samedi 16 novembre 2013

"AU-DELA DU MAL" de Shane Stevens (Sonatine)



"Au-delà du mal"
Shane Stevens
(Sonatine)

Ados / Adultes


Shane Stevens, probablement un pseudonyme, on ne sait rien de lui. "Au-delà du mal" a été publié aux Etats-Unis en 1979, encensé par Thomas Harris, Stephen King et James Ellroy (rien de moins !), vendu depuis à prix d'or chez quelques rares bouquinistes anglo-saxons, et pourtant jamais traduit en français... jusqu'en 2009 quand les éditions Sonatine obtiennent les droits de la fille de l'auteur. Ce livre, un bijou à l'intrigue diabolique, considéré comme un chef-d'oeuvre au même titre que "Le chant du bourreau" de Norman Mailer ou "De sang froid" de Truman Capote, présente pour la première fois l'idée que quelqu'un puisse être un "monstre irresponsable" à travers ce personnage de tueur en série cabossé dès l'enfance, fils d'un petit truand tué lors d'un braquage, et martyrisé par une mère déséquilibrée, victime elle-aussi de la brutalité de la vie et des hommes.

Faits réels :
Caryl Chessman (1921 - 1960)
Surnommé "le bandit à la lumière rouge" parce qu'il approchait ses victimes muni d'une torche ressemblant à celle utilisée par la police, il est arrêté en 1948, et condamné à mort pour braquages à main armée, viols et enlèvements. Cette condamnation soulève de très vifs débats aux Etats-Unis où, depuis l'affaire du bébé Lindbergh en 1932, l'enlèvement avec demande de rançon ou coups et blessures est devenu passible de la peine de mort. Le pays, au soir de la présidence républicaine d'Eisenhower, et à l'aube de celle du démocrate John F. Kennedy, connaît ses premiers mouvements contre la peine de mort. Après douze ans d'innombrables appels, actions judiciaires et la parution de quatre livres, Caryl Chessman est finalement exécuté le 2 mars 1960 dans la "Chambre verte" (la chambre à gaz) de la prison de San Quentin, en Californie, à l'âge de 38 ans. Cette exécution est suivie d'actes de violence et de meurtres qui toucheront le monde politique et les médias parce que l'Amérique est en pleine campagne électorale, mais aussi parce que, malgré la gravité indéniable de ses actes, Chessman n'était pas un tueur et des doutes subsistent encore sur sa culpabilité. 

L'histoire :
Ce soir du 3 septembre 1947, à Los Angeles, Sara et son petit ami Harry s'éloignent de la ville, vers les bois, à l'abri des regards, pour un moment d'intimité. Ils sont alors agressés par un homme muni d'une torche rouge. Sous la menace d'un revolver, Harry est enfermé dans le coffre et Sara est violée à l'arrière de la voiture.
Deux mois plus tard, Sara et Harry se marient et le jeune couple attend bientôt un enfant. Mais le bébé n'est pas de Harry. Sara s'en doute. Et aujourd'hui 24 janvier 1948, elle en est certaine. Car les journaux ne parlent que de l'arrestation du "braqueur à la torche rouge". Sur la photo, Sara le reconnaît. En avril, elle donne naissance à un petit garçon, Thomas, le fils de son violeur, Caryl Chessman...

Mon avis :
L'histoire est dense, passionnante, structurée. Les questions posées sur la génétique, sur les raisons qui poussent quelqu'un au crime, sur les soins psychiatriques, sur la police, la justice, la politique, les médias sont très intelligentes. On sent l'auteur captivé par son sujet et désireux d'offrir au lecteur un maximum d'informations pour l'aider dans sa réflexion. Mais cette rigueur chronologique dans la construction du texte et le foisonnement de détails sont tels qu'ils ralentissent la fluidité de la lecture. Stevens joue avec nos nerfs et abuse de ses 750 pages. J'avoue avoir manqué de patience. Je me suis arrêtée en chemin. Le stress était insupportable ! Mais j'ai adoré...