lundi 5 juin 2017

"Est-ce ainsi que les femmes meurent ?" de Didier Decoin (Livre de Poche)


Didier Decoin est né en 1945 à Boulogne-Billancourt. Il est le fils du cinéaste Henry Decoin. Journaliste à France-Soir, au Figaro, aux Nouvelles Littéraires, à Europe 1, il participe à la création de VSD. Passionné de navigation, il est actuellement chroniqueur à la revue Neptune Moteur.

Egalement romancier, il reçoit le Prix Goncourt en 1977 pour "John l'Enfer" et, en 1999, le Sept d'Or du meilleur scénario pour "Le Comte de Monte-Cristo".

Elu Secrétaire général de l'Académie Goncourt en 1995, il est aussi Président des Ecrivains de Marine depuis 2007 et membre de l'Académie de Marine.

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Les faits :

Dans la nuit du 13 mars 1964, une jeune femme de 29 ans, Catherine "Kitty" Genovese, fut assassinée en pleine rue, près de son appartement new-yorkais. Malgré ses cris et ses appels à l'aide, personne ne lui porte secours. Les circonstances du meurtre et la non-intervention de nombreux témoins présents lors de l'agression en font un crime célèbre. A la une du New York Times, deux semaines plus tard, l'article évoquant ces circonstances déclencha une énorme polémique. Le comportement des témoins dans le meurtre de Kitty Genovese fut le point de départ de nombreuses recherches en psychologie sociale qui aboutirent à la formalisation d'un "effet du témoin" ou "effet spectateur". Le crime inspira l'intrigue du film "L'homme des Hautes Plaines" de Clint Eastwood sorti en 1973.


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L'histoire :

Lorsque le 27 mars 1964, le journaliste Martin Gansberg publie, dans le New York Times, son enquête sur la mort de Kitty Genovese, une violente onde de choc secoue une Amérique encore bouleversée par l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy et suscite d'importantes controverses. Le monde découvre avec horreur que dans notre société dite "civilisée", une jeune femme peut être cruellement agressée et tuée sous les yeux de trente-huit de ses voisins sans qu'aucun d'entre eux ne tente quoi que ce soit pour lui venir en aide.

Dans la nuit du 12 au 13 mars 1964, Catherine "Kitty" Genovese, barmaid de vingt-neuf ans, quitte son travail et rentre directement chez elle à Kew Gardens, dans le Queens. Deux heures plus tard, elle est retrouvée agonisante dans l'entrée de son immeuble, après avoir été torturée et violée. Son calvaire a duré plus de trente douloureuses minutes au cours desquelles personne ne vint à son secours...

Mon avis :

Nathan Koschel, voisin (fictif) de Kitty Genovese, absent, ainsi que son épouse, le soir du drame, raconte avec beaucoup de justesse et de sincérité, la façon dont il a appris les faits et ses sentiments contradictoires. Sa tristesse à l'annonce de la mort horrible de cette jeune femme qu'il appréciait. Sa culpabilité de ne pas avoir été là pour elle. Sa colère contre la lâcheté des témoins de la scène. Ses doutes quant à son propre courage et sa propre implication s'il avait été présent cette nuit-là. Sa curiosité de tout savoir et tout lire sur cette affaire, l'excitation et à la fois le malaise que cet intérêt lui procure. Sa fierté de pouvoir assister au procès du tueur, forme d'hommage posthume qu'il veut rendre à la victime.

Nathan et Guila Koschel, observateurs de l'intérieur en tant que voisins et amis de la victime, et observateurs extérieurs car absents au moment du meurtre, sont nos témoins, à nous, lecteurs. Ils découvrent les événements et partagent leurs interrogations et leurs émotions.

Un roman sensible et passionnant sur une tragédie qui conduira à d'importants progrès en psychologie sociale.



A voir :

"38 témoins", film de Lucas Belvaux (2012),
avec Yvan Attal, Sophie Quinton et Nicole Garcia,
d'après le roman de Didier Decoin.

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