mercredi 28 avril 2021

Avril 2021 - "Home Sweet Home : la Maison dans les romans"

 

"Les inconnus dans la maison" de Georges Simenon (Folio policier)

Georges Simenon (Liège, 13 février 1903 - Lausanne, 4 septembre 1989) est un écrivain belge de langue française. Il rénova le genre du roman policier par son sens de l'analyse psychologique et par la restitution à la fois réaliste et poétique de l'atmosphère d'une ville ou d'un milieu social. Il est le créateur du personnage du commissaire Maigret (75 romans et 28 nouvelles) qui lui valut une renommée internationale. L'oeuvre de Simenon compte aussi des contes légers (sous pseudonymes), plusieurs récits autobiographiques, de nombreux articles et reportages, des dizaines de nouvelles et cent-dix-sept "romans durs".

"Au coin d'une rue pour notaires et avoués, la maison des Loursat - les Loursat de Saint-Marc plus exactement - paraissait encore plus assoupie ou plus secrète que les autres avec ses deux ailes, sa cour pavée qu'un haut mur séparait de la rue, et dans cette cour, au milieu d'une vasque vide, un Apollon qui ne crachait plus d'eau par le tube qui lui sortait de la bouche."

L'histoire :

Le silence de la nuit recouvre la ville historique de Moulins. Une pluie drue vernit les toits bruns et les rues pavées. Il fait froid. Quelques rares fenêtres sont encore allumées. Comme chaque second mercredi du mois, à la préfecture, le dîner donné ce soir en l'honneur d'une poignée de représentants de la bonne société de la région est en train de se terminer. Au même moment, à son domicile, le procureur Rogissart est réveillé par un appel téléphonique de son cousin par alliance. Hector Loursat, avocat moulinois, a entendu un coup de feu et vient de découvrir un inconnu, mort dans une chambre du deuxième étage de son hôtel particulier qu'il occupe avec sa fille unique Nicole et Joséphine la domestique.

Très vite, les policiers envahissent les lieux. Loursat se sent soudain un étranger dans sa propre maison. Il réalise à quel point il est vulnérable. A quarante-huit ans, l'avocat ressemble à un vieillard, aigri, négligé, rongé par l'alcool et la honte que lui a causé le départ de sa femme avec un autre homme il y a dix-huit ans. Elle les a abandonnés, lui et Nicole alors âgée de deux ans, enfant qu'il n'a jamais su aimer. Depuis, il n'est plus qu'une silhouette recluse que l'on plaint, que l'on méprise, ou dont on se moque volontiers.

"Il avait l'habitude, vers trois heures, de se promener comme on promène un chien, avec l'air de se tenir lui-même en laisse, contournant exactement les mêmes pâtés de maisons."

L'événement macabre de cette nuit sera un électrochoc pour Loursat...

"C'était curieux ! Il n'aurait pas pu dire à brûle-pourpoint ce qui était curieux. Il avait une impression vague de nouveauté. Il était là, chez lui, dans une maison où il était né et qu'il n'avait jamais cessé d'habiter et il s'étonnait soudain qu'on mît en branle une énorme cloche de monastère pour annoncer à deux personnes que le repas était servi."

Mon avis :

"Roman dur" publié en 1941, l'intrigue se situe en Bourgogne, au centre de la France, dans l'entre-deux-guerres. Dans cette petite communauté provinciale, Simenon dépeint la férocité de la bourgeoisie locale envers les "petites gens", mais également contre ses propres membres.

Un fait divers sanglant et vulgaire vient bousculer les habitudes bien huilées des notables de la ville dont les enfants sont impliqués dans l'histoire. Il faut sauver les apparences. Pour cela, le commissaire a trouvé le coupable idéal. Dossier classé ? Pas pour Loursat. L'homme sur qui, la veille, personne ne pariait semble être le seul à vouloir la justice. Il accepte pour cela de se remettre en question. Sur son rôle de père. Sur son rôle de citoyen. Sur son métier. Sur ses valeurs. Sur sa vie, éteinte depuis trop longtemps. Loursat choisit de revêtir à nouveau sa robe d'avocat.

