lundi 4 février 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-MARS 2013




Prochaines présentations : Mi-mars 2013


"Révisons nos Classiques !"




"LA VRAIE COULEUR DE LA VANILLE" - Sophie Chérer (L'Ecole des Loisirs - Médium)




"La vraie couleur de la vanille"
Sophie Chérer
(L'Ecole des Loisirs - Médium)

Dès 12 ans





Sophie Chérer habite en Lorraine où elle est née en 1961. C'est là, entourée d'arbres centenaires et d'écureuils, qu'elle écrit des romans, des articles, des nouvelles, rédige des quatrièmes de couverture pour ses collègues, compose les cinq premiers titres de la série "Mon écrivain préféré", élève sa fille et cultive son jardin. Après avoir voulu être juge, elle est devenue journaliste et écrivain. Pourtant, la question de l'injustice reste au coeur de ses préoccupations, que ce soit dans "Ambassadeur de Sparte à Byzance", "L'huile d'olive ne meurt jamais" ou "A ceux qui nous ont offensés" (L'Olivier). Sophie Chérer est une personne douée d'une énergie considérable et d'un humour à toute épreuve. En 2002, elle a publié "L'enjoliveur", un roman en hommage à son tuteur, Jean Giono. En 2005, le conte "L'ogre maigre et l'enfant fou" a été adapté pour la scène par une troupe de théâtre de l'Ile de la Réunion.


L'histoire :
Une nuit de décembre 1830, Ferréol Beaumont fait un cauchemar. Il se voit en compagnie d'un petit garçon Noir à qui on coupe brutalement la main. Le lendemain, tel un enfant capricieux qui exige un nouveau jouet, il décide de prendre sous son aile un nouveau-né, Noir, orphelin de parents esclaves. Ferréol, héritier d'une plantation familiale de canne à sucre sur l'Ile Bourbon (ancien nom de l'Ile de la Réunion) et de dizaines d'esclaves, est passionné de livres et de botanique, et pense très sincèrement être un "bon maître Blanc".
Le petit bonhomme à la peau noire et douce et qui sent bon le bébé, il faut lui trouver un nom. Les botanistes donnent des noms aux plantes pour les honorer. Les planteurs Blancs donnent des noms aux esclaves pour les humilier, pour se moquer d'eux. Des noms de dieux, empereurs, héros (Jupiter, Zéphir...) ; de vertus (Minutie, Généreux...) ; de villes (Bayonne...) ; de mois et de jours (Janvier, Lundi...) ; de noms grecs (Philogène, Scholastique*...) ; de calembours (Groné, Pacape...)...
Mais Ferréol, lui, ne veut pas faire cela. L'enfant portera le nom du Saint Patron de son jour de naissance et qui signifie, en vieil anglais, "le riche protecteur" : Edmond.
Ferréol ne lui apprendra jamais à lire ni à écrire, parce que c'est ennuyeux et difficile. En revanche, il lui enseignera tout ce qu'il sait en botanique...

*La "Scholastique" (scolastique) désigne l'enseignement de la théologie et de la philosophie dans les universités au Moyen Age. Clin d'oeil à la Rwandaise Scholastique Mukasonga, Prix Renaudot 2012 pour son livre "Notre-Dame du Nil" (Gallimard).


Mon avis :
Ce livre, admirable et fort, conte l'histoire vraie, dramatique, douloureuse, et totalement méconnue, d'Edmond Albius, orphelin, Noir, et esclave, mais aussi génie de la botanique. En 1841, sur l'Ile de la Réunion, à peine âgé de onze ans, Edmond fait une découverte miraculeuse. Trahi, abandonné, il n'en récoltera jamais les fruits ni la reconnaissance. Personnage oublié, seul Marcel Proust mentionne son nom à la fin de "Du côté de Guermantes". Traité comme un petit singe savant, si seulement son maître lui avait appris à lire et à écrire, le destin d'Edmond Albius eut sans doute été différent !
Ce texte décrit avec délicatesse et sensibilité toute la complexité d'une relation, au XIXème siècle, entre un Blanc, héritier d'une plantation et d'esclaves, mais dont la passion se trouve ailleurs, et un enfant Noir, esclave, qui touche du doigt la liberté et l'honneur mais ne recevra ni l'une ni l'autre.

Magnifique, très instructif, et poignant !


"BARBE BLEUE" - Amélie Nothomb (Albin Michel)





"Barbe Bleue"
Amélie Nothomb
(Albin Michel)

Ados / Adultes



Amélie Nothomb :
Depuis la parution de "Hygiène de l'assassin", en 1992, l'écrivain belge est devenue une véritable star et une figure incontournable de chaque rentrée littéraire.

Grand Prix de l'Académie française en 1999 pour "Stupeur et tremblements".
Prix de Flore en 2007 pour "Ni d'Eve ni d'Adam".

Retrouvez Amélie Nothomb pour :
"Antechrista" sur ce blog en août 2010
"Une forme de vie" sur le blog "Le Journal des Libériades" en octobre 2010.

L'histoire :
Saturnine arrive à Paris de sa Belgique natale pour prendre un poste de professeur à l'Ecole du Louvre. Elle découvre la difficulté de trouver un logement dans la capitale. Alors pourquoi pas cette colocation chez un certain "Don Elemirio Nibal y Milcar" dont elle vient de lire l'annonce ? En attendant son tour pour visiter l'appartement, Saturnine apprend que les huit précédentes colocataires ont disparu et qu'une rumeur court à l'encontre du maître des lieux...

Mon avis :
Impossible de déterminer ce que cet ouvrage produit en nous, lecteurs. Une chose est sûre : il déstabilise. Tantôt drôle et caustique. Tantôt profond et émouvant. Tantôt glauque et effrayant. Ce que l'on tient entre nos mains n'est pas un livre. Ce n'est pas de la littérature au sens commun du terme. C'est un objet d'art abstrait unique qui nous offre une part de l'univers étrange et fantasmagorique d'Amélie Nothomb, une part de notre enfance revisitée, et c'est exactement ce que nous attendons de ces contes, année après année.


