Gilles Schlesser est un écrivain français né en 1944. Il est le fils d'André Schlesser, un des fondateur du célèbre cabaret parisien L'Ecluse (1951-1975), et le père de Thomas Schlesser, historien de l'art. Auteur de plusieurs romans, dont les polars "Mortelles voyelles" (2010), "La mort n'a pas d'amis" (2013), "Mortel Tabou" (2014), "Sale Epoque" (2015) et "La Liste Héraclès" (2016) aux éditions Parigramme, Gilles Schlesser a également publié "Le Cabaret ❞rive gauche❞ " et une biographie de Mouloudji aux éditions de L'Archipel (2009).
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Contexte historique :
Lorsque la guerre commence en septembre 1939, la France est sous la Troisième République et son président est Albert Lebrun. Edouard Daladier est président du Conseil et ministre de la Défense nationale. Alors qu'Hitler est en train de conquérir l'Europe, l'armée française reste passive, à l'exception de quelques avancées en Sarre optant pour une stratégie défensive grâce à la ligne Maginot. C'est la "drôle de guerre".
Le 22 mars 1940, Paul Reynaud remplace Daladier à la tête du gouvernement. Le 28, il signe avec le Royaume-Uni un accord par lequel les pays s'engagent réciproquement à ne pas signer de paix séparée avec l'Allemagne. Mais l'armée allemande progresse. Reynaud démissionne et le président Lebrun nomme le maréchal Philippe Pétain à la tête d'un nouveau gouvernement. Celui-ci demande aussitôt l'armistice, signée avec l'Allemagne le 22 juin 1940. La France va être coupée en deux, la zone nord, dite "zone occupée", administrée par la Wehrmacht, et la zone sud, dite "zone libre", sous contrôle de l'Etat français. Le 2 juillet, Pétain déplace le gouvernement français de Bordeaux, qui est dans la zone occupée, pour l'établir à Vichy.
Dès l'annonce de l'armistice, Charles de Gaulle rallie Londres et appelle à la Résistance et à continuer le combat aux côtés du Royaume-Uni ("appel du 18 juin 1940") : c'est la naissance de la France libre. De 1940 à 1944, la France est divisée entre régime de Vichy et Résistance.
Les Allemands occupent Paris le 14 juin 1940, investissent les plus beaux bâtiments et l'oriflamme nazie flotte partout. Les Parisiens vont connaître la dictature, les pénuries, les rationnements, le froid, la faim, la peur, les persécutions et les rafles de Juifs. Jusqu'à la Libération le 24 août 1944.
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Le début de "Saga parisienne" :
Paris, 1942
La famille Ormen est originaire de Fontenay-aux-Roses, dans la banlieue sud de Paris. Le père, Valentin, y vit toujours, dans sa villa, avec sa seconde épouse, Odette Russier. C'est grâce à la Première Guerre mondiale que l'entreprise de polissage de métaux Ormen a prospéré. Le pays avait besoin d'obus. Puis, sa plus grande usine, à Bagneux, a été bombardée par les Allemands en juin 1940. Malgré cette perte, les Ormen restent fortunés.
Quand elle a épousé Valentin, Odette avait un fils d'une dizaine d'années, Olivier, de père inconnu. De sa première union, Valentin Ormen a eu quatre enfants : Pierre, Jean-Noël, Amédée et Amélie qui ont aujourd'hui entre dix-huit et trente ans. Sous la pression de Pierre, seize ans à l'époque du remariage de son père, Valentin a renoncé à adopter Olivier.
Quand Jean-Noël a rejoint Londres après l'appel du général de Gaulle, Amédée, lui, voulait ouvrir une salle de sport. Alors son père lui a offert une bâtisse à retaper à Levallois. Valentin deviendrait fou s'il apprenait que son troisième fils s'est rapproché d'une bande de malfrats collaborateurs et que le sous-sol de la salle de sport sert d'entrepôt pour des biens pillés aux Juifs.
Pierre Ormen, l'aîné de la fratrie, habite au cinquième étage d'un immeuble rue de Vaugirard, près du jardin du Luxembourg et du palais du Luxembourg devenu état-major de la Luftwaffe. Blessé à la jambe au front de septembre 1939 en région sarroise pendant la "drôle de guerre", romancier et agent de liaison pour la Résistance, Pierre est marié à Ariane, couturière et créatrice de costumes pour le théâtre. Ils ont trois jeunes enfants, Marie et les jumeaux Julien et François.
Les voisins de Pierre et Ariane sont Isidore et Eliane Bronville, de leurs vrais noms Isaac et Esther Bronstein. Le couple a deux enfants, David et Sarah, et un troisième petit bientôt. Isaac Bronstein, proche d'Odette Ormen-Russier, est notaire et collectionneur de tableaux de maîtres qui ornent les murs des deux appartements du quatrième étage que sa famille occupe.
Au sixième étage, dans une chambre de bonne, loge Amélie Ormen. Partie de la villa de Fontenay-aux-Roses après une violente dispute avec son père, Pierre s'est proposé de veiller sur sa petite soeur.
Dans l'immeuble, tout le monde s'entraide. Les Bronstein partagent de la nourriture et Ariane Ormen rapporte des vieux costumes de L'Atelier qui les réchauffent tous quand il fait trop froid.
Les mois passent. Et puis en juillet, les drames se succèdent.
Un soir, Amélie se plaint soudain de terribles maux de ventre et perd beaucoup de sang. Sa belle-soeur comprend très vite la situation. La jeune fille met au monde une petite fille. Personne n'avait rien remarqué et Amélie refuse de croire à sa grossesse et à cette naissance. Si l'enfant se porte bien, l'état psychique de sa mère est inquiétant. Son hospitalisation en soins psychiatriques est indispensable. Elle est suivie par un ami de la famille Ormen, le Docteur Bompart. Ce dernier juge nécessaire de révéler à Pierre que sa soeur a été violée neuf mois plus tôt par un homme qu'il connaît bien.
Quelques jours plus tard, dénoncés, Isaac, Esther, David, Sarah et le nourrisson Rebecca Bronstein sont arrêtés et emmenés au Vélodrome d'Hiver par des policiers et des gendarmes français, et tous leurs objets de valeur, dont "L'Heure bleue", une oeuvre de Picasso, sont emportés. Pierre et Amélie n'ont rien pu faire pour empêcher cette tragédie qui aura raison du fragile équilibre familial que tentait de maintenir Valentin Ormen...
Mon avis :
Lire ce roman, c'est un peu comme feuilleter une encyclopédie illustrée ou les archives d'un journal. Tous les événements marquants de l'époque évoquée sont cités. Non sans nostalgie parfois, nous croisons toutes les personnalités du monde artistique, littéraire, intellectuel, musical, politique et économique du moment, et un certain nombre de produits de consommation populaires nous reviennent en mémoire. Les références sont particulièrement abondantes. C'est agréable, intéressant et instructif. Mais ce n'est pas suffisant pour être captivant. L'écriture trop froide, trop factuelle met les sentiments à distance. L'ensemble manque de dynamisme romanesque et les personnages peinent à émouvoir. De plus, le deuxième tome contient beaucoup de répétitions du premier. Aussi, je n'ai pas poursuivi plus loin.
📚 Dans un genre similaire, je ne saurais que trop vous conseiller le formidable Prix Goncourt des Lycéens 2009 "Le Club des Incorrigibles Optimistes" de Jean-Michel Guenassia (Livre de Poche), et le délicieux Prix Marguerite-Duras 2008 "Les Années" d'Annie Ernaux (Folio)