L'ambiance est très sombre, pour ne pas dire glauque. La maison du drame, la nuit, les personnages... tout est obscur et poisseux. Les lampes poussiéreuses et les poêles à bois ou à charbon encrassés n'apportent ni lumière ni chaleur. Mais à mesure que Loursat approche de la vérité, on assiste à sa renaissance, et le tableau prend quelques touches de couleur.

L'un des plus beaux Simenon que j'aie lus jusqu'à présent ! La liste est encore longue... et autant de coups de coeur à venir, j'en suis sûre !

Adaptations cinématographiques :
⇨  "Les inconnus dans la maison" (1942), film français d'Henri Decoin, scénario et dialogues de Henri-Georges Clouzot, avec Raimu, Juliette Faber, Marcel Mouloudji, Pierre Fresnay
⇨  "L'étranger dans la maison" (1967), film britannique de Pierre Rouve, avec James Mason et Geraldine Chaplin
⇨  "L'inconnu dans la maison" (1992), film français de Georges Lautner, avec Jean-Paul Belmondo et Cristiana Reali

A lire :
⇨  "Maigret tend un piège" et "Maigret et les braves gens"
⇨  Dossier Georges Simenon : Biographie + "Le pendu de Saint-Pholien" + "La nuit du carrefour" + "Le haut mal" + "L'Ane Rouge"

mercredi 21 avril 2021

"La Maison du sommeil" de Jonathan Coe (Folio)


Prix Médicis étranger 1998


Jonathan Coe est un écrivain britannique né en 1961 à Lickey, près de Birmingham. Il a fait ses études à Trinity College à Cambridge. Il a écrit des articles pour le Guardian, la London Reviews of Books, le Times Literary Supplement... Il est l'un des auteurs majeurs de la littérature britannique actuelle. Ses oeuvres mettent en scène des personnages en proie aux changements politiques et sociaux de l'Angleterre contemporaine. S'il sait se faire grave et mélancolique dans "La femme de hasard" (2007), c'est avec "Testament à l'anglaise" (1995), Prix Femina étranger 1995 et Prix du meilleur livre étranger 1996, où il passe au vitriol l'époque thatchérienne, que son talent de romancier se fait connaître. Suivent "La Maison du sommeil" (1998), Prix Médicis étranger 1998, le diptyque "Bienvenue au club" (2003) et "Le Cercle fermé" (2006), "La pluie avant qu'elle ne tombe" (2009), "La vie très privée de Mr Sim" (2011), histoire picaresque d'un incorrigible ingénu, et "Expo 58" (2014), parodie de roman d'espionnage dans l'Angleterre des années 1950. L'essai "Notes marginales et bénéfices du doute" a paru en 2015. "Numéro 11", paru en 2016, tisse une satire sociale et politique sur la folie de notre temps.

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"Enorme, grise et imposante, la propriété d'Ashdown  se dressait sur un promontoire, à une vingtaine de mètres de la falaise à pic, qu'elle surplombait depuis plus d'un siècle. Toute la journée, les mouettes tournoyaient autour de ses flèches et de ses tourelles, avec des gémissements stridents. Jour et nuit, les vagues se brisaient furieusement contre la paroi rocheuse, et résonnaient comme un grondement de camions dans les salles glaciales et le dédale de couloirs de la vieille bâtisse. Même les recoins les plus vides d'Ashdown - qui était désormais presque entièrement vide - n'étaient jamais silencieux. Les pièces les plus habitables se concentraient frileusement au premier et au deuxième étage, face à la mer, et dans la journée un froid soleil les inondait. La cuisine, au rez-de-chaussée, était longue, en forme de L, avec un plafond bas ; elle n'avait que trois fenêtres minuscules, et était constamment plongée dans l'ombre. La beauté sinistre et arrogante d'Ashdown masquait le fait qu'elle était profondément inadaptée à toute présence humaine."

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Tout commence par un roman, "The House of Sleep" (1934) ("La Maison du sommeil") de Frank King (1892-1958), médecin et écrivain britannique, auteur de nouvelles, pièces de théâtre et romans policiers et fantastiques. Ce livre accompagne, tout au long de l'histoire, les héros de "La Maison du sommeil" de Jonathan Coe.



Terry Worth, personnage du roman de Jonathan Coe, évoque également à plusieurs reprises le film "The Ghoul" ("Le fantôme vivant"), adapté du roman éponyme de Frank King et réalisé en 1933 par T. Hayes Hunter, avec Boris Karloff. Film longtemps considéré comme définitivement perdu, une première copie en très mauvais état, tronquée de quelques minutes et possédant des sous-titres incrustés sur l'image, fut retrouvée dans les archives nationales tchèques. Par la suite, au début des années 2000, une version de bien meilleure qualité, considérée comme la version intégrale, fut retrouvée en Angleterre.

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L'histoire :

Après avoir été une résidence privée, Ashdown, grande bâtisse ancienne et de caractère, dominant l'océan, devint, au début des années 1980, un logement pour une vingtaine d'étudiants de la nouvelle université. C'est entre ces murs que Sarah vécut sa première histoire d'amour avec Gregory, étudiant en médecine.

Ensemble depuis onze mois, tous deux diplômés depuis juillet, Gregory prépare son départ pour Londres où il se spécialisera en psychiatrie. Quant à Sarah, elle a décidé de rester à l'université pour suivre une formation d'institutrice. Cet éloignement géographique n'est pas la raison de leur rupture. Sarah est une jeune femme sérieuse et discrète. Elle fuit autant que possible la vie sociale, non par timidité, mas parce que depuis l'enfance elle est victime de curieux phénomènes, comme si ses rêves se confondaient à la réalité. Gregory, intellectuel froid et dépourvu d'empathie, est immédiatement fasciné par cette singularité et impose quotidiennement à sa compagne des expériences dérangeantes. Mais ce soir, il est allé trop loin. Sarah le repousse. Humilié, il met fin à leur relation...

Une dizaine d'années plus tard, la propriété d'Ashdown est cédée à un certain Docteur Dudden qui y installe sa clinique et son laboratoire. Sorte de savant fou obsédé par l'étude du sommeil et de ses troubles, Dudden ne cherche pas à guérir ses patients. Il veut aller au bout de la connaissance. Par tous les moyens...

Mon avis :

La Maison d'Ashdown est le lieu, la base solide, le rempart indestructible, qui relie les personnages entre eux. Inconsciemment, chacun est en quête de son Graal : Sarah l'institutrice narcoleptique en quête de stabilité ; Gregory le savant fou en quête d'une métamorphose ;  Terry le passionné de cinéma insomniaque en quête d'un film disparu ; Veronica la littéraire féministe en quête de liberté ; Robert l'amoureux romantique en quête de son identité ; Ruby l'enfant somniloque (qui parle en dormant) en quête de son Marchand de sable.

Un roman remarquable par son intrigue captivante, par sa construction ingénieuse (les chapitres suivent un cycle de sommeil) et par la richesse de sa réflexion autour du sommeil, fil rouge de toute l'histoire (la place et la qualité du sommeil dans une société qui bouge tout le temps et plus vite, dans un environnement où le corps et le cerveau sont sollicités en permanence ; les conséquences d'un manque ou d'un mauvais sommeil sur notre comportement physique, mental et émotionnel).