"UNE PLACE A PRENDRE" - J.K. Rowling (Grasset)




"Une place à prendre"
J.K. Rowling
(Grasset)

Ados avertis / Adultes





J.K. Rowling :
Joanne Kathleen Rowling est née en 1965 en Angleterre. Elle a une licence de français et de lettres classiques et a passé un an à Paris dans le cadre de ses études. Son premier job sera pour Amnesty International à Londres. Elle habite alors à Manchester et c'est au cours d'un trajet en train qui l'amène à son travail qu'en 1990, l'image d'un petit garçon brun à lunettes lui vient à l'esprit. Harry Potter est né. Hélas, la même année, la mère de l'écrivain succombe à la sclérose en plaques à l'âge de 45 ans. Sous le choc, J.K. Rowling s'installe, en 1991, au Portugal où elle épouse un journaliste sportif et enseigne l'anglais. Le mariage est catastrophique mais mère d'une petite fille, Jessica, elle revient avec son bébé à Edimbourg auprès de sa soeur Diane, en 1993, et se plonge dans l'écriture de son manuscrit. "Harry Potter à l'école des sorciers" sera publié en 1997. Depuis, J.K. Rowling vit un conte de fée. Ses sept aventures de Harry Potter sont lues par des millions d'enfants dans le monde entier. Les films tirés de ses romans reçoivent le même succès, ainsi que tous les produits dérivés. Sa notoriété lui permet de soutenir de nombreuses actions caritatives. En 2001, elle épouse le Docteur Neil Murray et le couple a deux enfants, David et Mackenzie. Les droits de "Une place à prendre" viennent d'être achetés par la BBC et une mini-série sera bientôt réalisée.

L'histoire :
Ce soir-là, Mary et Barry Fairbrother vont fêter leurs dix-neuf ans de mariage. Barry n'est pas très enthousiaste. Il est gêné par une migraine persistante depuis deux jours. Mais il a tant de choses à se faire pardonner qu'il ne peut décevoir son épouse. Le couple se rend donc au Birdie, le restaurant du club de golf local. Malheureusement, Barry n'en passera pas la porte. Il s'écroule sur le parking, terrassé par un accident vasculaire cérébral et décède dans la nuit. Barry Fairbrother était Conseiller paroissial (l'équivalent de Conseiller municipal). Sa place est donc à prendre...

Mon avis :
Changement de maison d'édition. Changement de traducteur. Changement de catégorie de lecteurs. Etait-ce une bonne idée ? J.K. Rowling nous convie à Pagford, petite ville cossue du sud de l'Angleterre, au coeur de l'intimité de chaque foyer et des querelles de clochers, et nous explique que le monde ne tourne pas rond nulle part, que la corruption est partout, qu'argent, sexe et pouvoir sont indissociables... Bref ! Tout ce que nous savons déjà ! Des romans bien plus ambitieux nous décrivent tout cela avec bien plus de talent et plus d'originalité ! Ce livre-là manque, hélas, de tout : de suspense, de complexité, de subtilité, de qualité d'écriture... L'histoire ne scotche pas. C'est un peu comme si l'auteur s'était interdite de dévoiler et donner libre cours à toute sa fantaisie et à toute son imagination, que l'on sait fertiles et généreuses, à cause, peut-être, de l'estampille "pour adultes". Pire : elle semble ne pas s'être amusée du tout !
Alors, ne perdez pas votre temps ! Gardez intacts la magie des sept volumes de "Harry Potter" et vos merveilleux souvenirs du petit sorcier !
Pardonnons à J.K. Rowling ce petit incident de parcours, et qu'elle nous revienne d'autant plus formidable en Littérature Jeunesse !


"L'AUTRE FILLE" - Annie Ernaux (Nil)


"L'autre fille"
Annie Ernaux
(Nil)

Ados / Adultes

Grand Prix de l'Académie Charles Cros 2012
pour sa version "Audiolib"
texte lu par Annie Ernaux elle-même


Annie Ernaux
Née en 1940 en Normandie, Annie Ernaux grandit à Yvetot. Fille unique de petits commerçants, ses parents tiennent un café-alimentation proche de la gare. Professeur de Lettres, admiratrice de Virginia Woolf et de Simone de Beauvoir, elle publie en 1974 "Les Armoires vides", puis ne cesse d'écrire des romans proches de l'autobiographie, presque des documents sur la seconde moitié du XXème siècle, des romans où elle se livre en toute sincérité, des livres vrais, intimes...

L'histoire
"Ecrivez la lettre que vous n'avez jamais écrite", proposent les éditions du Nil à plusieurs écrivains. Annie Ernaux a choisi d'écrire à sa soeur aînée. Une soeur qu'elle n'a jamais connue et dont elle n'a appris l'existence qu'à l'âge de dix ans, au hasard d'une conversation entre "grandes personnes"...

Mon avis :
Ne sortez pas vos mouchoirs ! Cette lettre n'est absolument pas triste ou tragique. Annie Ernaux analyse, avec beaucoup de sensibilité, de justesse et de poésie, la fragilité et l'incertitude des sentiments qu'elle éprouve (ou qu'elle n'éprouve pas) envers cet être qui fut vivant, qui fut aimé, qui fut pleuré, qu'elle n'a jamais connu, mais dont elle a sans doute toujours pressenti l'existence.

Humaine. Emouvante. Sincère. Du grand Annie Ernaux, comme toujours !


"LA GUERRE DE CATHERINE" - Julia Billet (L'Ecole des Loisirs - Médium)



"La guerre de Catherine"
Julia Billet
(L'Ecole des Loisirs - Médium)

Dès 12 ans

Sélectionné pour le Prix Sorcières 2013
Catégorie Romans Ados



Julia Billet est née en 1962 et réside actuellement en région parisienne même si elle préférerait s'installer à la campagne pour pouvoir se consacrer à l'écriture plus calmement. Elle écrit souvent la nuit et a ainsi pu produire, entre autres, "Salle des pas perdus", "Cri de guerre", "De silence et de glace". La mère de l'auteur, Tamo Cohen, passionnée de photographie, a été l'une de ces enfants de la Maison de Sèvres, cachée et sauvée grâce à elle et au réseau de l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants).


La Maison d'enfants de Sèvres (Hauts-de-Seine) fut fondée en 1941 dans une grande propriété qui, jusqu'à la guerre, abrita une communauté religieuse. Sous l'égide du Secours national, elle était, à l'origine, destinée à héberger des enfants de la région parisienne victimes de restrictions alimentaires. Mais elle a évolué, sous l'influence de sa directrice, Yvonne Hagnauer ("Goéland"), en refuge pour les enfants victimes de la guerre et des persécutions politiques. Au cours des années 1942 à 1944, elle a abrité jusqu'à plus de soixante enfants admis clandestinement, cependant que leurs parents subissaient la proscription et la déportation. L'équipe responsable de la Maison a voulu appliquer des formules nouvelles de gestion et d'éducation inspirées de différentes philosophies en développant le sens de la liberté et des responsabilités, et le respect de la vie et de la nature, autour d'activités telles que l'entretien des animaux, quelques tâches ménagères, le jardinage, la cuisine, la musique, la poterie, la couture, la décoration, le théâtre, l'imprimerie... mais aussi l'instauration de l'équivalent d'un tribunal et d'une cour suprême présidés par les enfants eux-mêmes. De nombreux instituteurs et animateurs ont participé à l'aventure, comme Marcel Marceau ("le Mime Marceau"), ou Paul-Emile Victor. La Maison fut rattachée aux services de l'enseignement de la Seine en 1949. En 1951, elle comptait environ cent trente enfants : enfants de déportés raciaux et politiques, orphelins de guerre, orphelins de père et/ou de mère, enfants de mères abandonnées, enfants de familles sinistrées, enfants de ménages dissociés, enfants en danger moral dans leur famille, enfants de familles ouvrières dont les conditions matérielles d'existence contrarient le développement normal, enfants présentant des troubles de l'émotivité provoqués par les événements de la guerre. La Maison de Sèvres n'était pas "spécialisée" comme l'était la plupart des centres créés pour le sauvetage des victimes de guerre. En 1958, la Maison emménage au Château de Bussières. Yvonne Hagnauer la dirigea durant vingt-neuf ans, jusqu'en 1970. Sous la direction d'"Orchidée", de 1970 à 1990, l'internat et le collège furent rattachés au département des Hauts-de-Seine. La Maison fermera ses portes en juin 2009. "Goéland" a été décorée de la médaille des Justes bien des années après la guerre.

(cf : "La guerre de Catherine" / Wikipedia)

Pétain et Laval

Contexte historique :
Le régime de Vichy est un régime politique français qui dura quatre ans, de 1940 à 1944, pendant l'Occupation nazie. Le chef d'Etat en est le maréchal Pétain. Il instaure un régime autoritaire qui rejette la république et la démocratie, "révolution nationale" résumée dans la devise "Travail, Famille, Patrie". Le gouvernement glorifie le travail traditionnel, apporte son aide financière aux familles nombreuses, exclut les Juifs de la communauté française et leur interdit nombreuses professions telles que militaire ou instituteur, contrôle la radio, la presse, les organisations de jeunesse, et s'appuie sur les associations d'anciens combattants. Pétain, poussé par Laval, engage une collaboration d'Etat avec l'Allemagne. En 1942, l'Etat français livre à l'Allemagne les Juifs étrangers de la zone libre. La police française apporte son concours aux Allemands pour les arrêter dans la zone occupée (rafle du Vel d'Hiv - Vélodrome d'Hiver - le 16 juillet 1942). Le régime incite également les jeunes Français à partir travailler en Allemagne, instaure le service du travail obligatoire (STO) et laisse la milice chasser les résistants et les Juifs. En 1944, les forces alliées débarquent en France. Le 9 août 1944, le Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle, déclare nul et non avenu le régime de Vichy. Le maréchal Pétain fuit en Allemagne. A l'issue de la guerre, il est arrêté, jugé et condamné à mort. Toutefois, en souvenir du héros de la Première guerre mondiale qu'il fut, le général de Gaulle décide de le gracier.

(cf : Vikidia)


L'histoire :
Rachel, élève médiocre et chahuteuse, est confiée, au début de la guerre, à la Maison d'enfants de Sèvres, en région parisienne, où elle reçoit un enseignement original qui l'épanouit totalement. "Goéland", la directrice de l'établissement, et "Pingouin", son époux, sont les pionniers d'une pédagogie nouvelle.
Malheureusement, nous sommes en guerre, et voici maintenant trois ans que Rachel, adolescente juive, n'a plus aucun contact avec ses parents. La loi de Pétain sur le statut des Juifs ne fait qu'accroître son inquiétude. "Pingouin", ayant repéré chez la jeune fille un véritable don pour la photographie, lui transmet sa passion pour cet art et lui confie un Rolleiflex. Cet appareil scellera à jamais le destin de Rachel...


Mon avis :
Voilà un ouvrage qui traite de la photographie de la première à la dernière page et qui ne nous en offre pas une seule, hormis celle de la couverture. Nous aurions été vraiment curieux d'accompagner de quelques clichés notre lecture de ce récit très original.
On pourrait regretter également que l'ensemble manque de rythme, d'aventures, d'intensité dramatique. Certaines scènes immortalisées par le fameux Rolleiflex auraient pu être plus percutantes. Mais l'auteur a choisi de traverser la guerre avec beaucoup de pudeur et de retenue. Son héroïne n'est, en effet, pas une actrice de cette guerre, mais une observatrice. Elle refuse de se voir en victime et de penser à ses parents. D'une écriture très belle et émouvante, Julia Billet nous décrit de très jolies rencontres, de touchantes histoires d'amitié, des enfants qui ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, des adolescents qui ne prendront conscience qu'après coup des dangers auxquels ils ont fait face et des risques que des adultes résistants et courageux ont prix pour eux au péril de leur vie.

Image par image, nous assistons indéniablement
à l'éclosion d'un magnifique papillon émergeant de sa chrysalide !


"LE FIL A RECOUDRE LES ÂMES" - Jean-Jacques Greif (L'Ecole des Loisirs - Médium)




"Le fil à recoudre les âmes"
Jean-Jacques Greif
(L'Ecole des Loisirs - Médium)

Dès 12 ans

Sélectionné pour le Prix Sorcières 2013
Catégorie Romans Ados



Jean-Jacques Greif, né en 1944, auteur de livres pour enfants et adolescents, a d'abord été rédacteur dans la publicité de 1970 à 1975, puis journaliste pour le magazine "Marie-Claire". Il a également enseigné le français et la physique, et a écrit de belles biographies de Mozart, Beethoven, Jeanne d'Arc ou Einstein. C'est lors d'un reportage à Hiroshima, en 1985, pour le magazine "Marie-Claire", à l'occasion du quarantième anniversaire du bombardement, qu'il a rencontré le pasteur Tanimoto (présent dans le livre), ainsi que deux jeunes filles opérées aux Etats-Unis. Il pensait à elles en créant le personnage de Yuriko.

Contexte historique :

  • Le 7 décembre 1941, le Japon attaque Pearl Harbor (Hawaï). A compter de cette date, aux Etats-Unis, cent vingt mille personnes, dont quarante mille jeunes gens de moins de vingt ans, vont être retenues dans des camps, derrière des barbelés, sous la surveillance de gardes armés, au seul motif qu'elles ont des ancêtres japonais (quelques-unes choisiront de repartir au Japon). Madame Roosevelt elle-même contestera l'utilité des camps et l'acte d'exclusion de 1924 qui empêchait les Japonais d'être naturalisés. Des prisonniers juristes ou amis de juriste ont tenté des actions en justice dès le début. L'une d'elles a abouti le 18 décembre 1944 quand la Cour suprême a donné raison à Mitsuko Endo. Aussitôt, le gouvernement a annulé le décret qui chassait les citoyens d'origine japonaise de la côte Ouest et a annoncé la fermeture progressive des camps. Les prisonniers libérés n'ont pas retrouvé leurs biens et sont repartis de zéro. L'acte d'exclusion des Orientaux a été aboli en 1952.
  • Le 6 août 1945, Hiroshima, ville du Japon, devient universellement connue pour avoir été la cible du premier bombardement nucléaire de l'Histoire. L'explosion rase instantanément la ville. On estime le nombre de morts à 250 000.

