jeudi 17 avril 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-MAI 2014




La Nouvelle
Histoire d'un récit bref




AMELIE NOTHOMB




Amélie Nothomb :
Née le 13 août 1967 à Kobé au Japon de parents bruxellois, fille de diplomate, Amélie Nothomb passe sa petite enfance entre le Japon, Pékin, New York puis le Laos et le Bangladesh. En 1984, à l'âge de dix-sept ans, elle retourne dans son pays d'origine, la Belgique, et s'installe à Bruxelles pour suivre des études de Philologie romane à l'Université Libre. En 1990, à la fin de ses études universitaires, elle repart au Japon où elle travaille comme interprète pour une grande entreprise et découvre un univers cruel et insupportable. C'est en 1992 qu'elle fait son entrée en Littérature avec son premier roman "Hygiène de l'assassin", un livre de dialogue entre un Prix Nobel incompris et des journalistes. Le livre connaît un succès immédiat et reçoit le Prix René Fallet et le Prix Alain Fournier, alors que certains critiques restent sceptiques sur la capacité d'une femme aussi jeune d'écrire un livre d'une "effrayante maturité". 
Depuis, Amélie Nothomb, qui se définie comme "graphomane", publie un livre par an. Son roman "Le sabotage amoureux", en 1993, raconte une partie de son enfance passée en Chine et reçoit le Prix Littéraire de la Vocation. En 1999, "Stupeur et tremblements" est récompensé par le Grand Prix du roman de l'Académie française. Inspiré de son expérience dans le monde de l'entreprise au Japon, il met en évidences les différences entre la civilisation japonaise et les civilisations occidentales.
L'expérience personnelle d'Amélie Nothomb a toujours influencé son écriture, comme dans "La biographie de la faim" où elle parle de son anorexie ou dans "Le fait du prince" qui traite de l'identité. Entre 2000 et 2002, elle écrit sept textes pour la chanteuse française Robert. En 2009, elle renoue avec ses thèmes favoris, notamment l'autodérision avec "Le voyage d'hiver". En 2011, elle publie son vingtième roman, "Tuer le père". En 2012, elle retourne au Japon pour la première fois depuis le séisme et l'accident nucléaire de Fukushima. "La nostalgie heureuse", en 2013, évoque ce séjour émouvant dans son pays natal.


Mes coups de coeur!

"Hygiène de l'assassin" : Entretien musclé entre un écrivain de renom, vieux, obèse et mauvais, et une jeune journaliste qui ne s'en laisse pas conter...

"Les combustibles" : Un monde dévasté. Faire face à la faim, et surtout au froid. Quand tout a déjà été brûlé pour se réchauffer, il ne reste plus que les livres. Lesquels jeter dans l'âtre ?

"Les catilinaires" : Deux jeunes retraités de l'Enseignement, par besoin vital de silence, de solitude et de paix, emménagent dans une petite maison, sorte de datcha au coeur de la forêt, dans l'espoir de ne croiser personne. Mais c'était sans compter sur leur très étrange voisin. Par gentillesse, ils ne le rejettent pas dès le départ. Très vite, ils sont étouffés par cette unique relation humaine...

"Stupeur et tremblements" : Souvent étudié au collège, ce roman décrit avec beaucoup de drôlerie le monde impitoyable du travail au Japon...

"Antéchrista" : Une amitié vampirisante et destructrice entre deux adolescentes. Au nom de l'amitié, que sommes-nous prêts à donner (ou à sacrifier) ? 

"Une forme de vie" : Roman épistolaire entre l'écrivain Amélie Nothomb et Melvin Mapple, soldat de l'armée américaine stationné à Bagdad en Irak...

"Barbe Bleue" : Le conte classique de notre enfance revisité à la sauce Nothomb...


Clin d'oeil de l'auteur ! A votre tour de chercher le mot "pneu" qu'Amélie Nothomb cache malicieusement dans chacun de ses contes !




DELPHINE DE VIGAN





Delphine de Vigan est née en 1966 à Boulogne-Billancourt. Ancienne directrice d'études, mère de deux enfants, elle vit de sa plume depuis 2007.



"Un soir de décembre"
(Points)

Prix Saint-Valentin 2006

Ados / Adultes


L'histoire :
Matthieu a quarante-cinq ans. Il est marié à Elise. Le couple a deux garçons, Paul et Louis. Matthieu travaille dans une société de vente par correspondance de prêt-à-porter féminin. Une vie heureuse et ordinaire. Rien ne le lie à la littérature. Or, un soir il sort d'un tiroir un cahier et il écrit. Quelques semaines plus tard, il envoie son manuscrit à différentes maisons d'édition. Son roman est publié. C'est un succès. Il est invité partout. Il reçoit de nombreux courriers de lecteurs. Parmi eux, une lettre, d'une femme, le trouble...

Mon avis :
Un triangle amoureux classique : le mari, l'épouse, la maîtresse. Une vie bobo. Banale. Presque ennuyeuse. Pourtant, malgré nous, nous nous laissons entraîner dans les méandres de ce quotidien sans rebondissements. Petit à petit, nous découvrons "l'effet papillon" des actes et des erreurs passés de Matthieu. La vie devient soudain roman. Mais qui en est le personnage ? Qui en est l'auteur ? Et nous, sommes-nous personnage ou auteur de notre roman ?

Un livre malin et surprenant !


"Rien ne s'oppose à la nuit"
(Le Livre de Poche)

Prix Renaudot des lycéens 2011
Prix Roman France Télévisions 2011
Grand prix des lectrices de Elle 2012

Ados / Adultes


L'histoire :
Un matin de janvier, la narratrice découvre le corps de sa mère morte dans son appartement depuis déjà plusieurs jours. Deux ans plus tard, aux prises à de nombreuses questions sans réponses, elle décide de se plonger dans l'histoire de sa famille et de raconter "sa" Lucile, sa mère...

Mon avis :
Un hommage émouvant et sincère de Delphine de Vigan à sa mère. Une immersion au coeur d'une famille étonnante, détonante, où la joie et le rire côtoient les drames et les secrets. L'auteur nous implique dans le cheminement de son enquête, de ses recherches, et dans ses questionnements. La dernière partie du récit détaille, jour après jour, l'agonie psychologique, psychiatrique, physique de Lucile jusqu'à son suicide inéluctable. C'est cru, insoutenable, mais c'est aussi une façon pour l'auteur d'exprimer son sentiment de culpabilité et d'impuissance, ses interrogations face à cette spirale de malheurs et de désastres qui s'est abattue sur sa famille, et sur son rôle de mère à son tour.

