jeudi 5 mai 2016

"Meurtre à Tombouctou" de Moussa Konaté (Seuil, 2014) - Mali


Moussa Konaté est né en 1951 à Kita, au Mali, et il est décédé en 2013 à Limoges. Ce grand intellectuel et ambassadeur de la culture malienne à l'étranger, diplômé en lettres de l'Ecole normale supérieure de Bamako, a enseigné la littérature plusieurs années avant de se consacrer à l'écriture. Il a publié son premier roman en 1981, fondé une compagnie de théâtre et créé les Editions du Figuier en 1997, tournées particulièrement vers la littérature jeunesse afin de faire connaître le visage réel de l'Afrique aux jeunes du monde entier, loin des clichés. Outre le français, Le Figuier publie également des ouvrages en langues maliennes (bambaran soninké, sonraï, tamaschek, peul). Pendant dix ans, de 2001 à 2011, il co-dirigea, avec Michel Le Bris, le Festival "Etonnants voyageurs" au Mali, à Bamako, qui a fait connaître de nombreux écrivains africains, dont Alain Mabanckou. Auteur notamment de l'essai "L'Afrique noire est-elle maudite ?", où il interrogeait les maux de son continent, Moussa Konaté faisait aussi découvrir le Mali à travers ses romans policiers, tels "L'assassin du Branconi" suivi de "L'honneur des Keita" (2002), "L'empreinte du renard" (2006) ou "La malédiction du Lamantin" (2009), avec le personnage récurrent du commissaire Habib. Moussa Konaté avait également créé à Limoges, où il résidait depuis 1990, les Editions Hivernage, à la fois maison d'édition et diffuseur/distributeur du Figuier en France et en Europe. "Meurtre à Tombouctou" est son dernier roman.

L'histoire :
Ibrahim a quitté le campement ce matin après le petit-déjeuner pour se rendre à Tombouctou. Il devait être de retour pour le déjeuner, mais en fin d'après-midi il n'est toujours pas là. Inquiet pour son petit frère, Rhissa décide d'aller à sa rencontre. Hélas, en chemin, dans le désert ocre et blanc, au pied d'un figuier, le jeune Touareg découvre le corps sans vie d'Ibrahim, le visage ensanglanté. Le coeur lourd de chagrin, Rhissa dépose le défunt sur le dos d'un des deux dromadaires, et, contrairement à ce que veut la tradition Touareg de ramener le corps auprès des siens, il continue sa route jusqu'à Tombouctou. Arrivé au commissariat de police, il accuse la famille Youssef du meurtre de son frère. Plus tard dans la soirée, un cavalier tire plusieurs coups de feu sur la chambre d'hôtel d'un touriste français en criant : "Sales mécréants de Français, vous allez tous mourir. Qu'Allah vous maudisse !" avant de disparaître au galop. Les deux affaires sont-elles liées ?

Mon avis :
Loin des romans noirs obscurs, des polars dépressifs et des thrillers sanglants, ce fort sympathique roman policier nous offre un délicieux moment d'évasion au Mali. Les personnages très attachants et pleins d'humour nous font visiter Tombouctou, étonnante ville métissée, multiculturelle, à la fois cité moderne et cité antique, meurtrie par le trafic de drogues, le terrorisme islamique, les enlèvements, les peurs irrationnelles, les rumeurs, et la cohabitation ambiguë entre une certaine partie de la population malienne et les Français. A souligner : un épilogue particulièrement émouvant !

Clin d'oeil :
Ce vêtement plurigénérationnel que nous écrivons habituellement "tee-shirt" s'orthographie dans ce texte "ticheurte".

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire