"Misery"
Stephen King
(Le Livre de Poche)
Prix Bram Stoker du meilleur roman en 1987
Héros de ce roman :
"Misery" est un huis-clos éprouvant réunissant trois personnages : la victime, l'écrivain à succès Paul Sheldon ; le bourreau, l'ancienne infirmière Annie Wilkes et "plus fervente admiratrice" de Paul Sheldon ; et Misery, héroïne "de papier" d'une saga écrite par Sheldon et à laquelle Annie Wilkes s'identifie.
Stephen King est né en 1947 à Portland, dans le Maine. Il fait figure, depuis plus de quarante ans, de géant des lettres américaines, fort d'une oeuvre aussi prolifique que populaire dans le monde entier. Son succès démarre en 1974 avec la publication de "Carrie", son premier roman (l'histoire d'une lycéenne, maltraitée par ses camarades, qui se découvre un pouvoir de télékinésie). Stephen King quitte alors son poste d'enseignant pour se consacrer pleinement à l'écriture. Depuis, il enchaîne les best-sellers et les adaptations à l'écran ("Shining", "Christine", "Misery", "ça"...). Réputé pour ses récits mêlant horreur et fantastique, Stephen King s'est aussi illustré dans un genre plus réaliste, que ce soit dans "Dolores Claiborne" ou le recueil "Différentes Saisons" notamment, ou dans les romans signés sous le nom de Richard Bachman. C'est sous ce pseudonyme qu'en 1987 devait être publié son roman "Misery", mais le public ayant découvert que King et Bachman ne faisaient qu'un, Stephen King se résolut à signer ce livre sous son propre nom.
Publiés sous le nom de Richard Bachman :
- "Rage" (1977 / Albin Michel 1990)
- "Marche ou crève" (1979 / Albin Michel 1989)
- "Chantier" (1981 / Albin Michel 1987)
- "Running Man (1982 / Albin Michel 1988)
- "La peau sur les os" (1984 / Albin Michel 1987)
- "Les Régulateurs" (1996 / Albin Michel 1996) lié à "Désolation" (signé Stephen King 1996 / Albin Michel 1996)
- "Blaze" (2007 / Albin Michel 2008) (hommage littéraire à "Des souris et des hommes" de John Steinbeck)
"Misery" est l'un des rares romans de Stephen King qui ne contiennent aucun élément fantastique ou de science-fiction. Ici, la folie est pathologique. Annie Wilkes souffre de troubles mentaux réels. L'histoire aurait été inspirée à Stephen King par la lecture d'une nouvelle d'Evelyn Waugh intitulée "The man who loved Dickens" ("L'homme qui aimait Dickens"). Un homme est retenu prisonnier en Amérique du Sud, contraint de lire Charles Dickens parce que son geôlier est tombé amoureux de l'oeuvre de l'auteur. Stephen King s'est alors demandé ce qu'il se passerait si l'écrivain adulé était le prisonnier. Il confesse également que "Misery" est une métaphore de sa propre dépendance aux drogues dans les années 1980. Il s'est aussi entouré de médecins, de psychologues et d'infirmières pour décrire au plus près la douleur, et donner toute leur crédibilité au passé professionnel d'Annie Wilkes et à son état psychique.
L'histoire :
Les ténèbres. Un brouillard impénétrable. Des sons lointains et indistincts. Un souvenir d'enfance récurrent. Une respiration artificielle. Les lèvres d'une femme. Une haleine pestilentielle. L'homme reprend connaissance juste assez de temps pour se rappeler qu'il est Paul Sheldon, écrivain à succès. La femme assise sur son lit lui dit qu'il est à Sidewinder, dans le Colorado, qu'elle s'appelle Annie Wilkes et qu'elle est son "admiratrice numéro un". Puis de nouveau les ténèbres, la doubleur et la brume. Des moments de sa vie lui reviennent en mémoire par intermittence. Et puis cette femme inquiétante dont il ne pressent rien de bon et qui le gave d'analgésiques. Après dix jours passés dans un état semi-comateux, Paul Sheldon n'a aucune réponse à ses questions. Que lui est-il arrivé ? Un accident de la route, probablement. Il se souvient avoir pris le volant de sa Camaro malgré son état d'ivresse et les mauvaises prévisions météorologiques. Il se souvient de la tempête de neige, puis d'un choc, violent. Ses deux jambes sont brisées à de multiples endroits. La douleur est insoutenable. Pourquoi n'est-il pas à l'hôpital ? Annie élude le sujet. Les sautes d'humeur de cette femme sont imprévisibles et redoutables. Elle a lu ses huit romans et voue une passion débordante pour la saga romantique consacrée à l'orpheline Misery. Elle attend d'ailleurs avec impatience le dernier tome, en librairie dans quelques jours. Sheldon réalise soudain que le pire est à craindre pour lui. Annie va découvrir bientôt que son auteur préféré a décidé de mettre un terme aux aventures de Misery et qu'il a fait mourir son héroïne adorée. Dans l'esprit de Sheldon, il ne fait plus aucun doute. "Je suis dans le pétrin, ici, pense-t-il. Cette femme n'est pas normale."...
Mon avis :
Un auteur populaire séquestré et torturé par une admiratrice vouant un véritable culte à son héroïne "de papier" et, de surcroît, souffrant de troubles mentaux sévères, serait-ce le pire cauchemar de Stephen King lui-même ? Le choix de ce face-à-face oppressant et effroyable est diaboliquement intelligent et efficace. Stephen King décrit non seulement l'impact (parfois irrationnel) que peut avoir un personnage de fiction sur les lecteurs, mais il décrit aussi le métier d'écrivain, le processus d'écriture. Toutes les étapes de la création littéraire sont évoquées : de l'inspiration de départ à l'élaboration d'une intrigue crédible, en passant par les périodes de doutes ou au contraire de bouillonnement rédactionnel, jusqu'à la publication et l'accueil du public. C'est absolument passionnant ! De la première à la dernière page, la tension et l'intensité psychologique ne faiblissent jamais. Annie Wilkes est terrifiante. Un scénario implacable !!!
"Misery" a été adapté au cinéma en 1990 par Rob Reiner, avec Kathy Bates dans le rôle de Annie Wilkes, pour lequel elle remporta l'Oscar de la meilleure actrice, et James Caan dans le rôle de Paul Sheldon.
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