lundi 15 juillet 2019

Juillet 2019 - "Sur la plage ensoleillée..."




"Les Rois maudits" (L'Intégrale) de Maurice Druon (Plon)

Maurice Druon (Paris, 1918 - Paris, 2009) est un écrivain et homme politique français. Engagé pour la liberté, jeune officier de cavalerie, il participe au combat des cadets de Saumur contre la Wehrmacht en juin 1940. Il s'engage ensuite dans la Résistance et rejoint Londres en janvier 1943. Attaché au programme "Honneur et Patrie" de la BBC, il écrit alors avec son oncle, l'écrivain Joseph Kessel, les paroles du Chant des Partisans, que met en musique Anna Marly.

Elu à l'Académie française en 1966, ministre des Affaires culturelles sous la présidence de Georges Pompidou (1973-1974), il soulève contre lui les tenants d'un théâtre moderne, après avoir menacé de fermer les théâtres subversifs. Il est aussi un farouche adversaire de la féminisation de la langue française et de l'Académie (où il s'oppose, en vain, à l'entrée de Marguerite Yourcenar).

Entre ces deux périodes, Maurice Druon se rend célèbre en tant que romancier avec une fresque "noire" de la bourgeoisie d'affaires, "La fin des hommes", en trois tomes : "Les grandes familles", Prix Goncourt 1948 ; "La chute des corps", 1950 ; "Rendez-vous aux enfers", 1951. Il écrit aussi d'autres oeuvres, comme "Tistou les pouces verts" (1957), un conte pour enfants, des pièces de théâtre et des essais.

Mais on retient surtout le succès des "Rois maudits", suite romanesque historique écrite à plusieurs mains, entre 1955 et 1977, basée sur la légende inventée par le chroniqueur italien Paolo Emilio (vers 1455-1529) selon laquelle le dernier grand-maître de l'Ordre du Temple, Jacques de Molay, sur le bûcher, aurait lancé une malédiction à l'encontre du roi de France Philippe IV le Bel, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret, et de leurs héritiers et descendants pendant treize générations. La saga est adaptée à la télévision par Claude Barma en 1972 et par Josée Dayan en 2005.

L'écrivain américain George R. R. Martin, admirateur des "Rois maudits", s'est inspiré de l'oeuvre de Maurice Druon pour son propre cycle romanesque "Le Trône de fer" ("Game of Thrones").

En 2013, la maison d'édition Harper-Collins réédite, au Royaume-Uni, les "Rois maudits" ("Accursed Kings"). Le dernier tome, traduit en anglais pour la première fois, porte, pour les Etats-Unis, une préface signée George R. R. Martin.

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Quelques mots d'histoire...

Philippe IV le Bel ou le Roi de fer (1268 - 1314) est un roi de France (1285-1314), de la dynastie des Capétiens.

Petit-fils de Louis IX (Saint Louis), deuxième fils de Philippe III le Hardi et d'Isabelle d'Aragon, en 1284, le prince Philippe épouse Jeanne de Navarre, ce qui lui offre la couronne de Navarre et son fief, la Champagne. L'année suivante, il devient roi de France à la mort de son père.

Philippe IV intervient en Flandre, provoquant un soulèvement général. Battu par les milices urbaines à Courtrai (1302), il parvient néanmoins à soumettre les cités en 1304. Par ailleurs, il étend son royaume à l'est. Mais son règne est avant tout marqué par le grave conflit l'opposant à la papauté. 

Entouré de légistes, parmi lesquels Pierre Flote, Guillaume de Nogaret, Guillaume de Plaisians, Gilles Aycelin (évêque de Narbonne) et Philippe de Villepreux (un Juif converti), sans oublier le conseiller des dernières années du règne, Enguerrand de Marigny, imbus de l'idée de toute-puissance royale, il cherche à renforcer ses prérogatives et s'oppose au pape Boniface VIII.

