mercredi 28 juillet 2021

Juillet 2021 - "Les Policiers de l'été"

 
"Cats" by Leticia Zamora

"L'emprise du passé" (J'ai lu) + "Les disparues de la lande" (Presses de la Cité) de Charlotte Link


Charlotte Link est née en 1963 à Franckfort-sur-le-Main, en Allemagne. Elle a publié son premier roman à l'âge de dix-neuf ans et a écrit des livres pour enfants, des nouvelles, des thrillers psychologiques, des romans (historiques pour la plupart) et de nombreux articles de magazines et de quotidiens. On lui doit plusieurs best-sellers adaptés pour la télévision allemande, dont la trilogie "Le Temps des orages" en 1999. En 2007, elle a reçu le prestigieux Goldene Feder (Plume d'Or) pour l'ensemble de son oeuvre.

L'histoire de "L'emprise du passé" :

Le 14 septembre 2001, un petit garçon de cinq ans disparaît. Heureux, il venait juste de recevoir un vélo pour son anniversaire.

En février 2014, Richard Linville, policier à la retraite, est sauvagement assassiné dans sa maison de Scalby, petit village du Yorkshire. Trois mois plus tard, Kate Linville, sa fille unique, sergent détective à Scotland Yard, arrive de Londres pour suivre l'enquête aux côtés de l'inspecteur Caleb Hale de la North Yorkshire Police.

Au même moment, chez eux, à Kingston upon Thames, près de Londres, Stella et Jonas Crane reçoivent, de bien mauvaise grâce, Terry Malyan, la mère biologique de leur fils Sammy, et son nouveau compagnon. Stella et Jonas ont un curieux pressentiment et se méfient du jeune couple mal assorti. Terry Malyan n'avait donné aucune nouvelle depuis l'adoption et, soudain, elle décide de rendre visite à Sammy pour son cinquième anniversaire. Les Crane sont inquiets...


L'histoire de "Les disparues de la lande" :

Ce 14 octobre 2017, dans la lande de Scarborough, Yorkshire, des promeneurs ont découvert le cadavre d'une adolescente, Saskia Morris, disparue depuis un an. L'inspecteur Caleb Hale, de la police locale, dirige l'enquête.

Par le plus grand des hasards, Kate Linville, sergent détective à Scotland Yard, vient d'arriver de Londres. Les locataires qui occupaient la maison de ses parents à Scalby, près de Scarborough, se sont envolés après avoir complètement saccagé les lieux. Pendant les travaux de nettoyage et de rénovation qu'elle doit engager, la jeune femme s'installe au Bed & Breakfast des Goldsby.

Les événements vont alors se précipiter. Amelie Goldsby, quatorze ans, fille des propriétaires du B&B, disparaît sur le parking du supermarché où elle attendait sa mère. Et le service d'aide sociale à l'enfance de Scarborough est sans nouvelle depuis une semaine de Mandy, âgée elle aussi de quatorze ans, benjamine des Allard, famille en grande précarité.

Certains journalistes ne manquent pas de faire le rapprochement entre ces disparitions et celle de Hannah Caswell, un soir de novembre 2013, à la gare de Scarborough où elle a été aperçue pour la dernière fois. Un seul corps, celui de Saskia Morris, a été retrouvé. Enlèvements ? Fugues ? Mauvaises rencontres ? La région est en émoi. Mais Kate Linville sait d'expérience qu'elle ne doit pas mettre son nez dans cette affaire qui est celle l'inspecteur Hale...

Mon avis :

Le premier tome traverse tout le Royaume-Uni, de Londres à Belfast, dans une cavale sanglante et angoissante. Le second tome est une course contre le temps, dans un suspense terriblement oppressant. L'ensemble est brillamment maîtrisé. Les chapitres s'enchaînent, haletants. Les intrigues sont fouillées, intenses, bouillonnantes. Les profils psychologiques sont minutieusement campés, aucun personnage ne laisse indifférent.

Charlotte Link traite et décortique des sujets graves, pointe les failles de la société dans sa globalité, démontre les implications et les conséquences de ces lacunes sur les individus ou groupes d'individus. Les thèmes abordés sont nombreux, mais la romancière ne tombe jamais dans la superficialité.

