MAIGRET A NEW YORK
Georges Simenon
(Le Livre de Poche)
Georges Simenon : Ecrivain belge né à Liège en 1903. A seize ans, il devient journaliste à "La Gazette de Liège". Son premier roman fut publié en 1921 sous le pseudonyme de Georges Sim "Au pont des Arches, la petite histoire liégeoise". En 1922, il s'installe à Paris et écrit des contes et des romans-feuilletons dans tous les genres. En 1929, Simenon rédige son premier Maigret "Pietr le Letton". Le Commissaire Maigret devient vite un personnage très populaire (72 aventures). Parallèlement à son activité littéraire foisonnante, il voyage beaucoup. A partir de 1972, il décide de cesser d'écrire, exceptés vingt-deux "Dictées" et ses "Mémoires Intimes" en 1981. Simenon s'éteint à Lausanne en 1989.
L'histoire : 1946. Jules Maigret, commissaire tout juste à la retraite, s'est laissé convaincre par l'histoire d'un notaire, Maître D'Hoquélius, pour qui il accepte d'accompagner à New York le jeune Jean Maura, inquiet de nouvelles contradictoires sur son père. A leur arrivée à New York, au matin, les deux hommes se trouvent séparés. Aussi, Maigret, qui ne connait pas la ville et parle à peine l'anglais, se rend directement à l'hôtel où loge le richissime Joachim Maura. Il y est accueilli de manière fort curieuse. Le soir, toujours sans nouvelles de son compagnon de voyage, l'ancien Commissaire Maigret appelle un de ses amis, un Policier Fédéral, le Capitaine O'Brien...
Mon avis : Lire une aventure du Commissaire Maigret est toujours un moment agréable, léger. C'est plonger dans une France qui n'existe plus et pour laquelle on peut ressentir à certains égards une pointe de nostalgie. Ce roman-ci "Maigret à New York" pourrait aussi s'intituler "Un Français à New York". Grincheux et insupportable, Maigret arrive à New York avec des valises de préjugés : dérangé par le ciel maussade, la foule, les formalités, la monnaie qu'il ne connait pas, l'anglais, la saleté des quartiers, la laideur des maisons... Il a envie d'une bonne bière, des petits plats de Madame Maigret, de retrouver au plus vite son village tranquille et le confort de sa maison de Meung sur Loire... Déstabilisé par une ville sans cesse en mouvement, où l'on ne mène pas une enquête comme à Paris, où l'on ne peut pas retracer administrativement toute la vie d'une personne comme en France, c'est avec un Maigret peu sûr de lui, dépendant de ses collègues américains et empêché par la langue qu'il ne maîtrise pas, que nous découvrons et visitons le New York de 1946. Puis, à mesure que le mystère se dissipe, le temps devient plus clément et New York moins sombre. Maigret commence à se ressaisir, à se réconcilier avec l'Amérique et les Américains, et ne se refuse plus quelques cocktails américains, comme les manhattans. Il réalise, bien que ce fusse une évidence, qu'ici ou ailleurs, les êtres humains ne sont pas si différents. L'histoire familiale, plus qu'une enquête, est très émouvante. Mais Maigret est, de loin, le personnage le plus touchant dans ses faiblesses.
Vivement conseillé aux jeunes lecteurs amateurs d'ambiance "1940, gangsters et détectives privés en pardessus sombres et chapeaux gris", car on n'est pas là dans un rythme "plan-plan" que les ados détestent et que peuvent avoir certaines enquêtes de Maigret...