Attentat à Anagni
contre Boniface VIII
Débutant à propos de la levée des décimes (1296), le conflit rebondit avec l'arrestation par le roi de l'évêque de Pamiers (1301). Sur le point d'excommunier Philippe le Bel, le pape Boniface VIII est victime à Anagni d'une conjuration ourdie par Nogaret (1303). L'élection de Clément V (1305), qui s'installe à Avignon, marque la victoire complète du roi de France.

A l'intérieur, Philippe le Bel, animé par une volonté centralisatrice, accroît l'importance de la chancellerie et de l'hôtel du roi, et précise le rôle des parlements. Aux prises avec de graves difficultés financières, il impose les exportations, mais le rapport qu'il en retire est faible. En 1306, il fait expulser les Juifs, auparavant redevables d'une taxe imposant le port de la rouelle rouge cousue sur leur vêtement. La plupart des Juifs (cent mille environ) s'expatrient, tandis que certains se convertissent, mais le rapport pour les finances du royaume s'étale sur plusieurs années, le temps de recouvrer leurs créances. Les banquiers et marchands lombards, à leur tour, seront victimes de l'expulsion entre 1309 et 1311.

Le 14 septembre 1307, le roi fait parvenir par lettres closes à ses baillis et sénéchaux l'ordre d'arrêter le mois suivant les membres du puissant Ordre des Templiers. Le secret est bien gardé et, le 13 octobre, pratiquement tous les Templiers sont surpris et arrêtés. Leurs biens sont aussitôt inventoriés et saisis, tandis que les premiers aveux d'hérésie, d'idolâtrie, de sodomie sont extorqués sous la torture, entraînant un scandale majeur au sein de la chrétienté. Le 22 novembre suivant, le pape Clément V ordonne à son tour l'arrestation des Templiers dans tous l'Occident chrétien.

"Les Rois maudits"
Série pour la télévision, réalisée en 2005 par Josée Dayan
Au centre : Gérard Depardieu (Jacques de Molay)

Les Templiers sont remis à l'Inquisition. Sous la pression de Philippe le Bel, le pape condamne au bûcher les relaps : cinquante-quatre Templiers sont brûlés le 12 mai 1310, puis quelques autres dans les jours suivants. De même, l'Ordre des Templiers est supprimé par la bulle Vox in excelso (3 avril 1312), et les richesses des Templiers sont données aux Hospitaliers. Les derniers dignitaires Templiers - dont le grand-maître Jacques de Molay, le visiteur de France Hugues de Pairaud et les quatre précepteurs de l'Ordre (Provence, Normandie, Aquitaine et Outre-Mer) - sont condamnés à la prison à vie, le 18 mars 1314. Cependant, Jacques de Molay et Geoffroi de Charnay (le précepteur de Normandie) s'étant rétractés en public, sont brûlés le soir  même sur un bûcher dressé dans l'Ile de la Cité, à Paris.

Les derniers mois du règne de Philippe le Bel sont marqués par le scandale des trois brus du roi. Marguerite de Bourgogne, épouse de Louis de Navarre (futur Louis X), et Blanche d'Artois (ou de Bourgogne), épouse de Charles (futur Charles IV) deviennent les amantes de Gautier d'Aunay et de son frère Philippe au début des années 1310. Pour sa part, la troisième bru, Jeanne d'Artois, soeur de Blanche et femme de Philippe (futur Philippe V), reste fidèle à son époux mais, au courant de l'affaire, préserve le secret de ses deux belles-soeurs. En mai 1314, ces liaisons sont rendues publiques par Isabelle de France, la fille de Philippe le Bel. Le crime est de lèse-majesté, et le châtiment des frères d'Aunay est exemplaire (ils sont écorchés vifs, châtrés et pendus). Marguerite et Blanche sont tondues et enfermées à Château-Gaillard. Jeanne est également emprisonnée pour avoir gardé le secret. Ainsi, à la veille de la mort du roi, ses trois fils se retrouvent sans épouses ni descendance masculine.

Philippe le Bel meurt le 29 novembre 1314, des conséquences d'une chute de cheval. Il est inhumé le 3 décembre à Saint-Denis, son coeur étant donné aux dominicaines de Poissy. Bien que Philippe le Bel ait eu trois fils, la dynastie capétienne se trouve, dans les années 1320, face à la plus importante crise de son histoire, qui fait passer la couronne de la lignée des Capétiens directs à celle des Valois.

