Marguerite Duras, de son vrai nom Marguerite Donnadieu, est née en 1914 à Saïgon (alors en Indochine française) d'une mère institutrice et d'un père professeur de mathématiques qui meurt de dysenterie en 1921. En Indochine, la famille est ruinée et Marguerite rentre en France suivre des études de Droit.
Pendant la guerre, elle participe à la Résistance et voit son mari, Robert Antelme, déporté à Dachau et revenir malade du typhus. Elle en fera le récit dans "La Douleur" paru en 1985. A la Libération, Marguerite Duras s'engage au Parti Communiste Français, en est exclue en 1950 mais continue de militer pour différentes causes comme la guerre en Algérie ou encore le droit à l'avortement.
Cette année-là (1950), elle publie son troisième livre, "Un barrage contre le Pacifique", roman autobiographique qui sera adapté au cinéma. Elle-même se mettra plus tard à écrire des scénarios ("Hiroshima mon amour" en 1959) puis passera à la réalisation, adaptant ses propres livres (comme "India Song" en 1975). Elle écrit également des pièces de théâtre dès 1955 avec "Le square" puis viendront "Des journées entières dans les arbres" (1965) et aussi "Savannah Bay" (1982).
Parmi ses livres clé on peut citer "Moderato cantabile" (1958), "Le Ravissement de Lol V. Stein" (1964) ou encore "Le Vice-Consul" (1966). En 1984, Marguerite Duras connaît un immense succès avec son roman "L'Amant" qui reçoit le Prix Goncourt. Malade de l'alcool depuis les années 1980, l'écrivaine renouvelle les cures de désintoxication. Elle meurt à Paris en 1996 à l'âge de 81 ans.
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Ce livre réunit cinq textes de Marguerite Duras construits autour de l'acte d'écriture, mais le plus remarquable et le plus influent reste le premier, "Ecrire".
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"Ecrire" :
"La solitude de l'écriture, c'est une solitude sans quoi l'écrit ne se produit pas, ou il s'émiette exsangue de chercher quoi écrire encore."
L'écriture, c'est d'abord une maison, un pièce, une table à soi. L'écriture, c'est s'isoler du monde extérieur. L'écriture, c'est le silence et la solitude. L'écriture, c'est l'histoire singulière qui a façonné l'écrivain. Marguerite Duras évoque avec une sincérité et une humilité touchantes l'enfance, l'amour, la guerre, la maternité, l'amitié, la politique, le cinéma, l'alcool, la folie, le crépuscule... et la nécessité d'écrire. Elle donne à ses mots une résonance musicale toute particulière. Une lecture publique offrirait à ce texte une profondeur et une émotion plus intenses encore...
"L'écrit ça arrive comme le vent, c'est nu, c'est de l'encre, c'est l'écrit, et ça passe comme rien d'autre ne passe dans la vie, rien de plus, sauf elle, la vie."
"La mort du jeune aviateur anglais" :
Comment écrire deux jeunes vies prises par la folie des hommes ? Comment mettre en parallèle le souvenir d'un jeune aviateur anglais de vingt ans, tué en Normandie aux derniers jours de la guerre et enterré dignement dans le petit cimetière d'un village, et le souvenir de Paulo, petit frère de Marguerite Duras, mort pendant la guerre du Japon et jeté dans une fosse commune ?
"Ecrire par le dehors peut-être, en ne faisant que décrire peut-être, décrire les choses qui sont là, présentes. Ne pas en inventer d'autres."
"Roma" :
Rome d'hier... Rome d'aujourd'hui...
Ecrite comme un scénario
Une histoire d'amour d'hier... Une histoire d'amour d'aujourd'hui...
"Le nombre pur" :
Comment écrire le mot "pur" quand, en son nom, l'Homme a commis tant d'horreurs...
"L'exposition de la peinture" :
Le peintre est comme l'écrivain. La peinture est son écriture...
"L'homme dit que ce sont des toiles de la même personne qui ont été faites dans le même moment de la vie de cette personne. C'est pourquoi il veut les accrocher toutes ensemble, ça le préoccupe beaucoup, il voudrait non pas qu'elles ne fassent qu'un, non, ce n'est pas ça du tout, du tout, mais qu'elles soient toutes les unes auprès des autres dans un rapprochement naturel, juste, dont lui seul est responsable, dont lui seul devrait savoir de quelle valeur il doit être."
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