L'histoire :
Kenichiro, dit "Ken", est un adolescent américain de treize ans tout à fait ordinaire. Il vit confortablement à Los Angeles avec son père, chef d'entreprise, sa mère et sa petite soeur. Jusqu'à ce terrible 7 décembre 1941 lorsque les Japonais attaquent Pearl Harbor. Sur le territoire américain, une chasse aux "sales Japs" est engagée. Ainsi, des milliers d'Américains d'origine japonaise, comme kenichiro, et de Japonais installés aux Etats-Unis depuis des décennies, comme ses parents, sont arbitrairement soupçonnés d'espionnage, et deviennent soudain des ennemis. Le père de Kenichiro est arrêté par le FBI et envoyé dans un camp dans le Montana. Cinq mois plus tard, en 1942, alors que Kenichiro doit présenter à sa classe son exposé sur les loutres de mer, c'est à son tour et celui de sa mère et de sa soeur, de rassembler leurs affaires dans deux valises chacun et de partir. Dans des lettres adressées à Mrs Moore, son professeur d'anglais, Kenichiro raconte son périple jusqu'au camp de Gila River, en plein désert d'Arizona, et son départ pour le Japon en 1943. A Ibara, au Japon, il croise le chemin d'une fille, Yuriko, certes plus jeune que lui, mais qui va lui apprendre tant sur la vie et la nature...

Mon avis :
Cet ouvrage bien documenté évoque un épisode stupéfiant et peu connu de l'Histoire, celui du sort réservé aux Américains d'origine japonaise et aux Japonais installés sur le sol américain, après l'attaque de Pearl Harbor en 1941.
D'abord roman épistolaire bourré d'anecdotes tantôt drôles, tantôt émouvantes, le texte aux mots justes et sensibles devient Journal intime. Il monte alors progressivement en profondeur et en intensité avec l'arrivée de la famille au Japon, la confrontation entre deux cultures que tout oppose, la guerre et la suspicion en toile de fond, mais aussi, tout en délicatesse et en pudeur, de jolies rencontres et de très belles pages de poésie. Puis soudain, nous explose à la figure le récit de l'horreur d'Hiroshima. Sous nos yeux, une fillette découvre avec incrédulité l'enfer. C'est dur. Effroyable. Mais c'est hélas une réalité qu'il est nécessaire de connaître. Le sentiment de culpabilité et les chaînes de solidarité d'un grand nombre d'Américains qui se créent autour des victimes japonaises laissent une impression étrange de gêne et d'admiration.

Un livre remarquable tant pour les ados que pour les adultes !


"La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l'utilisation intelligente des conquêtes de l'homme."
Albert Camus
Combat, 8 août 1945



vendredi 21 décembre 2012

"LES ROMANS DURS" - Georges Simenon (Omnibus)


"Les Romans durs"
12 volumes
Georges Simenon
(Omnibus)

Ados / Adultes


"Cher Père Noël,


Je sais que tu es gentil et généreux, mais que tu n'es pas riche. Toutefois, si un jour tu gagnais beaucoup d'argent, voici un cadeau que je rêve de recevoir.

Bon courage pour la toute proche nuit de Noël !

Je t'embrasse,
Moka"


Georges Simenon est né à Liège (Belgique) en 1903 et mort à Lausanne (Suisse) en 1989. L'abondance et le succès de ses romans policiers (notamment les "Maigret") éclipsent en partie le reste d'une oeuvre beaucoup plus riche. D'abord journaliste, auteur sous différents pseudonymes de romans populaires, il créa en 1931 le personnage de Maigret qui le rendit universellement célèbre. Il publia sous son nom plus de 200 romans, 155 nouvelles et 25 textes autobiographiques.




SIMENON ECHAPPE A MAIGRET
DANS SES "ROMANS DURS"
Eric Lobiot (L'Express) - Extraits du billet publié le 9 août 2012

Dans ses "romans durs", l'écrivain s'affranchit du fameux commissaire et des codes du polar. Pour mieux renouer avec sa grande obsession : la peinture de l'homme nu et seul au monde.
Le label "roman dur", apposé sur certains livres de Georges Simenon, indique ceux où le commissaire n'apparaît pas et dans lesquels l'auteur élargit son champ dramatique et littéraire pour attaquer le drame au plus profond et s'affranchir des codes d'une enquête policière par trop contraignants. Avec Maigret, Simenon se sentait parfois en vacances et faisait le métier en professionnel de la plume ; ici, il prend la littérature à bras-le-corps, invente des modèles stylistiques, dépeint des héros au coeur noir, plonge dans les ombres de l'âme humaine et, plus que jamais, affiche sa devise d'écrivain : "Comprendre mais pas juger". Il brise le cliché de l'écrivain de ligne droite : 117 "romans durs" parus entre 1931 et 1972, date à laquelle Simenon mit fin à sa carrière romanesque. Des histoires situées aux quatre coins du monde - Etats-Unis, Venise, La Rochelle, Gabon... -, écrites ici ou là au gré des pérégrinations de l'auteur, qui n'a jamais totalement abandonné sa casquette de reporter, et, comme d'habitude, menées à leur fin en quelques semaines.


Mon avis :
J'aime Simenon parce que Jules Maigret, Hercule Poirot, Jane Marple et Sherlock Holmes me divertissent et me font du bien, et je ne me refuse pas ces instants-là.
J'aime Simenon parce que, dans ses "romans durs", il tombe le masque et se révèle. Il révèle le brillant écrivain, bien sûr. Un auteur dont l'écriture et les histoires vous happent et vous prennent aux tripes est évidemment un grand écrivain. Son regard est d'une lucidité impitoyable sur ses congénères, femmes ou hommes, sur lui-même, sur nous-mêmes. Nous avons tous notre part d'ombre, d'égoïsme et de perversité. Simenon observe avec pessimisme et gravité le monde dans lequel nous vivons. Un monde sombre. Cruel.
Sans doute parce que je ne me sens pas vraiment à ma place dans ce présent, ses descriptions réalistes, et sans concession, d'une époque révolue, d'une France qui n'existe plus, provoque en moi l'étrange nostalgie d'un temps qui m'est inconnu.
Une littérature qui me donne la chair de poule et qui me fait vibrer de toutes les émotions. C'est cette littérature que j'aime !


