jeudi 2 avril 2015

PROCHAINES PRESENTATIONS : Mi-MAI 2015





Héros dans la Littérature
Un monde d'immortels...



"EN PLEINE FIGURE : Haïkus de la guerre de 14-18" - Anthologie établie par Dominique Chipot (Editions Bruno Doucey)





"En pleine figure :
Haïkus de la guerre de 14-18"
Anthologie établie par Dominique Chipot
(Editions Bruno Doucey)



Engagement : Témoignages de l'horreur de la guerre

Dominique Chipot est né en 1958. Considéré comme l'un des grands spécialistes du haïku, lui-même auteur de haïkus, il a écrit plusieurs essais, techniques ou historiques, et a adapté en français les haïkus japonais traduits par Makoto Kemmoku. Il anime régulièrement des conférences ou des ateliers sur ce thème. Son objectif, depuis plusieurs années, est de faire mieux connaître ce plus petit poème du monde qu'est le haïku. Il fonde, pour cela, l'Association pour la Promotion du Haïku et dirige "Ploc !", la lettre du haïku. Egalement passionné de photographie, il marie image et haïku dans des oeuvres originales qu'il expose depuis 2004. Certaines ont été présentées au Japon, patrie du haïku, en 2007, lors d'expositions à Tokyo et dans les environs de Nagano.

Deux auteurs piliers de l'art du haïku en France :

Paul-Louis Couchoud (1879-1959), médecin et philosophe, est d'abord connu pour sa prise de position sur la non-existence historique de Jésus. Mais c'est surtout celui qui a introduit le haïku en France. De retour d'un voyage autour du monde financé par la Fondation Kahn, de septembre 1902 à mai 1904, il a initié à la sensibilité japonaise et à l'art du haï-kaï (haïku) certains de ses amis parmi lesquels Julien Vocance, André Faure et Albert Poncin.
La fin du XIXème siècle a été fort japonisante. Au début du siècle suivant, le haïku, forme poétique délicate de 17 syllabes réparties en trois vers, s'est alors acclimaté à la langue française dans des conditions singulières. En 1905, trois jeunes poètes méconnus, Paul-Louis Couchoud, André Faure et Albert Poncin, publient le premier recueil de haïkus, "Au fil de l'eau", après une croisière sur les canaux, de Paris à La Charité-Sur-Loire. Puis, en 1922, un poète mexicain du nom de Rafael Lozano fait éditer à Paris un deuxième recueil, "Haïkaïs", auquel est donné l'exacte forme d'une plaquette japonaise : les mots sont imprimés à la verticale, à lire de droite à gauche.

"Au fil de l'eau : Les premiers haïku français (1903-1922)" aux Editions Fayard/Mille et une nuits


Dessin de Stéphane et Damien Cuvillier - "Cicatrices de guerre(s)" - 22 auteurs de BD (Ed. de la Gouttière)
Julien Vocance (pseudonyme de Joseph Seguin) (1878-1954). En compagnie de son ami d'enfance Albert Poncin, il a rejoint le premier groupe des auteurs de haïkus français autour de Paul-Louis Couchoud, l'importateur du haïku japonais en France. Sergent pendant la Première Guerre mondiale, il a eu l'idée de noter sous forme de haïkus les terribles moments qu'il a vécus dans les tranchées. Il a par la suite composé des haïkaïs sur de nombreux thèmes qu'il a regroupés dans son "Livre des haï-kaï".

"En pleine figure"
Poètes anonymes, poètes célèbres, poètes un peu oubliés ont utilisé le crayon comme un appareil photographique et ont choisi l'art du haïku pour tenter de restituer, à leur manière, l'Histoire, l'horreur de la guerre, les tranchées allemandes, les tranchées françaises, les combats, les blessés,  les mutilés, le retour à la vie civile, les traumatismes...

Clichés en rouge et noir
Plumes trempées dans le sang
Canons en témoignages majeurs

Extraits :

En pleine figure,
La balle mortelle.
On a dit : au coeur - à sa mère
          (René Maublanc)

On ne t'enterrera, combattant,
Que pour que ta charogne n'empoisonne pas
Les vivants.
          (Haïku censuré de Julien Vocance)

Des arrivages de chair
Bien fraîche, toute préparée,
Pour cette nuit sont signalés.
          (Haïku censuré de Julien Vocance)

Le moribond criait : Maman !
De l'arrière, le journaliste
A entendu : Vive la France !
          (Marc-Adolphe Guégan)

Je n'irai pas au cimetière.
Je cherche son souvenir,
Et non son cadavre.
          (René Maublanc)

"ADAM & THOMAS" d'Aharon Appelfeld (L'Ecole des Loisirs)




"Adam & Thomas"
Aharon Appelfeld
(L'Ecole des Loisirs)

Illustré par Philippe Dumas



Engagement : Humanisme

Aharon Appelfeld, citoyen israélien, marié, père de trois enfants, est l'un des plus grands écrivains juifs de notre temps. Il a publié de nombreux romans dont "L'histoire d'une vie" (Prix Médicis étranger 2004) ou plus récemment "Et la fureur ne s'est pas encore tue" (L'Olivier, 2009), "Le garçon qui voulait dormir" (L'Olivier, 2011) et "Les eaux tumultueuses" (L'Olivier, 2013).

Aharon Appelfeld est né en 1932 à Jadova, près de Czernowitz (alors en Roumanie). Sa mère est tuée en 1940, il n'a que huit ans. Il connait le ghetto puis la séparation d'avec son père et la déportation dans un camp à la frontière ukrainienne, en Transnistrie, en 1941. Il s'en évade à l'automne 1942 et se cache dans les forêts d'Ukraine pendant plusieurs mois au milieu de marginaux de toutes sortes. Il trouve refuge pour l'hiver chez des paysans qui lui donnent un abri et de la nourriture contre du travail, mais il est obligé de cacher ses origines juives. Il est ensuite recueilli par l'Armée rouge. Il traverse l'Europe pendant des mois avec un groupe d'adolescents orphelins et arrive en Italie. Pris en charge par l'Alyat Hanoar*, il s'embarque clandestinement pour la Palestine où il arrive en 1946 et se retrouve dans un camp de jeunesse, puis dans une école agricole. Il doit faire ensuite son service militaire en 1949. Il tient épisodiquement, pendant ces années, un journal qui reflète sa difficulté à se reconstruire. Il se heurte au problème du rapport à la langue : il passe en effet de l'allemand et du yiddish à l'hébreu. Diplômé de l'Université hébraïque de Jérusalem, à la fin des années 1950 il se tourne vers la littérature et écrit en hébreu, sa "langue maternelle adoptive". La majorité de ses textes concerne la vie de la population juive en Europe avant et durant la Seconde Guerre mondiale. Il y livre à chaque fois un pan de sa propre vie. Enseignant à l'université, homme de gauche, ancré dans le Parti travailliste, il décrit l'incapacité pour certains rescapés de se libérer d'un passé douloureux et de se forger une vie nouvelle. Aharon Appelfeld est aussi l'ami de l'écrivain américain Philip Roth. Il apparaît dans un de ses romans, "Opération Shylock".

