mercredi 12 août 2020

"La Dame à la Licorne" de Tracy Chevalier (Folio)

Tracy Chevalier est une écrivaine américaine, née en 1962 à Washington. En 1984, elle déménage en Angleterre et commence, en 1993, une année de Master of Arts en création littéraire à l'Université d'East Anglia. Ses tuteurs, lors de son parcours, sont les romanciers Malcolm Bradbury et Rose Tremain. En 1997 paraît son premier roman, "La Vierge en bleu". Le succès arrive avec "La jeune fille à la perle", un livre inspiré par le célèbre tableau de Vermeer. Le film éponyme, réalisé par Peter Webber, avec Scarlett Johansson, Colin Firth et Cillian Murphy, a obtenu trois nominations aux Oscars de 2004. Tracy Chevalier est également présidente, pour l'Angleterre, de la Society of Authors. Son dernier roman, "La brodeuse de Winchester", vient d'être publié aux Editions Quai Voltaire.

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Depuis le traité "De l'âme" d'Aristote (384 - 322 av. J.C.), l'être humain dispose de cinq sens. Pourtant, La Dame à la Licorne, tissée vers 1500 et exposée aujourd'hui au Musée national du Moyen Age - Thermes et Hôtel de Cluny (Paris V), évoque l'idée d'un mystérieux sixième sens.

La Dame à la Licorne est composée de six tapisseries. On suppose que cinq d'entre elles représentent les cinq sens symbolisés par l'occupation à laquelle se livre la Dame :

  • Le toucher (la Dame tient d'une main la corne de la Licorne et de l'autre le mât d'un étendard)
  • Le goût (la Dame prend une dragée d'une coupe que lui tend sa servante et l'offre à un oiseau)
  • L'odorat (pendant que la Dame tisse une couronne de fleurs, un singe respire le parfum d'une fleur dont il s'est emparé)
  • L'ouïe (la Dame joue d'un petit orgue)
  • La vue (la Licorne se contemple dans un miroir tenu par la Dame)

Sur la sixième tapisserie, dont l'interprétation reste un mystère à ce jour, on peut lire, encadrée des initiales A et I, la devise "Mon seul désir" au haut d'une tente bleue (image ci-dessus).

Une autre interprétation voudrait que les six tapisseries illustrent six vertus allégoriques courtoises évoquées dans le "Roman de la Rose". Il s'agirait alors de Oiseuse pour la vue, Richesse pour le toucher, Franchise pour le goût, Liesse pour l'ouïe, Beauté pour l'odorat et Largesse pour la dernière "Mon seul désir".

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L'histoire :

Paris, 1490, sous le règne de Charles VIII dit "l'Affable" (1470-1498)

Pour habiller les murs de la grande salle de réception de sa demeure rue du Four à Paris, Jean Le Viste, haut magistrat d'origine lyonnaise, a l'envie de six tapisseries. Chacune devra représenter une scène de la Bataille de Nancy. L'artiste sera prié d'y insérer le plus de blasons possibles de la famille Le Viste, bien qu'aucun de ses membres n'ait participé à cet épisode glorieux.

Sur les conseils de son épouse, Geneviève de Nanterre, Jean Le Viste fait appel à Nicolas des Innocents, célèbre dans le tout-Paris pour ses magnifiques miniatures. Si le peintre est talentueux, l'homme est également réputé pour sa trivialité et son insatiable appétit pour le sexe faible. Malgré ces rumeurs, Dame Geneviève se rapproche de l'artiste. Accueillir des hôtes de marque dans une pièce entourée de sang et de corps étripés ne lui plaît guère et n'augure pas des discussions sereines. La maîtresse de maison préférerait un thème plus subtil et plus apaisant. Elle s'en remet à Nicolas des Innocents et elle est immédiatement conquise par sa proposition d'une réflexion autour de la Licorne...

Mon avis :
Une histoire délicieusement romanesque très instructive sur la vie des artisans, en particulier des lissiers, à l'aube de la Renaissance, et sur les différentes étapes de l'élaboration d'une tapisserie, de sa conception à sa sortie de l'atelier. Très agréable moment de lecture à la fois distrayant et éducatif, et l'écriture de Tracy Chevalier toujours aussi envoûtante !


A lire également, de Tracy Chevalier, le passionnant "Prodigieuses créatures" :

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