JEANNE BENAMEUR



Jeanne Benameur :
Née en 1952 à Ain M'Lila en Algérie d'un père tunisien et d'une mère italienne, elle a cinq ans et demi quand elle arrive à La Rochelle où elle vit toujours. Professeur de Lettres à Mauzé sur le Mignon (Deux-Sèvres) puis en région parisienne, elle vit de son écriture depuis 2001. Elle a été directrice de collection chez Actes Sud Junior et chez Thierry Magnier jusqu'en 2013. Le thème central de son oeuvre est la relation à l'autre et le rôle du livre dans l'ouverture au monde.




 "Les Demeurées"
(Folio)

Prix Unicef

Ados / Adultes


L'histoire :
Ce livre, d'une poésie pure, conte la relation unique qui unit une mère surnommée "l'abrutie" ou "la demeurée" ou, mystérieusement, "la Varienne", et sa fille Luce de laquelle certains disent : Telle mère, telle fille ! Comme pour dire : Elle n'a aucune chance ! La Varienne et sa fille vivent seules, en totale exclusion et dans la peur du monde extérieur. Mais un jour, la petite doit aller à l'école. C'est obligatoire ! L'institutrice, Mademoiselle Solange, semble être la seule au village à croire en Luce...

Mon avis :
Non situé dans l'espace ni dans le temps, l'auteur laisse une totale liberté à notre imaginaire. C'est un univers noir, entre l'absurde et le réalisme, qui siérait parfaitement à celui de l'actrice et réalisatrice belge Yolande Moreau. La trame de ce texte court est la tolérance (ou l'intolérance), la place que nous sommes capables de donner à la "différence", et l'aberration, au regard de Jeanne Benameur, d'un enseignement unique pour tous, qui heureusement fonctionne bien pour la majorité des enfants, mais que deviennent les autres ?

Une histoire originale, poétique, d'une extrême sensibilité, qui touche en plein coeur...
Magnifique conte universel !


 
"Une heure, une vie"
(Editions Thierry Magnier)

Dès 12 ans


L'histoire :
Les parents d'Amélie lui annoncent qu'ils vont se séparer. "Rien ne changera pour toi, ma chérie, tu sais." Mais ils savent tous les trois que ce n'est pas vrai...

Mon avis :
Des parents divorcent, n'expliquent pas, deviennent inaccessibles, vivent sur deux planètes opposées. Une enfant se retrouve au centre de ce puzzle auquel il manque des pièces, assommée de discours sans véritables sens et de promesses non tenues. Son seul désir : connaître les véritables raisons de cette séparation, trouver sa place. Alors, pourquoi ne pas inventer ?
Jeanne Benameur nous propose un regard nouveau sur le divorce : celui de l'enfant exclusivement. Elle met l'accent sur tous les non-dits qui sont en réalité autant de mensonges, et sur notre tendance, nous, adultes, à toujours sous-estimer la capacité des enfants à comprendre les choses, même les plus graves.

Intelligent, pudique et sensible, comme toujours chez Jeanne Benameur !




"Pas assez pour faire une femme"
(Editions Thierry Magnier)

Rentrée littéraire Ados Automne 2013

Dès 13 ans


L'histoire :
Au début des années 1970, juste après Mai 68, une toute jeune étudiante de dix-sept ans passe sa première nuit d'amour avec Alain, étudiant plus âgé qu'elle et militant pour "la lutte"...

Mon avis :
Roman d'initiation : à l'amour, à l'engagement politique, à la philosophie, à la rupture avec une famille réactionnaire, à l'indépendance, à la liberté, à la vie tout simplement. Et puis les livres, les livres, et encore les livres comme fondations inébranlables.

Tendre, grave, et magnifique !

ANNIE ERNAUX



Annie Ernaux :
Ecrivain majeur de la Littérature Française, pionnière d'un nouveau style, "l'écriture de soi", son oeuvre suit, presque en temps réel, l'accès des femmes à l'autonomie sociale et sexuelle. 
Annie Ernaux naît en 1940 à Lillebonne, en Normandie. Ses parents tiennent un café-épicerie. Puis, après la guerre, ils déménagent, s'installent à Yvetot, ville martyrisée par les bombes, et ouvrent à nouveau un café-mercerie-épicerie dans un quartier très modeste. Après son baccalauréat, Annie Ernaux commence des études de Lettres à Rouen, ville symbole d'une certaine liberté pour la jeune étudiante qu'elle est, loin de sa famille. C'est bien avant 1968 et l'accès à la contraception. Elle prend alors de plein fouet sa condition de femme, un avortement clandestin, puis une nouvelle grossesse acceptée, un mariage obligé et des examens à passer dans des circonstances difficiles. Professeur de Lettres, publiée, Annie Ernaux raconte, dans l'ensemble de son oeuvre, son enfance, sa vie de femme, sa vie de femme cultivée, ses relations compliquées et douloureuses avec ses parents, entre amour et haine, la difficulté de se comprendre lorsque parents et enfants vivent dans deux milieux sociaux-culturels différents. Le travail littéraire et sociologique d'Annie Ernaux est unique, personnel, empreint d'intelligence et d'une grande sensibilité. Ses mots sont simples, précis, choisis. Ils parlent à chacun d'entre nous et nous invitent, nous aussi, à tenter de retrouver une mémoire collective dans notre mémoire individuelle. Elle est une référence pour de nombreux nouveaux auteurs.

A voir ou à revoir : "Les mots comme des pierres", documentaire consacré à Annie Ernaux diffusé en 2013 sur France 3.

A retrouver, sur le blog "Le Journal des Libériades"
  • "Les années" (Gallimard) - en juin 2010
  • "La place" (Gallimard) - en février 2011
  • "L'autre fille" (Nil - collection Les Affranchis) - en mars 2011



"Les armoires vides"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
1973 - Denise, jeune étudiante boursière en Lettres, sort, seule, de chez la "faiseuse d'anges". Dans sa petite chambre de la Cité Universitaire, elle attend. Tandis que l'humiliation lui tord sans pitié l'intérieur du ventre, elle pense à ses parents. Elle, fille unique de modestes patrons d'un miteux café-épicerie, décortique tout ce qui la différencie et l'éloigne de sa famille depuis le collège, depuis qu'elle a découvert la Littérature, depuis que la culture lui a ouvert les portes d'autres mondes qu'elle croyait inaccessibles...