"Simenon, c'est Balzac moins les longueurs" - Marcel Aymé

"J'adore lire Simenon, il me fait penser à Tchekhov." - William Faulkner

"Je ne trouvais plus rien d'aussi bon à lire pour meubler les heures creuses de la journée ou de la nuit jusqu'à la parution des premiers bons livres de Simenon." - Ernest Hemingway


"Maître des profondeurs, Simenon avait un style d'une grande simplicité. C'était un écrivain aussi à l'aise avec la réalité qu'avec la fiction, avec la passion qu'avec la raison. Par-dessus tout, il inspirait cette confiance que les lecteurs réservent aux romanciers qu'ils vénèrent." - John Le Carré



"Je ne pensais pas qu'il était possible d'être à la fois aussi populaire et aussi bon."
Henry Miller
                                                 

"LES ENQUÊTES DE SHERLOCK HOLMES" - Texte et énigmes : Tim Dedopulos (Hachette)


"Les énigmes de Sherlock Holmes"
Texte et énigmes : Tim Dedopulos
Conception graphique : James Pople
(Hachette)

Pour tous


Cent cinquante énigmes proposées par un "Sherlock Holmes" malin, joueur et retors à souhait. Touchant tous les domaines et tous les âges, ces énigmes sont réparties en quatre difficultés : Classique - Simple - Perfide - Diabolique. A chacun son talent !
Joliment présenté comme un livre ancien aux illustrations "XIXème siècle" ravissantes, ce recueil nous invite à développer, de manière très ludique, de nombreuses qualités : réflexion, observation, déduction, perspicacité, logique, sens de l'analyse, connaissances générales, résolution de problèmes...

Une façon très intelligente de divertir toute la famille en attendant le Père Noël !


"LE CHAPEAU DE M. BRIGGS" - Kate Colquhoun (Christian Bourgois)


"Le chapeau de M. Briggs"
Kate Colquhoun
(Christian Bourgois)

Ados / Adultes





Kate Colquhoun, historienne de formation, vit à Londres avec son mari et ses deux enfants.

L'histoire :
9 juillet 1864, à Londres. Le train de 21h45 a du retard. En gare de Hackney, à mi-parcours, le chef de train, impatient de siffler le départ, entend des cris provenant d'une voiture de Première Classe. Deux passagers viennent de découvrir avec horreur, dans leur compartiment, de nombreuses taches de sang encore frais. La lanterne du chef de train révèle également un sac de cuir noir, une canne surmontée d'un pommeau d'ivoire, et un chapeau noir. Plus tard dans la nuit, le corps de la victime sera retrouvé, gisant entre les voies. Un certain Thomas Briggs...

Mon avis :
Cet ouvrage n'est pas un roman mais le récit complet, fouillé, très documenté, du premier meurtre commis à bord d'un train anglais. C'est une autopsie extrêmement méticuleuse et méthodique d'un homicide et de ses incidences sur la société victorienne, et au-delà des frontières britanniques. Malheureusement, ce foisonnement de détails, d'informations, d'énumérations de noms (de personnages et de lieux), d'explications rigoureuses, bien que passionnant et instructif, alourdit le texte et la compréhension du sujet. Une approche plus légère et romanesque de ce fait divers sensationnel aurait ouvert la lecture à un plus large public sans pour autant nuire au souci d'exactitude et au travail remarquable de l'auteur.

A découvrir néanmoins avec beaucoup de curiosité,
comme un document de très grande qualité !


"VELVET" - Mary Hooper (Les Grandes Personnes)


"Velvet"
Mary Hooper
(Les Grandes Personnes)

Dès 12 ans


Mary Hooper, qui vit en Angleterre, écrit depuis plus de vingt ans des romans dont la toile de fond est souvent historique. Elle est, entre autres, auteur de "Waterloo Necropolis" (Sélection Prix Sorcières 2012 et Sélection Prix des Incorruptibles 2013/2013) et de "La messagère de l'au-delà".

Retrouvez "Waterloo Necropolis" dans ce blog à "Octobre 2011"

L'histoire :
Velvet est une jeune orpheline de seize ans. Son père, un être égoïste et cruel, s'est noyé un soir de beuverie il y a un an et Velvet, qui n'a rien tenté pour le sauver, se sent, depuis, terriblement coupable. Pour un salaire de misère, elle travaille très dur à la blanchisserie Ruffold, réputée pour son sérieux. Epuisée, après plusieurs évanouissements, Velvet risque d'être renvoyée. Mais la sévère Mrs Sloane a néanmoins pitié d'elle et lui confie le linge de clients fortunés. Une catastrophe sur un chemisier appartenant à Madame Natasha Savoya, la plus célèbre voyante de Londres, va changer le cours de sa vie...

Mon avis :
Comme pour chacun de ses romans, Mary Hooper se base sur des faits historiques. Elle situe celui-ci dans une période qu'elle affectionne tout particulièrement : celle de l'Angleterre victorienne et édouardienne. Ce récit, romanesque et haletant, décrit à merveille l'engouement de tout un pays, à cette époque, pour les médiums et les séances de spiritisme, y compris au sein de la famille royale et parmi les membres les plus éminents de la société britannique (comme l'écrivain Arthur Conan Doyle, par exemple). De nombreux escrocs ont profité de cet âge d'or. Mary Hooper dévoile de manière passionnante les ficelles de ces mystificateurs. Elle revient également sur un sujet qui lui tient beaucoup à coeur : à l'heure de l'idéal victorien et de la sanctification de la famille, la situation des mères célibataires, et surtout de leurs enfants qu'elles doivent confier à des nourrices sans scrupules, est atroce, et les "fermières de bébés" ont, hélas, réellement existé.

Un roman totalement envoûtant !


"CADEAU MORTEL - CINQ NOUVELLES POLICIERES" - Collectif d'auteurs (Rageot)




"Cadeau mortel - Cinq nouvelles policières"
Collectif d'auteurs
(Rageot)

Dès 12 ans



"Réveillon chez Magali" de Lorris Murail
Entre les huîtres et la bûche, une famille se déchire pour un héritage mystérieux...
Nostalgie. Tendresse. Magie de Noël. Poésie. Très beau !

"Du sang sur la neige" d'Evelyne Brisou-Pellen
Quatre amis, coincés dans un chalet de montagne en pleine tempête de neige, vont vivre leur pire Noël...
Captivant et effrayant. Juste parfait !

"L'habit rouge" de Sarah K.
Une curieuse rencontre le soir de Noël, et les souvenirs ressurgissent...
Terrifiant !

"Comment j'ai tué mon grand-père" de Catherine Missonnier
Dîner de Noël éprouvant chez un richissime et tyrannique grand-père...
Machiavélique et efficace !

"Lettres au Père Noël" de Stéphane Daniel
Qui se cache donc sous ce costume de Père Noël devant la vitrine d'un grand magasin ? Qui s'en soucie d'ailleurs ?
Un joli conte très émouvant !


vendredi 16 novembre 2012

"LE MARIN AMERICAIN" - Karsten Lund (Babel) - Danemark


"Le marin américain"
Karsten Lund
(Babel)
Danemark

Ados / Adultes


Karsten Lund est né en 1954. Parallèlement à son travail d'écrivain, il est journaliste pour la chaîne de télévision danoise TV2. "Le marin américain" paru chez Gaïa en 2009 a reçu le Prix Gens de mer - Etonnants voyageurs 2009.

