Emile Zola et les Rougon-Macquart
Emile Zola est un écrivain français, fondateur du Naturalisme en littérature, dont l'oeuvre principale, "Les Rougon-Macquart", est une vaste fresque en vingt volumes qui raconte l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire (1852 - 1870). Vouant une véritable passion à Honoré de Balzac, Emile Zola s'inspire de "La Comédie Humaine" pour construire la fresque romanesque qui restera l'oeuvre d'une bonne partie de sa vie. Dès les premières lignes, Emile Zola a une idée très précise de ce qu'il veut faire et de ce qui ne devait contenir que dix volumes. A raison de trois à cinq pages quotidiennes, il va confronter deux familles qui apportent chacune leurs caractères, leurs secrets, leurs hérédités.
Il y a d'abord les Rougon, des commerçants pour la plupart, naviguant dans le monde de la petite bourgeoisie. Puis les Macquart, plus proches de la terre, mais aussi volontiers voleurs et alcooliques. Ces branches vont fusionner et donner naissance à divers protagonistes qu'Emile Zola met dans toutes les situations possibles, dans des univers très différents. Afin d'étudier l'influence du milieu occupé sur chaque personnage et sur son destin, Zola soulève un à un divers pans de la société du Second Empire et du XIXème siècle en général : l'église, le commerce, l'armée, la politique, le monde ouvrier et l'organisation du travail. C'est avec "L'Assommoir", en 1877, qu'il recueille ses premiers lauriers mais aussi ses premières haines. On lui reproche de décrire le monde ouvrier sous un jour beaucoup trop cru. Néanmoins, ce septième roman lui amène gloire et fortune. L'écrivain naturaliste poursuit inlassablement son oeuvre et s'attire de nouveau les foudres des critiques avec le neuvième tome, "Nana", qui parait en 1880. Cette fois-ci, le regard de Zola se porte sur les mondains et surtout leurs vies dissolues incarnées par une jeune fille, Anna, dont l'occupation première, la prostitution de luxe, lui permettra de connaître toute la haute bourgeoisie du Paris du Second Empire. Emile Zola sort encore deux chefs d'oeuvre de cette saga, le grand classique et très documenté "Germinal" en 1885 et "La Bête Humaine" en 1890, véritable thriller avant l'heure. Il clôt cette série romanesque avec "Le Docteur Pascal" en 1893, dans un calme presque relatif.
"Le naturalisme, dans les lettres, c'est également le retour à la nature et à l'homme, l'observation directe, l'anatomie exacte, l'acceptation et la peinture de ce qui est."
Emile Zola (1840 - 1902)
Les Rougon-Macquart - Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire
La Fortune des Rougon (1871)
La Curée (1871)
Le Ventre de Paris (1873)
La conquête de Plassans (1874)
La faute de l'Abbé Mouret (1875)
Son Excellence Eugène Rougon (1876)
L'Assommoir (1877)
Une page d'amour (1878)
Nana (1880)
Pot-Bouille (1882)
Au Bonheur des Dames (1883)
La joie de vivre (1884)
Germinal (1885)
L'Oeuvre (1886)
La Terre (1887)
Le Rêve (1888)
La Bête Humaine (1890)
L'Argent (1891)
La Débâcle (1892)
Le Docteur Pascal (1893)
"J'ai voulu montrer les ressorts cachés, les fils qui font mouvoir le pantin humain [...], le coeur et le cerveau mis à nu."
Emile Zola
Emile Zola en quelques dates
Gervaise, Nana ou Octave Mouret sont devenus sous sa plume des personnages inoubliables et des témoins des bouleversements du Second Empire. L'écrivain naturaliste est surtout un des symboles du courage et de l'engagement républicain avec son "J'accuse...!".
Portrait d'Emile Zola par Edouard Manet |
2 avril 1840 : Naissance à Paris. Fils d'un immigré italien, Francesco Zola. Ami de collège de Paul Cézanne et de Jean-Baptiste Baille, tous trois admirateurs de Victor Hugo. A Paris, Zola échoue au baccalauréat, puis une seconde fois à Marseille à cause d'une sale note... en français. Il parlera si bien de la pauvreté car il l'a vécue.
1862 : Zola est naturalisé Français et évite, par tirage au sort, le service militaire. Employé de bureau chez Louis Hachette, il lit Hippolyte Taine, Emile Littré, Claude Bernard. Il défend Manet et les peintres paysagistes contre les maîtres de la peinture académique.