Mon avis :
Premier roman d'Annie Ernaux et une écriture qui se démarque totalement de la Littérature traditionnelle. "L'écriture de soi" est née. Plus que des phrases, ce sont des mots, des émotions, qui sont ici jetés, criés, gueulés, dégueulés sur le papier, comme une urgence à dire les choses, sans aucun instant de répit pour reprendre son souffle. Une langue brutale et crue pour exprimer une colère douloureuse mêlée de haine et de culpabilité. Sans doute le livre le plus dur d'Annie Ernaux. Les fondations de son oeuvre sont posées.

Courageux !



"La vie extérieure"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Des anecdotes personnelles, des instants surpris dans le RER ou au centre commercial, le regard de l'auteur sur la vie politique et sociale, ses engagements, ses réflexions sur certains faits divers... Des épisodes marquants, drôles, intellectuels, existentiels, qui se sont inscrits dans l'histoire d'Annie Ernaux entre 1993 et 1999...

Mon avis :
Il est très intéressant de découvrir Annie Ernaux dans un registre très différent de celui de ses romans. Les thèmes majeurs de son oeuvre ne sont pas là, mais elle nous ouvre d'autres portes de son "moi".

Une lecture vraiment très agréable !



"L'événement"
(Folio)

Ados / Adultes


L'histoire :
Une scène de vie banale : 1999, dans la salle d'attente d'un grand hôpital parisien, au milieu d'un panel hétéroclite de la population française, la narratrice se prépare avec angoisse à connaître le résultat de son test VIH. Il est négatif. Bien que soulagée, cette expérience n'est pas sans lui rappeler ce terrible jour d'octobre 1963 où, alors étudiante en Lettres à Rouen, elle apprend qu'elle est enceinte, et où elle se retrouve soudain totalement seule face à une décision à prendre, face à l'événement...

Mon avis :
Un témoignage remarquablement écrit, saisissant, bouleversant, tout en puissance et en sensibilité, qui évoque sans tabou chacune des étapes matérielles, psychologiques, physiologiques, médicales, intellectuelles, sociales, d'un avortement (à l'époque clandestin car illégal) et, dans la grande majorité des cas, la solitude des femmes dans cette situation. 

Absolument nécessaire !



"Retour à Yvetot"
(Mauconduit)

Ados / Adultes


L'histoire :
Ce livre est la transcription d'une conférence donnée le 13 octobre 2012 par Annie Ernaux à Yvetot, lieu de son enfance et de son adolescence, où elle retournait pour la première fois en tant qu'écrivain...

Mon avis :
Un texte émouvant et sincère sur les souvenirs, propres à chacun, et sur l'acte d'écrire, par ailleurs illustré de magnifiques photos.

vendredi 7 février 2014

jeudi 6 février 2014

"LE DERNIER AMI DE JAURES" de Tania Sollogoub (L'Ecole des Loisirs - Médium)


"Le dernier ami de Jaurès"
Tania Sollogoub
(L'Ecole des Loisirs - Médium)

Dès 13 ans

Rentrée Littéraire - Automne 2013



Tania Sollogoub :
Changer le monde et "prendre ses rêves au sérieux". Ouvrir les frontières aux nomades, bras ouverts. Lutter contre les yeux tristes des filles de Moscou et les espoirs brisés, bras décroisés. Tania Sollogoub y croit, et le fait. Grâce aux mots et aux chiffres (elle enseigne l'économie quand elle n'envoie pas des romans par La Poste). Grâce aussi à la magie des Baba Yaga cachées dans les forêts russes ou dans la boutique de produits du Massif Central du métro Gare du Nord. Après, elle vous emmènera manger des blinis, vous parlera de "Blade Runner". Et vous de rire. Et vous de rêver. Quelque chose aura changé.

Du même auteur, sur ce blog en juin 2013 : "Au pays des pierres de lune" (L'Ecole des Loisirs - Médium)


"Je demande à tous ceux qui prennent au sérieux la vie, si brève même pour eux, qui nous est donnée à tous, je leur demande : qu'allez-vous faire de vos vingt ans ? Qu'allez-vous faire de vos coeurs ? Qu'allez-vous faire de vos cerveaux ?"
Jean Jaurès - Janvier 1914

Jean Jaurès :
Homme politique français né à Castres en 1859. Brillant universitaire, journaliste et député républicain (1885-1889), il fut ensuite député socialiste de 1893 à 1898, puis de 1902 à sa mort. Fondateur en 1904 du journal "L'Humanité", historien, Jaurès fut le véritable leader du socialisme français, surtout après la création de la SFIO* en 1905. Pacifiste militant, il s'attira l'hostilité des milieux nationalistes. Il fut assassiné le 31 juillet 1914, à la veille de la Première guerre mondiale.              
(cf : Le Petit Larousse 2008)

SFIO : Section Française de l'Internationale Ouvrière, désignation du Parti socialiste français de 1905 à 1971.


 

François-Ferdinand de Habsbourg (1863-1914) :
Archiduc d'Autriche, il était le neveu de l'empereur François-Joseph et héritier du trône depuis 1889. Son assassinat à Sarajevo le 28 juin 1914 préluda à la Première guerre mondiale.







"L'Humanité" : Journal fondé en 1904 par Jean Jaurès. Socialiste jusqu'en 1920, organe central du Parti communiste français de 1920 à 1994, le quotidien en reste depuis très proche malgré une ouverture de ses pages à d'autres composantes de la gauche.




L'histoire :
En cet été 1914, à Paris, alors que Jean Jaurès rédige son éditorial pour le journal "L'Humanité" au lendemain de l'assassinat de François-Ferdinand d'Autriche, quatre adolescents se retrouvent au jardin du Luxembourg et sirotent une limonade. Insouciants, Louis, Antoine et Jules devisent sur les conséquences de la mort de l'archiduc et sur la drôle de guerre qui gronde. Paul, lui, ne dit rien. Paul est amoureux. Il pense qu'elle s'appelle Madeleine. Il ne lui a jamais parlé, mais ce corps magnifique qu'en toute innocence elle dévoile chaque soir derrière un rideau mal fermé le bouleverse...

Mon avis :
Le dernier ami de Jaurès, dans le roman de Tania Sollogoub, c'est Paul, quinze ans seulement, un pied dans l'enfance, l'autre dans l'âge adulte. Il est à un moment de sa vie où ses choix, ses rencontres, ses expériences détermineront son existence. Mobilisable, on l'accompagne avec tendresse dans ses premiers émois, ses premiers questionnements, ses premiers engagements. Grâce à lui, on croise avec beaucoup d'émotion et de respect le personnage illustre qu'était Jean Jaurès. Dans un monde qui s'effondre sous un soleil écrasant, il y a cette petite rue de Paris, miroir de notre société à la veille d'une guerre redoutable. Les esprits s'échauffent, se radicalisent, les tensions montent, mais au fond, chacun espère, veut garder confiance, et tremble. Alors on ferme les yeux. On danse dans les guinguettes et on laisse libre court à la sensualité, au désir, à l'amitié, à l'amour.

