lundi 2 mai 2011

LA MAISON SUR LE RIVAGE, de Daphné Du Maurier (Le Livre de Poche)


 
LA MAISON SUR LE RIVAGE
de Daphné Du Maurier
(Le Livre de Poche)

Daphné Du Maurier :
Née à Londres en 1907, fille de l'acteur Sir Gerald Du Maurier, petite-fille de l'écrivain et dessinateur George Du Maurier, ami de Henry James, Daphné Du Maurier écrit des nouvelles depuis l'âge de dix-huit ans. En 1931 paraît son premier roman "La Chaîne d'amour". En 1932, elle épouse le Général Sir Frederick Browning dont elle aura trois enfants. Deux de ses livres sont portés à l'écran par Alfred Hitchcock, "L'Auberge de la Jamaïque" et "Rebecca". Puis, sa nouvelle "Les Oiseaux" devient également très célèbre grâce au film de Hitchcock. Daphné Du Maurier décède en 1989 en Cornouailles.

A lire aussi "Le Monde Infernal de Branwell Brontë" (Phébus), biographie écrite par Daphné Du Maurier sur l'unique frère des soeurs Brontë Charlotte, Anne et Emily.

L'histoire :
Richard Young et Magnus Lane sont amis depuis l'université. Tous deux proches de la quarantaine, Magnus est aujourd'hui professeur de biophysique à l'Université de Londres, célibataire, ne vivant que pour ses recherches. Richard, lui, est en pleine crise existentielle. Il vient de quiter son métier d'éditeur sans autre projet. Son mariage d'à peine trois ans avec Vita, américaine, mère de deux garçons d'une précédente union, et qui ne rêve que de vivre à New York, part à vau-l'eau. Alors, quand son ami Magnus lui propose de participer à une expérience, il accepte. Profitant du départ en vacances aux Etats-Unis de sa femme et des garçons, Richard s'installe dans la maison familiale d'été de Magnus, en Cornouailles, et avale la première dose d'une drogue conçue par son ami biophysicien. Et le voilà transporté sur les mêmes terres de Cornouailles, mais au XIIIème ou XIVème siècle, dans un couvent médiéval français appelé "La Maison du Rivage"...

Mon avis :
Passionnante, haletante, machiavélique, effrayante, cette histoire nous plonge dans le passé, au coeur d'une famille du XIVème siècle, dans cette région de Cornouailles au climat rude. Secrets, complots, amours, vengeances... le suspense est tel que l'on se surprend à attendre du narrateur qu'il prenne une dose supplémentaire de cette substance inconnue pour suivre les aventures de cette communauté médiévale. Les retours au présent sont douloureux, tant la vie réelle de Richard est déprimante. L'expérience est exaltante. Mais elle met bien le doigt sur les revers de la drogue. Ce roman est époustouflant de maîtrise tant dans sa construction, la chronologie des événements, la description précise des décors, de la géographie et du climat, les références historiques, que dans la psychologie et la complexité de chacun des personnages, du passé comme du présent.

Un oeuvre magnifique à lire passionnément...

LE JEU DE LA MORT, de David Almond (Gallimard Scripto)



LE JEU DE LA MORT
de David Almond
(Gallimard Scripto)

David Almond :
"J'ai grandi, raconte David Almond, dans une petite ville située au bord d'une rivière, entourée de landes et d'anciens puits de mine. Notre vie était empreinte de mystère et d'événements inattendus. Le lieu et les gens qui y vivaient m'ont beaucoup inspiré pour imaginer mes histoires. J'ai toujours voulu écrire, et si ce n'est pas toujours facile, c'est quelquefois un moment rare de magie !". David Almond a d'abord été postier, vendeur de balais, éditeur et enseignant. Un beau jour, dans les années 80, il a quitté son travail, vendu sa maison et a rejoint une communauté d'artistes et d'écrivains dans un manoir de Norfolk pour se consacrer entièrement à l'écriture. Il publie des livres aussi bien pour les adultes que pour la jeunesse. C'est avec "Skellig" (Flammarion), son premier roman pour la jeunesse, qu'il connaît un immense succès. Pour "Le Jeu de la Mort", il a reçu le Prix britannique Silver Smarties et le Prix américain Michael L. Prinz. Il a également publié chez Gallimard Jeunesse "Ange des Marais noirs" et "Le Cracheur de Feu" qui a été récompensé en Angleterre par le Carnegie Medal et le Prix Smarties en 2003.

L'histoire :
Après un départ de quelques années, et suite au décès de sa grand-mère, les parents de Kit Watson ont décidé de revenir sur la terre qui les a tous vus grandir, eux et toute leur famille depuis des générations, Stoneygate, une petite ville au bord d'une rivière entourée de landes et d'anciens puits de mine. En 1821, il y eut une explosion. Cent dix sept mineurs, tous des enfants âgés de 9 à 12 ans, moururent. La légende dit que leurs fantômes viennent régulièrement hanter les lieux et que seuls quelques "élus" peuvent les apercevoir. Depuis la catastrophe, la tradition veut que dans toutes les familles des victimes les descendants portent le prénom de leur jeune ancêtre. C'est ainsi que Christopher "Kit" Watson, 13 ans, peut lire sur le monument funéraire un nom identique au sien, ainsi que d'autres noms identiques à ceux de camarades du collège. Parmi eux, John Askew, 13 ans aussi, un adolescent gothique, sombre et inquiétant, qui a inventé l'effrayant et très secret Jeu de la Mort et dans lequel il entraîne Kit...

Mon avis :
Ce Jeu de la Mort n'est pas sans rappeler ces jeux tristement célèbres dans les cours de récréation, comme le Jeu du Foulard. Ce roman nous entraîne dans les profondeurs des anciens puits de mine, et même au-delà, à la recherche de nos liens avec notre plus lointain passé. Entre rêves et cauchemars, hallucinations et magie, fascination pour les fantômes et les esprits alimentée d'ailleurs par les adultes. Puis, lorsque le jeu tourne mal, il y a des coupables tout désignés, comme Askew le Diabolique. Il faut parfois attendre une véritable catastrophe pour qu'une communauté réagisse et bouge.

Nous ne sommes plus ici au coeur d'une très bonne littérature jeunesse mais d'une excellente littérature, saupoudrée de quelques clins d'oeil à Shakespeare, Chaucer et Andersen. David Almond est toujours à la frontière entre le surnaturel et la philosophie. Du grand art !