*L'Alyat Hanoar, créé en Allemagne en 1933, est un comité de soutien à de jeunes juifs persécutés qui organise leur émigration vers la Palestine où ils reçoivent une formation scolaire.

L'histoire :
La guerre s'abat sur le monde et les rafles de juifs s'enchaînent dans le ghetto. Adam et Thomas, deux camarades de classe de neuf ans, cachés par leurs mères qui espèrent ainsi les sauver, se retrouvent seuls dans la forêt et vont devoir unir leurs forces et leurs connaissances pour survivre...

Mon avis :
Merveilleusement illustré, ce très beau roman d'aventure et d'initiation démontre avec élégance et profondeur à quel point les forces, les faiblesses et les différences de chacun, mises en commun, sont un atout des plus précieux et permettent de tout affronter. Tous les thèmes chers à Appelfeld (l'enfance, la guerre, la mère, la langue, l'éducation, l'écologie, la spiritualité, le courage) sont posés. Sous le regard des enfants, ils prennent une dimension plus grave et urgente : quel avenir politique, social et environnemental réservons-nous aux générations futures ? Aharon Appelfeld se veut optimiste. Il croit en l'Homme. Le Mal, d'où qu'il naisse et quelle qu'en soit  sa forme, est toujours vaincu par une âme pure. Puissions-nous avoir la même foi que lui !

"NE TOMBE JAMAIS" de Patricia McCormick (Gallimard Scripto)



"Ne tombe jamais"
Patricia McCormick
(Gallimard Scripto)


Avertissement de l'éditeur :
"Ce livre ne convient pas aux plus jeunes lecteurs"

Engagement : Sensibiliser les plus jeunes (ados, jeunes adultes, et au-delà), contre toute atteinte aux droits de l'homme, de la femme et de l'enfant.

Patricia McCormick, née en 1956, est une journaliste américaine et auteur de romans réalistes pour adolescents et jeunes adultes. Ses livres s'appuient sur de sérieuses recherches et interviews. Pour son roman "13 ans, 10000 roupies" (Gallimard Scripto), elle s'est rendue en Inde et au Népal où elle a rencontré des femmes et des jeunes filles qui ont été sauvées du marché du sexe. Pour son roman "Ne tombe jamais" (Gallimard Scripto), pendant deux ans, elle a accompagné Arn Chorn-Pond, enfant survivant du génocide des Khmers rouges, à la fois auprès de sa famille adoptive aux Etats-Unis, mais aussi au Cambodge où, ensemble, ils ont reconstitué chaque étape de sa vie, de sa captivité, et retrouvé d'autres survivants. Pour son roman "Moi, Malala" (Hachette Jeunesse), elle a travaillé avec Malala Yousafzai, jeune pakistanaise qui a survécu à une tentative d'assassinat. Elle défendait (et défend toujours depuis le Royaume-Uni) le droit des femmes à l'éducation. Malala Yousafzai a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2014 à seulement dix-sept ans.

Arn Chorn-Pond et Patricia McCormick
Arn Chorn-Pond est né en 1966 à Battambang (Cambodge). "Ne tombe jamais" est son histoire, incroyable et effroyable. Il a survécu au génocide en jouant de la musique dans les Champs de la mort. Depuis, il consacre sa vie à des causes humanitaires dans le monde entier, principalement au profit de jeunes dans le besoin. Il a fondé l'organisation "Children of War" ("Les Enfants de la Guerre"), qui vient en aide aux enfants otages de la guerre et de la violence. Il est le fondateur du "Cambodian Living Arts" ("Les Arts Vivants du Cambodge"), un groupe qui contribue à préserver les arts traditionnels cambodgiens, en associant de jeunes étudiants aux quelques maîtres de musique qui ont survécu aux Khmers rouges. Il a reçu le prix Reebok des Droits de l'Homme, le prix des Droits de l'Homme d'Amnesty International et le prix de l'Esprit d'Anne Frank accordé à un citoyen exceptionnel ("Spirit of Anne Frank Outstanding Citizen Award"). Arn Chorn-Pond vit au Cambodge et passe une partie de l'année à donner des conférences aux Etats-Unis.

Cambodge

Contexte historique :
"Khmers rouges" est le nom d'un mouvement politique et militaire communiste radical d'inspiration maoïste, qui a dirigé le Cambodge de 1975 à 1979.
Prise de Phnom-Penh par les Khmers rouges
En 1970, la monarchie de Sihanouk est renversée par le général Lon Nol, qui soutient les Etats-Unis dans la guerre du Vietnam. Sihanouk répond en appuyant un soulèvement des Khmers rouges contre Lon Nol, avec à leur tête Pol Pot. Les Khmers rouges parviennent à s'emparer de Phnom-Penh en avril 1975 et proclament le Kampuchéa démocratique. Les Khmers rouges disposent de tous les pouvoirs. Ils mènent une politique d'extermination des élites et vident les villes jugées foyers de corruption. En 1979, alors que l'armée vietnamienne a chassé Pol Pot du pouvoir, des militants khmers rouges dissidents forment un nouveau gouvernement. La guerre civile se poursuit entre les Khmers rouges et le gouvernement appuyé par le Vietnam, jusqu'à ce qu'un cessez-le-feu soit finalement obtenu sous la supervision de l'ONU en octobre 1991. Pol Pot, le tyran khmer rouge, meurt d'une crise cardiaque dans sa résidence en 1998. Accusé "d'auto-génocide" pour ses crimes contre la population cambodgienne, il n'est jamais jugé. Il est responsable de la disparition (par l'assassinat, la torture, le travail forcé dans les camps de travail à la campagne, et la famine) de près du quart de la population du Cambodge.

L'histoire :
Battambang, Cambodge, avril 1975.
Arn a neuf ans. Ses parents étaient autrefois les propriétaires de l'opéra mais son père s'est tué dans un accident de moto. Sa mère, ne pouvant gérer l'affaire seule, doit partir chanter à Phnom-Penh pour gagner un peu d'argent. Arn, ses quatre soeurs et son petit frère Munny habitent alors chez leur tante qui les adore. Ils ne sont plus riches comme avant. Qu'importe ! Arn est heureux. Avec son petit frère, il fait les quatre cents coups, écoute des chansons d'amour françaises, du rock'n roll américain, vend des glaces pour quelques pièces, va au cinéma voir des films d'Amérique, joue au foot et à la guerre. Au-loin, la "vraie" guerre gronde. Quand un "orage" arrive soudain, Arn et Munny se cachent, parfois dans une mare. Jusqu'au lendemain. Jusqu'à la prochaine alerte. Et puis un jour, les Khmers rouges entrent dans la ville. La population est divisée en plusieurs groupes. Les critères de sélection sont incompréhensibles. Des heures de marche. Beaucoup de morts abandonnés sur le bas-côté de la route. Puis un champ. On construit un campement de fortune. Des gens disparaissent : les riches, les intellectuels, ceux qui portent des lunettes... L'horreur ne fait que commencer...

Mon avis :
Un témoignage effroyable et bouleversant, retranscrit dans une langue orale claire et fluide. La langue d'un enfant qui raconte, avec ses mots, l'indicible. L'ensemble est brillamment orchestré, avec délicatesse et pudeur, par Patricia McCormick.