Un vrai délice ! Un petit bijou !


"On n'enseigne pas ce que l'on sait mais ce que l'on est." - Jean Jaurès

"KINDERZIMMER" de Valentine Goby (Actes Sud)



"Kinderzimmer"
Valentine Goby
(Actes Sud)

Ados / Adultes

Rentrée Littéraire - Automne 2013


Valentine Goby est née en 1974. Elle étudie à Sciences Po puis travaille pour des associations humanitaires à Hanoï et à Manille. Enseignante en lettres et en théâtre, elle décide de se consacrer à l'écriture et a publié plus d'une vingtaine de livres (jeunesse et adultes confondus). Parmi ses thèmes de prédilection, la place des femmes, le regard que porte la société sur leur corps, et comment l'Histoire les affecte.

L'histoire
Suzanne Langlois, ancienne résistante et déportée à Ravensbrück, témoigne dans un lycée. Devant ces jeunes de dix-huit ans, lasse de ce silence face à son histoire à chacune de ses interventions, les mots sortent presque mécaniquement tant elle les a répétés. Pourtant, aujourd'hui, un grain de sable, une élève peu ordinaire. Ses questions fusent, dérangeantes. "Aviez-vous déjà entendu parler de Ravensbrück ? Dans le train, connaissiez-vous la destination ? Quand avez-vous compris que vous alliez à Ravensbrück ? Vous ne saviez pas où vous étiez ? Vous ne saviez rien ce jour-là ?" Et puis cette question, la dernière, fatale : "En fait, vous n'en saviez pas plus sur Ravensbrück alors, que nous maintenant ?" Surprise, Suzanne Langlois se tait et repart chez elle. Elle a besoin de réfléchir, de prendre du recul. Le chagrin, le deuil, la mémoire de "l'autre" sont toujours là. "L'autre", Mila, celle qu'elle est devenue devant l'entrée du camp...

Mon avis :
Une écriture sincère et brute qui touchera certainement les plus jeunes d'entre nous, les lycéens en particulier. Des phrases assénées comme des coups de fouet sur notre émotion à vif. Le thème de la maternité dans un camp de concentration est poignant. Des mots de douleur martelés encore et encore : os, trous, plaies, hurlements, chiens, nudité, urine, excréments, dysenterie, typhus, faim, soif, poux, puanteur, putréfaction... Les corps dans tous leurs états. Le camp, c'est la mort où l'être humain n'a même plus d'ombre.

Magnifique ode à la vie et à la résistance !


A écouter : Le très émouvant "Grand Entretien" de François Busnel, du 11 avril 2013 sur France Inter, consacré à Marie-Jo Chombart de Lauwe, résistante, déportée, puéricultrice de la Kinderzimmer de Ravensbrück, et dont la vie a inspiré ce livre.


"UN HOMME EFFACE" d'Alexandre Postel (nrf/Gallimard)



"Un homme effacé"
Alexandre Postel
(nrf / Gallimard)

Ados / Adultes

Prix Goncourt du premier roman 2013
Prix Landerneau 2013


Alexandre Postel est né en 1982. Professeur de Lettres en classe préparatoire à Paris, "Un homme effacé" est son premier roman.

L'histoire :
Un matin aussi banal que tous les autres, Damien North, timide et peu sociable professeur de philosophie à l'université, découvre que son accès à Internet est refusé. L'après-midi, il est arrêté pour consultation et détention d'images à caractère pédopornographique. L'enfer ne fait soudain que commencer pour ce veuf solitaire, presque invisible jusqu'alors...

Mon avis :
Qu'importe où et quand les faits se déroulent... Qu'importe de ne savoir si cet homme est coupable ou non qu'à la fin du texte... Quant aux crimes commis, nul besoin de les décrire, chacun est suffisamment à même d'en comprendre l'horreur... L'important est de réfléchir sur la brutalité des événements, l'emballement soudain autour d'un seul homme, la présomption d'innocence totalement bafouée, l'impossibilité pour North de se défendre. Tout le monde le lâche : sa famille, ses collègues, la police, les avocats, les médecins... Toute une société s'abat contre lui. Toutes les apparences, même les plus infimes et ordinaires, communes à nous tous, deviennent, contre North, des preuves de sa culpabilité. Où est le vrai ? Où est le faux ? Et nous, qu'en pensons-nous ? Sommes-nous conscients des conséquences si les accusations étaient fausses ? Quel serait notre comportement envers North ? Méfiance ? Dégoût ? Soutien ? Construit en deux parties, "Les jours atroces" et "Les jours féroces", Alexandre Postel dépeint, avec justesse et force, la puissance et la violence des préjugés, des amalgames, de la diffamation, de l'hypocrisie, de la curiosité malsaine, d'Internet, contre une "proie" facile, un personnage victime de sa solitude et de son introversion.

Grave, palpitant, ce livre ne peut pas laisser indifférent !


"LES LUNES DE JUPITER" d'Alice Munro (Points)



"Les lunes de Jupiter"
Alice Munro
(Points)

Ados / Adultes

Prix Nobel de Littérature 2013



Alice Munro est née en 1931 au Canada. C'est là tout ce que l'on sait d'elle. Extrêmement discrète, Alice Munro ne se livre pas. Prix Nobel de Littérature en 2013, elle est la treizième femme couronnée par ce prestigieux trophée qui récompense pour la première fois un auteur de nouvelles, genre littéraire trop souvent considéré comme mineur.

Subtile et profonde, drôle et insolente, si mystérieuse et si limpide à la fois, les thèmes majeurs d'Alice Munro sont l'amour, le désir, la vieillesse et la mort. Elle met en scène des personnages ordinaires, issus d'un milieu social modeste, le plus souvent des femmes blessés mais fortes qui fuient par tous les moyens une vie conjugale douloureuse ou une famille castratrice. Son style, unique, amène de nombreuses interrogations et réflexions et prône un indispensable retour sur soi-même.

