en rêve depuis la nuit des temps...

Mon avis :
Une cavale initiatique pour Le Chien qui Court dans les Ténèbres. Furgul va affronter la prison, les chaînes, la soumission, la bêtise et la barbarie des hommes, la souffrance et la mort des siens. Mais, guidé par ce sentiment indestructible qui le lie à sa mère, il va découvrir aussi l'amitié, la révolte, l'amour, la liberté.

Un conte sauvage et poétique pour adolescents admirable que les adultes seraient bien inspirés de lire car notre part de sauvagerie (notre lien avec la nature) a été emportée par les vents il y a très longtemps et nous ne semblons pas pressés de la retrouver !

Tim Willocks - "Bad City Blues" (L'Olivier)



"Bad City Blues"
Tim Willocks
(L'Olivier / Points)

Ados / Adultes


L'histoire :
Bad City... Qu'importe son nom réel... Petite ville quelque part en Louisiane, sous la chaleur poisseuse d'un mois d'août... Une brochette de personnages rongés par des démons meurtriers et liés par un butin à partager... Callie, ex-prostituée camée, impliquée dans le casse de la banque de son mari... Cleveland Carter, époux de Callie, vice-président de la Mercantile Trust Bank, pasteur illuminé de l'Eglise évangéliste, incapable de faire l'amour à sa femme... Le capitaine Clarence Jefferson, flic psychopathe sadique à la recherche d'un adversaire à sa mesure... George Grimes, retraité, autrefois dans les Marines puis communiste, syndicaliste et taulard... Ses deux fils, engagés dans une lutte fratricide cruelle : Luther Grimes, vétéran du Vietnam, trafiquant de drogue violent et paranoïaque ; et Eugene Cicero Grimes, psychiatre torturé par la culpabilité et la haine de lui-même ; tous deux amants de Callie...

Mon avis
Une écriture envoutante. Un polar très noir aux personnages remarquablement brossés. Chacun panse à sa manière une blessure profonde et tente de trouver ou de donner un sens à son existence. Chacun est meurtri par la solitude, la douleur, la culpabilité, la folie. Amour et haine deviennent des sentiments étrangement semblables, indissociables dont la violence est le seul langage. Et une scène d'anthologie : un huis clos absolument magistral entre le psychiatre et le flic !

Excellentissime !

(Adapté au cinéma en 1999 et sous le même titre par Michael Stevens avec Dennis Hopper)