"SUR LES PAS DE SMILEY" d'Amanda Cross (Rivages/Mystère)




"Sur les pas de Smiley"
Amanda Cross
(Rivages/Mystère)




Engagement : Dénonce la condition des femmes, notamment  dans le milieu universitaire américain, et toutes les formes d'injustices faites aux minorités en général.

Carolyn Heilbrun, née en 1926, est une universitaire américaine spécialiste de la littérature anglaise, du Bloomsbury Group (qui réunit un certain nombre d'artistes et d'intellectuels britanniques de la première moitié du XXème siècle) et de l'histoire de la condition féminine. Mariée, mère de trois enfants, elle est professeur à l'université de Columbia où elle est la première femme titulaire d'une chaire dans le département d'anglais. Personne ne soupçonne qu'elle est aussi écrivain sous le pseudonyme d'Amanda Cross. Elle a publié quatorze romans policiers dont l'héroïne principale, Kate Fansler, féministe, engagée, au caractère bien trempé, enseigne à l'université tout en menant ses enquêtes. Carolyn Heilbrun se suicide en 2003. Selon son fils, elle ne souffrait d'aucune maladie mais estimait simplement avoir fait son temps.

"Meurtre à Harvard" reçoit le Prix Nero, grand prix américain de littérature policière.

A lire également :
  • "L'affaire James Joyce" (1967)
  • "Justice poétique" (1970)
  • "Le complexe d'Antigone" (1972)
  • "A propos de Max" (1976)
  • "Meurtre à Harvard" (1981)
  • "Une mort si douce" (1984)
  • "Sans nouvelles de Winifred" (1986)
  • "Insidieusement vôtre" (1989)
  • "Sur les pas de Smiley" (1995)

L'histoire :
Sur le vol Londres/New York, un homme se réjouit de n'avoir personne assis à ses côtés lorsqu'une femme s'installe à la place libre. Cela aurait pu être une femme jeune et jolie. Mais non. Sa voisine est âgée, et ronde de surcroit. Défilent alors dans sa tête tous les préjugés les plus désagréables et machistes. Or, à sa grande surprise, aucun ne correspondra à la passagère. Elle ne lui racontera pas sa vie ni ses petits bobos, lira Freud et John Le Carré (et pas un magazine people), boira de l'aquavit (et pas une tisane), et c'est lui le premier qui la dérangera pour se rendre aux toilettes. A l'aéroport, elle se volatilisera, laissant l'homme secrètement déçu. Quelques mois plus tard, ce qui est, au départ, un objectif pour un couple de se rapprocher un peu plus, va, par l'intermédiaire d'une femme mystérieuse et volontaire, bousculer les règles datées de la modeste et très conservatrice université Schuyler. Reed Amhearst quitte le bureau du procureur, le temps d'un semestre, pour rejoindre les bancs de cette faculté de droit afin de mettre en place un atelier d'aide judiciaire. Parallèlement, son épouse, Kate Fansler, professeur de littérature anglaise réputée, se laisse convaincre d'organiser, au sein du même établissement que son mari, un cours de littérature conjointement avec un cours de droit donné par le jeune professeur Blair Whitson...

Mon avis :
L'intrigue de ce roman engagé n'est qu'un prétexte à un véritable plaidoyer pour la cause des femmes et contre l'injustice faite à toutes les minorités en général. Le statut des femmes dans le monde de l'enseignement supérieur est défendu avec force. Généreusement ponctué de citations et de références littéraires excellemment choisies, illustrant et appuyant les propos des personnages, apportant tantôt gravité, tantôt impertinence et humour, ce texte garde à la fois légèreté et militantisme. L'auteur nous offre une brillante réflexion politique et sociale. C'est aussi un bel hommage à John Le Carré et à l'ensemble de son oeuvre. Et puis, comment ne pas tomber sous le charme d'une héroïne qui ne refuse pas, de temps en temps, un verre de très bon whisky écossais ?

"RAVAGES" de Violette Leduc (Folio)





"Ravages"
Violette Leduc
(Folio)




Engagement : Féminisme

Violette Leduc est née à Arras en 1907, des libertés prises par un bourgeois sur sa femme de chambre. Enfant de la honte et du silence, interne au collège de Douai, Violette vit une histoire d'amour passionnée avec une camarade, Isabelle, puis avec une jeune surveillante, Denise. Mais leur relation est découverte et les deux jeunes femmes sont renvoyées de l'établissement.
En 1926, Violette suit sa mère et son beau-père à Paris, rate son baccalauréat, s'installe dans un meublé avec Denise, trouve un petit boulot chez Plon, rencontre de nombreux écrivains, et quitte Denise.
En 1938, elle fait la connaissance de Maurice Sachs, écrivain aventurier dont elle tombe éperdument amoureuse, mais il est homosexuel. Elle épouse alors, en 1939, un photographe, Jacques Mercier. Le couple se sépare un an plus tard. Violette, enceinte de cinq mois et demi, se fait avorter et frôle la mort. Cette expérience dramatique sera longuement décrite dans "Ravages". Encouragée par Maurice Sachs, elle écrit ses souvenirs d'enfance. "L'Asphyxie" commence par cette célèbre phrase : "Ma mère ne m'a jamais donné la main".
En 1945, Violette Leduc est présentée à Simone de Beauvoir qui reconnaît son talent et suivra son travail. Estimée par Jean Cocteau, Jean Genet, Marcel Jouhandeau, Nathalie Sarraute et Jean-Paul Sartre, éprise de Simone de Beauvoir (sans réciproque), elle entame la rédaction de "L'Affamée", poème en prose consacré au "Castor". 
En 1947, elle s'éprend de Jacques Guérin, bâtard comme elle, riche industriel, collectionneur de livres rares, de manuscrits et d'oeuvres d'art, ami d'artistes et d'écrivains, mais homosexuel, comme Sachs. Il sera néanmoins son ami et son plus fidèle soutien pendant de nombreuses années. Dans le même temps, Simone de Beauvoir décide de verser à Violette une pension mensuelle afin qu'elle puisse se consacrer entièrement et librement à l'écriture.
En 1954, alors que Simone de Beauvoir reçoit le Prix Goncourt pour "Les Mandarins", Violette Leduc est victime de la censure éditoriale. Gallimard ôte les cent cinquante premières pages de son roman "Ravages". L'auteur y décrivait les ébats passionnés de deux collégiennes, Thérèse et Isabelle. Profondément blessée par cette décision, elle est internée pendant un an en clinique psychiatrique et en maison de repos pour ses tendances paranoïaques.
Puis, en 1961, grâce à une amie, elle découvre son petit paradis terrestre à Faucon, un petit village du Vaucluse, et s'y réfugie pour continuer la rédaction de "La Bâtarde", une autobiographique romanesque, et qui paraît en 1964. Le succès est immédiat et le livre frôle le Prix Goncourt. Violette Leduc a 57 ans. Par soucis de la mettre "sur un pied d'égalité et lui permettre de s'acquitter de ses complexes d'infériorité", Simone de Beauvoir exige le remboursement des sommes qu'elle lui versait depuis 1949. Violette Leduc continue à publier régulièrement. En 1970 paraît "La folie en tête" fortement censuré par Simone de Beauvoir. Souffrant d'un cancer du sein, Violette Leduc s'installe définitivement à Faucon où elle meurt en 1972. Simone de Beauvoir est nommée héritière de ses droits littéraires et publie "La chasse à l'amour" en 1973.