1869 - 1893 : Publication, d'abord en feuilleton dans divers journaux, puis en volumes, des "Rougon-Macquart". Novateur, Zola fait entrer le vocabulaire et la syntaxe populaires en littérature. On y entend la voix du peuple.
1891 : Président de la Société des gens de lettres.
1898 : Publication du "J'accuse...!".
1898 - 1899 : Il doit renoncer à l'Académie française et s'exiler à Londres.
29 septembre 1902 : Mort à Paris par asphyxie. Officiellement un accident. Plus tard, un couvreur du nom d'Henri Buronfosse, membre d'une ligue nationaliste, déclara avoir volontairement obstrué la cheminée de la maison de Zola.
Dans son oeuvre, Zola a voulu appliquer la rigueur scientifique à la description des faits humains et sociaux, accordant une importance capitale aux déterminations héréditaires des passions humaines. Il a fait un travail de documentation très méticuleux et scrupuleux reposant sur la recherche de coupures de presse (noces, rixes villageoises, accidents et meurtres) ; sur la lecture d'ouvrages tels que "Pensées" de l'Abbé Joseph Roux, et "Histoire des paysans" d'Eugène Bonnemère ; sur ses déplacements sur les lieux qu'il compte décrire ; sur de nombreux témoignages ; sur son expérience vécue. Attiré par les théories socialistes, puis évoluant vers une vision messianique* de l'avenir humain ("Les Quatre Evangiles", 1899 - 1903), il prit parti en faveur de Dreyfus ("J'accuse...!", 1898). Il a laissé aussi des ouvrages de critique d'art ("Edouard Manet", 1867) et de critique littéraire ("Le Roman expérimental", 1880).
Messianisme* : Croyance en l'avènement d'un monde idéal sur terre.
De l'affaire Dreyfus, Zola dit :
"Je n'ai pas voulu que mon pays restât dans le mensonge et l'injustice. On peut me frapper ici. Un jour, la France me remerciera d'avoir aidé à sauver son honneur."
"La Terre" (Folio Classique)
L'action de "La Terre" se situe entre 1860 et 1870. Après la condition ouvrière, ecclésiastique, bourgeoise, artistique, et même volage, de la vie française sous le Second Empire, Zola s'intéresse à la condition paysanne en publiant "La Terre" en 1887, roman violent et crû pour lequel l'auteur sera montré du doigt par les critiques et certains écrivains contemporains ("Le Manifeste des Cinq", cinq écrivains autour d'Edmond de Goncourt et d'Alphonse Daudet). On conseille même à Zola de consulter un spécialiste, le Professeur Charcot, pour soigner ses pulsions morbides.
Contexte historique :
Après le coup d'Etat de Louis Napoléon Bonaparte le 2 décembre 1851, c'est la fin de la Seconde République. Un an plus tard, Louis Napoléon Bonaparte prend le nom de Napoléon III et se fait proclamer empereur des Français. La France connaît alors une période de développement économique. Les chemins de fer s'étendent. De grands travaux sont effectués, comme l'aménagement de Paris par le préfet Haussman. D'abord très autoritaire, Napoléon III devient ensuite plus libéral. En 1864, il accorde aux ouvriers le droit de grève.
L'histoire :
La vie au quotidien, année après année, saison après saison, de la fratrie Fouan (Michel, Louis, Marianne et Laure), de leurs descendants, de tout un village rural. Mais aussi, et surtout, c'est l'histoire de la Terre. Personnage central. Vivante et tant convoitée. Témoin ou complice de toutes les turpitudes, passions et pulsions humaines. A la fois récompense et punition de toute une population. Tout autant féconde, nourricière, source de tous les bonheurs ; qu'exigeante, capricieuse, destructrice, cruelle. Pour la posséder, certains sont capables des pires bassesses, même de tuer. D'autres, pour la servir, vont jusqu'au bout de leurs forces, jusqu'à leur dernier souffle. Quoi qu'il en soit, la Terre, toujours victorieuse, sera la dernière compagne de chacun des personnages...
Mon avis :
Véritable condensé d'humour, de violence, d'émotions, de drames, cet admirable chef-d'oeuvre féroce, cru, politique, est dédié à la Terre et au dur labeur des paysans.
Zola, un Maître, un modèle, un pur élixir, et une furieuse envie de relire toute son oeuvre !