Enorme coup de coeur pour ce diptyque policier et pour cette plume que je découvre avec grand bonheur !!!

mercredi 21 juillet 2021

"Cottage, fantômes et guet-apens" de Ann Granger (10/18)

Ann Granger est née en 1939 à Portsmouth, en Grande-Bretagne. Auteure de romans policiers et historiques très prolifique, avec plus de trente romans parus en Angleterre, elle a rencontré un franc succès à l'international avec ses séries "Lizzie Martin" et "Campbell et Carter". Ann Granger a travaillé dans les ambassades britanniques de nombreux pays, dont la République tchèque, la Zambie et l'Allemagne. Elle vit désormais dans l'Oxfordshire.

L'histoire

Le cadavre d'une jeune inconnue vient d'être découvert sur le terrain à l'abandon d'Eli Smith, près de l'ancienne ferme de ses parents, aujourd'hui refuge pour les corbeaux. Il y a trente ans, ce même lieu a déjà été le théâtre d'un terrible drame familial.

La propriétaire du centre équestre voisin, Penny Gower, a remarqué, la veille, une Mercedes grise garée juste devant la maison en ruine des Smith. Le conducteur s'est soudain écrasé dans son siège de crainte d'être vu. Penny a trouvé son attitude étrange et affirme qu'il ne s'agissait pas de quelqu'un du coin.

Une victime non identifiée et aucun indice. Pour démarrer son enquête, l'inspectrice Jess Campbell ne dispose que de ce témoignage. Et voilà qu'en plus, on lui annonce l'arrivée imminente du commissaire Carter, un nouveau chef qui va vouloir sûrement mettre son grain de sel dans sa façon de travailler. Ceci n'est pas pour adoucir son humeur...

Mon avis :

Sous ses atours de "cozy mystery", comme le suggère la jolie illustration naïve en couverture, cette enquête policière tient plus du roman noir que de la comédie légère et distrayante. Chaussez vos bottes de caoutchouc car au coeur de cette charmante campagne anglaise de carte postale, on avance dans la brume et la gadoue, et les fantômes tapis en chacun de nous ressurgissent. Dans cet endroit perdu du Gloucestershire, on remue la boue, au sens propre comme au sens figuré.

Les idées étaient séduisantes, tous les ingrédients étaient là, dans un décor parfait pour le genre, mais malheureusement la forme n'a pas suivi. Le rythme est lent et les personnages auraient mérité une esquisse psychologique plus fine et approfondie.

Premier tome d'une série autour du binôme "Campbell/Carter", pour ma part, je m'arrête ici, et je le regrette, car j'aurais vraiment aimé être plus enthousiaste...

mercredi 14 juillet 2021

"L'inconnu du Nord-Express" de Patricia Highsmith (Livre de Poche)

Patricia Highsmith est une romancière américaine (Fort Worth, Texas, 1921 - Locarno, Suisse, 1995)

Après son premier roman, "L'inconnu du Nord-Express" (1950), elle publie la série des Ripley ("Monsieur Ripley", 1955 ; "Sur les pas de Ripley", 1979) où elle démonte les mécanismes de la vie quotidienne. Le récit policier se centre sur le coupable, objet mouvant d'une étude psychologique, dans un style qui associe des origines classiques (Tchekhov, Tennessee Williams) à l'horreur la plus crue ("Le Journal d'Edith", 1977 ; "Le jardin des disparus", 1982) et où la limite entre animalité et humanité est indécise ("L'amateur d'escargots", 1975 ; "Le rat de Venise", 1977 ; "Les sirènes du golf", 1984). Son dernier roman, "Petit G" (1995) est publié après sa mort.

De très nombreuses adaptations cinématographiques, les plus fameuses étant "L'inconnu du Nord-Express" d'Alfred Hitchcock (1951), "Plein soleil" de René Clément (1960) et "L'ami américain" de Wim Wenders (1977), ont contribué à populariser l'univers de Patricia Highsmith. Un univers qui, s'il s'appuie sur les formes et les conventions du roman policier, sait aussi en jouer à merveille pour distendre au maximum le temps de la narration, et introduire le lecteur dans un univers équivoque où le dédoublement est la loi. Si elle a connu le succès avec "L'inconnu du Nord-Express" et la série des Ripley, Patricia Highsmith, "poète de l'angoisse plus que de la peur" (Graham Greene), est aussi l'auteure d'une oeuvre plus secrète, qui culmine avec "Le Journal d'Edith".


