lundi 4 février 2013

"LA GUERRE DE CATHERINE" - Julia Billet (L'Ecole des Loisirs - Médium)



"La guerre de Catherine"
Julia Billet
(L'Ecole des Loisirs - Médium)

Dès 12 ans

Sélectionné pour le Prix Sorcières 2013
Catégorie Romans Ados



Julia Billet est née en 1962 et réside actuellement en région parisienne même si elle préférerait s'installer à la campagne pour pouvoir se consacrer à l'écriture plus calmement. Elle écrit souvent la nuit et a ainsi pu produire, entre autres, "Salle des pas perdus", "Cri de guerre", "De silence et de glace". La mère de l'auteur, Tamo Cohen, passionnée de photographie, a été l'une de ces enfants de la Maison de Sèvres, cachée et sauvée grâce à elle et au réseau de l'OSE (Oeuvre de Secours aux Enfants).


La Maison d'enfants de Sèvres (Hauts-de-Seine) fut fondée en 1941 dans une grande propriété qui, jusqu'à la guerre, abrita une communauté religieuse. Sous l'égide du Secours national, elle était, à l'origine, destinée à héberger des enfants de la région parisienne victimes de restrictions alimentaires. Mais elle a évolué, sous l'influence de sa directrice, Yvonne Hagnauer ("Goéland"), en refuge pour les enfants victimes de la guerre et des persécutions politiques. Au cours des années 1942 à 1944, elle a abrité jusqu'à plus de soixante enfants admis clandestinement, cependant que leurs parents subissaient la proscription et la déportation. L'équipe responsable de la Maison a voulu appliquer des formules nouvelles de gestion et d'éducation inspirées de différentes philosophies en développant le sens de la liberté et des responsabilités, et le respect de la vie et de la nature, autour d'activités telles que l'entretien des animaux, quelques tâches ménagères, le jardinage, la cuisine, la musique, la poterie, la couture, la décoration, le théâtre, l'imprimerie... mais aussi l'instauration de l'équivalent d'un tribunal et d'une cour suprême présidés par les enfants eux-mêmes. De nombreux instituteurs et animateurs ont participé à l'aventure, comme Marcel Marceau ("le Mime Marceau"), ou Paul-Emile Victor. La Maison fut rattachée aux services de l'enseignement de la Seine en 1949. En 1951, elle comptait environ cent trente enfants : enfants de déportés raciaux et politiques, orphelins de guerre, orphelins de père et/ou de mère, enfants de mères abandonnées, enfants de familles sinistrées, enfants de ménages dissociés, enfants en danger moral dans leur famille, enfants de familles ouvrières dont les conditions matérielles d'existence contrarient le développement normal, enfants présentant des troubles de l'émotivité provoqués par les événements de la guerre. La Maison de Sèvres n'était pas "spécialisée" comme l'était la plupart des centres créés pour le sauvetage des victimes de guerre. En 1958, la Maison emménage au Château de Bussières. Yvonne Hagnauer la dirigea durant vingt-neuf ans, jusqu'en 1970. Sous la direction d'"Orchidée", de 1970 à 1990, l'internat et le collège furent rattachés au département des Hauts-de-Seine. La Maison fermera ses portes en juin 2009. "Goéland" a été décorée de la médaille des Justes bien des années après la guerre.

(cf : "La guerre de Catherine" / Wikipedia)

Pétain et Laval

Contexte historique :
Le régime de Vichy est un régime politique français qui dura quatre ans, de 1940 à 1944, pendant l'Occupation nazie. Le chef d'Etat en est le maréchal Pétain. Il instaure un régime autoritaire qui rejette la république et la démocratie, "révolution nationale" résumée dans la devise "Travail, Famille, Patrie". Le gouvernement glorifie le travail traditionnel, apporte son aide financière aux familles nombreuses, exclut les Juifs de la communauté française et leur interdit nombreuses professions telles que militaire ou instituteur, contrôle la radio, la presse, les organisations de jeunesse, et s'appuie sur les associations d'anciens combattants. Pétain, poussé par Laval, engage une collaboration d'Etat avec l'Allemagne. En 1942, l'Etat français livre à l'Allemagne les Juifs étrangers de la zone libre. La police française apporte son concours aux Allemands pour les arrêter dans la zone occupée (rafle du Vel d'Hiv - Vélodrome d'Hiver - le 16 juillet 1942). Le régime incite également les jeunes Français à partir travailler en Allemagne, instaure le service du travail obligatoire (STO) et laisse la milice chasser les résistants et les Juifs. En 1944, les forces alliées débarquent en France. Le 9 août 1944, le Gouvernement Provisoire de la République française (GPRF), dirigé par le général de Gaulle, déclare nul et non avenu le régime de Vichy. Le maréchal Pétain fuit en Allemagne. A l'issue de la guerre, il est arrêté, jugé et condamné à mort. Toutefois, en souvenir du héros de la Première guerre mondiale qu'il fut, le général de Gaulle décide de le gracier.

(cf : Vikidia)


L'histoire :
Rachel, élève médiocre et chahuteuse, est confiée, au début de la guerre, à la Maison d'enfants de Sèvres, en région parisienne, où elle reçoit un enseignement original qui l'épanouit totalement. "Goéland", la directrice de l'établissement, et "Pingouin", son époux, sont les pionniers d'une pédagogie nouvelle.
Malheureusement, nous sommes en guerre, et voici maintenant trois ans que Rachel, adolescente juive, n'a plus aucun contact avec ses parents. La loi de Pétain sur le statut des Juifs ne fait qu'accroître son inquiétude. "Pingouin", ayant repéré chez la jeune fille un véritable don pour la photographie, lui transmet sa passion pour cet art et lui confie un Rolleiflex. Cet appareil scellera à jamais le destin de Rachel...


Mon avis :
Voilà un ouvrage qui traite de la photographie de la première à la dernière page et qui ne nous en offre pas une seule, hormis celle de la couverture. Nous aurions été vraiment curieux d'accompagner de quelques clichés notre lecture de ce récit très original.
On pourrait regretter également que l'ensemble manque de rythme, d'aventures, d'intensité dramatique. Certaines scènes immortalisées par le fameux Rolleiflex auraient pu être plus percutantes. Mais l'auteur a choisi de traverser la guerre avec beaucoup de pudeur et de retenue. Son héroïne n'est, en effet, pas une actrice de cette guerre, mais une observatrice. Elle refuse de se voir en victime et de penser à ses parents. D'une écriture très belle et émouvante, Julia Billet nous décrit de très jolies rencontres, de touchantes histoires d'amitié, des enfants qui ne comprennent pas ce qu'il leur arrive, des adolescents qui ne prendront conscience qu'après coup des dangers auxquels ils ont fait face et des risques que des adultes résistants et courageux ont prix pour eux au péril de leur vie.

Image par image, nous assistons indéniablement
à l'éclosion d'un magnifique papillon émergeant de sa chrysalide !