Pionnière de l'autofiction ou "l'écriture de soi", ses expériences douloureuses ont nourri l'oeuvre de Violette Leduc. Elle y évoque la campagne de son enfance, la Seconde Guerre mondiale, le Paris des années 1950. Elle y révèle la psyché féminine avec une liberté de ton sans pareil. Elle écrit souvent dans les bois, ou en blouse de ménagère dans sa cuisine microscopique, ou encore dans la chambre de Jean Marais, chez Jean Cocteau. Sexualité, homosexualité, avortement, l'écrivaine Violette Leduc abordait sans détour les sujets tabous des années 1950 et 1960. La beauté crue et poétique de ses textes exalte l'amour sous toutes ses formes. Sa manière de dire l'érotisme au plus près de ses sensations est précisément ce qui inspire quelques écrivaines d'aujourd'hui.

"Une femme descend au plus secret de soi et elle se raconte avec une sincérité intrépide, comme s'il n'y avait personne pour l'écouter."
Simone de Beauvoir

L'histoire :
Un dimanche après-midi, dans une salle de cinéma bondée, sans quitter du regard l'écran sur lequel est projeté un film policier américain, une femme offre une cigarette à son voisin. L'homme accepte. Commence alors un flirt silencieux, timide. Après la séance, dans les rues de Paris, l'homme et la femme jouent au chat et à la souris, ils se suivent et se fuient. Puis l'homme aborde enfin la femme et engage maladroitement la conversation. La femme hésite, ne décide pas, se laisse porter. L'homme est étrange mais sympathique. Elle n'ose pas le repousser. Un bar. Puis un autre. Et encore un autre. Un restaurant. Et puis l'hôtel. La femme n'aime pas les hommes. Mais les amours entre gens du même sexe ne s'avouent pas. Alors elle se fait violence. Cet homme-là, malgré sa gentillesse, son corps nu près d'elle, comme le corps de n'importe quel homme, lui donne la nausée. Elle ne peut pas. Lui dit la vérité. Il comprend. Lui promet de l'aider à rejoindre son amante. Elle se refuse encore. Ils s'endorment...

Mon avis
Une très belle écriture poétique mais un style très personnel et curieux, kaléidoscope de scènes entre abstraction et surréalisme, rêves et fantasmes, homosexualité à la fois assumée et refoulée. Ou on aime passionnément. Ou on déteste. A mon plus grand regret, j'avoue douloureusement que l'auteur me touche profondément, sa vie romanesque et tragique me bouleverse, mais ses mots me plongent dans le plus grand désarroi.
Ne tenez pas compte de ma sensibilité sans doute trop rationnelle, trop rigoureuse ! Découvrez Violette Leduc ! Je suis persuadée que beaucoup de lecteurs seront envoûtés !

jeudi 5 février 2015

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT AVRIL 2015





Littérature Engagée
Des écrivains témoins du monde...

"UNE TERRE D'OMBRE" de Ron Rash (Seuil)




"Une terre d'ombre"
Ron Rash
(Seuil)

Grand prix de la littérature policière 2014
Meilleur roman noir de l'année 2014 par le magazine Lire


Ron Rash, né en Caroline du Sud en 1953, est un poète, auteur de cinq recueils de nouvelles et de cinq romans, tous lauréats de prestigieux prix littéraires américains.

L'histoire :
Première Guerre mondiale. Alors que l'horreur s'abat sur l'Europe, Laurel Shelton et son frère Hank vivent seuls, depuis la mort de leurs parents, dans la ferme familiale perdue au beau milieu de l'endroit le plus isolé et le plus inhospitalier de Caroline du Nord et considéré par les habitants de la ville comme maudit et porteur de tous les malheurs. Il y a à peine quatre mois, Hank rentrait de France où il a perdu une main au combat. Le vieux Slidell, sensible au handicap et au courage du jeune homme, vient souvent l'aider aux travaux les plus rudes malgré ses soixante-et-onze ans. Hank, depuis son engagement sous les drapeaux, bénéficie d'un nouveau regard, plus tolérant, presque reconnaissant, de la part de la population locale. Ce n'est pas le cas pour Laurel. Depuis son arrivée dans la région, la famille Shelton a fait l'objet d'un rejet total, né de l'obscurantisme, de croyances d'un autre âge, de la peur de l'étranger et de la différence. Les deux enfants Shelton en ont énormément souffert. Laurel, hélas, à cause de sa tache de naissance bleutée, sera toujours "la sorcière". Mais son destin basculera-t-il peut-être au contact de Walter, ce jeune vagabond blessé, sourd, handicapé comme son frère, qui ensoleille sa vie lorsqu'il joue de la flûte, et qu'elle accueille à la ferme...

Le "Lusitania" :
Le "Lusitania"
Le 7 mai 1915, le "Lusitania", paquebot britannique, est torpillé au large de l'Irlande par un sous-marin allemand. Le "Lusitania" venait de New York et se dirigeait vers Liverpool. Il transportait 1959 passagers et hommes d'équipage, ainsi que, secrètement, des munitions d'origine américaine destinées aux armées alliées combattant en France. Il y eut 1198 disparus, dont le milliardaire américain Alfred G. Vanderbilt. Cette tragédie choque l'opinion américaine qui, jusque-là réticente, se prépara à accepter l'engagemeent des Etats-Unis dans la guerre contre la "barbarie allemande". Cela se fera le 6 avril 1917.

Le "Leviathan"
Le "Vaterland" :
Le "Vaterland" est un paquebot transatlantique allemand interné aux Etats-Unis lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, et saisi lors de l'entrée en guerre des Américains. Renommé le"Leviathan", il sert de transport de troupes à la fin de la guerre puis officie comme transatlantique jusqu'à sa démolition en 1939.

Mon avis :
Une écriture bouleversante empreinte d'une profonde poésie, et qui décrit avec force, violence et réalisme l'ombre d'une terre pourtant d'une grande beauté, l'ombre d'une communauté prisonnière de ses préjugés et de ses aveuglements, l'ombre de l'âme humaine sur fond d'un conflit mondial qui fait rage loin des frontières des Etats-Unis et qui arrache des jeunes hommes Américains solides à leur famille, à leur travail. Dans les petites villes du sud du pays, la tension exacerbe les sentiments et les ressentiments. L'équilibre est fragile et tout peut s'embraser très vite.

Un roman sublime et poignant !

"LE DERNIER TIGRE ROUGE" de Jérémie Guez (10/18)



"Le dernier tigre rouge"
Jérémie Guez
(10/18)

Prix Historia du roman policier historique 2014


"Ce sera une guerre entre un tigre et un éléphant. Si jamais le tigre s'arrête, l'éléphant le transpercera de ses puissantes défenses. Seulement le tigre ne s'arrêtera pas. Il se tapit dans la jungle pendant le jour pour ne sortir que la nuit. Il s'élancera sur l'éléphant et lui arrachera le dos par grands lambeaux, puis il disparaîtra à nouveau dans la jungle obscure. Et lentement l'éléphant mourra d'épuisement et d'hémorragie. Voilà ce que sera la guerre d'Indochine."
Hô Chi Minh

Jérémie Guez est né en 1988 aux Sables d'Olonne. Il est écrivain, scénariste, auteur de romans policiers. Il a participé à l'écriture du film "Yves Saint Laurent" de Jalil Lespert (2014). Ses deux romans "Balancé dans les cordes" (J'ai lu) (Prix SNCF polar 2013) et "Le dernier tigre rouge" (Prix Historia du roman policier historique 2014) seront bientôt portés à l'écran.

Contexte historique :
Indochine française 1887-1954

La guerre d'Indochine se déroule de 1946 à 1954. Elle concerne essentiellement le Vietnam. Elle oppose l'armée française aux troupes du mouvement Viêt Minh (rassemblement des nationalistes et des communistes vietnamiens). Après la courte occupation par les Japonais à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la France tente de maintenir militairement sa domination coloniale dans les pays de la péninsule indochinoise (Tonkin, Annam, Cochinchine, Laos et Cambodge).

Diên Biên Phu

Malgré l'aide américaine, la France ne parvient pas à vaincre le Viêt Minh qui est soutenu par la Chine devenue communiste en 1949. L'armée française est sévèrement battue à la bataille de Diên Biên Phu en mai 1954. Pour les accords de Genève de juillet 1954, la France reconnaît l'indépendance des pays indochinois et accepte la division du Vietnam en deux pays.

Hô Chi Minh et Vo Nguyen Giap
Hô Chi Minh, né en 1890, est un militant communiste et homme d'Etat vietnamien. Il est le fondateur de l'actuel Parti communiste vietnamien et de la République démocratique du Vietnam. Il meurt en 1969 à Hanoï. En 1975, le nom de Hô Chi Minh est donné à la ville la plus peuplée du Vietnam, l'ancienne Saïgon.

Vo Nguyen Giap, né en 1911, est un général et homme politique vietnamien. Chef de l'Armée populaire vietnamienne pendant la guerre d'Indochine et ministre de la défense du Nord vietnamien durant la guerre du Vietnam, il est le seul général ayant vaincu à la fois l'armée française et l'armée américaine au cours de sa vie. Il est connu pour être le vainqueur de la bataille de Diên Biên Phu (1954) qui a sonné la défaite et le départ des Français d'Indochine.

L'histoire :
Après avoir combattu les Japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, le 2 septembre 1945 le Vietnam obtient son indépendance. Mais la France refuse de perdre sa colonie indochinoise. Le 18 mars 1946, à Hanoï, Hô Chi Minh reçoit le général Leclerc. De loin, un personnage d'allure inoffensive, Vo Nguyen Giap, observe la scène et une colère sourde monte en lui. Non, le peuple vietnamien ne sera plus réduit au silence ni à la servitude. Il résistera à cette nouvelle domination. Le tigre vaincra l'éléphant...

Mon avis :
La Seconde Guerre mondiale à peine terminée, un nouveau conflit s'engage à l'autre bout du monde. La Légion étrangère, composée de soldats de toutes origines, d'ennemis d'hier à présent frères d'armes, est en première ligne. La guerre durera huit ans. Aux côtés du personnage principal, Charles Bareuil, nous découvrons petit-à-petit les véritables raisons qui ont poussé cet ancien étudiant en philosophie à devenir légionnaire. Nous découvrons petit-à-petit le piège qui se referme inéluctablement sur l'armée française et sur les vietnamiens combattant pour la France. Nous découvrons petit-à-petit la force grandissante des Viêt Minh. Pas le temps de s'apitoyer. Pas le temps de devenir ami avec un compagnon d'armes. Pas le temps d'enrichir une quelconque relation. Pas le temps de connaître les autochtones ni leur culture. Parce qu'en une fraction de seconde, des corps tombent, des vies sont arrachées. Le danger est partout.

Un formidable roman, fort, dur, humain, et totalement captivant !

"PREMIERE STATION AVANT L'ABATTOIR" de Romain Slocombe (Points/Seuil)



"Première station avant l'abattoir"
Romain Slocombe
(Points/Seuil)

Prix Mystère de la critique 2014
Prix Arsène Lupin 2014


Romain Slocombe est né en 1953. Après des études d'art, il participe à l'aventure graphique du groupe Bazooka puis à celle du magazine Métal Hurlant. Il réalise une quarantaine de couvertures pour la collection Folio chez Gallimard (Mishima, Kerouac, Henry Miller, Saint-Exupéry...). Photographe, essayiste, documentariste, illustrateur, auteur de BD, de romans pour la jeunesse et de plusieurs romans noirs, il s'inspire et se nourrit de ses voyages et notamment de sa passion pour le Japon. En 2011, son roman "Monsieur le Commandant" figure sur la première sélection du Goncourt.

L'histoire :
Ralph Exeter est un bel Anglais à la barbe rousse, marié à une Russe, Evguénia Ignatiev, et père d'un petit garçon de trois ans, Fergus. Journaliste nommé à Paris, il est aussi grand amateur des bars et des jolies femmes de la capitale française. Exeter est l'adjoint de William Norman Evans, directeur du service étranger du "Daily World" et créateur, à Londres, de la "Federated European Press", façade pour une organisation clandestine de renseignement affiliée au Komintern (réseau moscovite contrôlant les partis communistes étrangers). Les deux hommes, associés à Fania Ignatiev, belle-soeur d'Exeter et spécialiste du codage et du décodage pour Moscou à Londres, espionnent pour le compte des communistes russes. Mais les motivations d'Exeter semblent plus financières que politiques ou idéologiques. Chaque mois, il reçoit une somme conséquente pour payer ses informateurs... qui n'existent pas. L'argent lui est bien trop utile pour prendre soin de son luxueux mode de vie parisien. Les rapports qu'il envoie dans le plus grand secret ? Il les invente, ou presque. En ce 8 avril 1922, Exeter et Evans ont rendez-vous dans un bar de Paris. Exeter, qui se rend le jour même en Italie pour couvrir la Conférence économique internationale, est chargé par Evans de remettre une enveloppe à Khristian Rakovsky, ami de Trotsky, membre du Parti bolchevique et délégué à la Conférence de Gênes...

Mon avis :
Cette histoire est largement inspirée de la vie de George Slocombe, grand-père de l'auteur, poète, journaliste, qui a notamment interviewé Mussolini à Cannes en janvier 1922, et qui fut envoyé spécial du "London Daily Herald" à la Conférence économique internationale de Gênes (10 avril - 19 mai 1922) où il se rendit avec son ami Ernest Hemingway.
Pas tout à fait un récit, pas tout à fait un roman, si l'on peut regretter une écriture aussi glaciale qu'un rapport d'autopsie, cette aventure d'espionnage dans la plus pure tradition du genre, complexe, fouillée et richement documentée, nous propulse dans l'Histoire des années 1920, nous prend en étau entre Russie et Italie, entre communisme et montée du fascisme. Nous croisons une multitude d'acteurs politiques et culturels réels de l'époque. L'auteur utilise leur vrai nom pour les uns, un pseudonyme pour les autres. Extrêmement détaillé, ce livre ravira les perfectionnistes, les férus d'exactitude, les amoureux des mécanismes parfaitement huilés...

