jeudi 25 juin 2015

"LES FANTÔMES DE BRESLAU" de Marek Krajewski (Folio policier)



Pologne


Marek Krajewski est né en 1966 en Pologne, à Wroclaw (Breslau en allemand). Linguiste, spécialiste de latin et de grec, il a été maître de conférences et professeur de latin avant de se consacrer entièrement à l'écriture de romans policiers historiques.

Quelques mots sur Breslau :
Ville aujourd'hui connue sous le nom de Wroclaw, elle sera en 2016 (avec la ville de Saint-Sébastien en Espagne) la capitale européenne de la culture. Située au pied des Sudètes, Wroclaw est une des villes les plus anciennes et les plus belles de Pologne.



(Hôtel de Ville de Wroclaw)


Son histoire est très riche :
  • Dans le royaume de Pologne de 990 à 1138 (construction de la première cathédrale)
  • Capitale du Duché de Silésie de 1138 à 1335
  • Sous la couronne de Bohême de 1335 à 1526 (centre important de commerce et d'artisanat)
  • Sous l'administration des Habsbourg de 1526 à 1741 (conversion de la ville au catholicisme et politique de germanisation)
  • De la Prusse à l'Allemagne (qui lui donnera le nom de Breslau) de 1741 à 1939 
  • La Seconde Guerre mondiale de 1939 à 1945 (Breslau résiste pendant trois mois à l'Armée Rouge, plus longtemps que Berlin mais plus de la moitié de la ville est rasée)
  • 1945 : Breslau est réincorporée à la Pologne et retrouve son nom Wroclaw
  • Renaissance de la ville de 1945 à 1970 (temps de la reconstruction, dégel de 1956 et années de croissance)
  • La décennie 1970-1980 et la naissance de Solidarnosc
  • La fin du communisme

Aujourd'hui :
La vieille ville est presque complètement restaurée, ses monuments préservés. La capitale silésienne est une ville européenne où se côtoient nombreux styles architecturaux, reflets de son histoire.

Personnalités littéraires :
  • Tadeusz Rozewicz (1921-2014), poète et dramaturge, a vécu et est décédé à Wroclaw
  • Marek Hlasko (1934-1969), le "James Dean" polonais, a vécu un temps à Wroclaw
  • Theodor Mommsen (1817-1903), Prix Nobel de Littérature en 1902, a enseigné à Breslau
  • Gerhart Hauptmann (1862-1946), Prix Nobel de Littérature en 1912, a étudié à Breslau 

L'histoire du roman :
2 octobre 1919. Le commissaire de la Police criminelle de Breslau, Heinrich Mühlhaus, et Eberhard Mock, son assistant tout droit venu de la Brigade des moeurs, se retrouvent tôt ce matin-là dans un café de la ville. Mock est dans un sale état. Il n'a pas dormi depuis quatre jours et menace de donner sa démission. Mühlhaus lui réaffirme sa confiance ; il a vraiment besoin de lui au sein de la nouvelle commission des meurtres, à condition qu'il en soit capable physiquement et psychologiquement, et qu'il lui détaille les événements de ces derniers jours. Mock se décide alors à tout raconter sur "l'affaire des marins".
C'était il y a un mois, le 1er septembre 1919. A huit heures du matin, Mock est conduit par l'un de ses coéquipiers sur une île au milieu de l'Oder où il découvre une scène de crimes particulièrement éprouvante. Quatre corps, des jeunes hommes, gisent sur le sol boueux, enchevêtrés d'une manière étrange, couverts d'hématomes, les yeux crevés, les membres disloqués, uniquement vêtus d'un bonnet de marin sur la tête et d'un cache-sexe en cuir couvrant les parties génitales. Sur l'un des cadavres, on trouve un billet énigmatique directement adressé à Mock...

Mon avis :
Dès les premières lignes, on est piégé dans la toile et on ne peut plus se libérer. Un roman sombre et puissant aux références à la littérature et à la mythologie grecques captivantes. Une approche très intéressante des débuts de la psychologie et de la médecine légale. L'auteur crée une atmosphère personnelle dans laquelle on se fond immédiatement. Le réalisme de la reconstitution historique de la ville et de ses difficultés politiques et sociales de l'époque est fascinant. On ne peut qu'être séduit et en totale empathie avec le héros, Eberhard Mock, traumatisé de la Grande Guerre, que les fantômes des tranchées hantent toutes les nuits, et dont le seul remède aux cauchemars est l'alcool le plus fort possible.

Noir, intelligent, excellent !

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