L'histoire :
Un homme, Esben, hanté par son histoire familiale qui se chuchote de génération en génération, veut des réponses aux différents points d'interrogation. Pour cela, il entreprend un voyage qui le ramène à Skagen, un village de pêcheurs, la source, l'embryon d'une épopée familiale, là où son grand-père Anthon vit le jour en 1903.
Ane et Jens Peter Christensen étaient mariés depuis plusieurs années et très amoureux. Malheureusement, à leur bonheur manquait un enfant. Le médecin du village et quelques femmes avisées comprirent que le problème venait de Jens Peter. Mais on ne parlait pas de ces choses-là à un homme à cette époque. Alors, que faisaient les épouses dans cette situation ? Elles trouvaient une solution dans la plus grande discrétion et la plus grande prudence. Discrétion et prudence qu'oublia Ane.
Un soir, après un violent naufrage, un seul survivant fut retrouvé. Le lieu le plus proche pour installer le blessé était la maison d'Ane. Jens Peter était en mer, mais Ane accepta toutefois d'accueillir chez elle, pour la nuit, ce très bel Américain aux cheveux et aux yeux noirs,et à la peau mâte. Tout le contraire, est-il nécessaire de le préciser, du type norvégien de Jens Peter.
Le lendemain matin, le marin avait disparu. Et neuf mois plus tard, le couple Christensen eut un fils, Anthon, un bébé aux cheveux et aux yeux noirs. Dans cette petite communauté régie par un protestantisme luthérien rigoureux, personne ne fut dupe. On ne s'expliquait toujours pas la disparition soudaine du marin américain à peine remis de ses blessures, mais petit à petit, on l'oublia. Anthon le remplaçait. Derrière son dos, on l'appelait "l'Américain"...

Mon avis :
Une saga familiale construite comme une enquête journalistique qui nous offre un océan d'émotions. Un voyage passionnant dans le passé. Un formidable témoignage de la vie quotidienne des pêcheurs et de leurs familles. Les premiers pas dans le XXème siècle où tout évolue, tout change. Un livre à la fois haletant et très émouvant qui se dévore d'une traite.

Délicieux !


"LA TRILOGIE DES NESHOV" - Anne B. Ragde (10/18) - Norvège


"La Trilogie des Neshov"
Anne B. Ragde
(10/18)
Norvège

Ados / Adultes


Anne B. Ragde :
Dans son pays, Anne B. Ragde est une star. Sa "Trilogie des Neshov" s'y est vendue à plus d'un million d'exemplaires. L'histoire repose sur des ressorts universels, la famille et les secrets.
Née en 1957 en Norvège, elle a commencé sa carrière littéraire en publiant des romans pour enfants. Elle a ensuite connu un succès d'estime avec une très belle biographie de sa compatriote Sigrid Undset ("La femme fidèle", "Le buisson ardent"), l'une des romancières nordiques les plus célèbres et Prix Nobel de Littérature en 1928. Mais c'est sa trilogie sur les Neshov qui lui apporte la gloire. Des millions d'exemplaires sont vendus dans le monde et le feuilleton télévisé qui en est tiré enchante les téléspectateurs norvégiens. Elle est également lauréate du Prix Riksmal (équivalent du Goncourt français).


"La terre des mensonges"

L'histoire :
A quelques jours de Noël, les membres de la famille Neshov, devenus des étrangers les uns pour les autres depuis des années, sont contraints de se faire à nouveau face au chevet d'Anna, leur mère mourante.
Le père, Tormod, n'a jamais été qu'une ombre dans ces lieux austères, dirigés par la mère, véritable despote.
Tor, le frère aîné, 55 ans, taciturne et rustre, s'épuise à s'occuper seul de la ferme et de ses parents.
Margido, 52 ans, froid et volontairement solitaire, dirige une entreprise de pompes funèbres et n'a pas remis les pieds à la ferme depuis sept ans.
Erlend, 40 ans, beaucoup plus jeune que ses frères, a quitté la Norvège pour le Danemark où il est décorateur de vitrines. Au-delà de ses caprices et de ses extravagances, c'est un homme généreux et sensible. Il partage son amour de la vie depuis douze ans avec Carl, journaliste et rédacteur en chef d'un journal de Copenhague. Son homosexualité est en partie la raison de son départ de la ferme il y a vingt ans.
Torunn Breiseth, 37 ans, assistante vétérinaire à Oslo, est la fille de Tor Neshov. Père et fille ne se côtoient par téléphone que depuis deux ans, et Torunn n'était jamais venue à la ferme jusqu'à ce jour...

Mon avis :
Alors que les gens préparent Noël, alors qu'ils se pressent sous la neige, les bras chargés de paquets chatoyants, dans les boutiques illuminées, pour leurs derniers achats, alors que les maisons se parfument d'épices et que les feux crépitent dans les cheminées, les Neshov souffrent, chacun à leur manière, et pour des raisons différentes que nous découvrons au fil des pages.
Une histoire intense, très bien écrite, se déroule sous nos yeux. Derrière les paillettes scintillantes de Noël et la beauté virginale de la nature norvégienne, il y a la noirceur des Hommes, les démons du passé, le choc des révélations. Mais aussi une infinie tendresse, une grande sensibilité, et de délicieux moments d'humour et d'émotions.


"La ferme des Neshov"

L'histoire :
Après la mort de la tyrannique Anna Neshov et les bouleversantes révélations, la vie doit reprendre son cours. Une nouvelle année commence. Mais plus rien n'est comme avant pour  les frères Neshov. Ils vont devoir confronter leurs douleurs intimes, dont on pressent bien qu'elles viennent de l'enfance, l'histoire familiale passée, et l'arrivée de Torunn...

Mon avis :
Le personnage d'Erlend, particulièrement attachant et drôle, apporte de la fraîcheur à cette extraordinaire aventure romanesque qui mêle passions et coups de théâtre, et qui monte en puissance et en intensité. Alors qu'un événement merveilleux s'annonce, le point final de ce second volume est terrifiant. Le suspense est à son comble. Vite ! Au troisième tome sans plus attendre !


"L'héritage impossible"

L'histoire :
Un épisode cruel et douloureux va totalement désorienter les membres de la famille Neshov, incapables de prendre une décision quant à l'héritage bien trop lourd émotionnellement pour eux. L'univers de chacun est proche de basculer. Aussi, les masques vont-ils tomber un à un. Les frères révèlent leur indifférence, leur égoïsme, leur cynisme. Quant à Torunn, elle s'enfonce de plus en plus dans le sentiment de culpabilité, se laisse dévorer par les responsabilités croissantes, et refuse les rares mains tendues...