Mon avis :
Des histoires simples dans lesquelles chacun de nous peut se retrouver un peu. Les relations femmes/hommes sont compliquées, mais quand le temps passe et que la jeunesse s'efface, c'est encore plus délicat. Les personnages d'Alice Munro sont pris au piège dans les méandres de l'amour et de l'existence, entre soumission, cruauté, lassitude, fatalité, fragilité, désir, combattivité, espoir, fuite, renaissance. Fluide, juste, sensible, souvent sombre mais d'une grande beauté, son écriture presque théâtrale est un peu comme une discussion entre amis. Ses textes n'attendent qu'à être partagés à voix haute.

Admirable !

"EN FINIR AVEC EDDY BELLEGUEULE" d'Edouard Louis (Seuil)



"En finir avec Eddy Bellegueule"
Edouard Louis
(Seuil)

Ados / Adultes

Premier roman - Rentrée Littéraire Janvier 2014

Coup de coeur !


Edouard Louis a 21 ans. Il étudie la sociologie à l'Ecole Normale Supérieure. L'an dernier, il dirigeait, à vingt ans, un ouvrage consacré à Pierre Bourdieu, "Pierre Bourdieu : l'insoumission en héritage" (PUF). "En finir avec Eddy Bellegueule" est son premier roman.

L'histoire :
Il n'y a pas de commencement. Tout semble avoir toujours été ainsi dans ce petit village d'à peine mille âmes, perdu au coeur de la campagne picarde. Là-bas, dans les familles d'ouvriers très pauvres, les hommes doivent être des durs, des mâles, savoir prendre des cuites et se battre, en finir vite avec l'école, aller à l'usine, et mettre une fille enceinte (d'un garçon, de préférence !). Les femmes, pour la plupart, donnent naissance à leur premier enfant à dix-sept ans, sont coiffeuses, caissières, aides à domicile ou mères au foyer et, de génération en génération, subissent le machisme avec fatalité. Dans ce paysage où tout est tracé d'avance, la brutalité de la vie quotidienne est marquée par une violence presque naturelle, la misogynie, la haine de l'autre, le racisme, et l'homophobie. Le tout imbibé d'une grande quantité d'alcool. Alors, dans cet univers recroquevillé sur lui-même, lorsqu'Eddy, garçon d'à peine dix ans, montre quelques différences face à une virilité imposée, ce monde, qui d'ordinaire manque cruellement de vocabulaire, est intarissable pour désigner le monstre, l'anomalie, le danger : pédale, pédé, tantouse, enculé, tarlouze, pédale douce, baltringue, tapette, fiotte, tafiole, tanche, folasse, grosse tante, tata, ou l'homosexuel. Avant même de comprendre de lui-même qui il est, Eddy va subir de toute part la honte, le dégoût, le mépris, les humiliations, les injures, les coups, la douleur...

Mon avis :
Magnifique, cru, brut, implacable, entre témoignage, roman sociologique (cette part sombre du Nord de la France, pour ceux qui connaissent cette région, est bien réelle) et essai, ce livre d'une force rare remue les tripes. On le lit d'une traite, incapable d'abandonner Eddy. Jamais il ne juge, mais de chacun de ses mots transpire la colère de l'auteur et sa souffrance d'avoir été incompris. L'enfance construit l'adulte que nous sommes. Comme Annie Ernaux dans son oeuvre et Edouard Louis dans cet ouvrage le décrivent très bien, entre ce que nous sommes, ce que nous devenons, entre le milieu social, culturel et intellectuel auquel on appartient aujourd'hui, et entre celui d'où l'on est issu, lorsque le fossé entre ces deux mondes se creuse inéluctablement et que la communication devient impossible, une seule solution s'offre à nous : la fuite. Si cette décision est nécessaire, voire vitale, elle est loin d'être facile à prendre, ni à vivre. Même si l'on a reçu une certaine forme d'amour, amour maladroit ou égoïste, il ne peut faire oublier la douleur physique ni la douleur psychologique de l'incompréhension et du mépris.

Plus qu'une plume, plus qu'un écrivain dont on a hâte de lire le prochain roman, Edouard Louis est un être d'une sensibilité exacerbée et bouleversante que l'on aimerait rencontrer !

jeudi 19 décembre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT FEVRIER 2014



Prix et nouveautés littéraires

Coups de coeur...



"BIG EASY" de Ruta Sepetys (Gallimard/Scripto)



"Big Easy"
Ruta Sepetys
(Gallimard / Scripto)

Dès 13 ans


Ruta Sepetys :
Américaine d'origine lituanienne, Ruta Sepetys est née et élevée dans le Michigan et est diplômée en finance internationale. Après avoir vécu quelque temps en Europe, notamment à Paris, elle s'installe à Los Angeles où elle décide de travailler dans l'industrie musicale. Lorsqu'elle se met à l'écriture et publie en 2011 "Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre", sur la déportation d'un adolescent dans les goulags staliniens, roman inspiré de l'histoire de sa famille, elle rencontre un succès international.

L'histoire :
En 1940, Josie a sept ans lorsqu'elle s'installe avec sa mère, Louise, à la Nouvelle-Orléans, ville surnommée "Big Easy", dans le Quartier français de très mauvaise réputation. Louise est prostituée. Elle est pensionnaire de la maison close de Conti Street, tenue par la puissante "Madame" Willie Woodley. Constamment fauchée et attirée par des gens louches et dangereux, Louise n'est pas une mère aimante ni attentionnée. C'est Willie qui assure l'éducation et la protection de Josie, et une poignée de personnes généreuses l'entoure d'amour et d'amitié.
Josie a maintenant dix-sept ans. Elle est une élève brillante. Pour gagner un peu d'argent, elle fait le ménage tôt le matin chez Willie, mais surtout, passionnée de Littérature, elle travaille pour sa plus grande joie à la librairie des Marlowe père et fils qui l'ont accueillie comme un membre de leur famille. Le rêve de Josie ? Rejoindre la prestigieuse université de Smith* dans le Massachusetts. Mais le destin a décidé de lui mener la vie dure...

*: Dans ce blog, en septembre 2013, nous avons déjà évoqué The Smith College, célèbre université féminine privée des Etats-Unis, dans "Les débutantes" de J. Courtney Sullivan (Le Livre de Poche) - Ados/Adultes - Prix des Lecteurs 2003

Mon avis :
Ce livre est né d'une question que Ruta Sepetys posa un jour à son père, venu aux Etats-Unis en 1949 après être passé par un camp de réfugiés en Allemagne : "Qu'as-tu vu à ton arrivée ?". Et son père de lui faire cette réponse surprenante : "J'ai vu de la douleur." Car dans les années 1950, la vie américaine, parfaite et opulente en surface, foisonnait de mensonges et de secrets bien cachés. (cf : Magazine Lire - Novembre 2013)
Pimenté de subtiles touches de romanesque, de polar, d'aventure, de Littérature, d'Histoire, ce roman captivant dépeint avec autant de pudeur que de réalisme la vie difficile dans ce quartier pauvre de la Nouvelle-Orléans des années 1950. L'ambiance, parfaitement recréée, éveille tous nos sens et l'on s'abandonne totalement à l'histoire. Les personnages principaux sont si attachants et émouvants, ils nous font tant vibrer, qu'on les quitte à la fin à grand regret.

