vendredi 15 novembre 2019

"Le sympathisant" de Viet Thanh Nguyen (10/18)


Prix Pulitzer de la fiction 2016
Prix Edgar Allan Poe 2016
Prix du Meilleur livre étranger 2017

Translation Prize 2018 de la French-American Foundation
à Clément Baude pour la traduction


Viet Thanh Nguyen est né en 1971 à Buôn Ma Thuôt, au Sud-Vietnam. Après la chute de Saigon, il fuit le pays avec toute sa famille et rejoint les Etats-Unis en cargo, comme des milliers de boat people. D'abord réfugiés dans un camps en Pennsylvanie, les Nguyen s'établissent en Californie.

Etudiant diplômé de Berkeley, Viet Thanh Nguyen devient professeur à l'université South California et entame en parallèle l'écriture de son premier roman, "Le sympathisant", qui s'impose dès sa sortie comme un immense succès critique et commercial.

Finaliste des plus grands prix littéraires, dont le PEN/Faulkner, lauréat du Prix Edgar Allan Poe du meilleur premier roman, et consacré par le Prix Pulitzer de la fiction en 2016, traduit dans vingt-cinq langues, il lui vaut d'être comparé aussi bien à John Le Carré qu'à Saul Bellow. La French-American Foundation a décerné son Translation Prize 2018 à Clément Baude pour la traduction de l'ouvrage. En France, le livre obtient le Prix du Meilleur livre étranger en 2017.

Viet Thanh Nguyen est également l'auteur d'un essai finaliste du National Book Award, "Nothing Ever Dies", sur la guerre du Vietnam dans la mémoire collective, américaine et asiatique, ainsi que d'un recueil de nouvelles, "Les Réfugiés", paru en septembre 2019 aux Editions Belfond. Il vit à Los Angeles, avec son épouse et leur fils.

L'histoire :

Saigon, avril 1975

Villes et villages du Sud tombent les uns après les autres. Après sa démission, le Président du Sud-Vietnam s'est enfui à Taiwan avec des valises pleines de l'or de la République. Bientôt, les troupes nord-vietnamiennes seront sur Saigon. Le général, chef de la police secrète, son capitaine et un certain Claude, de l'ambassade américaine, agent de la CIA, préparent un plan d'évacuation et la liste de celles et ceux qui pourront en bénéficier, eux-mêmes et leurs proches inclus.

A son arrivée à Camp Pendleton, à San Diego, en Californie, en compagnie du général et de sa famille, et de son ami Bon, le capitaine, taupe au service des communistes, continue d'envoyer ses rapports à Man, son ami d'enfance resté au Vietnam, par le biais de lettres codées...

Mon avis :

"Rappelle-toi, disait ma mère, tu n'es pas une moitié de quoi que ce soit, tu as tout en double !"

Cette phrase est le fil rouge de ce roman écrit sous la forme d'une confession, celle d'un jeune homme né d'une mère célibataire sud-vietnamienne et d'un père prêtre catholique français. Devenu agent double pour le compte des communistes, il raconte la chute de Saigon en 1975, l'exil aux Etats-Unis, un intermède dans le cinéma hollywoodien, puis son retour au pays.

La première partie du livre, haletante, nous emporte dans le chaos. Les scènes sont terribles et les mots lourds de sens. Quelques notes d'humour teinté de cynisme nous laissent à peine le temps de reprendre notre souffle.

La seconde partie, remarquable, est plus oppressante car tout y est ambigu, trouble, binaire. Le narrateur, hanté par ses fantômes, par sa double culture, par sa double identité, par son double rôle, s'abandonne à la réflexion et aux doutes. Il fouille, analyse, décrypte tout ce qui oppose l'Orient et l'Occident, tout ce qui différencie l'Oriental et l'Occidental. Il cherche à comprendre, mais en même temps, il craint les réponses.

Brillant !!!

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