Successivement, Louis X le Hutin (1314-1316), Philippe V le Long (1316-1322) et Charles IV le Bel (1322-1328) règnent et meurent sans laisser d'héritier mâle. La fille de Philippe le Bel, Isabelle de France, mariée à Edouard II d'Angleterre, lui donne un fils (futur Edouard III), qui est donc, au moment de la mort de Charles IV, le seul petit-fils vivant du défunt Philippe le Bel. Les Valois, qui prennent le trône avec l'agrément des barons, sont une branche collatérale des Capétiens, et les Anglais contestent la légitimité de Philippe VI de Valois. Cette crise dynastique est l'une des causes immédiates de la guerre de Cent Ans.


Louis X le Hutin (1289 - 1316), roi de France (1314-1316) et de Navarre (Louis Ier) (1305-1316), de la dynastie des Capétiens. Premier fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ière de Navarre, il est contraint par les nobles de confirmer les chartes qui précisent leurs droits et coutumes. Veuf de Marguerite de Bourgogne (dont il a une fille, Jeanne), il épouse Clémence de Hongrie, mère de Jean Ier le Posthume.

Philippe V le Long (1293 - 1322), roi de France (1316-1322), de la dynastie des Capétiens. Deuxième fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ière de Navarre, il devient régent du royaume à la mort de son frère Louis X le Hutin (1316), au détriment de sa nièce Jeanne, fille de Louis X le Hutin. Obtenant peu après que celle-ci renonce à ses droits, il crée le précédent écartant les femmes du trône de France. Philippe V perfectionne l'administration financière et consulte fréquemment les trois ordres. Epoux de Jeanne II de Bourgogne, il laisse le trône sans héritier mâle.

Charles IV le Bel (1294 - 1328), roi de France et de Navarre (Charles Ier) (1322-1328), de la dynastie des Capétiens. Il est le troisième fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ière de Navarre. Epoux de Blanche de Bourgogne (1308-1322), Marie de Luxembourg (1322-1324) et Jeanne d'Evreux (1325-1328) qui donne naissance à une fille, Blanche, en 1329, après la mort du roi.

Philippe VI de Valois (1293 - 1350), roi de France (1328-1350), de la dynastie des Valois. Fils de Charles de Valois (frère de Philippe le Bel) et de Marguerite de Sicile, il succède au dernier Capétien direct, Charles IV le Bel, mort sans héritier mâle, et devient roi au détriment d'Edouard III d'Angleterre, petit-fils de Philippe le Bel par sa mère. Il intervient en Flandre, où il vainc à Cassel (1328) les cités révoltées contre leur comte. Mais bientôt éclate la guerre de Cent Ans, Edouard III revendiquant la couronne de France après la confiscation de la Guyenne par Philippe VI. Ce dernier est vaincu sur mer à L'Ecluse (1340) et sur terre à Crécy (1346), alors que Calais est prise en 1347. La France est en outre ravagée par la Peste noire (1348-1349). En 1349, Philippe achète le Dauphiné et la seigneurie de Montpellier.

Jean II le Bon (1319 - 1364), roi de France (1350-1364), de la dynastie des Valois. Fils et successeur de Philippe VI, son règne est marqué au début par ses démêlés avec Charles le Mauvais, roi de Navarre, et par ses embarras financiers nécessitant plusieurs convocations d'états généraux. Vaincu à Poitiers par le Prince Noir (1356), il est emmené à Londres. Après avoir signé les préliminaires de Brétigny et le traité de Calais (1360), il revient en France, laissant deux de ses fils en otage. Il donne en apanage à son fils Philippe II le Hardi le duché de Bourgogne, fondant ainsi la seconde maison de Bourgogne. Il meurt prisonnier des Anglais, ayant repris la place de son fils Louis d'Anjou, qui s'était évadé.

Edouard II (1284 - 1327), roi d'Angleterre (1307-1327), de la dynastie des Plantagenêts. Fils d'Edouard Ier, il ne peut soumettre l'Ecosse (Bannockburn, 1314) ; après de longues luttes contre la grande aristocratie britannique, il est trahi par sa femme Isabelle de France, déposé, puis assassiné.

Edouard III (1312 - 1377), roi d'Angleterre (1327-1377), de la dynastie des Plantagenêts. Fils d'Edouard II et d'Isabelle de France, il épouse en 1328 sa cousine, Philippa de Hainaut. Ils ont douze enfants dont deux, Jean de Gand, duc de Lancastre, et Edmond de Langley, duc d'York, qui seront à l'origine de la guerre civile, plus connue sous le nom de la guerre des Deux-Roses. Revendiquant comme petit-fils de Philippe IV le Bel le trône capétien, il entreprend contre la France la guerre de Cent Ans ; vainqueur à Crécy (1346), il prend Calais (1347), puis impose à Jean le Bon la paix de Brétigny (1360). Il institue l'ordre de la Jarretière.

Robert III (1287 - 1342), comte d'Artois (1302-1309). Petit-fils de Robert II le Noble, privé de son comté par sa tante Mathilde (Mahaut) (1309), il ne peut obtenir le soutien du roi de France Philippe VI, son beau-frère, et passa au service d'Edouard III, roi d'Angleterre.

"Les Rois maudits : le Roi de fer"
Série pour la télévision, réalisée en 1972 par Claude Barma
Au premier plan : Jean Piat (Robert III d'Artois)

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"Au début du XIVe siècle, la France est le plus puissant, le plus peuplé, le plus actif, le plus riche des royaumes chrétiens, celui dont les interventions sont redoutées, les arbitrages respectés, la protection recherchée. Et l'on peut penser que s'ouvre pour l'Europe un siècle français.
Qu'est-ce donc qui fait, quarante ans après, que cette même France est écrasée sur les champs de bataille par une nation cinq fois moins nombreuse, que sa noblesse se partage en factions, que sa bourgeoisie se révolte, que son peuple succombe sous l'excès de l'impôt, que ses provinces se détachent les unes des autres, que des bandes de routiers s'y livrent au ravage et au crime, que l'autorité y est bafouée, la monnaie dégradée, le commerce paralysé, la misère et l'insécurité partout installées ? Pourquoi cet écroulement ? Qu'est-ce donc qui a retourné le destin ?"

Maurice Druon
"Quand un roi perd la France"
Extrait de l'introduction

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Tome 1 - Le Roi de fer

Mars 1314

Le comte Robert III d'Artois (petit-fils de Robert II d'Artois mort lors de la bataille de Courtrai) se rend au château de Westminster, en Angleterre. Il apporte de bien mauvaises nouvelles de France à sa cousine, très chère à son coeur, la reine Isabelle de France (fille du roi Philippe IV le Bel et épouse du roi d'Angleterre Edouard II). Marguerite, Blanche et Jeanne, les trois belles-soeurs de la reine, sont soupçonnées d'adultère. Le royaume de France ne peut être ainsi déshonoré. Mais ce n'est, hélas, pas tout. Le parrain d'Isabelle, Jacques de Molay, grand-maître de l'Ordre du Temple, sera bientôt jugé et sans nul doute condamné...

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Tome 2 - La Reine étranglée

"Après vingt-neuf années d'un gouvernement sans faiblesse, le Roi de fer venait de trépasser, frappé au cerveau. Il avait quarante-six ans. Sa mort suivait, à moins de six mois, celle du garde des Sceaux Guillaume de Nogaret, et, à sept mois, celle du pape Clément V. Ainsi semblait se vérifier la malédiction lancée le 18 mars, du haut du bûcher, par le grand-maître des Templiers, et qui les citait tous trois à comparaître au tribunal de Dieu avant qu'un an soit écoulé."

Louis de Navarre, premier fils de Philippe IV, accède au trône mais, déjà affublé du surnom de "hutin" et cocu de surcroît, il ne représente pas la stabilité et la force que requiert la fonction de roi.

Le Château-Gaillard, citadelle surplombant la Seine, construite cent-vingt ans plus tôt en Haute-Normandie par Richard Coeur de Lion, ne garde aujourd'hui que deux prisonnières, Marguerite et Blanche de Bourgogne, jeunes belles-filles de Philippe le Bel condamnées à la réclusion à perpétuité pour infidélité envers leurs époux. En ce froid matin du 30 novembre 1314, elles reçoivent une rare visite, celle de leur cousin Robert d'Artois. Le rusé a sûrement quelque idée derrière la tête...

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Tome 3 - Les poisons de la Couronne

Six mois après le décès du Roi de fer, sous la gestion déplorable de Louis le Hutin, le royaume de France est au plus mal. De plus, après un hiver de famine, voilà qu'en ce printemps, de violents orages s'abattent sur les champs et détruisent les cultures. Par ailleurs, aucun pape n'a encore été nommé pour succéder à Clément V.

Qu'importe pour le roi Louis X ! Son épouse adultère, Marguerite de Bourgogne, venant de décéder à la prison de Château-Gaillard, il peut enfin préparer son union avec la belle Clémence de Hongrie. Le voyage de la jeune princesse pour rejoindre Paris est long et rude. Depuis son départ de Naples, avec son escorte, sur terre et sur mer, elle essuie vents et pluies torrentielles. Faisait fi des intempéries, c'est pourtant ce pire moment que choisit le roi pour lancer contre la Flandre son armée qui, embourbée, ne peut dépasser Lille...

"Une santé incertaine, un père dont l'autorité glaciale l'avait pendant vingt-cinq ans écrasé, une épouse infidèle et scandaleuse, des ministres hostiles, un Trésor vide, des vassaux révoltés, une disette l'hiver même où commençait son règne, une tempête qui manquait d'emporter sa nouvelles femme... Sous quelle effroyable discorde de planètes, que les astrologues n'avaient pas osé lui révéler, fallait-il qu'il fût né, pour rencontrer l'adversité en chaque décision, en chaque entreprise, et finir par être vaincu, non pas même en bataille, noblement, mais par l'eau, par la boue où il venait d'enliser son armée !"

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Tome 4 - La Loi des mâles

Le roi Louis X est mort. Alors que sa dépouille est encore chaude et que de forts soupçons d'empoisonnement pèsent, les manoeuvres pour gagner la régence sont déjà engagées. La reine veuve porte en son sein l'héritier de la Couronne, mais du fait de sa grossesse, est écartée de la fonction. Charles de Valois, oncle du roi défunt, se pose immédiatement régent. Mais cela est sans compter sur le duc Eudes de Bourgogne, lui aussi fondé à réclamer la régence pour sa nièce, la petite Jeanne de Navarre, fille de Louis X et de sa première épouse Marguerite de Bourgogne, bien que d'aucuns présument l'enfant bâtarde. Quant à Philippe de Poitiers, régent de droit, rendu à Lyon pour mener de difficiles négociations avec l'Eglise afin qu'un pape soit enfin nommé, pour l'heure il n'a pas connaissance du décès de son frère. Trois chevaucheurs portant messages bien différents sont en route...

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Tome 5 - La Louve de France

Après le décès du roi Philippe le Bel, puis de son premier fils Louis le Hutin, suivi de Jean Ier, fils posthume du roi Louis X et de la reine Clémence, et après maints obstacles, Philippe V le Long, frère du Hutin, est enfin couronné roi de France en janvier 1317.

Hélas, trois semaines plus tard, son unique fils meurt. La reine Jeanne ne lui donnera plus d'autres enfants. La famine et les tempêtes balaient ensuite la France et font des milliers de victimes. Le malheur du peuple suscite une profonde nostalgie pour les puissants Templiers d'autrefois, et se créent de nombreuses sociétés clandestines mues par le désir de vengeance envers le pape et le roi. Une horde de marcheurs en guenilles sème la terreur et verse le sang partout sur son passage. Lorsque la fureur des "pastoureaux" atteint l'Italie, c'est au tour de la lèpre de ravager le royaume qui devient un gigantesque bûcher.

En 1322, le roi Philippe V succombe à la dysenterie, sans fils pour lui succéder. "La Loi des mâles", promulguée il y a cinq ans pour son propre usage, exclue ses filles du trône. Celui-ci revient donc à son frère, Charles de la Marche, soit Charles IV le Bel.

Pendant ce temps, au royaume d'Angleterre, Roger Mortimer de Wigmore, ancien lieutenant du roi Edouard II et ancien Grande Juge d'Irlande, qui tiendra un rôle important, plus tard, auprès de la reine Isabelle, s'évade de son cachot de la Tour de Londres et s'apprête à rejoindre la France. Isabelle, soeur de Charles IV de France et épouse humiliée d'un roi incompétent, prépare sa vengeance...

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Tome 6 - Le Lis et le Lion

Edouard, fils d'Edouard II Plantagenêt, roi d'Angleterre, et d'Isabelle de France, succède à son père. Ce dernier fut détrôné en 1326 par une révolte baronniale conduite par sa femme, emprisonné et assassiné.

Ce 24 janvier 1328, en la cathédrale d'York, le roi Edouard III, quinze ans, épouse sa cousine, Philippa de Hainaut, quatorze ans. Isabelle, la reine-mère, celle que certains surnomment "la Louve de France", regarde avec émotion le jeune couple et pense tristement à son propre destin. A ses côtés, la présence très remarquée et fort peu appréciée du régent, son amant Roger Mortimer, et du sénéchal d'Angleterre John Maltravers, le régicide.

Pendant ce temps, au royaume de France, le roi Charles IV, dernier frère d'Isabelle, se meurt. La délégation royale est remise à Philippe de Valois, fils aîné de Charles de Valois, lui-même frère de Philippe le Bel. Le roi n'a pas encore trépassé que la bataille pour le trône fait rage...

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Tome 7 - Quand un roi perd la France

"Il restait à la France quelques degrés à descendre dans la ruine et la détresse ; ce sera l'oeuvre de celui-là, Jean II, dit par erreur le Bon."

Tout au long de son voyage de Périgueux à Metz, Hélie de Talleyrand, cardinal de Périgord, se souvient...

Un septième tome intéressant mais facultatif. Long, très long monologue pédagogique qui a hélas perdu de la flamboyance romanesque des six épisodes précédents.

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Mon avis :

          Argent, guerres, sexe, religion, sorcellerie, jeux de pouvoir, politique...
          Intrigues retorses, manigances cruelles, complots diaboliques...

          Personnages ciselés et réalisme envoûtant...
          Rythme vif et exaltant...

          Fresque historique passionnante et richement documentée...
          Agonie d'une dynastie, celle des Capétiens directs, nous est ici contée...

          Très belle langue littéraire...
          Simple, pour autant, dans la forme et le vocabulaire...

          Brillant... Captivant...
          Vous l'aurez compris : à lire absolument...

          Faits réels ou scènes fictives,
          Les notes historiques pour chaque volume sont très instructives.

          Qui "Game of Thrones" a suivi
          Notera sans conteste l'influence des "Rois maudits".

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Clin d'oeil :


Une immense tapisserie, confectionnée en Irlande du Nord, résume les huit saisons du phénomène planétaire, la série médiévalo-fantastique "Game of Thrones". Commandée par l'Office du tourisme irlandais, elle mesure 90 mètres de long et a demandé à trente couturières deux ans de travail. Elle s'inspire de la célèbre tapisserie de Bayeux, chef-d'oeuvre du XIème siècle attribué à la reine Mathilde et retraçant les exploits de Guillaume le Conquérant.

La tapisserie "Game of Thrones" est exposée jusque fin juillet à l'Ulster Museum de Belfast et rejoindra Bayeux (Calvados) entre septembre et décembre 2019 pour être présentée à l'Hôtel du Doyen. On peut l'admirer virtuellement sur le site de l'Office de tourisme irlandais.


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