Mon avis :
L'auteur souligne bien les difficultés d'hériter d'une exploitation agricole. Il ne s'agit pas là d'hériter d'une somme d'argent, ou d'un bien mobilier ou immobilier, mais d'hériter d'un métier, d'une terre, d'animaux, d'une vie entièrement consacrée au travail. Soit on accepte et on renonce à tout le reste. Soit on refuse. Mais quelque soit le choix, aux questions financières et matérielles s'ajoutent des questions morales et intimes. Un dernier volume sombre, redoutable et désespéré qui nous épargne la mièvrerie des "happy end" mais qui nous secoue par son réalisme. Sublime !


Lecture d'hiver par excellence (et d'excellence !), on se délecte de bout en bout de cette trilogie féroce, authentique et magnifique !


"REVOLVER" - Marcus Sedgwick (Thierry Magnier) - Grand Nord / Suède



"Revolver"
Marcus Sedgwick
(Thierry Magnier)
Grand Nord / Suède

dès 11 ans


Marcus Sedgwick (1968) est né et a grandi en Angleterre. Il est l'auteur de romans pour grands ados. Ses livres sont très fréquemment sélectionnés pour des prix littéraires et il a reçu plus de trente récompenses. Après une carrière dans l'édition, il se consacre désormais uniquement à l'écriture. Il travaille aussi régulièrement avec son frère cinéaste, Julian.

L'histoire :
En 1899, la famille Andersson arrive à Nome, en Alaska, avec le rêve naïf de découvrir de l'or et de faire fortune.
Aujourd'hui, en 1910, ils sont installés à Giron (Kiruna de nos jours), dans la Laponie suédoise. Le père, Einar, et le fils, Sigfried, sont employés dans une mine de fer. La mère, Maria, est décédée depuis plusieurs années. Le père s'est remarié avec Nadya, à peine plus âgée que sa fille, Anna.
Tous les quatre vivent au coeur de l'immense désert glacé du Grand Nord, entre le lac et les forêts, et les montagnes au loin, dans une cabane qui appartient à la Compagnie, Les Mines Bergman. Contrairement à leurs espoirs d'antan, ils n'ont pas la moindre richesse.
C'est l'hiver (sept mois par an). Le père est sorti depuis maintenant trop longtemps. Inquiet, Sigfried, seize ans, part à sa rencontre. Mais c'est un corps sans vie qu'il retrouve. Un accident qu'avec son expérience son père aurait pu éviter. Et le seul trésor dont la famille hérite, c'est le revolver Colt de leur père...

Mon avis :
Un roman d'aventure formidable, sorte de western transposé dans le Grand Nord au temps de la ruée vers l'or, et construit de manière originale autour d'un revolver. Au-delà d'une histoire familiale haletante, sans pour autant ouvrir un débat qui n'aurait pas de fin, l'auteur nous invite à réfléchir, à titre individuel, sur le pouvoir et la fascination qu'exercent les armes à feu sur nombre d'entre nous et le danger de leur facilité d'utilisation. Lorsque l'on possède une arme chez soi, il y a inévitablement des choix à faire, bons ou mauvais.


Ce livre captivant et intelligent est à découvrir par toute la famille !


"GRAND-PERE ET LES LOUPS" - Per Olov Enquist (La Joie de Lire) - Suède



"Grand-père et les loups"
Per Olov Enquist
(La Joie de Lire)
Suède

dès 9 ans


Per Olov Enquist est né en 1934. Son père meurt lorsqu'il est encore enfant. Il est élevé par sa mère au sein d'une famille où la religion luthérienne dicte des principes d'éducation très strictes. Il entame des études de philosophie, tout en devenant champion de saut en hauteur. De 1955 à 1964, il étudie à l'Université d'Uppsala et consacre sa thèse aux romans policiers de Thornsten Johnsson. Il publie son premier roman, "L'oeil de cristal" en 1961. Très vite, le roman documentaire devient sa forme de prédilection. Il allie expériences vécues, souvenirs et témoignages. Il écrit aussi bien sur l'enfermement, le rapport père-fils ou le sport. En 1968, il publie "L'extradition des Baltes" qui raconte la déportation d'un groupe de soldats pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il utilise alors des articles de presse, des interviews, des lettres et va jusqu'à expérimenter une grève de la faim pour mieux comprendre les conditions de vie de ses personnages. A partir de 1975, Per Olov Enquist explore d'autres formes littéraires. Il publie sa première pièce de théâtre consacrée à August Strindberg, "La nuit des Tribades", et "Chez nous" en 1977 pour le Royal Dramatic Theater de Stockholm. Il s'engage dans le journalisme politique et s'oppose notamment, en 1989, à l'Union Européenne, pensant que l'entrée de la Suède dans l'Europe entraverait son indépendance dans la mesure où sa voix serait minoritaire.
Per Olov Enquist compte parmi les plus grands auteurs de la littérature scandinave contemporaine. Ses pièces ont été jouées sur les plus grandes scènes internationales, dont Broadway. Son oeuvre est traduite dans le monde entier. Il est membre de l'Académie des arts de Berlin et a reçu le Grand Prix de littérature du Conseil nordique et le Prix de l'Etat autrichien pour la littérature européenne en 2010.

L'histoire :
Mina, jolie petite fille de 6 ans, a une imagination si débordante qu'elle se convainc elle-même que ses histoires sont bien réelles. Sa famille, exacerbée, ne l'écoute plus. Pourtant, cette nuit, elle a vraiment été mordue aux fesses par un crocodile vert, comme celui du polo de papa. Une seule personne la prend au sérieux : son grand-père.
Deux jours plus tard, Grand-père, Gunilla (sa femme), les quatre enfants (Mina et sa petite soeur de 4 ans, Moa ; et les cousins Ia, 9 ans, et Marcus, 5 ans), Mischa (la vieille et intelligente chienne de Grand-père), et Elsa (jeune chiot, cadeau de Grand-père à Mina) partent en expédition. Ils vont gravir la "Montagne aux trois grottes" où aventures et surprises les attendent...

Mon avis :
Un voyage initiatique pour les enfants où, avec l'aide des animaux, ils vont affronter leurs peurs, découvrir la puissance de la Nature et le respect qu'il faut lui montrer. Ils ont dû faire preuve de courage et prendre des initiatives. Tous, y compris Grand-père, reviendront transformés et heureux de partager ensemble le même secret.


Un conte profond, drôle et chaleureux. Et un grand-père fabuleux ! Il est temps de gravir, à notre tour, la "Montagne aux trois grottes" !


lundi 15 octobre 2012

"HISTOIRES DE FANTÔMES" ("GHOST STORIES") - Pocket/Bilingue/Langues pour tous



"Histoires de fantômes"
"Ghost Stories"

(Pocket / Bilingue / Langues pour tous)

dès 9 ans





1. "The Tapestried Chamber" - "La chambre aux tapisseries"
Walter Scott (1771 - 1832)
Walter Scott était un écrivain écossais aux talents multiples : il a traduit des oeuvres de l'allemand, écrit des histiographies et des poèmes, mais il est, avant tout, considéré, dans l'histoire de la littérature, comme le père du roman historique. ("Ivanhoe" en 1819)

Deux frères d'armes se retrouvent après la guerre dans la magnifique propriété de l'un deux...

