Sylvie Germain est une écrivaine et philosophe française, née en 1954 à Châteauroux. Son premier roman, "Le Livre des Nuits" suivi de "Nuit d'Ambre", une saga familiale de près de huit cents pages, reçoit, en 1984, six prix littéraires : Prix du Lions Club International, Prix du Livre Insolite, Prix de Passion, Prix de la Ville du Mans, Prix Hermès et Prix Grevisse. Sylvie Germain part alors vivre à Prague où elle enseigne la philosophie et le français au Lycée français et publie "Jour de colère" (Prix Femina). De retour en France en 1993, elle vit entre Paris et La Rochelle. "Magnus", paru en 2005, est récompensé par le Prix Goncourt des lycéens. En 2013, elle est élue à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique. Elle reçoit en 2016 le Prix mondial Cino Del Duca. Elle fait partie des présidents d'honneur du Prix Marguerite Duras.
Mon avis :
"Ils naissent d'un rapt commis là-bas, aux confins de notre imaginaire où, furtivement, dérivent des rêves en archipel, des éclats de souvenirs et des bribes de pensée. Et ils savent des choses dont nous ne savons rien."
Lorsque les personnages apparaissent, envahissent ses songes et s'animent, que fait l'écrivain ? Soit il les accueille avec méfiance, craint leur imprévisibilité, leurs débordements. Soit il les accueille avec joie, joue le jeu, met à leur profit son imaginaire, son inspiration. Dans un cas comme dans l'autre, le romancier va devoir leur donner "chair et vie", leur inventer une histoire, leur trouver un nom, leur créer une image, un langage, un style, un caractère...
"Mais cela suffit-il ? Les personnages vivront-ils ? Ne leur manque-t-il pas encore l'esprit ?"
Philosophie, poésie, méditation, érudition, cette analyse approfondie du geste d'écrire est tout cela à la fois. On y croise, entre autres, Simone Weil, Milan Kundera ou Marguerite Duras. Cérébral par endroits, il faut bien le reconnaître, ce texte mérite une seconde lecture afin d'en saisir toutes les subtilités et toutes les références culturelles et littéraires.
Mais avant tout, c'est une formidable invitation à dévorer des romans, encore et encore, à libérer de nombreux personnages, à nous les approprier, à les laisser déambuler dans notre tête, et à leur offrir l'esprit que l'auteur n'a pu leur donner !
"Les personnages n'habitent qu'en apparence dans les livres qui les ont délivrés de leurs limbes, ils n'aspirent qu'à s'en aller déambuler en tous sens, à transhumer d'un imaginaire à un autre, à visiter beaucoup de pays mentaux. Ils n'appartiennent pas à leur seul auteur, mais à une communauté.
Ils n'appartiennent à personne. Ils attendent juste la chance d'être lus, pour exister davantage, et toujours autrement."
Les deux nouvelles, à la fin de l'ouvrage, "Le tremble" et "Magdiel", teintées de fantastique, sont délicieuses et illustrent parfaitement la réflexion de Sylvie Germain.
"Mais on ne choisit pas ses personnages comme on le souhaiterait, pas plus qu'on ne se débarrasse facilement des fâcheux, Paulin Féborgue, auteur d'une vingtaine de romans et d'une cinquantaine de nouvelles, le savait parfaitement. Parmi les nombreux personnages qu'il avait mis en scène dans ses livres, beaucoup lui avaient donné du fil à retordre, et certains, lorsqu'ils s'étaient présentés la première fois à son imagination, ne lui avaient inspiré aucun désir d'écriture tant ils paraissaient insignifiants. Malgré tout, le désir avait chaque fois fini par s'éveiller, fût-ce tardivement, et par persévérer, au prix d'innombrables louvoiements entre les doutes et le découragement."
"Mais cela suffit-il ? Les personnages vivront-ils ? Ne leur manque-t-il pas encore l'esprit ?"
Philosophie, poésie, méditation, érudition, cette analyse approfondie du geste d'écrire est tout cela à la fois. On y croise, entre autres, Simone Weil, Milan Kundera ou Marguerite Duras. Cérébral par endroits, il faut bien le reconnaître, ce texte mérite une seconde lecture afin d'en saisir toutes les subtilités et toutes les références culturelles et littéraires.
Mais avant tout, c'est une formidable invitation à dévorer des romans, encore et encore, à libérer de nombreux personnages, à nous les approprier, à les laisser déambuler dans notre tête, et à leur offrir l'esprit que l'auteur n'a pu leur donner !
"Les personnages n'habitent qu'en apparence dans les livres qui les ont délivrés de leurs limbes, ils n'aspirent qu'à s'en aller déambuler en tous sens, à transhumer d'un imaginaire à un autre, à visiter beaucoup de pays mentaux. Ils n'appartiennent pas à leur seul auteur, mais à une communauté.
Ils n'appartiennent à personne. Ils attendent juste la chance d'être lus, pour exister davantage, et toujours autrement."
Les deux nouvelles, à la fin de l'ouvrage, "Le tremble" et "Magdiel", teintées de fantastique, sont délicieuses et illustrent parfaitement la réflexion de Sylvie Germain.
"Mais on ne choisit pas ses personnages comme on le souhaiterait, pas plus qu'on ne se débarrasse facilement des fâcheux, Paulin Féborgue, auteur d'une vingtaine de romans et d'une cinquantaine de nouvelles, le savait parfaitement. Parmi les nombreux personnages qu'il avait mis en scène dans ses livres, beaucoup lui avaient donné du fil à retordre, et certains, lorsqu'ils s'étaient présentés la première fois à son imagination, ne lui avaient inspiré aucun désir d'écriture tant ils paraissaient insignifiants. Malgré tout, le désir avait chaque fois fini par s'éveiller, fût-ce tardivement, et par persévérer, au prix d'innombrables louvoiements entre les doutes et le découragement."
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