Maggie O'Farrell est née en 1972 à Coleraine, en Irlande du Nord. Elle a grandi entre le Pays de Galles et l'Ecosse. A l'âge de huit ans, elle contracte un virus qui la déscolarise pendant un an. Cet événement sera repris dans l'un de ses romans, "La distance entre nous", récompensé par le Prix Somerset-Maugham en 2005. Après des études littéraires à l'Université de Cambridge, elle a exercé de nombreux emplois, notamment celui de critique littéraire et de journaliste à Hong Kong. Elle a également enseigné l'écriture créative. Face au succès de son premier roman, "Quand tu es parti", en 2000, elle prend la décision d'abandonner sa carrière de rédactrice en chef des pages littéraires de l'Independant on Sunday pour se consacrer à l'écriture. Son dernier roman, "Assez de bleu dans le ciel", a été publié chez Belfond en 2017. Elle vit à Edimbourg avec son mari, l'écrivain britannique William Sutcliffe ("Vacances indiennes", "Une semaine avec ma mère"), et leur fils.
L'histoire :
Iris Lockhart est une jeune femme libre, célibataire, sans enfants, et des amants à qui elle ne demande rien d'autre que d'être ce qu'ils sont. Le seul homme qui tienne une réelle place dans son coeur est son frère par alliance, Alex. Professionnellement, elle a une boutique de vêtements d'occasion, et les affaires marchent plutôt bien.
Ce matin, lorsqu'elle arrive au magasin, elle trouve dans sa boîte aux lettres, au milieu d'un tas de factures, un courrier qu'elle ne prend pas le temps de lire mais les mots "réunion" et "Euphemia Lennox" attirent son regard. Ceci est d'autant plus troublant que dans la journée, elle reçoit un appel - une erreur de numéro de toute évidence - d'un homme souhaitant lui parler d'une certaine Euphemia Lennox qu'elle ne connait pas du tout.
C'est le lendemain que lui tombe sur la tête une nouvelle dont elle ne peut contester la véracité et qui la laisse totalement épouvantée. Sa grand-mère paternelle, Kathleen Lockhart, née Lennox, à présent atteinte de la maladie d'Alzheimer, n'est pas fille unique comme elle l'a toujours affirmé. Elle a une soeur, Euphemia, placée depuis soixante ans à l'asile d'aliénés de Cauldstone, ici, à Edimbourg. Dans quelques jours, l'établissement fermera définitivement ses portes. Les patients doivent être repris en charge par les familles. Et Iris a été désignée par sa grand-mère comme curatrice d'une grand-tante dont elle ignorait l'existence, dont le nom n'a même jamais été prononcé devant elle...
Mon avis :
Inspiré de faits réels, ce roman choral s'empare du lecteur dès les premières pages et prend au coeur par ses thèmes graves et douloureux. Trois voix à écouter. Trois destins de femmes. L'une, souffrant de la maladie d'Alzheimer, est torturée par son passé. L'autre, célibataire, trentenaire, viscéralement attachée à son indépendance, fait soudain face à son histoire familiale. Et la troisième, Esme, maillon principal de la chaîne, n'a qu'une question : pourquoi est-elle enfermée et traitée comme folle depuis soixante-et-un ans ? Esme, bouleversante lorsqu'elle évoque son enfance et sa jeunesse en Inde, puis le retour de la famille en Ecosse, un pays dont elle découvre la froideur du climat et la rigueur des convenances de ces années 1930. Esme, instinctive, spontanée, bien trop en avance pour une époque où les pères, les frères ou les maris étaient maîtres de la vie des femmes et où les internements forcés et de complaisance étaient monnaie courante. L'écriture de Maggie O'Farrell est sobre, tout en finesse, tout en délicatesse. Un roman profondément émouvant.
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