Daphné du Maurier
Dame Daphné du Maurier est une romancière reconnue, dans la Littérature Britannique, comme l'un des plus grands talents du XXème siècle. Ses romans se sont emparés de l'imagination de millions de lecteurs. Tandis que le roman anglais traitait (années 30) de l'engagement politique et du totalitarisme, des formes de société et des religions, Daphné du Maurier, à l'écart des influences, produisait une succession de romans parfaitement traditionnels, qui avaient pour ingrédients principaux l'amour, l'aventure, la nostalgie et le suspense. Elle avait le sens du mystère et de la magie des lieux, savait construire une histoire, créer une atmosphère. Mais ce n'est pas là la seule explication de son extraordinaire succès : elle sut faire appel, comme, en vérité, le firent les contes de fées, à ces rêves, à ces terreurs et à ces désirs, à ces forces obscures dans l'inconscient humain, sur lesquels fut fondée au XVIIIème siècle la vogue du roman gothique.
Née à Londres en 1907 et décédée en 1989 en Cornouailles, Daphné du Maurier est la fille de Gerald du Maurier, acteur célèbre à son époque, et la petite-fille de l'écrivain et dessinateur George du Maurier, lequel fut un ami de Henry James et auteur notamment de "Peter Ibbetson". Sa mère, Muriel Beaumont, est également actrice. Daphné du Maurier a deux soeurs, Angela (qui deviendra romancière elle aussi) et Jeanne. Elle fait ses études à Paris, et en 1928, ses premières nouvelles paraissent dans le magazine "Bystander" édité par son oncle. Son premier livre, "La chaîne de l'Amour" est publié en 1931 et obtient un succès immédiat. L'année suivante, elle épouse le général de division Frederick Browning. Ils auront trois enfants.
Plusieurs romans de Daphné du Maurier relèvent du suspense psychologique et criminel, notamment "L'Auberge de la Jamaïque", "Rebecca" (qui fut qualifié de "Jane Eyre du XXème siècle"), tous deux portés à l'écran par Alfred Hitchcock, et "Ma cousine Rachel". Ces trois textes emploient les ressorts propres au roman gothique dans un cadre moderne. D'autres récits ont recours à des éléments résolument fantastiques : le voyage dans le temps dans "La Maison sur le rivage" ; le double dans "Le Bouc émissaire" ; ou la vie après la mort dans "Le Pommier". La célèbre nouvelle "Les Oiseaux" s'avère moins un texte fantastique, comme peut le laisser croire son adaptation cinématographique par Alfred Hitchcock, qu'une oeuvre symboliste sur la guerre donnant lieu à une évocation voilée des attaques aériennes des forces allemandes sur la Grande Bretagne pendant la Seconde Guerre Mondiale. D'autres ouvrages s'apparentent à des chroniques ou des romans historiques. Daphné du Maurier a beaucoup écrit également sur son histoire familiale et sur ses origines françaises : "Gerald, a portrait" (1934), la vie de son père, et "Les du Maurier" (1937). Quelques années après sa mort, sa bisexualité est révélée dans une biographie rédigée par Margaret Forster et la publication de la correspondance de l'auteur. Le secret avait toujours été gardé en raison de l'homophobie de son père.
Sur ce blog, retrouvez "La Maison sur le rivage" à : mai 2011.
"Le Monde infernal de Branwell Brontë" de Daphné du Maurier (Phébus)
On connaît les soeurs Brontë : Charlotte, Emily et Anne. Mais l'on oublie souvent leur unique frère, Patrick Branwell, qui fut pourtant à l'origine de toute la créativité familiale. En 1960, la célèbre romancière anglaise Daphné du Maurier partait à la découverte de cette étrange personnalité.
Poète, romancier et peintre, Branwell Brontë (1817 - 1848) cumulait tous les talents. Et pourtant, tous seront gâchés, l'enfant prodige sombrant dans une sorte de folie.
Dans la solitude des landes désertes du Yorkshire (nord de l'Angleterre), Patrick Branwell invente avec ses soeurs un monde imaginaire. A dix-neuf ans, déjà doué pour la peinture, il s'essaie à la poésie. C'est à cet âge, en janvier 1937, qu'il adresse une lettre à Wordsworth, poète célèbre et vieillissant. Cette lettre restera, hélas !, sans réponse. La maladie mentale, l'alcool, les médicaments finiront par avoir raison de Branwell. Il sera le premier des quatre jeunes Brontë à mourir, quelques mois avant Emily, l'auteur des "Hauts de Hurle-vent", dont le personnage principal, Heathcliff, sauvage et passionné, est inspiré de Branwell. Charlotte, sa soeur préférée, deviendra célèbre avec "Jane Eyre", et Anne avec "Agnes Grey".
Daphné du Maurier et Alfred Hitchcock
Sorti en salles, en février dernier, "Hitchcock", film (biopic*) réalisé par Sacha Gervasi, avec Anthony Hopkins, Helen Mirren, Scarlett Johansson.
Un film vraiment excellent !
(biopic* = film réalisant la biographie d'une personne connue)
"Un film n'est pas une tranche de vie, c'est une tranche de gâteau."
Alfred Joseph Hitchcock est un scénariste et réalisateur américano-britannique né en 1899 à Londres. Maître du suspense, il est considéré comme l'un des plus grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. Il commence dans le cinéma en créant des sous-titres pour les films muets et s'est rapidement initié à toutes les professions. Il signe son premier film comme réalisateur en 1925 avec "The Pleasure Garden" et affine son style en continuant à réaliser des dizaines de films pour des firmes anglaises, notamment, en 1939, "La Taverne Jamaïque", connu aussi sous le titre du roman de Daphné du Maurier : "L'Auberge de la Jamaïque". A la fin des années 30, il est déjà célèbre dans son pays natal et part aux Etats-Unis, où il réalise "Rebecca" en 1940. Les années 50 sont pour lui une période faste. Il y fera une série télévisée intitulée "Alfred Hitchcock présente", ainsi que ses plus grands chefs-d'oeuvre : "Le Crime était presque parfait" (1954) ; "Fenêtre sur cour" (1955) ; "Sueurs froides" (1958) ; "La Mort aux trousses" (1959) ; et les incontournables "Psychose" (1960) et "Les Oiseaux" (1963).
Réalisateur despotique ("Il faut traiter les acteurs comme du bétail.") et perfectionniste, il considérait le tournage comme une étape mineure, étant une simple mise en forme de son storyboard. Bien que considéré aux Etats-Unis comme le plus grand maître du suspense (avec une équipe talentueuse : son compositeur Bernard Herman, ses magnifiques actrices blondes et froides Grace Kelly et Ingrid Bergman, ses vedettes masculines James Stewart et Cary Grant), le monde du cinéma le voyait encore comme un simple fabricant.
Il devient, dans la France des années 50, un des cinéastes les plus vénérés par les critiques, en particulier par "Les cahiers du cinéma" et les futurs cinéastes de "la nouvelle vague". Regardé comme un auteur à part entière, avec ses thèmes récurrents (la culpabilité, la frontière entre le Bien et le Mal, la psychanalyse), il est surtout le maître d'un style bien à lui et fait l'objet de maintes études. François Truffaut réalisa un long livre d'entretiens avec le cinéaste, publié en 1966.
"Pas de printemps pour Marnie" (1964), "Le rideau déchiré" (1966), "L'Etau" (1969), "Frenzy" (1972) et "Complot de famille" (1976) finissent d'asseoir la réputation de celui que les américains surnomment "Hitch". D'ailleurs, en 1955, il obtient la nationalité de son pays d'accueil.
Décédé en 1980 à quatre-vingts ans des suites d'une insuffisance rénale, la légende Hitchcockienne perdure bien des années après sa mort. Truffaut, Chabrol, Polanski, Spielberg, Carpenter, Craven, De Palma sont autant de cinéastes qui puisent allègrement dans l'oeuvre du maître. Gus Van Sant ira même jusqu'à reprendre plan par plan le film "Psychose" pour son "Psycho" sorti en 1998.
Le film "Psychose" est inspiré de "Psycho", livre de Robert Bloch lui-même inspiré du tueur en série Ed Gein, dit "le boucher de Plainsfield".
"L'angoisse n'est pas supportable sans l'humour. C'est le mélange qui fait le plaisir."