Ron Rash est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires. Né en 1953 en Caroline du Sud, où sa famille est installée depuis la fin du XVIIIème siècle, chargé des Etudes Appalachiennes à la Western Carolina University, il défend depuis toujours la culture de cette région où sont nés la Country et le Blue Grass, territoire déchiré entre le Nord abolitionniste et le Sud esclavagiste durant la guerre civile. La nature est toujours le personnage principal de ses livres, imprimant sa marque sur la destinée des hommes, de gré ou de force. "Incandescences" a été récompensé en 2010 par le Frank O'Connor International Short Story Award.
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PARTIE I
"Les temps difficiles" :
C'est la crise économique pour tout le monde. A la campagne comme à la ville, les gens ont faim, veulent du travail. Jacob et Edna ont perdu leur pick-up et presque tout leur bétail, saisis par la banque. Et en plus de cela, chaque nuit, on leur vole des oeufs dans leur poulailler...
"Le bout du monde" :
Ce matin-là, Parson arrive à sa boutique de prêteur sur gages sous une violente tempête de neige. Il n'est pas inquiet. Il sait que, même par ce temps, il aura des clients, ceux qui ont besoin de liquide pour leur dose quotidienne de meth...
"Des confédérés morts" :
Un découvert abyssal à la banque... De gros frais d'hospitalisation pour sa mère à régler rapidement... S'il ne trouve pas de l'argent très vite, il perdra son pick-up, et peut-être plus encore. Alors, quand un de ses collègues de travail lui propose un mauvais coup, il ne prend pas la peine de réfléchir longtemps...
"L'envol" :
Jared, un garçon de onze ans, fuit l'univers familial pitoyable pour s'enfoncer dans le parc national enneigé...
"La femme qui croyait aux jaguars" :
Ruth Lealand vient d'inhumer sa mère. Enfin seule chez elle, elle se souvient soudain de cette illustration en noir et blanc d'un manuel scolaire et qui représentait un jaguar. Cette image, enfouie dans sa mémoire pendant plus de cinquante ans, pourquoi revient-elle à son esprit aujourd'hui ?
"Incandescences" :
En ce mois d'août brûlant et sec, la région compte déjà trois incendies en seulement quinze jours. Trop pour être des accidents. Marcie pense alors à Carl, son jeune nouvel époux, à ses retards répétés le soir, au briquet qu'elle lui a offert à l'occasion de leur mariage en avril dernier, à son pick-up noir comme celui remarqué sur les lieux des feux. Carl n'est pas du coin. Les doutes sont-ils inévitables ?
PARTIE II
"Retour" :
Un soldat rentre chez lui, en Caroline du Nord, après deux ans dans le Pacifique Sud...
"Dans la gorge" :
Jesse est un vieil homme à présent. Il regarde avec émotion ces terres qui ont appartenu à sa famille, par le passé, pendant près de deux cents ans, jusqu'en 1959 et leur vente au Service du parc régional. Jesse se souvient qu'il y a plus d'un demi-siècle, son père y avait semé et récolté le ginseng. Il se souvient de sa grand-tante qui, à quatre-vingts ans, binait encore un champs. Et il se souvient du jour où elle fut retrouvée adossée à un arbre, son dernier souffle de vie offert à cette terre qui l'avait vue naître...
"Etoile filante" :
Lynn et Bobby sont mariés. Ils ont une petite fille, Janie, qui vient d'entrer au CP. Il y a quelques mois, Lynn a repris ses études à l'université. Depuis, tout a changé pour Bobby...
"L'oiseau de malheur" :
Depuis qu'il entend ce hibou chaque nuit, Boyd est tourmenté par des superstitions apprises de son grand-père lorsqu'il était enfant dans les montagnes de Caroline du Nord...
"Waiting for the End of the World" ("En attendant la fin du monde") :
Au bar La Dernière Chance, un dernier verre et une dernière chanson avant la fin du monde...
"Lincolnites" :
C'est le printemps. Après une harassante journée de travail aux champs, Lily se repose enfin auprès de son bébé d'un an. Paisiblement, elle tricote en attendant la prochaine tétée. Depuis la dernière permission de Noël de son mari, partisan d'Abraham Lincoln, Lily est de nouveau enceinte. Ethan a dit qu'en septembre, la guerre sera terminée. Ils seront réunis pour la naissance du petit. Lorsqu'elle sort de ses pensées heureuses, Lily découvre qu'un soldat confédéré est entré dans la cour. Au mieux, il volera des poules. Au pire...
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Mon avis :
L'écriture incandescente de Ron Rash illumine et réchauffe ces êtres sous le coup du sort, du destin. Ces histoires pourraient être tragiques, misérables, désespérées. Mais l'auteur ne l'entend pas ainsi. Il y met toute son humanité, toute son intensité, toute sa poésie, toute sa bonté envers ces abîmés de la vie. Sans jamais oublier la Nature, souveraine et magnifique, notre sève à tous, qu'il faut autant craindre que respecter.
Puissant, comme toujours !
A lire également : "Une terre d'ombre"
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