vendredi 1 mai 2020

"Ida Brandt" de Hermann Bang (Libretto)

Hermann Bang (1857-1912) est l'un des plus grands auteurs danois de la fin du XIXe siècle. Célèbre pour ses portraits féminins, il a suscité l'admiration de nombreux artistes européens, comme Klaus Mann, Robert Musil ou Claude Monet. Il publie notamment "Les Quatre Diables" en 1890 et "Mikaël" en 1904, tous deux parus chez Libretto. "Ida Brandt", son chef d'oeuvre, a été édité pour la première fois en 1896.

Après avoir sans succès tenté une carrière de comédien, il se tourne vers le journalisme. Critique littéraire, il s'intéresse à la littérature moderne, à Zola, aux Goncourt et au naturaliste danois Topsoe, cherchant, au-delà du roman d'analyse et du récit traditionnel, une forme nouvelle de roman objectif et "scénique", où l'auteur, sans laisser deviner sa présence, ferait "voir" action et personnages. Il aboutit ainsi à un roman "impressionniste", proche de l'art de Jonas Lie, et qui évoque aussi bien les tourments dus à son homosexualité que l'atmosphère désillusionnée de la fin du siècle. "Races sans espoir" (1880), suivi de "Phèdre" (1883), joue ainsi sur le thème de l'hérédité, familier à Zola et que Bang retrouva dans "Les Revenants" d'Ibsen. Son art s'affine dans "Nouvelles excentriques" (1885), "Existences tranquilles" (1886) et "Stuc" (1887), qui marque avec "Tine" (1889) un sommet de son oeuvre. S'il reste surtout fidèle à l'oeuvre brève avec les nouvelles de "Sous le joug" (1890) et des "Quatre Diables" (1890), il connaît le succès avec deux romans, "Ludvigsbakke" ("Ida Brandt" en français) (1896) et "Mikaël" (1904). Son dernier récit sera un "roman d'artiste", "Les Sans-patrie" (1906). Il a aussi laissé des "Poèmes" (1891), des pièces et des articles sur le théâtre (il fut un excellent metteur en scène), ainsi que des ouvrages autobiographiques ("Maison blanche, maison grise", 1901).


Dès le début, il (Hermann Bang) avait l'intention de dédier Ida Brandt aux infirmières de l'hôpital communal où il avait lui-même séjourné. Dans la préface, rédigée à Paris, il décrit deux infirmières de garde qui passent la nuit assises devant une table en bois, telles qu'il les avait observées depuis sa chambre de malade. De temps à autre, elles lèvent la tête de leur ouvrage pour fixer en silence la flamme de la lampe "avec des yeux dont le regard porte au loin, au-delà du présent, vers les régions ô combien lointaines de souvenirs ignorés". Il songe au flot de malades qui, grâce aux soins prodigués par ces femmes, retrouvent la santé et se dépêchent d'oublier les mains qui les ont soignés et soutenus - c'est pourquoi, en signe de gratitude, il adresse son livre "là où celui-ci avait germé".

(Extrait de la préface de Jens Christian Grondahl)


L'histoire :

Années 1890, Copenhague

L'hôpital est comme une ruche. Son bourdonnement est régulier. Chacun s'active dans son rôle. Chacun est le rouage d'une mécanique bien huilée : du garçon de salle au médecin en chef, en passant par le précieux coup de main des patients valides à l'abnégation et au dévouement des infirmières. Ida Brandt est l'une d'elles, gentille, généreuse, charmante, impeccable. Pendant ses temps de pause, Ida s'isole pour lire une lettre d'Olivia. Les mots de son amie d'enfance la ramènent au Ludvigsbakke, domaine dont son père tant aimé était le régisseur et où elle a passé des années privilégiées et heureuses...

Mon avis :
Ida Brandt est un mystère. Fillette sage, obéissante, sérieuse. Jeune femme introvertie, discrète, transparente aux yeux de tous. Trop bonne, trop honnête, trop ingénue, trop passive. Suspecte pour les uns, proie facile pour d'autres, elle agace autant qu'elle émeut. Peinture douloureuse de la société danoise austère et puritaine du XIXe siècle...

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