dimanche 2 avril 2017

"Les chiens de Belfast" de Sam Millar (Points)
















Belfast (Irlande du Nord, Royaume Uni)

Sam Millar, né en 1958 à Belfast, s'est engagé très tôt dans l'IRA (Irish Republican Army, mais aussi "colère" en latin), ce qui lui a valu de passer huit ans dans la tristement célèbre prison de Maze (ou Long Kesh*), à Belfast, comme prisonnier politique. Exilé aux Etats-Unis après sa libération, il y a exercé divers métiers dont croupier de casino clandestin, avant d'organiser le fameux casse du dépôt de la Brinks de Rochester en 1993. Après cinq ans d'emprisonnement, il est gracié par le président Clinton.

Il revient à Belfast et se lance dans l'écriture de romans noirs. Après "On the Brinks" (2003), récit autobiographique de son casse, il entame, avec "Les chiens de Belfast" (2014), la chronique des enquêtes de Karl Kane, un détective privé qui ressemble au Philip Marlowe de Raymond Chandler. "Les chiens de Belfast" est le premier tome d'une trilogie. Suivent "Le cannibale de Crumlin Road" et "Un sale hiver" (Seuil).

* Long Kesh : On se souvient de Bobby Sands. Il incarna la cause républicaine catholique et fut le porte-parole des prisonniers enfermés à la prison de Long Kesh dans des conditions épouvantables. Il mourut dans cette même prison en 1981 à l'âge de 27 ans après 66 jours de grève de la faim.

L'histoire :
Une nuit de l'été 1978, dans une clairière abandonnée de la banlieue de Belfast, jetée là et laissée pour morte par ses quatre agresseurs, une femme agonise. Son dernier espoir de survivre s'évanouit lorsqu'elle aperçoit les ombres de trois chiens sauvages s'approcher dangereusement d'elle.
Vingt-ans plus tard, le cadavre d'un homme est découvert au Jardin botanique de Belfast. Dès que l'information paraît dans la presse, un certain Bill Munday se présente au bureau du détective privé Karl Kane. Il veut tout savoir sur le défunt et sur les causes réelles de sa mort. La somme offerte par Munday est étonnamment généreuse pour une mission aussi simple. Kane flaire le mauvais coup, mais il est financièrement aux abois...

Mon avis :
Cueillez un peu de Raymond Chandler et un peu de Harry Crews. Ajoutez le destin atypique de l'auteur, les stigmates des violences commises et subies en Irlande du Nord au cours de son Histoire, et une bonne dose de Brandy. Shakez. Versez dans un verre Snifter et flambez. Vous obtenez un polar excellent ! Brutal, sans jamais tomber dans le grand-guignolesque. Sombre, comme peut l'être l'humanité. Truffé d'humour. Une écriture musclée et réaliste qui prend aux tripes. Un héros viril, tourmenté par ses hémorroïdes, touchant par sa sensibilité inavouée.

Un cocktail détonnant à savourer sans modération !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire