mardi 7 mai 2019

"Numéro 11" de Jonathan Coe (Folio)

Jonathan Coe est un écrivain britannique né en 1961 à Lickey, près de Birmingham. Il est l'un des auteurs majeurs de la littérature britannique actuelle. Ses oeuvres mettent en scène des personnages en proie aux changements politiques et sociaux de l'Angleterre contemporaine. S'il sait se faire grave et mélancolique, dans "La femme de hasard" (2007), c'est avec "Testament à l'anglaise" (1995), Prix du meilleur livre étranger 1996, où il passe au vitriol l'époque thatchérienne, que son talent de romancier se fait connaître. Suivent "La maison du sommeil" (1998), Prix Médicis étranger 1998, le diptyque "Bienvenue au club" (2003) et "Le Cercle fermé" (2006), "La pluie avant qu'elle ne tombe" (2009), "La vie très privée de Mr Sim" (2011), histoire picaresque d'un incorrigible ingénu, et "Expo 58" (2014), parodie de roman d'espionnage dans l'Angleterre des années 1950. L'essai "Notes marginales et bénéfices du doute" a paru en 2015. "Numéro 11", paru en 2016, tisse une satire sociale et politique sur la folie de notre temps.

L'histoire :

Rachel se souvient de ces quelques jours passés à la campagne, auprès de ses grands-parents, avec son frère Nicholas, pendant que leurs parents tentaient une réconciliation. Elle n'avait alors que six ans, son frère douze. Leurs jeux les avaient menés vers une vieille église. En chemin, ils avaient croisé la terrifiante Folle à l'Oiseau.

En 2003, Rachel a dix ans lorsqu'elle retourne chez ses grands-parents, accompagnée cette fois d'une camarade d'école, Alison. Ses parents ont finalement divorcé et sa mère est partie en vacances en Grèce avec une amie, la mère d'Alison. Après un début laborieux, Rachel et Alison finissent par bien s'entendre. La campagne anglaise est un terrain idéal pour chasseuses de fantômes en herbe. La Folle à l'Oiseau vit toujours là, dit-on, chez Mrs Bates, Needless Alley, au numéro 11...

Mon avis :

Numéro 11 : 
  • Comme le onzième roman de Jonathan Coe. Les lecteurs de "Testament à l'anglaise" y retrouveront la famille Winshaw. Mais que celles et ceux qui ne l'ont pas lu se rassurent, les deux romans sont indépendants.
  • Comme le "Number 11". "11 Downing Street", adresse de la résidence officielle du Second Lord du Trésor du Royaume Uni mais aussi résidence que choisît Tony Blair pour sa famille lorsqu'il devint Premier Ministre. Theresa May y réside à son tour.
  • Comme l'inquiétant 11 Needless Alley.
  • Comme le bus 11 de Birmingham dans lequel on peut s'isoler au chaud lorsqu'il fait froid dehors, chez soi, en soi.
  • Comme le conteneur 11 d'un garde-meuble, rempli à bloc, et dans lequel est enfoui un obsédant souvenir d'enfance.
  • Comme la table 11 d'un banquet de remise de prix.
  • Comme le dangereux onzième niveau de sous-sol d'une propriété londonienne.

En toile de fond, un fait réel. David Kelly, employé du Ministère de la défense britannique, expert en guerre biologique, inspecteur de l'ONU en Irak, a été retrouvé mort à son domicile de Harrowdown Hill, Oxfordshire, en juillet 2003. Il fut l'un des premiers "lanceurs d'alerte". Il avait informé un journaliste de la BBC de la falsification d'un rapport de septembre 2002, par le gouvernement de Tony Blair, concernant les armes de destruction massive irakiennes et sur la base duquel la guerre contre le régime de Saddam Hussein fut engagée. Sa fille se prénomme Rachel, comme l'une des héroïnes du roman.

Peinture politique et sociale savoureuse d'une Angleterre contemporaine à visages et à cultures multiples, tout en sensibilité et drôlerie, mais qui donne matière à réflexion et à nombreux questionnements. Brillant, comme toujours !



A lire également :

"Les enfants de Longbridge", qui réunit "Bienvenue au club" et "Le Cercle fermé"





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