"LE RETOUR" de Robert Goddard (Sonatine)



"Le Retour"
Robert Goddard
(Sonatine)


Robert Goddard est né en 1954 en Angleterre. Il a été journaliste et enseignant avant d'être auteur à succès de romans et de romans policiers (une série avec le personnage de Harry Barnett et une autre avec le personnage de James Maxted). Il vit à Truro, en Cornouailles, petite ville typiquement britannique qui sert de décor à ce roman (non policier). L'Histoire tient une grande place dans l'oeuvre de Robert Goddard.

L'histoire :
Samedi 5 septembre 1981. Una et Melvyn fêtent leurs cinquante ans de vie commune et célèbrent à la fois le mariage de leur petite-fille Tabitha. Les cérémonies se déroulent dans la propriété familiale de Truro, en Cornouailles, un hôtel privatisé le temps du week-end pour accueillir tous les invités. Una et Melvyn ont deux enfants : Pam, la préférée, mère de Tabitha et gérante de l'hôtel avec son mari ; et Chris, le dilettante, jamais à la hauteur des exigences de son père. Autrefois manager d'un groupe de rock, Chris restaure aujourd'hui des décapotables de collection. Vivant à cinq cents kilomètres de là, il s'est contraint à faire le déplacement pour l'occasion. Particulièrement mal à l'aise, il s'efforce d'adopter une attitude un minimum civilisée et se tient le plus éloigné possible de tout ce barnum familial. C'est dans les jardins qu'il croise, à sa grande surprise, un ami d'enfance, Nicky, qu'il n'avait pas revu depuis plus de trente ans. Nicky n'est pas convié aux festivités. Et pour cause ! Son père, Michael Lanyon, a été condamné à mort en 1947 pour le meurtre de l'oncle Joshua, propriétaire initial du domaine. L'arrivée tonitruante de son beau-frère met en fuite Nicky et Chris n'a pas le temps de discuter avec son ancien ami. Le lendemain matin, Nicky est retrouvé pendu à un arbre...

Mon avis :
On s'enroule dans cette saga romanesque comme dans une couette douce et chaude... et on ne la quitte plus ! Page après page, aux côtés du narrateur, Chris, on traverse un siècle d'Histoire à travers les vicissitudes du quotidien, grâce aux souvenirs des uns et des autres, à leurs confidences. On part des chercheurs d'or, aventuriers doux dingues de la fin du XIXème siècle, quittant tout pour se jeter dans l'inconnu au Canada ou en Alaska, certains de revenir multimillionnaires. On fait un petit clin d'oeil aux psychédéliques années 1970. On s'attarde surtout sur la Seconde Guerre mondiale en regardant avec émotion deux enfants innocents rire et jouer à la guerre sans comprendre celle, bien réelle, qui s'abat sur le monde. Puis, quand la paix revient enfin, tout est à reconstruire avec peu de moyens. Alors que la solidarité devrait primer, l'être humain dévoile toujours ses mêmes cartes : jalousie, convoitise, cupidité, mensonge.
Un suspense constant, maintenu par une succession de rebondissements et de coups de théâtre. Une intrigue machiavélique et brillante !

"LA MALEDICTION DU NORFOLK" de Karen Maitland (Sonatine)



"La Malédiction du Norfolk"
Karen Maitland
(Sonatine)


Karen Maitland est née en 1956 au Royaume-Uni. Elle est auteur de romans policiers et de romans policiers historiques. Elle vit dans le Norfolk, en Angleterre.

A lire aussi, chez Sonatine : "La Compagnie des menteurs" et "Les Ages sombres".

Pape Innocent III (1160 - 1216) :
Elu pape en 1198 jusqu'à sa mort en 1216, il est considéré comme l'un des plus grands papes du Moyen Age. Rapide, autoritaire, il confia en 1213 à l'Inquisition la lutte contre les hérésies. Il est le pape du IVème concile du Latran qui statua, entre autres, sur les dogmes, les sacrements, la réforme de l'Eglise, la conduite des prêtres et des fidèles, la croisade, le statut des Juifs et des homosexuels. C'est sous son pontificat qu'eut lieu la quatrième croisade qui échappa au pouvoir de la papauté et se termina par le sac de Constantinople par les Croisés, événement qui creusa le fossé entre orthodoxes et catholiques.

Jean, roi d'Angleterre, seigneur d'Irlande et duc d'Aquitaine (1167 - 1216) :
De la dynastie des Plantagenêts, cinquième et dernier fils du roi Henri II d'Angleterre et d'Aliénor d'Aquitaine, il n'est pas destiné à monter sur le trône ou à recevoir un quelconque territoire en héritage, d'où son surnom de "Jean sans Terre". Il succède pourtant à son frère, Richard Coeur de Lion, en 1199. Il répudie Isabelle de Gloucester pour épouser Isabelle d'Angoulême (1200), fiancée à un Lusignan. Ce dernier fait appel au roi de France, Philippe Auguste, qui prononce la déchéance de Jean pour ses fiefs français (1202). Jean doit aussi faire face au soulèvement de la Bretagne et de l'Anjou pour avoir tué son neveu et rival Arthur 1er de Bretagne (1203). Il perd ensuite la Normandie (1204) et la Touraine (1205). Refusant la nomination de Stephen Langton comme archevêque de Canterbury, il est excommunié par Innocent III (1209). En 1213, il se réconcilie avec le pape, inféodant ses royaumes au Saint-Siège. Il organise un réseau d'alliances contre le roi de France, mais il est battu à La Roche-aux-Moines (1214), ainsi que ses alliés impériaux et flamands à Bouvines (1214). Ces échecs provoquent une vive opposition en Angleterre, et la révolte de ses barons le contraint à accepter la Grande Charte (1215) qui inaugure l'évolution de l'Angleterre et de l'Europe vers la démocratie parlementaire. Il meurt au moment où éclate une nouvelle révolte, appuyée par la France (1216).

L'histoire :
En 1190, en Angleterre, Gunilda, accusée de sorcellerie, est condamnée à mourir sur le bûcher. Sa fille de douze ans assiste, horrifiée, à la sentence. Trente ans plus tard, le roi Jean est au pouvoir et s'oppose à la nomination de l'archevêque de Canterbury par le pape Innocent III. Intraitable, ce dernier soumet le royaume à l'Interdit : fermeture des églises, départ des prêtres, plus de sacrements. Le peuple, qui a déjà payé un lourd tribut à cause des croisades, est épouvanté à l'idée d'un Enfer éternel. La situation est alarmante. Les barons préparent une révolte, et le roi Philippe de France une invasion. Loin de la Cour, d'autres tragédies se trament également...

Mon avis :
Dans une Angleterre dominée par l'obscurantisme et des croyances ancestrales terrifiantes, haines, trahisons, complots, vengeances, mais aussi fidélités, amours, sensualité, tissent une aventure médiévale diabolique qui nous happe dans un piège délicieux !

jeudi 8 janvier 2015

jeudi 18 décembre 2014

PROCHAINES PRESENTATIONS : DEBUT FEVRIER 2015





Prix et Nouveautés Littéraires
L'Heure au Noir...