Délectable !


"MERRY CHRISTMAS : Christmas Pudding et Le Noël d'Hercule Poirot" d'Agatha Christie (Le Livre de Poche)



"Merry Christmas"
Christmas Pudding
Le Noël d'Hercule Poirot
Agatha Christie
(Le Livre de Poche)

Ados / Adultes


Agatha Christie (1891 - 1976) :
L'une des gloires du roman policier britannique, elle est née d'un père américain et d'une mère anglaise. Enfant, elle rêve de devenir cantatrice. Mais d'une très grande timidité, elle préfère exceller dans l'art des énigmes et du suspense. Elle signe ses livres du nom de son premier mari, même après son divorce. Elle a inventé, dit-on, son premier "mystère" en 1920 pour éprouver la perspicacité de sa soeur, grande lectrice de romans policiers. Auteur la plus lue après Shakespeare ; quatre-vingts romans et autant d'intrigues retorses dans la plus pure tradition britannique ; passionnée de faits divers ; familiarisée aux substances pharmaceutiques dangereuses par sa qualité d'infirmière pendant la Première Guerre Mondiale ; largement inspirée par ses nombreux voyages aux côtés de son second mari, Max Mallowan, archéologue, qu'elle accompagne, de 1930 à 1939, sur tous ses champs de fouilles d'Irak et de Syrie, Agatha Christie imagine le crime parfait, des enquêtes qui tiennent en haleine jusqu'au dénouement final en y mêlant beaucoup d'exotisme, d'humour, et sans jamais craindre de jouer avec tous les clichés anglo-saxons.


  • "Christmas Pudding" (nouvelles)
- Christmas Pudding
- Le Mystère du bahut espagnol
- Le souffre-douleur
- La mort avait les dents blanches
- Le rêve
- Le policeman vous dit l'heure

Six délicieuses nouvelles pour un inoubliable festin de Noël mitonné avec délectation par une Agatha Christie plus malicieuse que jamais... 


  • "Le Noël d'Hercule Poirot" (roman)
L'histoire :
Dans son magnifique domaine de Gorston Hall, le vieux milliardaire Simeon Lee réunit, pour les fêtes de fin d'année, toute sa famille jusqu'alors éclatée depuis la mort de son épouse il y a vingt ans. Quelles sont ses véritables intentions ? Personne ne le saura car, la veille de Noël, le vieillard est sauvagement assassiné dans son bureau...

Mon avis :
Un meurtre effroyablement sanglant, ce qui est rare chez Agatha Christie. Une intrigue démoniaque savamment orchestrée et pleine de surprises. Une affaire savoureuse entre les petites cellules grises d'un trio d'enquêteurs exquis et hauts en couleur : le délicat Hercule Poirot, le grognon colonel Johnson et l'impétueux superintendant Sugden.

Divertissant et jubilatoire !





A voir :

"Petits meurtres en famille"
Excellente mini-série TV d'Edwin Baily
avec Robert Hossein, Antoine Duléry,
Marius Colucci, Bruno Todeschini,
Elsa Zylberstein, Frédérique Bel...

Une adaptation française très réussie !








"NOUVEAUX CONTES DE NOËL" d'Anne Perry (10/18)




"Nouveaux contes de Noël"
Anne Perry
(10/18)

Ados / Adultes


Anne Perry, romancière britannique, est née en 1938. Elle vit au nord d'Inverness, en Ecosse.

Ceux qui ont, un jour, plongé dans l'une des enquêtes de Thomas Pitt en sont la plupart du temps ressortis accrocs. C'est que sa créatrice, l'écrivain britannique Anne Perry, a un sacré talent pour faire revivre l'atmosphère du Londres victorien où, tandis que Jack l'éventreur rôde dans les quartiers miséreux des docks, la haute société cache ses turpitudes dans un tourbillon de fêtes, de spectacles et de célébrations militaires. Anne Perry est une star à travers le monde où près de 25 millions d'exemplaires de ses livres ont été vendus. Les enquêtes de Thomas Pitt et sa femme, la perspicace Lady Charlotte, ont fait sa renommée. Plus récemment, elle a créé un autre personnage d'enquêteur, Monk, qui a la particularité d'être amnésique et de redouter d'avoir été quelqu'un de vraiment pas bien auparavant. Difficile de ne pas penser, en lisant ces romans, que l'auteur a elle-même été condamnée pour meurtre lorsqu'elle avait quinze ans et vivait en Nouvelle-Zélande, convaincue d'avoir assassinée, avec sa meilleure amie, la mère de celle-ci. Dette payée, nom changé, Anne Perry est devenue auteur de romans policiers dans lequels le poids du passé, la culpabilité et la rédemption sont des thèmes récurrents, ainsi que les portraits de femmes en rébellion contre l'ordre établi.

Emission "L'humeur vagabonde" par Kathleen Evin - franceinter.fr


  • "La promesse de Noël" 
C'est bientôt Noël. En vacances sur l'Ile d'Anglesey, au large du Pays de Galles, le commissaire Runcorn, de la police de Londres, savoure le vent vivifiant et le silence de cet endroit isolé...

Mon avis
Une pincée d'Agatha Christie. Un soupçon de Conan Doyle. Une atmosphère insulaire parfaitement rendue qui crée une intimité troublante avec les personnages.

  • "La révélation de Noël" 
Alors qu'elle se réjouit de fêter prochainement Noël avec son mari et ses enfants dans leur maison de Londres, Emily reçoit une étrange missive en provenance du Connemara, en Irlande. Sa tante Susannah, qu'elle n'a pas vue depuis plus de vingt ans, réclame sa présence...

Mon avis :
Une description des paysages irlandais à couper le souffle. Une immersion au coeur d'âmes malmenées, blessées, parfois brisées par la violence des éléments et le poids de leur Histoire.