Bien entendu, Jonathan Coe reste fidèle à sa marque de fabrique et pose son regard critique sur les années 1980 et 1990 dans leur globalité : les politiques sociales et économiques, le règne de l'argent ; mais aussi le cinéma, la littérature, le théâtre, la musique, les références culturelles sont abondantes ; ou encore la sexualité, l'amour, les nouvelles appréhensions de la psychiatrie et de la psychanalyse. N'échappent pas à ses coups de griffe les nouvelles stratégies de management, développement personnel et autre psychiatrie de communication.

Brillantissime !!!

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A noter :

⇨  Le roman est construit à l'image d'un cycle du sommeil [l'endormissement (Etat de veille) ; le sommeil lent (Stade I - Stade II) ; le sommeil profond (Stade III - Stage IV) ; le sommeil paradoxal (Sommeil Paradoxal), stade des rêves dont on se souvient et des mouvements oculaires rapides, stade dont s'est emparé Jonathan Coe pour son intrigue ; le réveil (Appendice 1, Appendice 2, Appendice 3), chapitres du roman où tout s'éclaire, où tout s'explique].

Table des matières de "La Maison du sommeil" :
Etat de veille
Stade I
Stade II
Stade III
Stade IV
Sommeil Paradoxal
Appendice 1 = Poème
Appendice 2 = Lettre
Appendice 3 = Transcription

⇨  Les chapitres impairs correspondent aux années 1983-1984 et les chapitres pairs correspondent à la période du 15 au 30 juin 1996.

A (re)lire :

⇨  "Les enfants de Longbridge"
⇨  "Numéro 11"

mercredi 14 avril 2021

"La Maison des Turner" d'Angela Flournoy (10/18)

Angela Flournoy est une écrivaine américaine. Diplômée du prestigieux Institut de creative writing de l'Université d'Iowa, "La Maison des Turner", son premier roman (2015), a connu un grand succès critique et public aux Etats-Unis. Il a reçu le First Novelist Award et a été sélectionné pour le National Book Award.

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Quelques mots sur la ville de Detroit, Michigan (Etats-Unis) :

Célèbre pour son industrie automobile, au cours de la première moitié du XXème siècle, Detroit voit sa population augmenter de manière importante et son architecture évoluer en conséquence. Mais cette croissance rapide s'accompagne aussi d'une extrême pauvreté et de violentes tensions raciales. Après la Seconde Guerre mondiale, une partie de la population blanche se déplace en banlieue tandis que la population noire pauvre continue de se développer. En 1967, la ville va connaître les émeutes les plus sanglantes et les plus destructrices de l'histoire des Etats-Unis. La crise du secteur automobile et la crise immobilière à partir de 2008 portent le coup de grâce à Detroit qui devient le symbole de l'effondrement des villes américaines. La municipalité se voit contrainte de se déclarer en faillite en 2013 et perd deux tiers de ses habitants. Après avoir connu l'exil économique, les ruines industrielles, les maisons invendables et laissées à l'abandon, un taux de criminalité record et l'absence pendant des années de l'Etat et des services publics, Detroit semble à présent renaître de ses cendres avec de nouvelles entreprises, de nouveaux chantiers, de nouveaux habitants, de nouveaux espoirs.


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L'histoire :

"La maison de Yarrow Street était haute et étroite, pleine de lignes droites, de pans inclinés abrupts et d'angles aigus."

Lorsqu'au début des années 1950 Francis et Viola Turner, un couple africain-américain, achetèrent leur maison de Yarrow Street à Detroit, le quartier était paisible et sûr. Charles, leur fils aîné, avait sept ans. Leurs treize enfants y ont été élevés dans la simplicité et dans le respect de valeurs nobles.

Cinquante ans plus tard, après l'arrivée du crack et après la crise du marché immobilier, tout a changé. Francis n'est plus de ce monde. Viola a fait plusieurs attaques et vit maintenant chez Charles. La maison familiale de Yarrow Street a considérablement perdu de sa valeur. Abandonnée, elle menace à tout moment d'être vandalisée ou squattée.