"L'inconnu du Nord-Express"
film américain (1951) réalisé par Alfred Hitchcock
sur un scénario de Raymond Chandler
avec Farley Granger, Ruth Roman et Robert Walker.

L'histoire :

Dans le train qui le mène à New York, Guy fait la connaissance de Charles Bruno, fils à papa bavard et indiscret dont il ne parvient pas à se débarrasser. Il suffit à Bruno de quelques minutes pour tout savoir sur Guy : que c'est un architecte prometteur de vingt-neuf ans, qu'il vit au Texas, est séparé de sa femme Miriam depuis trois ans, a une maîtresse, Anne, qu'il espère épouser mais Miriam bloque la procédure de divorce, raison pour laquelle Guy se déplace à New York. Quant à Bruno, jeune homme fantasque de vingt-cinq ans, il n'a pas de mots assez durs pour exprimer la haine qu'il ressent pour son père. L'alcool aidant, une étrange relation s'installe entre Guy et Bruno, et un plan macabre et pervers naît de leurs confidences réciproques...

"Hé ! Bon sang, quelle idée formidable ! Ecoutez : chacun de nous tue pour le compte de l'autre, vous comprenez ? Je tue votre femme et vous tuez mon père ! Nous nous sommes rencontrés dans le train et personne ne sait que nous nous connaissons ! Nous avons chacun un alibi parfait ! Vous saisissez ?"

Mon avis :
J'attendais ce rendez-vous estival avec impatience, mais à mon grand regret, cet "Inconnu du Nord-Express" m'a perdue sur le quai. Dans ce premier roman noir de Patricia Highsmith, fort de son énorme succès dès sa parution en 1950 et de plusieurs adaptations cinématographiques, malgré le duel psychologique d'anthologie entre les personnages principaux, je n'ai pas retrouvé la fraîcheur ni la profondeur de "Carol", que j'avais TELLEMENT aimé ! Comparer les deux textes tout au long de ma lecture a sans doute été mon erreur. Aussi je ne m'avoue pas vaincue. Je garde bien au chaud au creux de ma bibliothèque "L'inconnu du Nord-Express" pour un autre moment...


A lire également de Patricia Highsmith :     "Carol"

mercredi 7 juillet 2021

"Meurtres et Pépites de Chocolat" + "Meurtres et Charlotte aux Fraises" de Joanne Fluke (le cherche midi)

Joanne Fluke est une romancière américaine née en 1943 à Swanville, dans le Minnesota. Diplômée en psychologie, elle écrit, dans les années 1980, sous le nom de Jo Gibson, des histoires d'horreur pour jeunes adultes. En 2000, avec "Meutres et Pépites de Chocolat", elle commence une série consacrée à Hannah Swensen, détective amateure et pâtissière. L'originalité de cette série est d'inclure des recettes de cuisine dans l'intrigue policière. "Meurtres et Pépites de Chocolat" et "Meurtres et Charlotte aux Fraises" ont été publiés en France aux éditions Le cherche midi au printemps 2021. "Meurtres et Muffins aux Myrtilles" et "Meurtres et Tarte au Citron meringuée" sont attendus en septembre 2021.

L'histoire de "Meurtres et Pépites de Chocolat" :

Il y a deux ans, à la mort de son père, Hannah Swensen a renoncé à sa carrière universitaire pour revenir auprès de sa famille à Lake Eden (Minnesota), petite ville paisible et sûre de son enfance. Aujourd'hui elle ne regrette en rien son choix. Par hasard, elle s'est découvert une passion pour la pâtisserie et a ouvert une boutique, le "Cookie Jar", où ses créations de biscuits originaux font les délices de toute la région.

Quant à son rapprochement familial, les choses ne se passent pas si mal, finalement. Sa mère, veuve d'un commerçant très estimé de Lake Eden (son père était quincailler), est devenue par son dynamisme un pilier de la ville. Le défaut, s'il en est un, de Delores, est de voir en chaque spécimen masculin célibataire qui croise son chemin un fiancé potentiel pour Hannah, sa fille aînée trentenaire. Andrea, la cadette, travaille pour l'agence immobilière "Lake Eden Realty". Elle a épousé le shérif adjoint du comté, Bill Todd, et le couple a une petite fille de quatre ans, Tracey. Michelle, la benjamine rebelle et la plus indépendante de la sororie, vit en Europe.

