vendredi 6 mars 2020

"La passion suspendue" - Marguerite Duras - Entretiens avec Leopoldina Pallotta della Torre (Points)

Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Donnadieu, est née en 1914 à Saïgon (alors en Indochine française) d'une mère institutrice et d'un père professeur de mathématiques qui meurt de dysenterie en 1921. En Indochine, la famille est ruinée et Marguerite rentre en France suivre des études de Droit.

Pendant la guerre, elle participe à la Résistance et voit son mari, Robert Antelme, déporté à Dachau et revenir malade du typhus. Elle en fera le récit dans "La Douleur" paru en 1985. A la Libération, Marguerite Duras s'engage au Parti Communiste Français, en est exclue en 1950 mais continue de militer pour différentes causes comme la guerre en Algérie ou encore le droit à l'avortement.

Cette année-là (1950), elle publie son troisième livre, "Un barrage contre le Pacifique", roman autobiographique qui sera adapté au cinéma. Elle-même se mettra plus tard à écrire des scénarios ("Hiroshima mon amour" en 1959) puis passera à la réalisation, adaptant ses propres livres (comme "India Song" en 1975). Elle écrit également des pièces de théâtre dès 1955 avec "Le square" puis viendront "Des journées entières dans les arbres" (1965) et aussi "Savannah Bay" (1982).

Parmi ses livres-clé on peut citer "Moderato cantabile" (1958), "Le Ravissement de Lol V. Stein" (1964) ou encore "Le Vice-consul" (1966). En 1984, Marguerite Duras connaît un immense succès avec son roman "L'Amant" qui reçoit le Prix Goncourt. Malade de l'alcool depuis les années 1980, l'écrivaine renouvelle les cures de désintoxication. Elle meurt à Paris en 1996 à l'âge de 81 ans.

Leopoldina Pallotta della Torre est une journaliste italienne. Après la lecture de "L'Amant", elle décide d'écrire un article puis un livre sur Marguerite Duras, qu'elle rencontre entre 1987 et 1989.

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Mon avis :

"On me reprochait toujours d'être folle, illogique. Mais en moi il n'y avait qu'une apparence de désordre, de contradictoire."

On l'adore ou on la déteste. Elle agace ou elle fascine. Marguerite Duras est une personne complexe. Elle n'aime pas ce qui est linéaire, en littérature comme dans tout autre domaine. Elle affectionne la solitude et le silence autant qu'elle en souffre. Dans cet entretien qu'elle accorde à la journaliste italienne Leopoldina Pallotta della Torre, l'écrivaine se dévoile de manière exceptionnelle avec beaucoup de liberté et de franc-parler, modeste (rarement), le propos amer (parfois), sévère avec ses contemporains (souvent), passionnée (toujours)... Nostalgique lorsqu'elle évoque son enfance en Cochinchine où elle est née... Touchante lorsqu'elle raconte son arrivée à Paris, jeune étudiante en Droit de dix-huit ans, ses rencontres, la guerre, les hommes... Lucide face au succès de "Un barrage contre le Pacifique", "L'Amant" et "La Douleur"... Captivante lorsqu'elle analyse son écriture, ses personnages, la littérature, le théâtre, le cinéma... Troublante lorsqu'elle confie sa conception de l'amour... Emouvante lorsqu'elle aborde son alcoolisme, la maternité, sa vie de femme entière et passionnée...

"Ecrire, ce n'est pas raconter une histoire : mais évoquer ce qui l'entoure, on crée autour de l'histoire un instant après l'autre."

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