vendredi 6 mars 2020

"Un dimanche à Ville-d'Avray" de Dominique Barbéris (Arléa)

Dominique Barbéris est une romancière française née en 1958 au Cameroun (Afrique centrale). Agrégée de lettres modernes, enseignante universitaire, spécialiste en stylistique et ateliers d'écriture romanesque, elle est l'auteure de neuf romans dont "La Ville" (Arléa, 1996), "Les autres" (Gallimard). "L'année de l'éducation sentimentale" (Gallimard) a reçu le Prix Jean Freustié en 2018. Son dixième roman, "Un dimanche à Ville-d'Avray" a été sélectionné pour le Prix Goncourt et pour le Prix Femina à l'occasion de la rentrée littéraire 2019.

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Le film :
Le titre du roman de Dominique Barbéris, "Un dimanche à Ville-d'Avray", fait référence à "Cybèle ou les dimanches à Ville-d'Avray" (souvent abrégé en "Les dimanches de Ville-d'Avray"), film dramatique français réalisé en 1962 par Serge Bourguignon, récompensé par l'Oscar du meilleur film international en 1963.

Années 1960 en France.
Pierre, un ancien pilote de guerre, est devenu amnésique à la suite d'un accident d'avion en Indochine et ne parvient pas à se réintégrer au monde. Madeleine, une amie infirmière, lui consacre toute sa vie et sa tendresse de femme seule. Un jour, en la raccompagnant à la gare de Ville-d'Avray, Pierre rencontre Françoise, dix ans, orpheline de mère, qui vit dans un pensionnat religieux. La vision de l'enfant lui rappelle l'image d'une fillette qu'il pense avoir tuée en opération. Il se prend rapidement d'amitié pour Françoise. Puis, se faisant passer pour son père, il lui rend visite tous les dimanches. Une tendre et pure complicité s'établit entre eux. Mais cette relation fait bientôt scandale dans la ville...

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"Qui nous connaît vraiment ? Nous disons si peu de choses, et nous mentons presque sur tout. Qui sait la vérité ?"

L'histoire :

Deux soeurs. L'une, la narratrice, vit heureuse et épanouie dans l'agitation de Paris mais elle appréhende les dimanches ennuyeux et guindés chez sa soeur. L'autre, Claire Marie, s'efface pour sa famille, traditionnelle et sans surprises, en banlieue, à Ville-d'Avray, et elle déteste les dimanches chez sa soeur dont les amis sont trop expansifs pour elle.

Ce dimanche d'automne n'a rien de différent des autres dimanches. Profitant de l'absence de son compagnon, la narratrice décide de rendre visite à sa soeur. Est-ce le fait de se retrouver seules, toutes les deux, quelques instants dans l'après-midi, ou est-ce la lenteur morose d'une journée déprimante qui ravive en elles des souvenirs communs ? Leur enfance dans les années 1960, l'éducation qu'elles ont reçue, leurs jeux, leurs rêves, leurs passions pour des héros de télévision, Thierry la Fronde d'abord, puis Rochester, personnage du roman de Charlotte Brontë, "Jane Eyre", interprété au cinéma par le troublant Orson Welles.

Ce dimanche d'automne, comme tout autre dimanche, écrasant d'ennui, de nostalgie, de tristesse, devient, au détour d'une confidence inattendue lâchée presque par hasard, un dimanche particulier...

Mon avis :
On se reconnaîtra tous un peu dans la description de ces dimanches pesants, étranges, hors du temps, où tout peut arriver, où tout peut être dit, puis s'évanouir comme n'avoir jamais existé, comme ces petites scènes théâtrales inventées par les enfants. Ce livre est un bruissement de pas dans les feuilles mortes. Ce livre est le clapotis d'une pluie continue sur la surface d'un étang. Ce livre est un murmure, on tend l'oreille, on veut tout entendre, parce que c'est beau, romanesque, poétique, et profondément intime.

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