lundi 8 mars 2021

"Passion simple" d'Annie Ernaux (Folio)

Annie Ernaux est une romancière française. De son premier roman, "Les armoires vides" (1974), à "La honte" (1997), en passant par "Ce qu'ils disent ou rien" (1977), "La femme gelée" (1981), "La place" (Prix Renaudot 1984), "Une femme" (1988) et "L'événement" (2000), elle décrit, sans déploration mais avec une précision chirurgicale, la banalité d'une expérience, la sienne, mais, sur bien des points, commune à nous tous : au fond du café-épicerie de ses parents, une adolescente échappe, avec une culpabilité douloureuse, aux déterminismes familiaux en accédant à la culture littéraire grâce à l'école. Sa langue explore et superpose les différents registres de l'oralité, populaire et distinguée. Dans ses derniers textes ("Passion simple", 1992 ; "Se perdre", 2001), Annie Ernaux se fait la diariste de plus en plus minimaliste et impudique de son expérience amoureuse, dans des "récits-vrais" sans concession, au style épuré et au plus près des émotions et des sensations.

Ecrivain majeur de la Littérature française, pionnière d'un nouveau style, l'écriture de soi, son oeuvre suit, presque en temps réel, l'accès des femmes à l'autonomie sociale et sexuelle. Annie Ernaux est née en 1940 à Lillebonne (Seine-Maritime), dans un milieu social modeste. Ses parents sont d'abord ouvriers avant de tenir un café-épicerie. Puis, après la guerre, ils déménagent à Yvetot, ville martyrisée par les bombes, et ouvrent à nouveau un café-mercerie-épicerie dans un quartier très modeste. Après son baccalauréat, Annie Ernaux commence des études de Lettres à Rouen, ville symbole d'une certaine liberté pour la jeune étudiante qu'elle est, loin de sa famille. C'est bien avant 1968 et l'accès à la contraception. Elle prend alors de plein fouet sa condition de femme, un avortement clandestin, puis une nouvelle grossesse acceptée, un mariage obligé et des examens à passer dans des circonstances difficiles.

Institutrice puis professeure agrégée de Lettres modernes, divorcée, mère de deux garçons, elle fait son entrée en littérature en 1974 avec "Les armoires vides", un roman autobiographique. Sa vie, ses expériences heureuses ou douloureuses, le statut de la femme seront les matériaux essentiels d'une oeuvre réaliste et crue. "La place" remporte le Prix Renaudot en 1984. A la croisée de l'expérience historique et de l'expérience individuelle, son écriture, dépouillée de toute fioriture stylistique, dissèque le parcours de ses parents ("La place", "La honte"), son adolescence ("Ce qu'ils disent ou rien"), la sexualité et ses relations amoureuses ("Passion simple", "Se perdre"), son mariage ("La femme gelée"), son avortement ("L'événement"), son environnement ("Journal du dehors", "La vie extérieure"), la maladie d'Alzheimer de sa mère ("Je ne suis pas sortie de ma nuit"), puis la mort de sa mère ("Une femme"), son cancer du sein ("L'usage de la photo", en collaboration avec Marc Marie).

En 2008, Annie Ernaux touche et émeut un très large public avec "Les Années" (Gallimard), formidable et mélancolique récit écrit à la troisième personne du singulier, différent de l'ensemble de son travail, et qui fait figure de mémoire collective des Français. Tous les lecteurs, même parmi les plus jeunes, se reconnaissent quelque part dans cette évocation de la période de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. Le livre est récompensé par le Prix Marguerite Duras, le Prix François Mauriac de la région Aquitaine, le Prix de la langue français et le Prix Strega européen. Il a été finaliste du prestigieux Man Booker International Prize en 2019.

En 2017, Annie reçoit le Prix Marguerite Yourcenar décerné par la Société civile des auteurs multimédia pour l'ensemble de son oeuvre.




Son roman "Passion simple", paru en 1992, a été de nombreuses fois adapté pour le théâtre, puis pour le cinéma, en 2020, pour le film éponyme français réalisé par Danielle Arbid, avec Laetitia Dosch et Sergueï Polounine.




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L'histoire :

Elle est professeure en région parisienne, est divorcée, à deux fils étudiants qui ne résident pas chez elle. Il est homme d'affaires, marié, originaire d'un pays de l'Est, parle peu le français, voyage beaucoup, se pose de temps en temps à Paris où il rejoint le lit de la femme pour quelques heures d'amour.

Elle veut y croire, à cet amour. Depuis qu'elle a rencontré A., sa vie ne tient qu'à trois mots : attente, absence, désir. Cet homme l'obsède, la vampirise. Elle est habitée par lui, ne pense qu'à lui, ne vit que pour lui, plus rien n'a d'importance. Mais lui, éprouve-t-il pour elle les mêmes sentiments ? Elle sait bien que non. Alors qu'attend-t-elle ? Des fleurs ? Des messages tous les jours ? Des confidences ? Un peu de jalousie ? Du sexe ? Désirer, être désirée ? Se laisser dévorer, se perdre ?

C'est l'histoire d'une passion, d'un amour fantasmé, érotique, sans lendemain, qui durera pourtant deux ans. Qu'en restera-t-il ? De quoi chacun se souviendra-t-il ? Passion simple... Passé simple... Il a été...

De son écriture épurée, Annie Ernaux aborde sans tabou et, comme toujours, avec justesse et sensibilité, la sexualité féminine et la passion amoureuse au féminin. Brillant, évidemment !


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Retrouver Annie Ernaux dans :

"Les armoires vides" (Folio) - "La vie extérieure" (Folio) - "L'événement" (Folio) - "Retour à Yvetot" (Mauconduit)
https://cappuccinochezlouguitar.blogspot.com/2014/04/annie-ernaux.html


"La femme gelée" (Folio)

"L'écriture comme un couteau" - Entretien avec Frédéric-Yves Jeannet (Folio)

"Ce qu'ils disent ou rien" (Folio)

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