mercredi 3 mars 2021

"Les Lettres d'Esther" de Cécile Pivot (Calmann-Lévy)

Cécile Pivot n'est pas seulement la fille de Bernard Pivot. Elle a été correctrice au "Le Papotin", où les journalistes sont des autistes qui ont entre 15 et 35 ans. Depuis 2015, elle est journaliste indépendante (Groupe Altice Media). En 2017, elle publie un récit, "Comme d'habitude" (Calmann-Lévy), dédié à son fils Antoine, autiste. Puis deux essais : "Lire", avec Bernard Pivot (Flammarion, 2018), et "Le Papotin", avec Driss et Kesri (Kéro, 2019). "Battements de coeur", son premier roman paru chez Calmann-Lévy en 2019, a été salué par la critique et a reçu le Prix de la littérature 2020 du Lions Club Île de France. "Les Lettres d'Esther" (Calmann-Lévy) a paru en 2020.

L'histoire :

Esther Urbain a quarante-deux ans. Après avoir été documentaliste et correctrice pour l'édition, spécialisée dans les correspondances, elle est à présent libraire à Lille. Il y a trois ans, son père, auteur de romans policiers, avec qui elle partageait la passion des mots, mourrait brutalement. Le temps n'a pas atténué sa douleur, toujours aussi vive. Est-ce pour cette raison qu'Esther décide de créer un atelier d'écriture épistolaire ?

Très vite, elle publie une annonce en ligne sur le site de la librairie et dans quatre quotidiens régionaux. L'atelier durera trois mois. Une première et unique rencontre aura lieu à Paris. La suite se fera par courriel, téléphone ou courrier postal. Chaque participant devra choisir un ou deux correspondants dans le groupe. Les réponses sont moins nombreuses que l'espérait la libraire. Elle ne sait pas du tout où cette soudaine idée va la mener et c'est avec appréhension qu'elle arrive à Paris ce 31 janvier 2019. Le moment est venu de faire la connaissance de Jean, Juliette, Nicolas, Jeanne et Samuel...

"Cet atelier était leur bouée de sauvetage. Il allait les sauver de l'incompréhension, d'un deuil qu'ils ne faisaient pas, d'une vie à l'arrêt, d'un amour mis à mal. Quand j'en ai pris conscience, il était trop tard, j'étais déjà plongée dans l'intimité et l'histoire de chacun d'eux."

Mon avis :
Très vite, à la surprise des participants eux-mêmes, l'atelier d'écriture devient une chaîne humaine précieuse où chaque correspondant se révèle, se libère, s'allège d'un poids qu'il se sent seul à porter. Les confidences échangées sont fortes, intimes, sincères, à fleur d'émotions. Les chagrins et les accidents de la vie, les bonheurs et les victoires, tout peut se dire, tout peut s'écrire. Cécile Pivot le réussit remarquablement, avec pudeur, avec douceur, avec bienveillance. Chaque lecteur appréciera les mots à sa manière. J'ai personnellement ressenti, à la lecture de ces textes, une très heureuse mélancolie et une réelle nostalgie pour les lettres manuscrites.

Parmi les nombreux livres cités par Cécile Pivot, "L'ami retrouvé" de Fred Uhlman (Folio)

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