mercredi 3 avril 2019

"Les Suprêmes" de Edward Kelsey Moore (Babel)




Edward Kelsey Moore est né dans l'Indiana. Violoncelliste installé à Chicago, il a cinquante-trois ans lorsqu'il publie son premier roman, "Les Suprêmes" (Actes Sud, 2014), suivi de "Les Suprêmes chantent le blues" (Actes Sud, 2018).






"The Supremes" ou "Diana Ross and The Supremes" était un groupe de rythm and blues, pop & soul féminin américain populaire originaire de Détroit (Michigan) ayant évolué au sein de la Motown de 1959 à 1977. Parmi leurs plus grands succès, on se souvient de "You keep me hangin'on", "Baby Love", "Stop ! In the name of love !".


L'histoire

Plainview, Indiana (Etats Unis)

Elles sont quinquagénaires, amies depuis les années 1960. On les surnomme "Les Suprêmes", comme le célèbre groupe pop de l'époque. Chaque dimanche, depuis trente ans, avec leurs époux, elles déjeunent Chez Earl. Aujourd'hui, c'est ensemble qu'elles assistent aux funérailles de Big Earl, premier Noir à avoir monté une affaire en centre-ville à la fin de la ségrégation.

Odette, ronde et joyeuse, est mariée à James, ancien policier, et le couple a trois enfants. Elle est née il y a cinquante-cinq ans dans un sycomore sur lequel sa mère, enceinte jusqu'au cou, s'était installée. Cette originalité valut à la petite fille les prédictions les plus farfelues. Comme sa mère avant elle, Odette discute avec les défunts, mais elle n'en parle à personne, on la prendrait pour une folle.

Clarice fut le premier bébé noir à naître au University Hospital et fit la une des journaux jusqu'à Los Angeles. Jeune fille, brillante pianiste, malgré les avertissements de tous, elle épousa Richmond, alcoolique et coureur de jupons, qui lui fit quatre enfants et enterra sa carrière artistique. Trois décennies plus tard, solidaires, ses amies lui pardonnent son caractère bougon, curseur de l'ambiance conjugale.

Barbara Jean, la plus jolie des trois, est celle que la vie a le moins épargnée. Fille de prostituée, elle a grandi sous les regards lubriques des clients de sa mère. Son mari, un paysagiste fortuné, de vingt ans son aîné, lui a apporté une forme de revanche sociale et matérielle, mais Lester a toujours été de santé fragile. En 1977, le destin leur arracha un petit ange, leur fils unique, Adam. La douleur ne s'est jamais estompée pour Barbara Jean. Seul Big Earl, et ce depuis qu'elle était enfant, était capable d'adoucir ses peines d'un gentil compliment, d'un clin d'oeil complice ou d'un sourire chaleureux. Big Earl, et Les Suprêmes, ses fidèles amies...

Mon avis :

Elles ne militent pas, ne manifestent pas, ne revendiquent pas, mais ce sont des battantes. Leur féminisme, elles le vivent au quotidien, en faisant face courageusement, silencieusement, aux aléas qui jalonnent l'existence, jour après jour, année après année. Leur force, elles la puisent dans leur amitié indéfectible.

Quinquagénaires, leur corps ne manque pas de leur rappeler qu'elles sont à l'automne de leur vie, mais c'est une nouvelle histoire qui commence, et certainement pas une fin. Cependant, c'est peut-être le temps des bilans et de quelques regrets.

Entre instants présents et souvenirs de jeunesse dans l'Amérique des Sixties en pleins bouleversements, ces trois amies afro-américaines, tour à tour, nous font rire aux éclats ou nous émeuvent aux larmes.

Un roman choral enchanteur teinté de nostalgie et de mélancolie ! Coup de coeur !!!

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