"13 A TABLE !" - 13 auteurs - 13 nouvelles au profit des "Restaurants du Coeur" (Pocket)



"13 à table !"
13 auteurs
13 nouvelles
au profit des "Restaurants du Coeur"
(Pocket)


Les Restaurants du Coeur - Les Relais du Coeur :
Ils sont connus sous le nom des "Restos du Coeur" créés en 1985 par Coluche. La particularité de cette association reconnue d'utilité publique est d'avoir bénéficié du soutien de plusieurs personnalités dès ses débuts et d'une vaste médiatisation. "Les Restos du Coeur" ont pour but d'aider et d'apporter une asistance bénévole aux personnes démunies, notamment dans le domaine alimentaire par l'accès à des repas gratuits, et par la participation à leur insertion sociale et économique, ainsi qu'à toute l'action contre la pauvreté sous toutes ses formes. Ils fonctionnent toute l'année. Les bénévoles distribuent des paniers-repas équilibrés à cuisiner chez soi, des repas chauds pour les sans-abri, une aide spécifique pour les bébés dans les centres "Restos Bébé du Coeur". "Les Restos du Coeur" viennent aussi en aide aux personnes en difficulté de logement via :
  • les centres d'hébergement d'urgence (accueil pour quelques nuits, accompagnement social, aide médicale et psychologique)
  • les lieux de vie (accueil de long séjour, aide à retrouver les habitudes d'une vie collective active)
  • les résidences sociales (aide à retrouver une autonomie et un logement stable)
Coluche le savait : le meilleur moteur qu'il pouvait offrir aux "Restos", c'était sa propre image et celle de ses amis. En un hiver, il a constitué autour de son idée une bande d'"Enfoirés". Daniel Balavoine fut l'un des premiers artistes à en faire la promotion. "Les Restos du Coeur" devaient être provisoires...
 
"Olympe et Tatan" de Françoise Bourdin
("Terre Indigo")
Un repas de Noël familial traditionnel incontournable...

"Maligne" de Maxime Chattam
("Léviathan")
Rencontre entre un psychiatre et un patient diablement affamé...

"Nulle, nullissime en cuisine !" d'Alexandra Lapierre
("Je te vois reine des quatre coins du monde" - Prix du roman historique 2013)
Histoire d'amour improbable entre la fille d'un mannequin parisien et le fils d'une lignée de gastronomes du Sud-Ouest...

"Un petit morceau de pain" d'Agnès Ledig
("Juste avant le bonheur" - Prix Maison de la Presse 2013)
Un étrange coup de baguette magique...

"Mange le dessert d'abord" de Gilles Legardinier
("L'exil des anges" - Prix SNCF du polar 2009)
Deux souvenirs autour du deuil, l'un bouleversant, l'autre tendrement drôle...

"Une initiative" de Pierre Lemaitre
("Au revoir là-haut" - Prix Goncourt 2013)
Un simple déjeuner à préparer se transforme en une véritable épreuve...

"Dissemblance" de Marc Levy
("Et si c'était vrai...")
La rencontre entre Medhi et Aaron de l'autre côté du mur...

"Fantôme" de Guillaume Musso
("La fille de papier")
Hospitalisée, une femme flic tombe amoureuse d'un très beau mais curieux médecin...

"Jules et Jim" de Jean-Marie Périer
(photographe)
Deux vieux amis réunis face à leurs souvenirs...

"Le Parfait" de Tatiana de Rosnay
("Elle s'appelait Sarah" - Prix des lecteurs du livre de poche 2008)
Un repas de mariage... parfait...

"La Part de Reine" d'Eric-Emmanuel Schmitt
("Oscar et la Dame Rose" - "Odette Toulemonde et autres histoires")
Un sans-abri apporte humanité et spiritualité au sein d'une communauté...

"Gabrielle" de Franck Thilliez
("La chambre des morts" - Prix Quais du polar 2006 - Prix SNCF du polar français 2007)
Un amour de plus de vingt ans confronté aux dangers de la nature...

"Langouste blues" de Bernard Werber
("Les Fourmis" et autres romans fantastiques)
Quand une langouste revisite l'histoire du Titanic...

Mon avis :
Fantastique, charme, générosité, mystère, humour, sensibilité... Il y en a pour tout le monde dans ce recueil de nouvelles très agréables. Un bon moment à offrir et à s'offrir doublé d'une action utile et nécessaire !

"CE SERA TON DERNIER INSTANT" de Susan Hill (Robert Laffont)



"Ce sera ton dernier instant"
Susan Hill
(Robert Laffont)


Susan Hill est née en 1942 en Angleterre, à Scarborough dans le Yorkshire. Elle est encore étudiante lorsque son premier roman paraît en 1961. Romancière populaire, écrivain pour enfants, auteur dramatique, journaliste, elle s'est imposée en quelques années comme l'une des grandes dames du thriller à l'anglaise, à côté de P.D. James, Elizabeth George, Minette Walters... Elle vit dans une ferme dans la région des Cotswolds avec son mari, le professeur Stanley Wells, spécialiste de Shakespeare.

A lire aussi aux Editions Robert Laffont :
  • "Meurtres à Lafferton"
  • "Où rodent les hommes"
  • "Au risque des ténèbres"
  • "La mort a ses habitudes"
  • "Des ombres dans la rue"

L'histoire :
Le sud-ouest de l'Angleterre subit, en une nuit, orages, vents et pluies torrentielles d'une rare violence. Très vite, les rivières sortent de leur lit, inondant les villes et les villages les plus proches. Les routes sont bloquées. La petite commune de Lafferton n'est pas épargnée. Comme si cela ne suffisait pas, parmi la boue et les débris que les eaux charrient, des ossements humains sont retrouvés. Le médecin légiste identifie rapidement le squelette reconstitué. Il s'agit de Harriet Lowther, collégienne disparue il y a seize ans. Puis, les restes d'une autre jeune femme inconnue sont également découverts au même endroit. Le commissaire Simon Serrailler est en charge de l'enquête. Mais des restrictions budgétaires l'empêchent de constituer une équipe et d'utiliser les moyens techniques nécessaires. Il est seul face à deux sombres énigmes...

Mon avis :
C'est un énorme bonheur de retrouver le très beau et très attachant commissaire Simon Serrailler, ainsi que tous les personnages importants qui gravitent autour de lui. Comme toujours chez Susan Hill, l'enquête est totalement secondaire. Le dénouement se révèlera en observant avec soin la vie quotidienne et banale d'une poignée d'individus. En écoutant très attentivement les interrogations de chacun. En s'imprégrant de leurs silences ou de leurs confidences. Simon Serrailler appartient à cette petite communauté d'êtres ordinaires. Il n'est pas différent des autres. Certes il est flic mais il est aussi un fils, un frère, un oncle, un amant. Sa complicité avec sa soeur Cat, médecin, lui est d'un grand réconfort et d'une grande aide car tous deux sont confrontés à la violence et à la mort, mais ils leur portent un regard bien distinct, parfois opposé. Cat se bat pour son unité de soins palliatifs et pour un meilleur accueil des personnes atteintes de démence. Simon fait face chaque jour à la barbarie et à la folie meurtrière. Pourtant, frère et soeur ont en commun des doutes indicibles sur leur capacité respective à changer les choses.

Noir, lucide, éprouvant... Un magnifique roman !

"MON AGE" de Fabienne Jacob (Gallimard)



"Mon âge"
Fabienne Jacob
(Gallimard)


Fabienne Jacob est née en 1959 à Créhange, en Moselle. Puis elle a vécu jusqu'à l'âge de dix-sept ans à Guessling-Hémering. Sa langue maternelle n'était pas le français mais le Platt lorrain.

L'histoire :
Il est deux heures du matin. Devant son miroir, une femme se démaquille. Et là, plus de mensonges possibles. Les années ont passé et chaque âge de la vie a marqué de son empreinte, heureuse ou douloureuse, le visage, le corps...

Mon avis :
Des mots d'une sobriété abrupte ; une écriture d'une infinie délicatesse, d'une douceur absolue, d'une pudeur et d'une sensualité bouleversantes pour décrire le regard qu'une femme pose sur le temps qui passe, sur les transformations de son corps et de son âme, et sur les années qui restent. De la brume vaporeuse et chaude de la salle de bain émergent les souvenirs et les émotions qui ont façonné ce visage dans le miroir. Le souvenir de son amie d'enfance, Else, "l'autre", le "modèle", le "reflet contraire". Mais surtout, la peur, omniprésente, de soi-même, de sa propre image dans la glace, de la perte de désirs, de devoir paraître et obéir à un âge imposé, et de n'avoir jamais la liberté, la jouissance, de vivre haut et fort l'âge que l'on ressent au plus profond de soi.

Intense ! Une pépite de la rentrée littéraire de septembre !

"Si j'étais une femme, voici le livre que j'offrirais à l'homme que j'aime."
François Busnel

"VICTORIA ET LES STAVENEY" de Doris Lessing (J'ai lu)



"Victoria et les Staveney"
Doris Lessing
(J'ai lu)

Prix Nobel de Littérature 2007


Doris Lessing est née en 1919 en Perse. Elle a six ans quand sa famille s'installe en Rhodésie du Sud, l'actuel Zimbabwe, alors colonie britannique. Pensionnaire d'un institut catholique tenu par de religieuses qu'elle supporte mal, elle quitte définitivement l'école à quinze ans, travaille en tant que jeune fille au pair puis comme standardiste. En 1938, elle commence à écrire des romans tout en exerçant plusieurs emplois pour gagner sa vie. Elle épouse Frank Wisdom, avec qui elle aura deux enfants, mais elle le quitte en 1943 pour Gottfried Lessing, dont elle aura un fils. En 1950, elle publie "Vaincue par la brousse", une fiction qui évoque les rapports entre les Noirs et les Blancs en Rhodésie. Puis cinq ouvrages d'inspiration autobiographique, publiés entre 1952 et 1969, sont regroupés sous le titre "Les enfants de la violence", histoire de fermiers Blancs vivant en Afrique au moment de la Seconde Guerre mondiale. En France, c'est la parution du "Carnet d'Or", extraordinaire (auto)portrait de femme libre traduit en 1976, qui la rendit célèbre. Libre, c'est bien le mot qui caractérise Doris Lessing, refusant les pièges de la célébrité comme les étiquettes qu'on voudrait lui coller. En 2007, elle se voit attribuer, à quatre-vingt-huit ans, le Prix Nobel de Littérature. Elle décède à Londres en 2013.

Sort en salles en ce moment "Mon amie Victoria", film de Jean-Paul Civeyrac, avec Guslagie Malanda.

L'histoire :
Victoria, d'origine jamaïcaine, orpheline à l'âge de quatre ans et recueillie à Londres par sa tante, a aujourd'hui neuf ans. C'est une petite fille magnifique, heureuse, excellente élève et promise à de brillantes études. Malheureusement, son destin va soudain basculer. Sa tante est hospitalisée d'urgence. Il n'y a personne pour prendre en charge la petite après les cours. L'école lui cherche donc une famille d'accueil pour la nuit parmi les parents d'élèves. Les Staveney acceptent. Blancs, riches, artistes bohèmes, gentiment de gauche, une maison sur plusieurs étages, une chambre individuelle pour chacun, une cuisine aussi grande que l'appartement de sa tante Marion... Victoria est totalement perdue. Mais en attendant le retour de sa mère, Edward, l'aîné de la famille, du haut de ses douze ans, s'occupe du mieux qu'il peut de la petite fille. Elle ne l'oubliera jamais...

Mon avis :
Une histoire qui résonne comme un conte contemporain féroce et d'une lucidité impitoyable. Le rythme nerveux, haletant, nous assène les rebondissements et les coups de théâtre les uns après les autres. De l'espoir à l'indignation, du soulagement à la colère, libre et engagée, comme toujours, Doris Lessing ne lâche rien, secoue notre conscience et met à vif nos sentiments. Mais entre tous ses personnages, et c'est là son génie, nous ne pouvons en détester aucun.

Un petit livre qui parlera à toutes les générations et à offrir sans modération !

"LES COEURS DECHIQUETES" d'Hervé Le Corre (Rivages/Noir)



"Les coeurs déchiquetés"
Hervé Le Corre
(Rivages/Noir)

Grand Prix de littérature policière 2009


Hervé Le Corre est né en 1955 à Bordeaux. Professeur de Lettres, il commence à écrire à l'âge de trente ans des romans noirs et il connaît un succès immédiat. Il compte parmi les auteurs français les plus noirs et les plus primés du roman policier hexagonal.

Son dernier roman, "Après la guerre" (Rivages), a été élu Meilleur polar de l'année 2014 par le magazine Lire.

L'histoire :
Dans la région bordelaise, le 20 mars 2000, à l'heure du déjeuner, le commandant de police Pierre Vilar arrive en retard à l'école où il doit rejoindre son fils Pablo. Quelques ridicules minutes de retard ont suffit pour qu'un petit garçon de dix ans disparaisse. Quelques satanées minutes et le temps s'est arrêté pour Vilar. Sept ans plus tard, aucune piste pour retrouver Pablo, le couple Vilar est brisé, et pour tenir le coup, le policier se shoote au travail. C'était ça ou l'alcool ou la coke. Bien évidemment, il fait des enquêtes concernant des enfants une affaire personnelle. C'est le cas aujourd'hui. Une jeune femme est découverte morte dans son lit, battue à mort, son fils de treize ans, Victor, dans le coma, allongé près d'elle. Lorsqu'il reprend connaissance, Victor ne devine que des ombres autour de lui : des médecins, des policiers, et des combinaisons blanches qui s'activent autour de ce qui lui appartient à lui seul, sa mère. Mutique, l'enfant va s'enfermer dans sa bulle, avec sa solitude, ses livres et ses fantômes...

Mon avis :
Les coups pleuvent. Le sang coule. Les cadavres s'amoncellent. Un roman qui fait mal. Terriblement mal. Une écriture violente, crue, et admirable, qui décrit sans aucun cliché la vérité brutale d'une misère humaine, d'un pan effroyablement réel de notre société. La beauté des vignobles bordelais n'apporte aucun rayon de lumière ou d'espoir à ces personnages tombés dans les tréfonds du mal et de la cruauté. On referme ce livre complètement K.O. comme après un combat de boxe clandestin et sans protection.

Un polar d'une puissante noirceur, exceptionnel. Un écrivain à découvrir vite, vite...