En ce petit matin frisquet de la mi-octobre, Hannah arrive tôt, comme chaque jour, pour préparer le café et les premières fournées de cookies avant l'ouverture à 8h. En installant la salle qui accueillera les clients pour le petit-déjeuner, la jeune femme s'étonne du retard tout à fait inhabituel du livreur de la laiterie "Cozy Cow". Ron LaSalle est invariablement là à 7h35 précises pour boire son café et emmener sa portion de gâteaux quotidienne.

Le "Cookie Jar" est le lieu où tout le monde se rencontre et se raconte les nouvelles et les petits potins. Inquiète, Hannah interroge les habitués pour essayer de retracer l'itinéraire de Ron ce matin. Il semble que sa jeune nièce Tracey soit la dernière à avoir aperçu Ron et sa camionnette dans la ruelle derrière la pâtisserie. Stupéfaite, Hannah se précipite dehors et découvre, en effet, avec horreur, le véhicule, la portière côté conducteur ouverte sur un pied ballant et, renversé sur le siège, le corps sans vie de Ron, sa chemise "Cozy Cow" ensanglantée...

L'histoire de "Meurtres et Charlotte aux Fraises" :

Les terribles tragédies d'octobre dernier ont secoué toute la petite bourgade. Lake Eden se remet petit à petit de ses émotions. Les derniers estivants ont quitté les cottages autour du lac. En décembre, la région se prépare à entrer dans la saison difficile. Les hivers sont rudes dans le Minnesota.

Heureusement, un événement exceptionnel vient sortir les habitants de leur torpeur. Clayton Hart, patron des farines Hartland, a décidé d'organiser un concours du meilleur pâtissier, le premier du genre, et a choisi Lake Eden pour le mettre en place. Si le succès est au rendez-vous, la manifestation pourrait devenir annuelle et être une aubaine pas seulement pour Hart mais aussi pour les commerçants de Lake Eden.

Hannah Swensen, patronne du "Cookie Jar", réputée pour ses succulents biscuits, est la présidente du jury. Les épreuves sont retransmises à la télévision et se déroulent parfaitement bien. Le premier prix est remis à la candidate qui a présenté une tarte au citron aux saveurs délicates. A la demande de Clayton Hart, Hannah clôt l'émission en réalisant en direct une charlotte aux fraises. Malgré sa nervosité, tout se passe sans encombre et le dessert est fort apprécié. Même Boyd Watson, sévère juré du concours, et habituellement coach sportif de Lake Eden craint pour sa franchise, ne tarit pas d'éloges pour son gâteau et en emporte une part généreuse pour son épouse clouée au lit avec un mauvais rhume.

De retour chez elle en fin de soirée, satisfaite de sa prestation qu'elle est en train de visionner, et espérant se reposer un peu, Hannah reçoit un appel téléphonique. Danielle Watson vient de découvrir son mari, Boyd, frappé à mort avec un marteau dans le garage de leur maison. Malheureusement, sur place, la police ne trouve aucun élément qui permette sans le moindre doute d'innocenter Danielle...

Mon avis :

Mélangez avec espièglerie une tasse de Miss Marple (d'Agatha Christie), un tumbler d'Agatha Raisin (de M.C. Beaton), un mug de Melinda Monroe ("Les chroniques de Virgin River" de Robyn Carr), un gobelet recyclable de Nora Linde (de Viveca Sten) et un grand bol d'Erica Falck (de Camilla Läckberg), vous obtiendrez la pétillante Hannah Swensen !!!

Léger comme une barbe à papa... Sucré comme un beignet à la confiture... Ne boudons pas notre plaisir ! L'ensemble est réjouissant et divertissant. Les pièces du puzzle s'assemblent harmonieusement. Malicieuse jusqu'au bout, Joanne Fluke glisse entre les pages de chaque tome une quinzaine de recettes gourmandes. De toute évidence, elle s'amuse beaucoup... et son enjouement est communicatif !!!