"La maison des Turner, jadis la troisième du pâté de maisons, était récemment devenue une maison d'angle, dont la mince structure aux couleurs menthe pâle et brique constituait le repère le plus fiable de la rue."

Réunis chez Charles, six des enfants Turner vivant encore à Detroit - Lelah est injoignable - doivent prendre une décision : laisser la maison à la banque et effacer la dette de leur mère, ou trouver un acquéreur pour seulement quatre mille dollars.

-    Et bien, pas question de vendre la maison. Surtout pour quatre mille dollars, dit Marlene.
-  Absolument, dit Netti. Aujourd'hui, on la vend, et dans dix ans, Donald Trump, ou n'importe qui d'autre, la rachète, en fait une maison de ville, et la revend deux cents briques à des Blancs.

Dans les deux cas, cela signifie renoncer à la maison. Sans accord entre eux ce soir-là, les frères et soeurs ajournent la discussion.

Pendant ce temps, Lelah, la benjamine de la fratrie, est expulsée de son appartement. Tout ce qu'elle possède est entassé dans sa voiture. Pour ne pas dormir dans la rue, sans prévenir personne, elle s'installe provisoirement à Yarrow Street, dans la maison de son enfance...

Mon avis :
Moins captivant que les sujets abordés le laissaient espérer, ce premier roman souffre sans doute de quelques longueurs mais, à travers le destin particulier de chacun des Turner comme à travers l'histoire collective de cette famille, de l'arrivée des parents à Detroit à la fin des années 1940 à la crise des subprimes de 2008 qui les faucha tous intimement, frontalement ou collatéralement, Angela Flournoy retrace la très intéressante histoire de la ville de Detroit, dans le Michigan.

mercredi 7 avril 2021

"Ici ça va" de Thomas Vinau (10/18)

Thomas Vinau est né en 1978 à Toulouse et vit au pied du Luberon. Auteur de nombreux recueils de poésie dont "Bric à brac hopperien" (Alma, 2012) et "Juste après la pluie" (Alma, 2014), il se lance brillamment dans la fiction avec "Nos cheveux blanchiront avec nos yeux" (Alma, 2012) et "Ici ça va" (Alma, 2012), avant de travailler sur un recueil de portraits : "76 clochards célestes ou presque" (Castor astral, 2016). Après "La part des nuages" (Alma, 2014) et "Le camp des autres" (Alma, 2017), il publie son cinquième roman "Fin de saison" (Gallimard, 2020).

"Ici ça va. La maison n'est pas toute neuve mais elle est propre et les plafonds sont hauts. Au moment où Ema a ouvert la porte grinçante, dont le bois humide avait gonflé autour des gonds et de la serrure, il y a eu comme un grand silence de poussière et de souvenirs. Les tomettes usées du sol, les toiles d'araignée qui voilent les fenêtres, l'odeur de renfermé, je ne sais pas pourquoi j'ai ressenti de la tendresse pour cet endroit."

Un jeune couple et son chien s'installent dans leur nouvelle maison à la campagne, à trois kilomètres du premier village. En contrebas coule une rivière et... C'est tout ? Bien sûr que non ! Le quotidien est une suite de tant de choses à faire, de tant de choses à découvrir, de tant de choses à apprendre... La maison, sa cabane, son terrain, les bords de la rivière demandent des trésors d'attention, de temps, d'efforts, d'écoute, de tendresse, d'émerveillement, de patience et d'humilité. Et puis il y a les souvenirs, qui reviennent, par petites touches, en douceur, sans violence, sans joie non plus. Ils sont là. C'est le passé. C'est la vie. Tout va bien. Ici ça va...

"Le matin nous entendons les moineaux, les mésanges et les sansonnets dans leur HLM végétale. Parfois un tracteur ou une cloche. Un aboiement au loin. Un avion dans le ciel. Et le petit rire frais de l'eau. Pas plus. C'est parfait."

Tendre... Poétique... Une bouffée d'oxygène !!! 💗