Une écriture riche et savoureuse.
Une ambiance gothique remarquablement rendue.
Histoire totalement captivante et haletante !


2. "The Legend of Sleepy Hollow" - "La légende du Val Dormant"
Washington Irving (1783 - 1859)
Washington Irving est considéré comme l'un des "pères fondateurs" de la littérature américaine. Il est le premier écrivain américain qui ait pu vivre de sa plume et le premier également qui ait été connu et reconnu en Europe.

Un maître d'école face aux légendes locales...

Un texte un peu bavard mais angoissant !





A voir :
"Sleepy Hollow : La légende du cavalier sans tête"
Film de Tim Burton avec Johnny Deep, Christina Ricci, Christopher Walken...





3. "The Judge's House - "La maison du juge"
Bram Stoker (1847 - 1912)
Grâce à "Dracula", l'un des personnages littéraires que l'on retrouve le plus fréquemment dans les histoires et dans les films, l'écrivain irlandais Bram Stoker est définitivement passé à la postérité.

Révisions apocalyptiques pour un jeune étudiant en Mathématiques...

Un rythme soutenu.
Une écriture remarquable.
Diablement cauchemardesque !


Un véritable bonheur littéraire !



"L'AUTO-STOPPEUR'" de Anthony Horowitz (Le Livre de Poche Jeunesse)



"L'auto-stoppeur"
9 nouvelles noires
pour nuits blanches
Anthony Horowitz
(Le Livre de Poche Jeunesse)

dès 9 ans




1. L'auto-stoppeur
Ou la peur de l'autre...
Chair de poule assurée !

2. L'ascenseur
Un garçon disparaît dans un ascenseur pourtant bondé de monde...
Effroyablement efficace !

3. Le son du meurtre
Qui est donc cet étrange professeur Spencer qui effraie tant la jeune collégienne Kate ?
Terrorisant !

4. Brûlé
Mais qu'arrive-t-il donc à l'oncle Nigel ?
Ecran total d'horreur !

5. Vol 715
Cauchemar ou prémonition ?
Angoissant !

6. Le paradis d'Howard
Où est l'Enfer ? Où est le Paradis ?
Humour noir !

7. Abonné absent
Qu'y a-t-il derrière la sonnerie de Bach de cet antique téléphone portable ?
Macabre !

8. Twist Cottage
Rumeur ou réalité ?
Terrifiant !

9. La plus courte histoire d'horreur jamais écrite
Jeu diabolique !

Une petite merveille, comme d'habitude chez Horowitz !


Retrouvez Anthony Horowitz sur ce blog à :
Mai 2011 pour "La photo qui tue - Neuf histoire à vous glacer le sang"
Juin 2011 pour "Le Diable et son valet"
Décembre 2011 pour "La maison de soie"



dimanche 7 octobre 2012

"LA SOLITUDE LUMINEUSE" de Pablo Neruda (Folio) - Chili

"La solitude lumineuse"
Pablo Neruda (Folio)
Chili

(Ados / Adultes)


Pablo Neruda :
Né à Parral en 1904 et décédé en 1973 à Santiago, au Chili.
Poète chilien, il est l'auteur de poèmes d'amour ou d'inspiration sociale et révolutionnaire. Voyager, écrire, militer, sont les fils conducteurs de sa vie. 
(Le Chant général, 1950 ; La Centaine d'amour, 1959)

Prix Nobel de Littérature en 1971

"La solitude lumineuse" est tiré de "J'avoue que j'ai vécu" (Folio), les mémoires de Pablo Neruda parues en 1974, un an après sa mort.


Mon avis :

"La solitude lumineuse" est un cadeau que nous fait Pablo Neruda. L'écrivain se souvient de l'année 1929 et nous offre pêle-mêle des images, des photographies, des instants, des parfums... Il se remémore la fête en l'honneur de Kali à Bombay, le zoo de Singapour, le temple du Serpent de Penang, les statues de Bouddha au coeur de la forêt, les souffrances et les luttes des peuples, son ami Gandhi, sa rencontre avec Leonard Woolf (époux de Virginia Woolf), l'opium, ses amours, sa mangouste apprivoisée...
Neruda nous explique qu'à chacun de ses postes, il refusait de s'installer parmi les colonisateurs, car il était là "pour vivre avec les héritiers du monde ancien". De ce fait, il s'isolait. Mais le poète décrit une "solitude" douce, légère, apaisante, "lumineuse", qui invite à la réflexion et à la remise en question. Les mots sont délicieux. Sous sa plume, tout n'est que poésie. La nostalgie, la tendresse, la magie de l'Inde, sa passion pour l'Extrême-Orient, opèrent incontestablement sur Neruda, et opèreront sur l'ensemble de son oeuvre.

On tourne à grand regret la dernière page de ce texte chargé de tant d'humanité !


SANTIAGO GAMBOA, Colombie / SANTIAGO RONCAGLIOLO, Pérou


"Perdre est une question de méthode"
Santiago Gamboa (Points)
Colombie

(Ados / Adultes)

Né en 1966, journaliste à Radio France Internationale, attaché culturel de la Colombie à l'Unesco.
"Perdre est une question de méthode" est une illustration de la corruption à tous les étages de la société, menée par des politiciens véreux. Le texte fait aussi référence à nombreux illustres auteurs tels que Vicki Baum, Cioran, Goethe, Malcolm Lowry ("Au dessous du volcan"), Luis Sepulveda, Virginia Woolf, Graham Greene...
Le roman a été adapté au cinéma en 2004 par Sergio Cabrera.



"Avril rouge"
Santiago Roncagliolo (Points)
Pérou

(Ados / Adultes)

Né en 1975, scénariste pour la télévision et le cinéma, traducteur et critique littéraire.
"Avril rouge", son premier roman, a reçu en 2006 le Prix Alfaguara, maison d'éditions très présente en Amérique latine.
Ce roman évoque le conflit qui a traumatisé le Pérou : la lutte entre l'armée et la guérilla maoïste du Sentier lumineux, de 1980 à 2000.


Points communs entre ces deux romans :

Intelligence. Références culturelles et littéraires. Travail de documentation. Qualités d'écriture. Humour noir. Chaleur. Sueur. Tabac. Alcool. Filles faciles. Verbe cru. Corps à nu. Impudeur. Corruption. Violence. Survie. Croyances. Exubérance. Excès. Délires.

Lectures idéales pour les amateurs d'Almodovar et des ambiances latines sensuelles et tactiles.