  • "Un Noël plein d'espoir"
A quelques jours de Noël, Londres est sous la neige et le froid. Gracie, treize ans, se presse de faire les courses pour sa grand-mère lorsqu'elle croise le chemin d'une enfant en larmes. L'oncle de la petite vient de mourir et l'âne auquel elle est très attachée est perdu, seul, quelque part dans la ville...

Mon avis :
Un très joli conte à la Dickens dans les ruelles inquiétantes de Whitechapel. La magie de Noël opère merveilleusement.

  • "L'odyssée de Noël"
Depuis de trop longues années, James Wentworth n'a pas revu son fils, Lucien. Ce dernier s'est perdu dans les bas-fonds de Londres. Abattu de chagrin, à deux semaines de Noël, Wentworth charge son meilleur ami de retrouver son fils...

Mon avis :
Un cauchemar qui nous emmène avec réalisme dans les coins les plus sordides et glauques de Londres. Un régal !

Entre enquêtes policières et aventures mystérieuses, une reconstitution de l'Angleterre victorienne très réussie. Une lecture "boîte de chocolats" qui se déguste avec plaisir !


"L'APPEL DU COUCOU" de Robert Galbraith (J.K. Rowling) (Grasset)



"L'Appel du Coucou"
Robert Galbraith
(J.K. Rowling)
(Grasset)

Ados / Adultes


J.K. Rowling :
Joanne Kathleen Rowling est née en 1965 en Angleterre. Elle a une licence de français et de lettres classiques et a passé un an à Paris dans le cadre de ses études. Son premier job sera pour Amnesty International à Londres. Elle habite alors à Manchester et c'est au cours d'un trajet en train qui l'amène à son travail qu'en 1990, l'image d'un petit garçon brun à lunettes lui vient à l'esprit. Harry Potter est né. Hélas, la même année, la mère de l'écrivain succombe à une sclérose en plaques à l'âge de 45 ans. Sous le choc, J.K. Rowling s'installe, en 1991, au Portugal où elle épouse un journaliste sportif et enseigne l'anglais. Le mariage est catastrophique. Mère d'une petite fille, Jessica, elle revient avec son bébé à Edimbourg auprès de sa soeur Diane, en 1993, et se plonge dans l'écriture de son manuscrit. Le premier tome, "Harry Potter à l'école des sorciers", sera publié en 1997. Depuis, J.K. Rowling vit un conte de fée. Ses sept aventures de Harry Potter sont lues par des millions d'enfants dans le monde entier. Les films tirés de ses romans reçoivent le même succès, ainsi que tous les produits dérivés. Sa notoriété lui permet de soutenir de nombreuses actions caritatives. En 2001, elle épouse le Docteur Neil Murray et le couple a deux enfants, David et Mackenzie. Son premier roman pour adultes, "Une place à prendre", paru chez Grasset fin 2012, n'a pas été bien accueilli ni par les critiques, ni par le public. Les droits ont néanmoins été achetés par la BBC et une mini-série sera bientôt réalisée. Puis, en avril dernier, "L'Appel du Coucou" est arrivé dans les librairies britanniques. Quelques journalistes se sont étonnés que ce polar bien maîtrisé puisse être l'oeuvre d'un écrivain débutant, Robert Galbraith. Trois mois et quelques articles élogieux plus tard, le Sunday Times révélait que derrière Robert Galbraith se cachait en réalité J.K. Rowling.

L'histoire :
Trois mois après le suicide très médiatisé de Lula Landry, une jeune top-model, Robin Ellacot entre en tant que secrétaire intérimaire à l'agence "C.B. Strike, détective privé". Cormoran Strike, un géant de Cornouailles de 1,92 m, est en pleine faillite professionnelle et amoureuse. C'est alors que se présente à lui une affaire, certes lucrative, mais surtout très sensible. John Bristow, riche frère de la star Lula Landry, ne croit pas que sa soeur ait mis fin à ses jours...

Mon avis :
On fond pour le détective Cormoran Strike, ce yéti tout en force et en sensibilité diablement attachant ! Vétéran  de l'Afghanistan, où il a perdu une jambe, il est la voix, le témoin de tous les blessés et traumatisés de la guerre. Un roman à la fois distrayant et d'un réalisme très réussi. On sent l'odeur moite et lourde d'un bureau dans lequel on a dîné et dormi, le froid des flocons de neige sur la peau, le goût du steak and kidney pie (tourte à la viande de boeuf et aux rognons) du petit resto du coin... On retrouve avec bonheur l'univers de J.K. Rowling, son imaginaire, ses personnages originaux aux noms improbables, son humour très britannique, sa plume acérée trempée dans l'encre de sa colère contre toutes les formes d'injustices sociales, contre les revers de la célébrité, contre certains médias, et son amertume sur le cynisme des plus fortunés.

Un très très bon moment de lecture !


"J.R.R. TOLKIEN, LE SEIGNEUR DES ECRIVAINS" - Magazine LIRE - Hors-Série


A offrir (ou à s'offrir), lors des prochaines fêtes de fin d'année, aux côtés d'un roman de l'auteur ou d'une adaptation cinématographique par Peter Jackson, ce magnifique hors-série du magazine Lire consacré au non moins exceptionnel magicien de la Littérature Britannique, J.R.R. Tolkien. Très complet, ce "Précieux" document nous apprend tout sur l'homme, sur l'écrivain et sur l'oeuvre.

Passionnant et indispensable !



samedi 16 novembre 2013

PROCHAINES PRESENTATIONS : MI-DECEMBRE 2013




Joyeux Noël !

Un livre à offrir...


"SWEET SIXTEEN" d'Annelise Heurtier (Casterman)



"Sweet Sixteen"
Annelise Heurtier
(Casterman)

Dès 13 ans





Annelise Heurtier :
Née en 1979, auteur d'ouvrages jeunesse, en plus d'être la maman comblée de deux merveilleux petits bouts de choux et de mitonner de délicieux petits plats pour son homme, précise-t-elle dans son blog jubilatoire, Annelise Heurtier est une extraordinaire conteuse d'histoires.

Faits réels :
"Les neuf de Little Rock"

Aux Etats-Unis, en 1956, la ségrégation raciale est abolie. Les Noirs peuvent bénéficier du même enseignement que les Blancs. Si la décision est relativement bien accueillie dans le nord du pays, elle provoque l'indignation et la colère des Etats du Sud, de tradition ségrégationniste. Pourtant, le prestigieux Lycée central de Little Rock, dans l'Arkansas, décide de s'engager dans le processus d'intégration et neuf adolescents noirs sont sélectionnés au vu de leur comportement et de leur dossier scolaire pour la rentrée de septembre 1957. Mais le gouverneur Orval Faubus ordonne à la garde nationale d'empêcher les étudiants noirs d'accéder à l'établissement. De violentes manifestations racistes font rage pendant trois semaines. Devant l'illégalité de la décision du gouverneur, le Président Eisenhower doit intervenir. Il renvoie la garde nationale et la remplace par mille soldats pour escorter et protéger les neuf élèves noirs face à 2500 élèves blancs et une foule hostile. Des lynchages entre Noirs et Blancs ont lieu devant le lycée. Le 12 septembre 1958, sur ordre de la Cour suprême, l'intégration des étudiants Noirs dans les écoles de Little Rock doit être immédiate. Mais les autorités locales préfèrent fermer les établissements scolaires plutôt que d'obtempérer. Les tribunaux fédéraux ordonnent leur réouverture. Constamment harcelés, humiliés, brutalisés, réellement mis en danger, "les neuf de Little Rock" ne resteront au lycée qu'une année. Une année de violence inouïe. Mais ils vont devenir célèbres et enclencher, grâce à leur courage, une vague d'émotion sans précédent dans le pays. En 1999, ils reçoivent "the Congressional Gold Medal", la plus grande distinction qu'un citoyen américain puisse recevoir. En décembre 2008, ils sont invités par Barack Obama. Melba Pattillo (Molly Costello dans le livre), à plus de soixante-dix ans, exerce toujours le journalisme.




"Les neuf de Little Rock" en 2007

"Sweet sixteen" :
Expression utilisée pour désigner le seizième anniversaire des jeunes filles. Aux Etats-Unis, il s'agit d'un véritable événement visant à célébrer le passage de l'adolescence à l'âge adulte.

L'histoire :
1957, Little Rock, Arkansas
La candidature de Molly, lycéenne noire, a été retenue par le prestigieux Lycée central de Little Rock. Grâce à l'abolition de la ségrégation raciale l'année dernière, elle fera partie des neuf premiers élèves noirs sélectionnés pour la toute proche rentrée de septembre. Ce qu'elle pensait être une blague devient réalité et Molly réalise soudain les conséquences que son choix risque d'avoir sur sa famille...
Grace, lycéenne blanche du prestigieux Lycée central de Little Rock, ne s'est jamais beaucoup préoccupée de la ségrégation raciale. Très naturellement, et sans y avoir jamais vu le moindre mal, elle a noué avec sa "nounou" noire, Minnie, une belle amitié. Aussi, lorsque ses meilleures amies, poussées par la Ligue des mères blanches, entrent en guerre contre l'arrivée de neuf élèves noirs dans leur lycée en septembre prochain, elle ne comprend pas bien les véritables raisons de cette haine...

Mon avis :
Une écriture belle et généreuse. Un sujet sérieux. Une histoire rythmée, engagée, captivante. Un livre intergénérationnel que l'on dévore avec passion. 

Un énorme coup de coeur !


"CRIME" de Meyer Levin (Libretto)



"Crime"
Meyer Levin
(Libretto)

Ados / Adultes



Meyer Levin :
Né à Chicago en 1905, romancier et journaliste américain, auteur de "Frankie et Johnnie" et de "La maison de mon père", Meyer Levin couvre, en 1924, pour le "Chicago Daily News", l'affaire Leopold et Loeb. Il appartient alors à la même université que les deux tueurs, il a le même âge qu'eux, et il se trouve qu'il écrit des articles pour payer ses études. Cette affaire lui inspirera "Crime" trente ans plus tard.
La personnalité d'Anne Franck joua également un rôle essentiel dans sa vie d'homme et d'écrivain. Il protesta contre la dénaturation de son "Journal" et contre le fait que la société ait préféré l'exploiter pour son aspect sentimental plutôt que pour dénoncer les atrocités d'un régime totalitaire. "Les maisons hantées de Meyer Levin", écrit par Tereska Torrès, son épouse, raconte ce combat devenu l'obsession d'une vie. Meyer Levin est décédé en 1981.

Faits réels :
Le 21 mai 1924, à Chicago, un jeune garçon de quatorze ans, Bobby Franks, était enlevé et assassiné par deux jeunes gens de dix-huit et dix-neuf ans, Richard Loeb et Nathan Leopold, tous deux étudiants en droit à l'université de Chicago, considérés tous deux comme des prodiges d'intelligence, et tous deux fils de milliardaires. Les meurtriers n'avaient d'autre mobile que de réussir un "crime parfait".



"La corde", film d'Alfred Hitchcock (1948) avec James Stewart

L'histoire :
1924. Par jeu ? Par défi ? Le savent-ils eux-mêmes ? Judd Steiner et Artie Straus, deux jeunes riches et brillants étudiants de l'université de Chicago, planifient méthodiquement et avec une grande excitation un crime "parfait". Ils ont enlevé Paulie Kessler, treize ans, fils du milliardaire Charles Kessler, et viennent d'adresser à la famille une demande de rançon. Au même moment, le corps d'un enfant noyé est découvert dans les marécages. Sid Silver, lui aussi de l'université de Chicago, travaille comme journaliste au "Globe" pour payer ses études. Ce soir-là, son chef l'envoie s'assurer que le petit garçon retrouvé mort n'a aucun lien avec le kidnapping. Malheureusement, Sid va identifier Paulie Kessler...

Mon avis :
Ce livre ne se contente pas de relater le meurtre horrible d'un enfant commis de sang froid par deux jeunes étudiants à peine plus âgés que lui. L'auteur nous amène bien au-delà. Malgré nous, ces assassins nous fascinent. C'est là tout le sujet de la première partie. Ils préparent minutieusement un crime de la même façon qu'ils prépareraient un concours, avec pour unique objectif de recevoir la médaille d'or et pas moins. La théorie du "surhomme" de Nietzsche. Mais ils ont des failles que le narrateur perce à jour. Le procès, deuxième partie du livre, est absolument passionnant. L'avocat hors pair des deux meurtriers fera une plaidoirie qui marquera l'opinion. Il y soulèvera de très nombreuses questions : l'énigme du mobile ; la jeunesse des coupables ; leur étonnante intelligence, leur fortune ; le rôle de l'université, de la Justice, de la presse, de la famille ; la place du Judaïsme et du Christianisme ; l'influence de la philosophie de Nietzsche ; l'homosexualité, Oscar Wilde ; la peine de mort ; la possible démence et les balbutiements des idées de Freud, de la psychanalyse et de la criminologie.

Un outil parfait pour ouvrir des débats et méditer sur de nombreux thèmes !
Un texte brillant !!!